22/12/2020
ABRÉACTION
Certes il y a le virus, le fameux corona qui nous harcèle par vagues successives. Mais nous continuons à vivre, heureusement! En allant promener mon chien, hier, j'ai rencontré par hasard mon ami Gus ex pilier de mêlée que ceux qui me suivent connaissent.
-Tiens Gus masqué! Que fais-tu à 500 mètres de ton domicile sans motif valable, du moins le crois-je?
- Holà, Reboussié il y a des lampadaires (c'est plus que des lustres!) que je ne t'aie croisé! Il faut dire que les points de rencontre se font rares en ces temps incertains où la promenade nous est prohibée. Dieu sait pourtant si l'envie de te voir me taraudait!
- N'en fais pas trop Gus…
- Si, si, je te jure! J'ai plusieurs incompréhensions quant à l'actualité économique que je voulait te soumettre, maître!
- Ne verrais-tu en moi qu'un vulgaire vulgarisateur des embûches économiques que tu rencontres?
- Mais non, mais non! Toutefois tes éclairages me sont bien utiles!
- Alors, allons-y gaiement!
- Eh bé, en premier, pourrais-tu m'indiquer la source miraculeuse qui permet à Le Maire d'arroser grave tous ceux qui le demandent (ou pas, d'ailleurs!). Il y a quelques mois le moindre euro public devait être extirpé aux forceps et aujourd'hui ça coule comme l'aramon une année faste.
- Je crois te l'avoir déjà dit, l'argent ce n'est rien, rien que la confiance que les gens accordent à un morceau de papier sur lequel une tronche est imprimée et qui facilite les échanges. Et se glisse facilement sous le matelas, le cas échéant. Ainsi le pouvoir est entre les mains de celui qui en possède la légitimité et qui décide d'imprimer, ou pas, lesdits morceaux de papier. En temps normal il exprime son pouvoir en te faisant trimer pour en gagner, toi le prolétaire, et, au contraire le distribue en largesses à ses amis puissants…
- D'où la lutte des classes! Ou des couleurs: gilets jaunes contre gilets tweed!
- Par exemple. Donc, actuellement, eu égard au Corona et aux perturbations produites, la Banque des Banques Européennes de la madame Lagarde fait tourner l'imprimante à fond la caisse…
- C'est la fameuse planche à billets
- Exact! Les banques sont donc gavées de liquidités et l'État également, plus le fait que les taux d'intérêt auxquels empruntent ces états sont négatifs, et donc qu'il ne coûte rien de s'endetter.
- Un jour il faudra que tu me dises comment on peut prêter, non seulement gratos, mais en plus en payant celui à qui tu prêtes!
- C'est un peu long mais je et le dirais. On déverse donc toutes ces liquidités dans l'économie (on appelle cela la monnaie hélicoptère) afin qu'elle ne s'effondre pas. Compris?
- Ok! Donc tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes confinés!
- Oui et non! Il s'agit de ce qu'on nomme une économie de guerre dans laquelle on fabrique de la monnaie pour pouvoir financer l'effort de ladite guerre d'une part et faire tourner à minima les entreprises et commerces. C'est le côté sauvetage indispensable des grandes crises militaires ou sanitaires. Sauf que comme l'économie réelle ne fonctionne pas, ces tonnes de fric vont majoritairement dans des bulles financières…
- Ah! C'est pour ça que la bourse monte.
- Entre autre. Mais aussi comme il n'existe aucun critère économique pour la distribution, on génère une foule d'entreprises zombies, c'est à dire qui sont dans le rouge comptablement, et qui vont exploser sitôt que la situation va redevenir "normale".
- En fait c'est comme une inondation. La flotte elle ne remplit pas que les bassins de rétentions, les piscines et les creux qui en aurait besoin. Elle s'insinue partout… et quand elle se retire il reste les dégâts…
- Mais dans le cas de la monnaie, comment va-t-elle se retirer?
- Tu mets le doigt sur un gros problème. Problème soulevé par la controverse Mendes France/Pleven après la seconde guerre mondiale. Le premier voulait "neutraliser" le trop plein, le second espérait que la croissance réelle et la croissance fictive (inflation) épongeraient ce surplus.
- Et qui a gagné?
- Pleven! Et la France s'est tapée trente ans d'inflation aux conséquences dont on pourrait discuter. En ce qui nous concerne le choix sera entre un petit reset et l'imposition.
- Qué za co le "riset"? Encore un terme crypté utilisé par l'élite pour enfumer les gueux?
- Si tu veux. Un reset ici c'est effacer une partie de la masse monétaire. Avec deux "aspirateurs" : d'abord par l'impôt et les taxes au motif de rembourser la dette puisque, malgré tout, les euros de Lagarde sont comptés comme prêts. Ensuite l'inflation, le cas échéant, même si je n'y crois pas trop.
- Bon je pige. Mais le grand "riset "alors?
- Ah là on touche l'international mon ami! Car il n'y a pas que nous qui avons abusé de l'hélicoptère. En Europe tous les pays sont allés à la fontaine magique de Lagarde et les E.U. ont multiplié leur masse monétaire, tiens-toi bien, par trois en sept ou huit mois. Alors le grand reset consiste en un accord général entre les grands pays pour effacer une partie des dettes souveraines, c'est à dire publiques. A pandémie mondiale reseat mondial!!
- Comme ça? D'un coup de chiffon?
- Oui, ça c'est déjà produit dans l'histoire. Mais il faut un accord général et ça, ce n'est pas gagné!
- Les frugaux du Nord vont faire la gueule!
- Sans aucun doute, ils vont bloquer au maximum et exiger qu'au minimum une partie soit remboursée.
- En résumé, à cause de ces "pisse-froid", si je te suis on va se taper: des impôts, des faillites et des bulles qui vont éclater un peu partout…
- Tu as oublié "la contribution publique à la crise du corona" soit un prélèvement obligatoire sur notre épargne. A la grecque! Ainsi qu'une pression forte sur les salaires et le temps de travail.
- C'est toujours les mêmes qui sont appelés pour boucher les trous qu'ils n'ont pas creusés!
- Si on s'avérait plus positifs, on pourrait évoquer une meilleure redistribution qui prendrait beaucoup aux profiteurs de la crise pour les donner aux perdants.
- Robin des Bois 19! On rêve…
- Ou alors une redistribution vers les urgences écologistes sur lesquelles on a beaucoup parlé mais peu fait!
- Corona vert ! Et vers les urgences tout court, dont la carence a sauté aux yeux.
- Espérons cette prise de conscience et une inflexion de notre politique économique à la lumière de la gifle infligée aux néo libéraux arrogants d'avant 2020.
- Je ne suis pas du tout sûr de cette révision. Les dirigeants panurgiens, l'Europe brexisé par de frugaux soit disant partenaires, vont faire payer au peuple infantilisé par les oukases macronistes, aux quelques résistants jaunes passés au fil des matraques de Darmalin, les pots cassés d'une crise qui ne leur incombe pas.
- Ouah! Tu pourrais faire des éditoriaux dans la presse de gauche.
- Quelle gauche?? Ce fantôme à tête d'hydre, qui s'automutile allègrement sans accéder à l'abréaction* salutaire qui lui permettrait de réexister… très peu pour moi.
- ??? Mais où vas tu chercher tout cela, ô Gus mon ami?
- Le confinement a pour moi l'avantage de m'obliger à lire et à lire beaucoup. J'ai fini Michel Serres et j'en suis à Michel Onfray…
- Comme quoi "à chaque chose malheur est bon"!
- Lire c'est comme respirer, c'est nécessaire à l'individu. Nous avons autant besoin de bibliothèques que d'incubateurs mais sans que l'un obère l'autre….
- Gus tu es trop fort! Je rends les armes en te souhaitant bonnes fêtes et plein de bouquins sous le sapin.
- Merci ami Reboussié. Un livre agrandit l'âme, un ami éclaire le cœur!
* Dans le sens le plus général, l'abréaction désigne toute décharge émotionnelle qui permet à un sujet d'extérioriser un affect lié à un souvenir traumatique et, en conséquence, de se libérer de son poids pathogène
15:59 | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Oh! "putaing cong" que c'est jouissif ! Les réunions sous les lampadaires ne peuvent donner que des avis éclairés.
J'ai déGUSté autant que Reboussié doit se régaler à écrire ces dialogues.
Bonnes fêtes
Écrit par : Salmorejo gallo | 23/12/2020
Les commentaires sont fermés.