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03/07/2018

JUPITER LE PETIT

Victor Hugo orfèvre en métaphores assassines avait affublé le Napoléon troisième du nom de ce diminutif dévalorisant. Il me semble que l'on puisse utiliser la même banderille noire* pour celui qui se dit et se prend pour Jupiter. D'autant mieux que le pamphlet du grand Victor dénonce des turpitudes qui ne sont pas outrancièrement éloignées de celles dont nous sert Emmanuel Macron, ci-devant président de la République.

En effet, ce dernier à partir d'une mise en scène impériale, s'est d'abord targué de parler à l'oreille des grands de ce monde, Trump, Poutine, Xi Jinping, le Pape,… pour leur donner (dicter?) une orientation macronienne. Au delà de la visite de courtoisie, résultat nul ou presque puisque l'Américain à annulé tous les accords concernant notre pays (via l'Europe), le Russe n'en fait qu'à sa tête, idem pour le chinois… Quant au pape - qui possède assurément de l'humour - il s'est payé sa tête au travers du cadeau rappelant le partage en faveur des déshérités. Amen!

Pour l'Europe-Merkel, on allait voir ce que l'on allait voir! Manuel d'Amiens était porteur d'une NEP (nouvelle politique) qui changerait tout! Résultat: aucune des propositions ne semble devoir être retenue, et ce chou blanc se double en plus d'un conflit avec l'Italie, la Pologne, la Hongrie,… Skoll!

Retour au bercail gaulois, les succès restent maigres à l'aune de réformes passées aux forceps des ordonnances tandis que la rue bruisse encore de manifestations et que Jupiter des riches gère au mieux une piscine hors sol, de la vaisselle first quality, et des leçons de morale à un gamin pas même de banlieue!lepetit.jpg

Comme Napoléon le petit, notre héros national se prévaut d'élection démocratique qui lui confèrerait tout pouvoir, notamment celui de mépriser tout ce qui esquisse un tant soit peu de contradiction. Comme lui, il a profité du masque flou d'un faux centre pour abuser les électeurs. Le voile se déchire et, hormis les affidés et les bénéficiaires, les gens se réveillent de leur sidération lorsque leur portefeuille se trouve ponctionné indument. Les insultes répétées, ses provocations grossières, ses initiatives ostensiblement débiles (la mafia des Bretons) portent un message clair derrière cette candeur faussement spontanée : « je suis votre chef, je fais ce que je veux, comme je veux, quand je veux et, pour commencer, je vous emm… »**.

J'avoue ne pas avoir mesuré tout de suite l'ampleur du danger porté par le personnage. Le danger, en fait, réside dans la croyance d'E. Macron de détenir un pouvoir qu'il n'a pas.

Au plan international, quoiqu'on veuille dire, la France ne pèse plus que le poids d'une splendeur historique qui est en train de se faner. Nous avons perdu les variables d'action qui nous permettraient de posséder une parcelle d'impact sur la gouvernance mondiale. On peut faire toutes les rodomontades, nous ne sommes que des supplétifs de grandes nations. Le problème des migrants illustre parfaitement cette impuissance. Pourtant il s'agit d'un problème majeur qui réclamerait des solutions drastiques et novatrices.

Concernant les conflits, notre audience en Syrie est devenue confidentielle, contestée au Mali, floue en Lybie. L'Afrique en général cherche à  relancer des compromis plus ou moins clairs.

Alors, dans le carré privé français qui reste comme terrain de jeu, le "mur de verre" de la monnaie obère les ambitions réformatrices du président. Ayant abdiqué sur ce point en faveur de la BCE gendarme du déficit, le gouvernement se trouve acculé à une austérité pérenne: toute politique nouvelle est contrainte de prendre à l'un pour donner à l'autre. La seule autre issue consiste à vendre "les bijoux de famille"(aéroport, FDJ,…). Alors il faut choisir les perdants et les gagnants. Je ne vous ferai pas l'injure de vous demander qui Macron a privilégié! Dans ce domaine, le cynisme de Jupiter le petit s'avère infini. Tout ce qui de près ou de loin revêt le qualificatif de public, va subir des amputations, voire des suppressions. Avec une morgue de technocrate sûr de son fait, tout sera justifié d'une façon ou d'une autre. L'hôpital s'asphyxie, il existe des cliniques! L'université explose? Il faut que les jeunes fassent de l'apprentissage. Il manque des profs? Il y a des cours sur Internet. Les retraites sont maigres? Il faut prendre des complémentaires. Les routes sont mal entretenues? On doit rouler moins vite… Les emprunts? Ils servent à payer les intérêts de la dette (41,2 milliards d’euros dans le projet de budget 2018), obligation qui nous incombe depuis que nous ne pouvons plus mobiliser les avances du Trésor***. Ceci est le résultat de quatre décennies de propagande universitaire et médiatique encensant les préceptes de la loi du marché qui désormais sont devenus la norme acceptable en politiques publiques.

Les syndicats, les associations, les lanceurs d'alerte, les juges,… Tout cela doit se ranger derrière l'étendard de la macronie en marche! Tout cela pour favoriser l'investissement. Au motif ressassé de l'EFFICACITÉ. Sauf que cette dernière tarde à se manifester. Si on prend l'émission d'actions comme reflet de l'investissement on s'aperçoit que les facilités faites au capital ne créent pas vraiment d'engouement mais se retrouvent sur les marchés secondaires (spéculatifs puisqu'il s'agit d'actions "d'occasion"). La théorie du ruissellement, cette théorie qui prétend que les inégalités et l’enrichissement des riches profitent à tous ne marche pas. Les spécialistes neutres l'ont prévu car il est écrit depuis belle lurette que ces fameuses mécaniques libérales sont inopérantes! ****

R. Solow a été le premier à montrer que la production ce n'était pas que du travail et du capital mais aussi du progrès technique (de l'innovation pour faire simple). Or le Fonds pour l'innovation de rupture de dix milliards sur cinq ans commence à servir pour la réduction du déficit dans le budget 2018. A. Sen a rajouté la qualité de l'environnement de la production (démocratie, climat social, santé, niveau de formation,…) comme élément boostant ladite production. Et on pourrait allonger la liste!

Seules certaines collectivités locales résistent encore un peu aux diktats parisiens au motif de l'égalité des territoires et au maintien de cette qualité de vie sociale. Jusqu'à quand?

Pourtant c’est en travaillant à éliminer la pauvreté et les inégalités qu’une nation peut vraiment s’enrichir, et pas seulement avec un PIB élevé, mais surtout avec des citoyens en meilleure santé, mieux éduqués et qui peuvent se réaliser et profiter de la vie… Milton Friedman lui-même affirmait qu’il faudrait attribuer une valeur à ces concepts, afin de pouvoir mieux les intégrer et donner leur juste importance.

Voilà une voie qui valorise le facteur social dans la gestion des affaires socio-économiques, selon une nouvelle tournure socialisante.

Voilà une loi qui se vérifie partout et il faut vraiment être petit pour ne pas le savoir (et l'assumer!) voire pour la mépriser!

Accepterons-nous longtemps de crever comme des manchots ou des ours blancs en laissant les Jupiters de pacotille nier les évidences et faire prospérer les fonds vautours?

 

*En matière de corrida les banderilles noires sont utilisées de façon infâmante pour le taureau "manso perdido"
** Macron : Jupitre est-il dangereux ? Vu du droit. Blog de Régis de Castelnau. 24/06/2018
*** Ainsi, entre 1980 et 2006, la dette a augmenté de 913 milliards d'euros, alors que nous avons payé 1176 milliards d'euros d'intérêts. Si nous n'avions pas eu à emprunter ces 913 milliards d'euros sur les marchés monétaires, c'est-à-dire si nous avions pu créer notre monnaie, faire exactement ce qu'ont le droit de faire les banques privées, la dette qui était de 229 milliards d'euros début 1980 serait totalement remboursée en 2006 grâce aux  263 milliards d'euros économisés et nous disposerions en plus d'un solde de trésorerie positif de 263 - 229 = 34 milliards d'euros.
**** cf John Quiggin. Zombie Economics: How Dead Ideas Still Walk among Us (L’économie Zombie: comment les idées mortes se promènent encore parmi nous).