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28/11/2012

LE GAZ DE SCHISME

Il y a du gaz dans l’UMP et cela crée un sacré schisme ! Je peux aujourd’hui jubiler !

Je ne jubile pas de ce pugilat sans vergogne qui fera encore reculer l’intérêt des citoyens pour le Politique. Je ne vais pas prendre parti pour tel « pape » de droite ou tel autre. Je ne vais pas relever les bons points et les cartons rouges, les macarons et les pains au chocolat. Je ne vais même pas tenter une démarche conciliaire. Elevons un peu la controverse schismatique.

La controverse de l’UMP se fonde sur la théorie du reboussier ! En fait les savants de la sociophysique appellent cela la théorie du contrariant. Un contrariant (un reboussier donc) est quelqu’un qui par moment se détermine non pas par rapport à lui-même et ses valeurs, mais en opposition à la majorité de son entourage. Ce type de comportement est de plus en plus fréquent dans nos sociétés modernes et cet effet contrariant conduit l’opinion collective à l’état de différence zéro. En termes mathématiques, on dit que cette situation, qui correspond à la parfaite égalité d’opinions pour les deux candidats en compétition, est l’unique attracteur de la dynamique. Plus on discute individuellement, et plus on se rapproche collectivement de 50/50. (S. Galam, Sociophysics: A Physicist's Modeling of Psycho-political Phenomena, Springer. 2012). Ce phénomène des contrariants se produit d’autant plus qu’il n’y a que deux candidats et qu’ils sont sur une même catégorie d’opinion. En «compétition binaire, contrairement à l'effet intuitivement escompté d'un creusement des différences dans les soutiens respectifs aux candidats en compétition, les contrariants, au-delà d'une certaine proportion, inversent la dynamique d'opinion majoritaire pour la faire converger vers une parfaite égalité *». En simplifiant on peut dire que plus on débat plus on clive en deux camps équivalents. Personne ne convainc personne de l’autre camp car les gens (l’opinion) cherche à valider leurs plus et leurs moins. Quand Fillon parle, les fillonistes se gargarisent (même des bêtises proférées) et les copéistes, s’ils écoutent, ce qui n’est pas du tout évident, s’étranglent (même des vérités assénées). Et inversement ! Et les contrariants parachèvent l’œuvre d’équilibration. Les deux compétiteurs qui se sont évertuéS à éliminer les autres postulants sont piégés par leur stratagème.

Ainsi Martine Aubry, (à Reims) Barack Obama, Prodi, Merkel, pour ne citer que les derniers plus connus ont été élus avec des scores très étriqués ce qui met en discussion leur légitimité. A tort, il me semble, car de deux choses l’une : soit  on candidate pour le bien public et donc celui qui obtient cinquante plus une voix s’avère tout à fait apte à produire une action conforme à cet intérêt majoritaire. Soit on candidate pour avoir le pouvoir, dans une optique clanique et, dès lors, on fait tout pour l’obtenir (jusqu’à tricher, magouiller, truquer,…). On revient donc à la nature de notre démocratie (et non plus du vote) qui s’éloigne de plus en plus d’une vocation de quête du welfare pour représenter une entreprise de connivence répartissant entre affidés les richesses et prébandes.789511_60082017309.jpeg

Dans cette logique, la plus fondamentale compétence utile d'un politicien, ce en quoi il faut qu’il soit meilleur, est, en premier, celle de se faire élire (ou nommer par ses pairs), et non sa capacité à bien exercer son mandat qui est subsidiaire et conditionnée par la réalisation de la première. En second, il doit savoir choisir ses soutiens afin qu’ils ne soient pas ensuite un obstacle (ou des compétiteurs) vis à vis de son action. On aboutit donc à une situation proche du principe de Peter.

L’élection est un mécanisme d’érection (cf  Pour une démocratie réelle. Volet I : qu’est-ce que la démocratie? Agora Vox 16 /4/2012). Elle érige des personnes hiérarchiquement au-dessus des autres et n’est guère démocratique car, même si le peuple vote, il vote chaque fois la sortie de la démocratie, en délégation sa gouvernance à des « spécialistes politiques ». Personne n’a dit des experts !! Ni des meilleurs citoyens comme le disait Aristote. Simplement ceux qui par des voies complexes et des concessions nombreuses ont accédé au stade de la «candidature». Dans le cas de l’UMP les deux qui ont réussi à éliminer les autres (Le Maire, Bertrand, NKM,…) eux-mêmes ayant écartés les postulants putatifs. Dans ce jeu de massacre du filtrage des candidatures surnagent deux personnages qui vont cristalliser les positions positives et négatives… et les contrariants. Certains ont cru que cette procédure de Primaires s’avérait une avancée démocratique. On voit bien qu’il n’en est rien, hormis pour remplir les émissions télé où les journaux.

Quant à leur véritable compétence pour mener la barque, elle reste à prouver. 60 % des députés français affirment ne rien comprendre à l’économie. La totalité (moins une ou deux voix) des conseillers de l’Agglo montpelliéraine a voté la CFE sans bien connaître son impact. Le petit journal de Canal plus a demandé à des députés de situer Wallis et Futuna (source de contestation dans le vote Fillon-Copé) : un seul à eu «bon» ! L’intérêt public tant de fois invoqué pour couvrir la servitude volontaire demandée au bon peuple revient souvent «Tais-toi, c’est pour ton bien !» sans que l’on sache quel est ce bien.

Les élections (Primaires ou autres) sont donc le bac à sable où on accepte que le peuple joue, sachant qu’on lui confisque les clés de la décision réelle. La question reste jusqu’à quand ledit peuple acceptera de se faire tondre. La contre-démocratie interpelant des gouvernants vantée par Pierre Ronsavallon joue bien un rôle de soupape mais elle s’avère de plus en plus radicalement réprimée (voir les « traitements » infligés aux manifestations souvent pacifiques des indignés, écolos, reboussiers ou autres anti).

Ceci étant, comment améliorer le système ? Par des principes de tirage au sort** ? Par le vote électronique par Internet  plus facile donc plus fréquent ?... Là est la question sachant  qu’on ne règle pas un problème avec le système de pensées qui l’a engendré.

* Serge Galam. Pourquoi des élections si serrées ? Le Monde du 20.09.06
** Voir par exemple les « Principes du Gouvernement représentatif » de Bernard Manin. Flammarion.

06/11/2012

PIGEONS CRETINS

L’arithmétique de bazar appliquée à l’économie est fallacieuse, voire manipulatrice. Certains colombidés l’ont démontré jusqu’à convaincre l’opinion, voire certains éléments de notre gouvernance prompts à céder aux sirènes libérales. Sous prétexte de retrouver une compétitivité perdue (par qui ?) ils préconisent, aux franges de l’exigence, une baisse « du coût du travail » soit plus simplement des taxes sur les salaires.

Pour dépasser l’arithmétique de cuisine, et accéder à une analyse des faits plus soucieuse des réalités, il s’avère nécessaire de mobiliser quelques informations supplémentaires. Une vérité reste un sous produit d’une enclosure*. C’est à dire que si l’on se limite à la commune de Ponteilla on aura une vérité sur la société viticole. Si on prend le Roussillon une autre vérité émergera, idem pour la France, idem pour la CEE,… Souvent la mauvaise foi consiste à trouver le niveau d’enclosure qui vous arrange !

Quant à la compétitivité, il faut d’abord parler de comptabilité analytique. Le prix de revient d’un produit X = Marge + Charges fiscales + Salaires + Charges financières (remboursement endettement) + Consommations intermédiaires + Investissements (le cas échéant). Ainsi donc une baisse des charges fiscales n’agit sur le prix de revient que si, et seulement si, les autres composants sont invariables (ceteris paribus). Pour peu que l’on accroisse la marge (tentant !), l’investissement (astucieux !), l’endettement (effet de levier), l’avantage se trouve annulé.pigeon-604x403.jpg

Passons ensuite à la gestion. Il n’existe pas une seule compétitivité mais quatre. La compétitivité prix certes, mais aussi la compétitivité qualité (voir produits allemands mieux vendus quoique plus chers), une compétitivité image (voir produits Hermes, Celine, Dior que les étrangers s’arrachent), une compétitivité innovatrice (voir les tabacs faits par Iphone, Ipad). Les pigeons revendicatifs n’évoquent toujours que la première en quoi ils se ravalent eux-mêmes au rang de crétins incapables de faire dans l’inventif voire la serendipité**.

Il faut également évoquer le « tuning effect » qui rend le mix (mise en œuvre des choses) plus ou moins efficace. Ainsi avec exactement les mêmes ingrédients, deux entreprises peuvent aboutir à un prix de revient très différent selon l’organisation du travail, la motivation des employés, de leur savoir faire, du mode de process, du type de management, de la qualité de l’approvisionnement, de l’ambiance générale de travail, toutes choses que les colombidés oublient allègrement de mettre en avant car elles reflètent leur compétence ou leurs carences.

Allons maintenant au niveau de la macroéconomie. La compétitivité dont on parle est celle vis à vis de l’extérieur. Elle dépend donc du taux de change. Elle dépend donc de la cotation de l’Euro : si ce dernier baisse (par rapport au dollar) le produit X devient plus compétitif hors UE.  S’il augmente c’est l’inverse. On pourrait même, s’il le fallait, parler d’un possible retour à une gestion différenciée du taux de change permettant de gérer la « dévaluation » compétitive de la monnaie nationale.

Finissons par raisonner globalement. Primo, étant évident que tous nos voisins européens succombent à des déflations sévères, leurs prix vont aussi s’abaisser annulant la pseudo compétitivité appelée par les pigeons crétins gaulois. Une course à l’échalote va s’en suivre qui, à l’absurde, conduirait à des salaires, des impôts et des marges à zéro ! Cela ne vous rappelle rien ? Bien sûr, la baisse tendancielle du profit décrite par Marx ! Secondo, baisser les taxes et impôts sur les entreprises exige soit de baisser les dépenses publiques (lesquelles ?), soit emprunter mais on s’en est empêché par « la règle d’or » des 3%.

Il ne me viendrait pas à l’idée de dire que le métier d’entrepreneur est facile. Surtout de petit entrepreneur. Mais cette procédure manipulatoire qui consiste à se parer de chiffrages parcellaires (donc erronés) ne saurait représenter un argumentaire sérieux. On a connu les agitateurs de bazar (Poujade, Poucet, Daguin,…) et leurs succès contestables qui n’ont pas profité aux gens sérieux. « Il est naturel de ne pas vouloir payer plus d’impôts, mais je suis gêné car ce mouvement, alimenté par la rumeur, se base moins sur des faits que sur des fantasmes. » comme le dit Stéphane Distinguin, PDG de la société FaberNovel (Libération du 2/10/2012) au sujet des « pigeons pas si plumés que ça ».

La gestion ne se limite pas à la comptabilité, l’économie ne se confond pas avec la gestion, la société ne se résume pas à l’économie, je ne cesse de le répéter. Alors, plutôt que chacun de tenter de tirer la couverture à soi avec des morceaux (lambeaux) d’arguments, il serait plus efficace pour tous, Etat, entrepreneurs, actionnaires, salariés, consommateur d’essayer de raisonner globalement, À LA FOIS sur le degré d’immuabilité des contraintes, sur les sacrifices respectifs à faire, sur un échéancier les objectifs à atteindre, et sur le partage des résultats (pas seulement financiers) qui peut en résulter. Sans tabou comme dirait l’autre !  En oubliant un instant l’audimat des sondages et les prochaines élections.

Un plan, un vrai, quoi !

 

* l’enclosure sert à clore un espace pour en retirer une rente (financière, jouissance, puissance,…)

** La sérendipité est le fait de réaliser une découverte inattendue grâce au hasard et à l'intelligence.