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26/11/2009

PAIN-DE-MIE

La pandémie de grippe A aura assurément plusieurs dommages collatéraux !

Il fallait s'en douter, lorsqu'on a laissé à la manœuvre la sémillante Bachelot. Il ne suffit pas de troquer ses vestes fraise écrasée pour des tailleurs noir-chic pour devenir crédible dans un domaine de machos-élitistes. Qui plus est, une pharmacienne pour commander les médecins, c'est un peu comme si on mettait un manchot président de la fédé de rugby !

Ensuite tout en découle !

- Les vaccins qui supportent une suspicion légitime quant à leur innocuité du fait d'une période de test riquiqui et une communication hésitante. Une ou deux injections? Une pour certains fragiles, deux pour les autres pékins. Quoique...

- La présence pesante des représentants des lobbies pharmaceutiques dans les instances pilotantes, leur discours markéticiens (pour ne pas dire mercantiles) dans les tribunes offertes par les medias, éveillant la méfiance sur la sincérité des arguments fondateurs.

- La campagne de vaccination dont on écarte les généralistes, sans doute pour les empêcher de se parer des lauriers du succès..., si succès il y a! Sauf que, en France, la médecine passe par eux de façon pratique mais aussi officiellement, puisqu'on oblige tout patient à posséder un médecin référent. Double erreur fonctionnelle et symbolique. Campagne qui mobilise un peu n'importe qui ayant approché de près ou de loin une seringue pour piquer, dans des gymnases improbables, précédés de salle d'attente surchargées, particulièrement favorables aux transmissions viraleslors des deux petites heures d'attente!

- Les chiffres fantaisistes tantôt minorés tantôt exagérément gonflés selon que l'on désire freiner l'ardeur des patients ou au contraire booster leur crainte. Chiffres forcément faux puisque la détection de la fameuse version A H1N1 ne bénéficie pas de l'assentiment de la sécurité sociale, le test s'avérant dispendieux. Plus un organe officiel de comptage qui se nomme GROG (Groupes Régionaux d'Observation DocteurMaraboutLe1_05102007_211118.jpgde la Grippe)! L'humour a des limites que la com ne connaît pas.

    Mais aussi, et sans doute surtout, la détestable image qu'ont produite les sommités de la médecine française. En effet, lorsque, à la télé, vous avez en permanence un ponte qui jure oui et, en face un autre qui jure-crache non, et un troisième qui affirme mordicus qu'on ne sait pas bien, cela fait désordre. Il faut dire que d'un côté il y a ceux qui pontifient sur le registre de la vérité scientifique. Ils se divisent en ceux qui croient à une expertise spécialisée, ceux qui ont une obligation de dire (fonctionnaires ou responsables publics qui ont une carrière à gérer, représentants des lobbies), ceux qui ont une conviction politique plus prégnante que leur ego médical. De l'autre côté, siègent ceux qui sont toujours contre par principe, ceux qui sont honnêtement scientifiques, ceux qui raisonnent de façon plus systémique. Et ce n'est pas des praticiens du dispensaire de Gujan-Mestras ou le  Saint Julien le terreux. Ils viennent tous de Necker, la Salpêtrière, Pompidou, Pasteur, Cnrs, ... et autres  fleurons de la recherche française. Rajoutez un animateur qui s'ingénie à mettre de l'huile sur le feu et vous aurez la pire image de la médecine. Ces professeurs que l'on croyait au sommet de leur art, quatre bistouris au Michelin médical, cette médecine que l'on pensait rigoureusement scientifique, top niveau nobélisable, finissent par ressembler aux pratiques de brousse du Docteur Scheiwzer ! Or, on le sait, l'un des critères majeurs de réussite dans ce domaine réside dans la confiance (presque) aveugle que l'on voue au médecin. Après ces tribulations médiatiques, désormais, j'hésiterai entre consulter le mandarin de Lapeyronie et le marabout de la Paillade ! Cette déplorable auto-mutilation de la médecine traditionnelle me semble particulièrement néfaste à une époque où les pratiques parallèles (sérieuses ou charlatanesques) trouvent une audience de plus en plus importante auprès de la population. La représentation « engagée » des sommités en blouse blanche, promptes à voler au secours du sarkozisme le plus obtus ou de l'opposition la plus bornée, casse le respect que nous manifestions, presque unanimement, envers ces magiciens qui géraient notre santé et sécurisaient nos peurs les plus archaïques. Faut-il qu'Hippocrate soit totalement oublié, occulté, pour que l'on se mette à la remorque non d'idéologies, cela serait normal en démocratie, mais de politiques politiciennes de petite ambition !

    Il est minuit Docteur X.... !

    Pour ne pas terminer sur une note trop noire, je vous livre cette brève de comptoir : « J'ai arrêté le pain de mie, il paraît que ça donne la grippe A ! » (Cazouls 20h32).

     

    15/11/2009

    LE MUR COULEUR MURAILLE

    On a fêté la chute du mur de Berlin dans un capharnaum médiatique délirant! Toutes les chaînes télé, tous les medias papier, y sont allés de leur spéciale. Tous les verbeux ont voulu en parler. Tous les politiques ont voulu y être ou y avoir été. Or, au vu de l'audimat, l'anniversaire a fait chou blanc.
    Est-ce parce qu'on sait bien qu'en faisant de celui-là un symbole, on oubliait allègrement tous les murs existant de par le monde, les connus de Palestine, de Corée ou de Chypre, les moins connus, les ignorés?
    Est-ce parce que le vent de liberté qui nous était promis, la démocratie rayonnante enfin libérée des affres du communisme qui nous était garantie, ont été rapidement noyés dans les mensonges éhontés d'un capitalisme devenu néo-libéral?
    Sans doute un peu de tout cela, et plus encore.
    N'est-ce pas, en effet, un tantinet surréaliste de porter aux nues la chute du mur de Berlin sans trop se préoccuper des enfermements idéologiques que nous vivons partout? Enfermement des riches dans des ghettos hyper sécurisés. Enfermement des vieux, des malades, des nécessiteux, des "anormaux" dans des "zones d'isolement" appelés maisons de retraite, hôpitaux, centres sociaux, asiles, ... Enfermement des pauvres dans leurs pays d'origine avec un mur policier pour les quelques-uns ayant franchi les obstacles de l'interdit. Emprisonnement de la parole critique à Pékin, à Tunis, à Tripoli ou à Téhéran.
    Murs privés que les individus, apeurés par une propagande délatoire, élèvent aux portes de leurs villas. Murs juridiques que les discriminations suscitent selon une justice savamment dosée selon que vous êtes puissant ou misérable. Murs symboliques tracés à l'aune de classes sociales de plus en plus contrastées. Mur érigé simplement par la peur de l'autre sitôt qu'il n'est pas strictement semblable. Drôles de murs que ceux qui sont transparents et qui laissent tout voir bien qu'étant infranchissables, mur vitré, très en vogue dans nos sociétés contemporaines, adeptes par ailleurs du "décloisonnement". Ceux enfin qui sont intérieurs, psychologiques, culturels, cultuels, fanatiques. "Si tu es prêt à sacrifier un peu de liberté pour te sentir en sécurité, tu ne mérites ni l'une ni l'autre", disait Thomas Jefferson.

    C'est vrai que le mur de Berlin incarnait une terrible exclusion. Mais ceux qui l'avaient élevé disaient qu'il était indispensable pour "aseptiser" le monde de l'Est du monde pourri de l'Ouest, afin de forger le "nouvel homme communiste". Le mur de bambou idem. Les chinois justifiaient la  Grande Muraille par son caractère protecteur face aux envahisseurs. Le mur palestinien s'avère indispensable, selon les israéliens, pour éviter les attentats. Il y a toujours un côté du mur à l'ombre, chantait Bécaud, on peut traduire ainsi les jugements duaux rendus sur ces barrières érigées entre deux vérités.
    labyrinthe 1.jpgLa tendance actuelle à élever des obstacles matériels ou non pour réduire la différence part toujours de ce prétexte de la face éclairée qui auto-justifie l'exclusion. Au moment même où l'ineffable Besson se mue en modèle de Rodin pour clarifier l'identité nationale! Dis, Eric, tu ne crois pas que tu charies? Le barbare est celui qui croit à la barbarie de l'autre. Alors pourquoi nous faire disserter sur la flûte de pain, le béret, le calendos, Jésus et le pinard, comme référentiel beauf qui n'aura d'autre intérêt que de stigmatiser celui qui bouffe des sushis ou du couscous, qui kiffe Allah ou Bouddha, tout en allant pointer à l'usine à six plombes du mat, du côté de Flins? Dans  "Race et histoire", Claude Lévi-Strauss (qui vient de casser sa pipe au détour de la centaine, et devant qui je m'incline, au passage) raconte une anecdote qui montre à quel point la peur de l'autre rend semblables dans la bêtise, les hommes les plus étrangers. Ainsi, dans le même temps où, à Valladolid, les Espagnols se demandaient si les Indiens avaient une âme, ces mêmes Indiens laissaient pourrir dans l'eau le corps des prisonniers ibères pour  vérifier qu'ils étaient bien de chairs et non des fantômes. Alors que René Girard nous rappelle que plus les hommes se ressemblent plus ils génèrent une violence mimétique.
    Résultat, les murs gênent les beaux esprits seulement parce qu'ils sont, par nature, immuables. Or la réalité bouge selon l'impermanence générale des sociétés et des hommes. Il faudrait donc que lesdits murs et murailles puissent s'adapter aux fluctuations des exclusions et à la conjoncture des enfermements. Les humanistes travaillaient à l'abolition des obstacles entre les individus. S'il en reste quelques-uns, la majorité hélas se sert plutôt de truelles que de masses! Nous sommes entrés dans l'ère de la catégorisation des personnes et de l'arraisonnement (le terme est de Michel Foucault) du déviant. En même temps que vous bâtissez une tour d'ivoire, vous vous exposez au risque de déviance, posé par le château, et qui vous vaudra la prison. Tragique jeu d'échec entre cavalier, tour et roi.

    J'essaie de rester le fou, mais c'est de plus en plus difficile!!