compteurs visiteurs gratuits

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

16/03/2010

C'EST UN JOLI NOM CAMARADE !

La collision des évènements a fait que Jean Ferrat est parti le week end des abstentions majoritaires. Ferrat, vous savez, le grand escogriffe qui avait porté l'étoile jaune, qui avait vu disparaître son père dans les wagons plombés, qui s'était construit une famille d'accueil communiste pratiquante avant d'épouser une ruralité ardéchoise, paisible et citoyenne. C'est un joli nom, Camarade! Le "raisonneur" comme il se définissait à Denise Glaser, campe le contraste de l'artiste mutin, armé des seules armes d'une guitare et des vers d'Aragon, réactif aux malheurs de la société, interdit d'antenne par les  censeurs gaullistes comme dénonciateur de l'exploitation des travailleurs, de Charonne, de Prague, des matraques et des geôles politiques parce qu'une cage est une cage, en France ou au Chili,... et d'un tsunami de vacances scrutatrices! Ferrat2004.jpg

Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers à bouder l'urne tendue. Faut-il pleurer, faut-il en rire, je n'ai pas le cœur à le dire. Qui sont-ils ces fantômes du cirque démocratique? Des pêcheurs à la ligne ou autres hédonistes des petits plaisirs occultant l'obligation civique? Il y en a. Des damnés de la terre ou de l'usine fermée, pauvre Martin, pauvre misère, désespérés au point de ne plus croire en rien et surtout en personne? Il y en a plein. Des jeunes illettrés des choses citoyennes pour qui tout a couleur de l'espérance, que l'on se batte dans la rue, ou qu'on y danse, qui pensent que l'avenir s'appelle Star'ac ou Diam? Il y en a, de plus en plus. Des empêchés vrais dans l'impossibilité de faire, par maladie, par perte des repères, par éloignement, par impécuniosité, il y en a, hélas! Des purs anars qui militent au leiv motif "élections piège à cons", il y en a toujours eu. Des exclus aux origines improbables, parqués dans des ex-cités devenues hors la loi qui ne savent plus ni la date, ni l'année, ni même si demain est un avenir, il en existe car une fois de plus tous les droits de l'homme sont foulés aux pieds, sont jetés à bas. On a beau me dire qu'en France on peut dormir à l'abri, des Pinochet en puissance travaillent aussi du képi.

Faut-il pleurer, faut-il en rire, je ne sais pas le dire en voyant ces personnalités, ministres entre autres, robots téléguidés d'un déni de vérité accepter de se parjurer sur les plateaux médiatiques pour un plat de lentilles. Les maîtres ont encore une âme de valet! J'ai envie de leur crier: si vos petites combines ne tournent plus rond, si votre moi vous chagrine plus que de raison, il y a des places en usine, pauvres petits c...!

Mais pourquoi ai-je aussi ce goût amer d'une victoire à la Pyrrhus en ce qui concerne la gauche? Ne me dites pas qu'ils ont troqué leur col Mao contre un joli costume trois-pièces, ils ont troqué leurs idéaux contre un petit attaché-case. Songez qu'on arrête jamais de se battre et qu'avoir vaincu n'est trois fois rien et que tout est remis en cause du moment que l'homme de l'homme est comptable. Moitié blé moitié chardon !
La crainte qui me taraude c'est qu'à force de "no capability for voice" (en termes simples, la non écoute des gens, des vrais gens, fussent-ils ignares, incompétents ou attardés) quand la soupape rituelle du vote ne joue plus, d'autres échappatoires s'imposent inexorablement. Violents, spontanés, implacables. Les enfants terribles ont des dents de loups. Si vous en doutez prenez garde à vous, leur soif n'a d'égal que leur appétit. Les enfants terribles luttent pour la vie. Avec leurs grands rires, avec leurs façons de toujours remettre le monde en question, ce sont eux qui font les révolutions. Les enfants terribles ont toujours raison.

Bien sûr on dira que c'est des sottises, que mon utopie n'est plus de saison, que d'autr' ont chanté le temps des cerises, mais qu'ils ont depuis changé d'opinion. Mais je ne suis pas livre ou bréviaire, ni baratin ni théorie qu'on range entre deux dictionnaires  ou sur une table de nuit. Je ne suis qu'un cri !

Dimanche, promis, j'irai voter Ferrat!


NB: Les passages en italiques de cette note proviennent des chansons suivantes : Camarade. La complainte de Pablo Neruda. Je ne suis qu'un cri. Le bruit des bottes. Les enfants terribles. Nuit et brouillard. Un air de liberté. On ne voit pas le temps passer. Epilogue. Pauvres petits c.... Un air de liberté. A l'ombre bleue du figuier. Pauvre Martin. Les cerisiers. Les jeunes imbéciles.

Les commentaires sont fermés.