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17/01/2011

VENTRES CREUX ET OUBLIÉS DE L’ESPOIR

Je crois vous l’avoir déjà dit, lorsque les marchés monétaires et financiers deviennent trop volatils, les spéculateurs se replient sur les matières premières. On peut suivre à l’œil nu la déferlante spéculative sur ces marchés depuis quelques mois. L'index des prix de l'alimentation, établi par la Food and Agriculture Organization (FAO), qui compile le prix de 55 denrées alimentaires, est en hausse pour le sixième mois consécutif, et a bondi de 25% depuis septembre 2009 ! home_graph_2_fr.jpg
Mais cette spéculation n’est point la cause unique du renchérissement des denrées de bases.
La cause majeure s’appelle libre échange agricole (Urugay round et accords de Marrakech entre autre)! Une folie plus folle encore que celle de la mondialisation industrielle mettant en parallèle des acteurs disproportionnés (asymétriques : écarts de productivité de 1 à 1000) du gratte poussière du sahel au géant canadien ou russe de l’agro alimentaire. Premier résultat : baisse des prix (olé ! dit l’OMC) qui tendent à se caler sur le moins disant qui crève la faim au cul de son zébu. Second résultat, hausse de la consommation et réduction drastique des stocks… jusqu’à un point où il suffit d’un aléa quelconque (mauvais temps, maladie,…) pour que les prix flambent.
Il y a quelques mois, les stocks régulateurs mondiaux étaient donc au plus bas (environ 15% de la consommation mondiale). Dès lors le moindre écart de météo a un impact considérable. Les derniers caprices du temps, plus de sécheresse pour certains (Argentine) et plus d'humidité pour d’autres (Australie), ont provoqué des récoltes gâchées voire détruites ou des rendements en forte baisse. Comme ces phénomènes cycliques sont connus, les pays gros producteurs ont constitué prévisionnellement des stocks (pour jouir de la hausse future des prix) de même que les pays gros consommateurs (pour la raison inverse) créant une contraction sévère de l’offre.
A se problème de raréfaction de l’offre s’ajoute l’impact de la hausse du tarif du pétrole jouant soit via le coût du transport, soit via les transformations apportées par l’agroalimentaire, pour renchérir les prix. Un autre effet qui a moins d’ampleur mais qu’il ne faut pas négliger : la consommation accrue de céréales pour les biocarburants qui ampute d’autant l’offre alimentaire globale.
Résultat général, les grands opérateurs Chine, Inde, Russie, Ukraine USA, Canada,… se livrent à un poker menteur conduisant tout droit à une flambée des prix. On vient de décrire la première lame de la libéralisation des marchés agricoles qui n’est pas prête de disparaître puisque, d'après les statistiques de la FAO, cette production agricole devrait augmenter de 75% d'ici 2050 pour nourrir la population mondiale !
La seconde lame s’appelle la paupérisation des masses, notamment dans les pays sous développés ou en attente de développement. Cette paupérisation résulte à la fois d’un boom de la population, d’un taux de chômage tangentant l’inoccupation et de l’inflation rognant encore davantage la faiblesse du pouvoir d’achat. Dans les banlieues déshéritées les gens ne peuvent plus survivre. Quand les paysans meurent de faim au fond des campagnes reculées tout le monde s’en fout. Mais lorsqu’il s’agit de leurs enfants venus dans les bidonvilles urbaines tenter de vivre la modernité, ça change tout ! Eux voient tous les soirs la télé-parabole, savent la corruption, le détournement de capitaux, la gabegie des hyper riches, la compromission des oligarchies financières. Eux savent user de leur portable pour se coaliser de façon imprévisible. Ainsi le jeune tunisien, chômeur sans ressources confronté à une hausse des prix des produits de première nécessité, ainsi le jeune algérien, chinois, indien, sénégalais, ivoirien,…
La saison des insurrections, révoltes, jacqueries urbaines est venue. Partout ! Face à elles deux types d’États. Les états totalitaires qui par la force, les balles et les cachots tenteront d’éradiquer cette hydre au ventre creux et en déni d’espoir, qui met à mal la transfusion de richesses vers leurs comptes helvètes. Avec le détournement pudique du regard des grandes puissances avec lesquelles ils ont noué des compromis inavouables. Deuxièmement, les états pseudos démocratiques qui auront bien du mal à endiguer des revendications pour lesquelles ils n’ont pas la moindre réponse à court terme sinon favoriser l’émigration vers des pays où l’herbe semble plus verte mais où les barbelés barrent  l’entrée (jusqu’à quand ?). Les uns et les autres évoqueront toujours des lendemains qui chanteront.
Or le verbe résister doit toujours se conjuguer au présent (Lucie Aubrac). Car, selon la formule d'Alain, le printemps aura toujours le même hiver à vaincre. Et l’internationale reprendra des couleurs :
Debout ! les damnés de la terre !

Debout ! les forçats de la faim !

Pour vaincre la misère et l'ombre

Foule esclave, debout ! debout !