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09/09/2009

TECTONIQUE DES HABITUS

Allez, c’est la rentrée ! Il faut réfléchir !

Le malaise qui traverse le peuple de gauche me semble plus compliqué qu’une simple querelle de parti(s) encore que ces luttes picrocholines n’arrangent en rien la chose. Je l’analyse comme une «rupture tectonique d’habitus». L'habitus représente l’acquis profond qui permet à l'individu d'interpréter le monde social et de se mouvoir dans son champ. Le rôle des socialisations primaires (enfance, adolescence) et secondaire (âge adulte) est très important dans la structuration dudit habitus qui devient le socle référentiel de l’individu. Cet habitus influence tous les domaines de la vie (loisirs, alimentation, culture, travail, éducation, consommation...) de sorte que l’on peut tracer une «carte» des habitus positionnée selon les axes du capital économique, culturel,et total (figure ci-contre).600px-Espace_social_de_Bourdieu.svg.jpg

Cet ancrage fort et pérenne se trouve confronté à ce que certains nomment des plateformes discursives, soit, pour faire simple, des informations-messages-injonctions quotidiens «butinés» par le quidam. Il y a donc accord ou conflit entre habitus et plateformes discursives. Les sectaires s’en tiennent à un registre communicationnel centré sur leur habitus (autosatisfaction) et s’enferment dans des certitudes. Ainsi celui qui ne lit que «son» quotidien, n’écoute que «sa» chaîne, et ne fréquente que «ses» amis lors de «ses» occupations préférées, a de fortes chances de camper sur son habitus. A l’inverse, multiplier les expériences, parvenir à s’extraire de la troupe ou de la tribu habitu(s)elle, crée une tectonique des certitudes et génère l’évolution. Cela dépend certes d’une volonté forte mais aussi beaucoup du capital culturel de l’individu.

A partir de là, si l’on tente de tracer (en caricaturant, bien sûr) les valeurs constitutives de l’habitus «courant» de gauche, tout au long du XXème siècle, on peut affirmer qu’il s’agit de l’évolution, du changement, du progressisme, de l’internationalisme. La culture de gauche des MJC, foyers et autres « appareils idéologiques » socio-communistes se nourrissaient de l’évolution des mœurs, des progrès sociaux, d’un urbanisme avant-gardiste, … En face on trouvait un habitus de droite arcquebouté sur la défense des acquis, le patrimoine, le conservatisme, le patriotisme, les traditions.

Or, au basculement des siècles (encore une fois grossièrement), le référentiel des discours idéologiques (plateforme) s’est brusquement renversé alors que les habitus restaient, selon leur définition même, bien ancrés. Une sorte de tectonique qui voyait donc un glissement de la plaque idéologique sur la plaque habitus. Résultats, face à une droite qui s’est accaparée le néo-libéralisme et la course effrénée à la croissance économique mâtinée de mondialisation, la gauche (largo sensu) se retrouve dans l’obligation de prôner des valeurs de modération, d’identité économique, de régionalisme, de qualité de vie, d’écologie, … Brusquement ceux qui ont entendu leurs mentors (père, instit, leader, …) chanter les louanges du progrès technique libérateur, de la consommation de masse, des quartiers « e Corbusier», de l’émancipation tout azimuth, s’affrontent à une parénèse* «inverse» destinée à contrecarrer les excès d’un libéralisme de droite faisant ses choux gras d’une machine économique qui s’est emballée.habitus2.jpg

Les «votants de gauche» dont le capital culturel était faible se sont alors « fourvoyés » dans le discours progressiste de la «droite décomplexée» (notamment sarkosienne), d’autant plus qu’ils y ont trouvé des ressources incluses dans leur habitus profond, à savoir la sécurité, la xénophobie et l’anti-fonctionnarisme primaire (nuage bleu sur la figure). Certes, les «votants de droite» à fort capital ont, pour certains, basculé vers le centre gauche (Modem, Ecologie) motivés par le rejet de la pipolisation, du libéralisme et de l’américanisme forcenés (nuage rouge). Toutefois, dans cette tectonique des plaques politiques, le nuage bleu s’avère numériquement supérieur au rouge.

Alors que faire ?

A droite, tenter de freiner la relative hémorragie des intellos-bobos-écolos et accentuer la pression médiatique sur les thèmes ancrés de sécurité, anti-fonctionnaire, effort, xénophobie. Ça coule d’un discours généraliste, volontariste, simplificateur et mystificateur.

En face, si on a bien compris mon propos, pour pallier la perte de repères intimes, il s’agirait de restructurer l’habitus de gauche (ensemble articulé de valeurs et d’agir) pour le rendre cohérent avec un nouveau mode de production; en privilégiant une cible «moyenne-haute» sachant que la cible «basse» (faible capital total) cumule le sectarisme et l’inaccessibilité médiatique (lit peu, s’ouvre peu, …). Les axes sont l’écologie politique, la systémique sociale et l’économie humanisée. Les vecteurs restent problématiquement le Web et les réseaux sociaux; problématiquement, car les «hussards noirs» ont, quoiqu’on dise, déserté l’institution scolaire, et les appareils idéologiques sont en déliquescence. La crise peut s’avérer un booster de cette reconstruction d’habitus. Il faut l’espérer fortement !!!

Sinon, il ne restera qu’à rêver d’un(e) homme(femme) providentiel(le) dont le charisme transgresse les habitus. Ô Bama français montre-toi !

 

* discours moralisateur

 

 

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