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14/04/2009

100ème!

 

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C'était la 100ème note !

Merci à tous ceux,
fidèles ou occasionnels, qui ont trouvé quelque intérêt à la lecture de ce blog.

Le Réboussié

 

06/04/2009

ON EN A TONDU POUR MOINS QUE ÇA !

Commençons par le système dit de la vache corse : Dix vaches vraies et deux versants de colline. Vous en créez dix autres « shadow vaches » que vous dites se situer toujours de l'autre côté de la colline (vaches-miroir en quelque sorte). Vous obtenez factorielle dix (3.628.800) possibilités d'optimiser votre cheptel par rapport aux aides de Bruxelles, par rapport aux critères de mobilisation des prêts du C-A, à l'assurance, ... Lorsqu'on le désire, toutes les vaches sont saines, ou malades, ou laitières, ou mi-l'un, mi-l'autre, ... Si vous ajoutez à cela un veau pour chaque vache .... Vous pouvez vous amuser à calculer le potentiel mathématique de combinaisons (au propre et au figuré !) dont vous disposez. Et le pinzutto croit pouvoir moraliser ce système !
Remplacez vache par titre financier, colline par paradis fiscal et Corse par Monde ... et laissez aller votre imagination ! Vous ne rêvez pas ! Pendant plus de quinze ans des messieurs en costumes shantung et cravate de soie ont déliré sur cette base, s'adjoignant des super matheux avec hyper ordinateurs, afin de maîtriser les multifactorielles et autres complexités qui contribuent à noyer le client, le contrôleur, l'évaluateur, le fisc et tous les concurrents dans un tourbillon spectaculaire. En se reversant des sommes d'autant plus folles qu'elles n'ont (apparemment) rien coûté, si ce n'est de l'imagination, de l'astuce, de l'estomac et de la façade (il en faut pour que le système se perpétue).  
La chose n'est pas neuve. Robert Law, le génial banquier écossais du Régent, représente l'archétype de l'arnaque brillante (1716-1720) et peut endosser la paternité spirituelle de Madoff. Toutefois, eux ont assumé, sous leur nom, leurs agissements, et ils me sont plus sympathiques que les traders anonymes qui se sont gavés en utilisant le fric des autres ... et qui roulent toujours carrosse (pardon Lamborghini !). On a chassé Law jusqu'à sa mort et Madoff crèvera dans les geôles américaines. Les vampires anonymes ne sont pas inquiétés. Mieux, on leur redonne sans coup férir des cartouches pour recommencer, avec une feuille de vertu à tenter de respecter ... sinon ... !
Cette impunité gangrène tous les plans de relance. Plus personne ne fait confiance à personne, et surtout pas les loups qui savent que les autres loups restent à leur place ... pour refourguer les toxiques qui plombent encore leur portefeuille et relancer des montages « trompe-couillons » merveilleux !
On a tondu des gens pour moins que ça !
Pourtant nous vivons une époque à peu près semblable à la Libération. On se réveille avec des ruines, des morts, des blessés, des collabos, des miliciens, des héros, des justes, des gros profiteurs (parachutages, détournements), des petits profiteurs (marché noir), des tout petits profiteurs (jambon-œufs-beurre), des dénoncées, des juifs, des tziganes, des communistes, ... Il faut trouver quelques boucs émissaires pour leur faire endosser « l'épuration » des esprits, générer quelques sauveurs pour rallier la masse dans une marche vers l'avenir, choisir qui, en fin de compte, va gagner, et qui, dès lors, va perdre. Dure période où le courage n'est pas la meilleure part ! Où la plupart craint un peu pour son passé, son présent ou son avenir.
Ainsi le capitalisme, face à ses turpitudes, se cherche un (des) bouc(s) émissaire(s) sur lesquel(s) le bon peuple pourra passer son ire et le(s) sacrifier sur l'autel de la continuité retrouvée. C'est l'apophthegme de René Girard qui nous enseigne que lorsque la société aborde un moment de violence paroxysmique mettant en jeu son intégrité, elle se « défausse » via la procédure de la victime émissaire laquelle, chargée de tous les péchés du monde, expie les errements précédents pour permettre de retrouver un état « normal ». Aujourd'hui, on désigne les responsables potentiels, on leur jette opprobre, mais de bourreau point ! Personne pour porter l'épée sacrificielle dans leur flanc. Il est dit, il est demandé, il faut, il faudrait, ... mais, à mon avis, ce ne sera pas suffisant. Hier (1929) les banquiers honteux se défenestraient. Aujourd'hui, il faudrait aussi « du sang » et non pas des larmes de crocodiles ! La pleureuse Parisot, parée de ses robes de deuil rose, tirant sur des suaires d'or découvrant à peine les portefeuilles ventrus, ne peut satisfaire la foule hurlante des revendiqueurs. Et comme ce fut une guerre mondiale, les puissants se sont réunis dans une sorte de Yalta vingtenaire. Pas de procès, Riom ou Nuremberg, mais des imprécations, des anathèmes, des exécrations, des abjurations, en réponse à la lancinante question : Peut-on réparer le capitalisme ?
De quoi parle-t-on ? La réponse s'avère plurielle ...
D'abord certains, en posant le problème, espèrent apporter des rustines pour, en fait, ne rien changer . On range dans cette catégorie les pourfendeurs de paradis fiscaux et les apaiseurs du système financier, les injecteurs de fric massivement. Un peu de pommade de perlimpinpin aux yeux des gogos et à nous les profits, bonus et autres friandises, ... comme avant ! Toujours par rapport à la Libération c'est l'option Pleven plutôt que Mendes. Mendes France voulait moraliser en démonétisant afin de repérer les fraudeurs et les sanctionner.  Pleven privilégiait la fuite en avant et devant les responsabilités !  Qui pensez-vous qui gagna ? Les mêmes qu'aujourd'hui !
Le second groupe de « mécaniciens » du capitalisme voudraient « moraliser » le système. Définir un code éthique auquel se plieraient, volontaires ou obligés, les acteurs capitalistes. Mais qué za co moraliser ? Le moteur du système s'appelle profit, et le principe s'avère de le maximiser. Que reste-t-il à dire, sinon à transposer dans la sphère de la morale (politique ou religion) les limites humaines et sociales imposées, de l'extérieur, à l'économie capitaliste. « L'éthique protestante du capitalisme » Max Weber dixit, ou l'interdiction du prêt d'argent (catholicisme), voire la redistribution massive (social-démocratie), représentent autant d'avatars de ce courant moralisateur. L'efficacité de ces stratagèmes dépend de la prégnance de l'ordre prôné. La religiosité lutero-calviniste des E.U., la rigueur réformiste britannique ont longtemps borné le jeu des acteurs dans une aire « morale ». Idem pour les démocraties étatiques européennes selon des codes citoyens plus ou moins formels. Mais l'affaiblissement du poids des religions et l'effacement des États au profit de la mondialisation rendent le processus caduc. Reste le droit comme limitation de l'action économique jugée délictueuse. Mais le droit appelle une territorialisation et de s'applique que dans le cadre du détroit de coutume qu'il réglemente. Il n'existe pas, à ce jour, de loi internationale universelle en économie. C'est le piège de « Si tu es sévère, je me casse ailleurs ! ». Sur ce point précis, le passage à vingt des puissances invitées au sommet, s'avère une avancée certaine puisque les décisions qui y sont prises impactent un espace quasi exhaustif. Sauf que le bras armé qui accompagne consubstantiellement le droit reste bien flou. La tentative d'habiller le FMI en gendarme semble quelque peu désuète ... et connotée (on connaît les « gros quotas » !).
Un dernier groupe, plus à gauche en général, suggère de réguler le capitalisme. Les « régulationnistes » espèrent par le biais de mécanismes limitatifs ou correctifs faire fonctionner le capitalisme dans un chemin de croissance vertueux. J'ai passé ma jeunesse à épiloguer sur le chemin (Harrod-Domar et cie) et ma maturité à cerner la régulation (plan, marché, active, passive, feed back, ...). Ma conclusion consiste à dire que pour qu'il y ait régulation, il faut définir une limite précise au système, une finalité explicite en termes de contenu et d'horizon, un type de régulation. Au moins ! Or, aucune de ces conditions n'est vérifiée, à ce jour. Et, surtout, pas grand monde ne désire se plier aux contraintes d'un véritable système régulé, chacun craignant d'y perdre sa latitude.20.jpg
Alors, le « nouveau Monde » évoqué par Obama à l'issue de la conférence de Londres, me paraît ressembler comme un frère au précédent. Avec quelques gadgets pour amuser les spectateurs, avec quelques milliards pour intéresser les joueurs. Circulez et applaudissez bonnes gens ! « Quand un homme est broyé et qu'il se tait, c'est un individu normal. S'il proteste et réclame son droit, c'est un révolutionnaire ! » (René Char. Le Soleil des eaux)
Deux enjeux ont été soigneusement occultés : la répartition des richesses et les contraintes écologiques. Pourtant le Monde de demain découlera de là. En violence ou en ataraxie, c'est selon !