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30/06/2011

LES MÉPRISANTS

Le coup d’envoi médiatique de la campagne présidentielle a été donné selon moi par l’émission « Des paroles et des actes ». Malgré tout il faut saluer la 2 d’être (avec la 5) la seule à monter ce type d’émission. Malgré tout, car avec ce premier numéro de la série on a touché le fond. Que se soit clair, je ne suis pas plus fan du FN que de DSK. J’essaie seulement de lire le monde à ma façon.


L’autre soir donc, on a touché le fond du journalisme. Pujadas s’est avéré bien pire que Chabot ce qui n’est pas rien ! Incapable de diriger quoique ce soit. Arlette était une journaliste orientée. Pujadas n’est qu’un diseur de nouvelle, sans aucune qualité de débatteur, sans l’ombre d’une étincelle d’intelligence autonome ! Un archétype de ce que ne devrait pas être un vrai homme de communication. Passons, on ne pouvait attendre grand chose d’un individu qui a montré à plusieurs reprises son allégeance béate aux puissants et son inconsistance éditoriale.


Mais au delà, l’équipe de « journalistes » mobilisée pour débattre (du moins le croyait-on) avec la Marine m’a consterné. Un ramassis de valets et de procureurs au service de je ne sais quelle idéologie détentrice de SA vérité. Bon, Marine n’est pas une icône de netteté, un parangon de vertu communicationnelle, un modèle de déontologie humaniste. Mais si elle a le droit de se présenter à une élection majeure, si son parti a été capable de dépasser en voix le parti socialiste, alors elle mérite démocratiquement un traitement démocratique sans qu’on lui vomisse dessus, sans qu’on lui rétorque de façon haineuse, sans qu’on utilise à son égard un mépris hautain. Un soi disant économiste pontifiant (F. Lenglet, Maîtrises de lettres modernes et philosophie) qui martèle un parti pris libéral européen que plus orienté tu meurs, usant de graphiques indignes d’un BTS moyen, un Namias convaincant comme un avocat commis d’office, les duettistes Joffrin et Fourest procureurs à charge arcboutés sur leur certitudes des cercles parisiens rien, mais alors rien, qui puisse permettre de décortiquer et analyser les positions frontistes. Mepris.jpg
Car c’est bien là que le bât blesse ! Ce que dit cette dame, une fois débarrassé des outrances de son père, paraît au téléspectateur lambda parfaitement crédible. Aussi crédible que les banalités de Lenglet sur l’euro, les fausses vérités sur la dévaluation de Joffrin, les allusions moralisantes de Fourest. Parce que des économistes (des vrais !) attestent de la potentialité de la chose (Marine a brandi leurs ouvrages au nez des méprisants). Parce que c’est simple, parce que c’est ce qu’ils vivent tous les jours, au coin de leur chômage, de leur précarité, de la hausse du gaz, des loyers, de l’essence pour leur tire de quinze ans d’âge, du prix des fournitures pour le petit dont la classe vient d’être sucrée, des dents qu’ils ne peuvent pas se faire soigner, des médocs qui sont de moins en moins remboursés et de plus en plus dangereux,… Parce qu’ils prennent des PV, flashés en douce pour quelques km/h illicites, qu’ils se font sucrer le permis pour un jaune de trop, celui qui reste encore le seul plaisir qu’ils peuvent se permettre,…
Alors quand vient la Duflot verte qui jette ses idées à la mitraillette, qui parle d’un monde que les smicards n’ont pas le temps de connaître, qui parle d’un effort prioritaire mais qui hélas s’avère à coût ciblé et à avantage diffus comme on dit sur le marché politique, ça n’accroche pas vraiment les foules. Avant de sortir du nucléaire il faut sortir du chômage. Avant de manger bio, il faut bouffer. Avant de s’intéresser à l’éolienne il faut mettre du carburant dans la meule pour aller chercher du boulot. Le développement durable pourquoi pas, mais encore faut-il arriver à la fin du mois !


Alors quand on leur raconte, aux quidams, du haut du piédestal que l’euro c’est super, que la mondialisation itou, et que sans cela on serait plus mal, ils s’enragent, ils s’indignent. Car plus pire ils ne peuvent pas imaginer ! Ils sont déjà à zéro, comment c’est, dis monsieur, le négatif ? Alors ils vont voter pour cette dame qui semble voir leur désespérance, ou du moins qui en parle directement, la seule ou presque avec ce qu’ils appellent la gauche extrême. Parce que la gauche extrême ça fout toujours un peu la trouille, on nous l’a tellement répété ! Ils vont voter pour elle de plus en plus nombreux comme partout en Europe, comme dans tous les pays où l’immigration sert de bouc émissaire pour masquer l’incurie des experts qui continuent à nous bassiner comme si de rien n’était, comme s’il fallait continuer à ne pas voir les banques qui se gavent, les grands patrons qui se stockoptionnent à millions, les financiers qui magouillent à milliards. Comme s’il fallait éviter de voir et de dire que « l’alternative socialiste » ne sera qu’un aspartam, un édulcorant fadas, goût ibère ou goût hellène, au choix. Et les porteurs de paroles qui se croient forts en traitant la dame de demeurée, qui sont sourds au malheur de milliers de gens qui s’enfoncent dans une désespérance le plus souvent  digne, qui s’offusquent que l’on parle crument des choses crues, qui ont une peur bleue que l’on prélève un grain de leur caviar quotidien deviennent, sans le savoir, les meilleurs agents d’une révolte qui prend forme. Mais ils s’en foutent un peu car leur souplesse d’échine leur permettra demain de se mettre au service de ceux qui pourront leur servir la soupe.
Alors, les électeurs qui ont déjà fait perdre Jospin vont zapper ces débats, ces pujadasseries insanes, s’ancrer un peu plus dans leur volonté de manifester leur ras le bol. Et ils seront 17 à 20 pour cents en 2012, inexorablement !

Illustration :  Mépris. Jean Walraevens dit " Waljé "http://www.lepeintrewalje.be/Encres.htm

15/06/2011

L’IMPOSSIBLE ÉQUITÉ

En supposant que je sois l’avocat (commis d’office pour qu’il n’y ait pas de confusion !) de DSK, voilà la plaidoirie que j’ai imaginée.
«  Mesdames et messieurs les jurés, je vous en conjure, il faut que vous fassiez un effort pour que la justice rendue dans ce prétoire soit la plus équitable possible ! Le fait divers que nous traitons a donné lieu à la seconde médiatisation mondiale de tous les temps derrière le 11 septembre ! A cause de ce sensationnalisme le Monde nous, vous, regarde. Il faut oublier que d’un côté vous avez un homme blanc, puissant, richissime, juif, français, avec une inclinaison certaine pour le sexe opposé. De l’autre, une femme noire, pauvre, immigrée, musulmane, mère célibataire, tirant le diable par la queue… (Oui, monsieur le président je retire cette métaphore malheureuse!). Mesdames et messieurs, pour désamorcer le poison du sensationnel, il est nécessaire de vous projeter dans un hôtel deux étoiles style Days Inn à Lenexa (Kansas) pour un conflit opposant monsieur Smith, imprimeur né et habitant à Tulsa (Oklahoma) à madame Mayer, née et demeurant à Kansas City, femme de chambre. Voilà vous y êtes ! Les autres protagonistes de l’affaire sont un responsable hiérarchique de la femme de chambre et un client avec qui M. Smith a déjeuné.
Je rappelle ici les faits incriminés à M. Smith: 1) avoir fermé la porte et empêché Mme Mayer de quitter la pièce 2) touché ses seins sans son consentement 3) tenté de retirer de force ses bas et lui toucher une zone intime 4) forcé la bouche de la plaignante à toucher son pénis à deux reprises  5) de commettre ces actes en utilisant sa force.
A ce point, l’affaire se dégonfle considérablement et vous allez pouvoir, Mesdames et messieurs les jurés, analyser sereinement les faits.
Sur le premier chef d’accusation, à savoir séquestration puisque mon client aurait fermé la porte de sa chambre, n’est-ce point naturel de clore un appartement qu’on loue ? N’est-ce pas un réflexe banal de couper l’issue à une personne que l’on surprend indument dans ledit appartement afin qu’elle s’explique ?
J’attire ensuite votre attention sur un certain nombre d’incohérences dans le timing annoncé par les plaignants. La femme de chambre a d’abord dit être entrée dans la suite 2806 "aux environs de 13 heures". Une version corrigée 24 heures plus tard par la police, qui situe les faits "proches de midi". Elle a utilisé sa carte magnétique alors qu’elle affirme que la porte de la suite était ouverte. Puis la direction de l’hôtel a attendu une heure avant d’avertir la police. Pourquoi ?
Quant aux attouchements et au « forçage » évoqués par l’accusatrice rien ne peut prouver les faits. J’attire votre attention sur la fragilité de ces dires venant d’une personne qui, dans la foulée, travestit un ami en frère pour « faire plus vrai » !
Mais vous vous demandez comment l’ADN de monsieur Smith s’est retrouvé sur la blouse de Mme Mayer ? Mais Mme Mayer a pu s’emparer d’un préservatif mis à la poubelle après usage par l’imprimeur infidèle ! Ou d’une serviette usagée trainant sur la commode… Bref la présence d’ADN ne prouve formellement rien de l’acte incriminé.
Revenons au Sofitel, à Times square. Les faits, je vais vous les dire : Un hôtel cinq étoiles, une suite à 3 000 dollars où on entre comme dans un moulin. Une femme de chambre qui pénètre dans cette suite sans questionner la réception (ou la hiérarchie) alors qu’un système complexe de carte magnétique sécurisé est en place dans toute la chaîne Sofitel. Une femme de chambre qui se met à faire le ménage sans faire le tour des pièces pour vérifier que rien n’a été dégradé, ni rien oublié. Un personnel de service qui n’a pas même pas un bip pour prévenir la sécurité alors que l’on sait pertinemment que la crainte première des hôteliers est qu’il arrive quelque chose d’insolite ou de grave dans leur établissement. Mesdames et messieurs les jurés, même dans le Days Inn de Lenexa on s’avère plus organisé ! On est plus professionnel ! Alors tout le reste n’est qu’évocation unilatérale. Dans cette présentation des choses rien ne correspond à la vérité, rien n'est étayé par les faits, tout s'appuie pour l'essentiel sur des allégations.
Passons sur des contre vérités flagrantes comme le fait évoqué par l’accusatrice de ne pas connaître la personne occupant la suite 2806. J’ai fourni trois témoignages de clients réguliers et respectables prouvant que dans cet hôtel, une photo de chaque personne « sensible » est affichée dans le local des employés afin d’assurer que ce client soit bien traité. L’accusatrice, employée avec trois ans d’expérience, ne pouvait ignorer la présence de DSK. Pourquoi avoir voulu nettoyer sa chambre, contrairement aux usages, avant son départ attesté par la remise de la carte magnétique ?
Passons sur la pseudo fuite de mon client, sur son affolement largement démenti par des témoins, sur sa précipitation pour prendre un vol… retenu depuis longtemps !
Je comprends que Mme Diallo puisse avoir besoin d’argent pour élever dignement sa fille. Mais pour cela il n’est nul besoin d’échafauder une agression dans une atmosphère d’Autant en apporte le vent ! Il n’est nul besoin d’impliquer une personne que l’on sait célèbre. M. Smith ne le pourrait pas, mais mon client s’engage, quoi qu’il advienne, à doter la fille de la plaignante d’une bourse de 10 000 dollars annuels jusqu’à ses vingt cinq ans.images.jpg
Voilà la situation ! Mesdames et messieurs les jurés j’ai bien peur que, quoique vous décidiez, la justice américaine n’en sorte pas grandie. Si vous jugez mon client innocent – ce que je vous demande – la moitié du Monde hurlera à la justice de classe, les défenseurs de la veuve et de l’orpheline se lamenteront à fendre l’âme. Si vous condamnez M. DSK, l’autre moitié du monde se déchaînera en dénonçant la vengeance contre les puissants, les juges et procureurs élus s’étant fait une réputation sur le dos d’une personnalité. Mon client a déjà subi la seule peine qui le condamne vraiment : le discrédit, opprobre générale quant aux choses qui le passionnent. Ce blâme universel s’avère en lui-même déjà très violent dans le registre demon client. DSK ne sera plus ni président, ni directeur de quoi que ce soit d’important. Il sera à jamais l’objet de ricanements, de critiques de la gent féminine, de plaisanteries douteuses. Sa photo menotté restera comme un stigmate. Quant aux amendes pécuniaires, mon client a déjà amplement donné. Il y a quelque chose de pathologique dans l’exaltation qu’éprouvent certains à châtier coûte que coûte celui qui a commis une faute. Ne soyez pas dans ce travers. Peut être simplement serait-il bon que vous l’obligiez à se soigner.
Pour le sens commun, le sens des mots "juste" et "injuste" est très fluctuant en référence avec un sentiment moral. Le droit demeure la règle de référence, tandis que l’équité est la vertu qui l’humanise (John Rawls. Théorie de la Justice,  Le Seuil, 1971-1987, § 18, p.142).


Merci de m’avoir écouté. »