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04/12/2007

LETTRE DE L'AU-DELA

Petit,

Je t’écris de l’au-delà pour exorciser un peu de ma colère ! J’étais assis au bord d’un nuage observant comme à l’ordinaire vos pérégrinations terriennes, lorsque j’ai entendu une ignominie : une entreprise jadis publique proposait à ses employés de leur racheter des congés payés ! dc46b51ee29739cd870fd6e0360c7d3a.jpg
Tu ne peux pas savoir, petit, ce que cela représente pour moi ! La prostitution mercantile d’une lutte ouvrière longue, pénible, sanglante aussi, qui s’était enfin concrétisée dans la nuit du 7 au 8 juin 1936. Putain, les congés payés ! Un symbole, le symbole auquel avait rêvé des générations laborieuses. Quinze jours tout entiers à nous ! Cela ne te paraît peut être pas beaucoup, mais ça relevait du miracle. Et puis on était les premiers du monde, on avait gagné sur les patrons et le chemin pionnier des droits sociaux s’ouvrait comme une route, une autoroute ! J’ai pensé à toi sans te connaître, en disant, que tu serais enfin traité comme un être humain. Que tu pourrais être fier de tes grands parents. Au patelin, le maire a fait faire le tour de ville à la musique en jouant l’Internationale !
Je te plains, petit, de vivre à une époque où plus rien n’est sacré. Pas même la mémoire collective du progrès humain !
Parce qu’il y aura toujours des inconsistants pour foncer dans cette ignominie ! Et pire, ils le feront avec une jouissance «raisonnée». De ceux qui vendront une jour leurs enfants pour des raisons de rentabilité, après avoir vendu leurs congés payés et leurs vieux !
Mais nous, on doit être un peu responsables. Nous n’avons pas joué les passerelles de valeurs , nous n’avons pas assez coupé les têtes hideuses des pensées fascisantes, nous n’avons pas formé les guerriers de l’humanisme chargés, tels Sisyphe, de remonter continuellement la pendule du socialisme. Petit, je n'ai jamais cessé de marcher
vers mes racines d'homme
sans sourciers, sans boussole
sauf ma colère puisée dans le poumon du peuple
et les clameurs inédites de l'histoire (A. Laâbi, " L'arbre de fer fleurit ", 1974). Mon sacrifice n’était pas un sacrifice puisqu’il était pour ton bien, pour ton mieux…

Allez, j’arrête ! Je me fais du mal ! Ce soir, je ne crois pas que Jaurès, ni Blum ne viendront jouer à la belote. Car il y a pire que la mort : la mort des grandes idées contre quelques pièces !

Tchao, petit, je t'embrasse

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