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18/03/2011

I HAVE A NIGHTMARE

J’ai fait un cauchemar !
J’étais au milieu d’un large torrent style Colorado, juché sur un rocher, et je tenais mon petit fils par la main.
Autour c’était assez effrayant! Le courant charriait des centaines de chômeurs, de ruinés, de malheureux. Il y avait même, dérivant, des suicidés de grandes boîtes et des décédés de soins pharmaceutiques, des irradiés japonais volontaires. Des arbres arrachés flottaient ça et là, témoignant de problèmes écologiques patents. En amont des personnes âgées tentaient de remonter le courant avec énormément de peine. L’air sentait le soufre. Au dessus de nos têtes, très haut, inaccessibles, des jets passaient, imperturbables voguant vers des paradis pour y vivre ou des enfers pour y gagner des profits. Que faire pour sortir de ce tourment ? J’appelais au secours!
D’une falaise, à droite, les amis libéraux me faisaient injonction de sauter dans l’eau. Mais je ne sais pas bien nager et le petit, pas encore, objectai-je! Tant pis, nager c’est naturel, ne sois pas rétrograde, aide-toi et la main invisible t’aidera criaient-ils. Et puis où va-t-il ce cours d’eau ? Vers un delta apaisé et luxuriant ou vers des chutes impressionnantes dont j’ai eu un exemple récemment, demandai-je ? Bof, enfin, sans doute vers la croissance… verte… ou jaune chinois, rétorquèrent-t-ils! Comme ils arboraient des faces patibulaires (je fais gaffe de choisir le mot, en souvenir de mon ami Georges!) malgré leurs costumes de PDG à parachute doré, je n’étais pas enclin à leur faire confiance. Un pressentiment ! D’autant plus qu’à leur tête il y avait un petit homme agité qui sautait partout et en qui je crus reconnaître un affabulateur célèbre qui avait promis monts et merveilles sans jamais tenir. C’était un spécialiste des yatches luxueux et des îles paradisiaques plus que des torrents ruraux et des radeaux de fortune.
Maintenant, le petit pleurait.Caspar_David_Friedrich_voyageur-mer.jpg
Sur la rive opposée, du haut d’une falaise semblable mais un peu plus rose dans le soleil couchant,  plusieurs personnes me lançaient des conseils. Ils n’avaient pas l’air du tout d’accord; Certains tenaient des propos qui ne se différenciaient pas beaucoup des conseilleurs de la rive droite. D’autres évoquaient des assistances qui allaient venir… bientôt! J’ai même entendu le terme «care» mais ce devait être le bruit du torrent qui déformait les mots. Il y avait de beaux parleurs maniant la rhétorique pour m’expliquer le sens du risque et la dialectique du sacrifice et, à leurs beaux discours, se mêlaient des citations de Blum, Jaurès et Tonton.  Il y avait une jolie femme, habillée élégamment qui se tenait un peu à l’écart et une autre qui ressemblait à une chancelière bavaroise. Cette dernière m’informait qu’il fallait que j’attende quelque temps qu’un sauveteur chevronné vint me secourir. Sauf qu’il ne viendrait peut être pas, occupé qu’il était à traiter des noyades grecques et portugaises, et à débattre avec son épouse des charmes comparés de diverses capitales.
Plus bas, au ras de l’eau, sur la droite, je distinguais une dame blonde charpentée qui, sans doute plus près, me parut plus audible. Elle m’informa que tous les canaux de sauvetage avaient été réquisitionnés par des étrangers sans papier, venant de contrées improbables et dont les femmes étaient déguisées avec des habits folkloriques de leurs douars d’origine. De plus elle me dit bien fort que l’Europe insane interdisait de secourir le quidam sans que Bruxelles n’en fût informé et que diverses commissions votent une directive ad’hoc. Et d’abord, étai-je bien français ? Et mes ancêtres ? Elle me semblait avoir un gros bon sens, mais on m’a toujours dit de me méfier des évidences trop évidentes! Et puis, somme toute, elle ne me fournissait pas vraiment de solution concrète pour retrouver la terre ferme.
Toujours au ras d’eau mais en face, un homme à écharpe rouge parlait fort. Il vouait aux gémonies tous les autres en criant «Qu'ils s'en aillent tous !!». Lui aussi expliquait que l’Europe empêchait toute initiative de sauvetage social, que les financiers spoliaient le monde entier et argumentait l’affaire. En affirmant haut et fort la forfaiture des médias complices et serviles, il se disait bruit et fureur, ce qui n’était pas vraiment ma préoccupation pour l’urgence. Il proposait de faire un barrage filtrant en amont du fleuve afin de réguler astucieusement les flux. La solution était intelligente, radicale, mais hélas elle demandait du temps et des maçons efficaces.
Mal parti dans ce tohu-bohu, cette cacophonie s’ajoutant au grondement du fleuve, et qui ne me secouraient pas vraiment, ici et maintenant, pour nous sortir de la galère, j’hésitais. Seul, j’aurais tenté de choisir parmi ces «propositions» même si aucune ne s’avérait vraiment sûre ni rassurante. Mais le hic c’était le petit! Lui méritait un choix qui soit une promesse de mieux être, de paix et de bonheur. Même le pélican de Musset savait ça !
Alors je me mis à sonder la profondeur de l’eau, pour m’apercevoir qu’elle était assez faible. Et que le salut consistait à prendre le petit sur mon dos et de choisir moi même le cheminement qui pas à pas m’amènerait…
Et je me suis réveillé !

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