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11/08/2009

QUI A BU, BOIRA!

C’est reparti comme en 14 ! A nouveau la grande bouffe des banquiers, traders et cie fleure bon la galette ! Les bourses se relèvent malgré la crise ce qui prouve bien qu’elles ne sont plus, depuis longtemps, le thermomètre de la vraie activité économique, mais seulement le résultat imprévisible de l’alchimie ésotérique des traders nourrie de la versatilité des fonds de placement.
Déjà, les banques américaines se sont massivement libérées de la férule de la FED (en remboursant la couverture du «Troubled Asset Relief Program») afin de pouvoir retrouver le plaisir ludique et rémunérateur de se vautrer dans les marchés exotiques, juteux et improbables. Incognito. Afin aussi de retrouver le contrôle sur certaines décisions, dont celle de déterminer les sommes que les cadres-traders se verseront en boni à la fin de l’année. Ainsi une dizaine de grandes enseignes bancaires ont remboursé environ soixante dix milliards de $. Parallèlement, elles ont réussi à faire passer une mesure technique plus qu’inespérée, celle qui a vu le Financial Accounting Standards Board (FASB), l’organisme responsable des règles comptables aux Etats-Unis, lever l’obligation d’évaluer tous les actifs à leur juste valeur marchande. Leurs bilans gangrenés par les valeurs toxiques ne subissent donc pas la moins-value potentielle de leur dépréciation.
Les groupes français, qui eux n’ont pas d’obligations véritables, l’État sarkosien s’étant montré magnanime en n’exigeant aucun droit en contre-partie de ses avances, s’intéressent davantage au rétablissement de leurs gamelles en or, c’est-à-dire des boni, primes et autres gourmandises pécuniaires (cf BNP). On a les managers que l’on mérite ! Et il faut s’avérer bien naïf pour penser un seul instant que ces messieurs de la haute finance vont écouter les propos sentencieux des dirigeants politiques du type «Messieurs, un peu de pudeur. Gavez-vous mais de façon raisonnable, et discrète, que diable!». «Qui a bu, boira», disait un dicton de nos campagnes pour résumer les addictions. Qui s’est gavé cherchera à se regaver !
Le courtier américain Goldman Sachs pourrait verser cette année les plus gros bonis depuis 140 ans (The Guardian dixit). Parce que la crise a profité à ceux qui n’en ont pas pâti, comme dirait M. de La Palisse ! Sachs possède désormais un quasi monopole sur les obligations fédérales américaines nécessaires pour financer le gigantesque déficit creusé par les actions de relance (de l’ordre de trois mille milliards de $ !). Et donc le pouvoir d’influencer significativement le marché. Et donc …
Ceci met en évidence l’impossibilité de réguler le capitalisme financier comme l’ont claironné les dirigeants du G20 !
Le capitalisme industriel peut-être (je n’en jurerais pas !), mais le capitalisme financier reste par nature inaccessible à tout contrôle.
Pour faire simple, le capitalisme industriel représente un monde concret, avec quelques marges peu transparentes du fait d’une complexité en partie voulue et en partie subie. Mais, en théorie, vous pouvez le contraindre, le limiter, l’empêcher de faire ceci ou cela, voire le planifier. En un mot le réguler, selon l’intérêt supérieur légitimement choisi. Je dis en théorie car encore faut-il qu’il existât une instance reconnue et juridiquement efficace pour assurer ladite régulation. Car ce capitalisme industriel s’inscrit dans la globalisation qui lui permet, a son gré, de se délocaliser là où bon lui semble. Donc réguler certes mais si tous les pays se décident à se doter d’un «gendarme mondial» ! Ce qui n’est pas de saison.20090806114608.jpg
Quant au capitalisme financier, la régulation s’avère matériellement impossible du fait de la virtualité des opérations (shadow financial system). La dématérialisation des flux de capitaux ou des produits financiers leur confère un don d’ubiquité. Si vous voulez les saisir ici, ils sont déjà là-bas ou peut-être ailleurs … Les imposer style taxe Tobin ? Encore faut-il inventer un « radar » pour flasher les mouvements fallacieusement spéculatifs … sans pénaliser ceux qui contribuent à irriguer l’activité économique. Aussi facile que faire de la dentelle pour un manchot, dans le noir, avec un gant de boxe !
Alors, pour rêver, listons les décisions qui COMMENCERAIENT à assainir les choses :
• Interdire la rémunération des banquiers basée sur les résultats à court terme
• Encadrer les bonis des traders
• Réformer les agences de notation et le système des hedge funds
• Créer d’un régulateur mondial
• Attribuer un label aux organismes bancaires et financiers dont les activités seraient évaluées comme respectables
• Créer un “Schengen des Organismes Financiers”
Bon, vous comprenez que les promesses des 20 n’engagent que ceux qui les écoutent. Ou bien que la maxime «quand les choses nous dépassent, feignons d’en être les organisateurs» leur va comme un gant !

Pourtant, si rien de vraiment régulateur n’est fait, les enfants de nos enfants seront de nouveaux barbares. Je pèse mes mots. Car, derrière ce ballet fantasmagorique de milliards fantômes, de primes pharaoniques, énormes escroqueries entre initiés, de loups pleureurs et de hyènes cyniques, de Golden boys en archétypes nouveaux de la réussite, il y a des milliers de vies brisées, des tonnes de malheur à vif, d'immenses dommages collatéraux, un impitoyable tri sélectif des rejetés du banquet des experts. Le contraire de la civilisation telle que je la conçois, humaniste et partagée.

** l'illustration est un dessin de l'excellent Delucq à retrouver sur http://www.delucq.com/

 

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