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06/11/2018

BEETHOVEN OU ZUCCHERO ?

Allez, un dernier coup d’accordéon*!
L'accordéon italien n'a pas l'heur de plaire aux gens de Bruxelles. Il ne respecte pas semble-t-il les canons de l'écriture musicale consignée dans le pacte fondateur européen! Ce n’est pas de la bonne musique néo-libérale telle qu’elle existe dans le traité de Maastrich.
Les gens de Rome ont remis à la mode un instrument que les libéraux anglo saxons vouent aux gémonies: le budget (un peu) keynésien! Il s’agit d’un type d’accordéon dans lequel on peut souffler pour ajouter de l’air comme dans une cornemuse, afin d’avoir plus d’amplitude.
Et ces doctes dirigeants, horrifiés par tant de morgue, promettent aux joueurs ritals un traitement grec. M'enfin!
Mais les macaronis têtus comme un vieil âne sicilien et qui se disent légitimes par élection, ne veulent point changer de partition.Ma qué!
Ils ne veulent pas abandonner le rythme vif de la relance qu'ils ont utilisé dans leur proposition de bal. Ils refusent de persister dans une languissante austérité qu'ils perçoivent comme marche funèbre. Alors on leur colle le qualificatif de populistes au motif qu'ils veulent faire aussi danser les pauvres gens, ceux qui sont un peu chômeurs, précaires, ou tout simplement pas riches. Les vieux plus ou moins retraités qui voient leurs pensions fondre comme beurre sur place de Palerme. Ceux qui n'ont pas accès aux casinos clinquants des crédits, de la spéculation, ceux qui, en un mot, ne sont pas des privilégiés, des nantis comme les appelait Raymond Barre.
La logique d’écriture du PSC (Plan de Stabilité et de Croissance) qu’on tente d’imposer, pêche par manque de souplesse d’adaptation. Il ne tient pas compte des effets cycliques de l’activité (musicale) de chaque zone**. Il n'existe pas une seule vérité mais des identités différentes.
Néanmoins, afin de circonvenir les réticents latins, on leur dit que la Grèce se relève grâce à ces musiques austères.
Sauf que les censeurs bruxellois oublient de citer les ports, les aéroports, les autoroutes,... vendus à l'encan. Ils omettent de regarder les dégâts faits à la société d'en bas, une sidération qui conduit au bout du bout à un accroissement vertigineux des suicides***. Ils occultent le stratagème des banques qui profitent du jeu en favorisant un endettement source de faillite personnelle et de récupération des biens conformément aux subprimes américaines.
Pourtant l'accordéoniste italien ne veut pas révolutionner le monde! Il veut simplement allonger un peu le soufflet pour faire entrer un peu d'air dans l'instrument budgétaire, air utile pour améliorer le sort des suscités pauvres gens. En plus ils ont deux joueurs, un de droite pour le côté des boutons, un de gauche pour les touches de pianos! On a rarement vu cela dans les concerts historiques. Soit l'instrumentiste se situait à gauche, soit il relevait de la droite, soit il tentait un jeu centriste plus ou moins réparti. Et puis, vai a farti friggere, il n'est pas normal que des eurocrates se substituent aux électeurs pour dire ce qui est bien et mal pour la péninsule! Ils paraissaient moins fringants quand il fallait accueillir les migrants!..
 
La situation que nous venons de décrire se déroule sous le regard de spectateurs contrastés. Les gens du Nord (qui n'ont pas toujours dans le cœur...) supportent les censeurs européens en exigeant de la rigueur, de la schlague! Idem pour les gens de l’Est ayant toujours un peu méprisé ces cigales méditerranéennes qui s’accordent aux mandolines alors qu’ils allient tubas et fourmis. Au boulot fainéants!
Les anglais friands de cornemuses aigrelettes bouclent leur Brexit en espérant sous cape profiter de la désunion.
Les français qui, de tous temps ont moqués les macaronis, les babis, les ritals, les christos... dans les cours de récré et les cantines d'usines, jouent les observateurs sourcilleux sans trop se mouiller fort d’un courage macronesque illustré par l’attitude vis à vis des saoudiens.
 
Pourtant il s’agit d’un tournant majeur dans l’histoire européenne, tournant qui révèle l’ambigüité fondatrice de l’U.E.: Si le type de musique que doit produire l’accordéon budgétaire de chaque pays se décide à Bruxelles avec obligation stricte de s’y conformer, alors les joueurs nationaux incarnent des exécutants asservis. Ces derniers ne sont donc pas complètement hors propos en criant au déni démocratique pour leur public électeur.
D'un autre côté, si chacun joue sa musique sans se soucier d’un cadre consensuel on risque d’obtenir une cacophonie!
Cacophonie financière? cacophonie économique? cacophonie sociale? tout est dans le choix harmonique.
Cacophonie financière, cela dépend pour qui. Les banques et institutions financières n’ont rien à perdre et tout à gagner... sauf si l’Italie va jusqu’au clash de la sortie de l’U.E. et de l’Euro. Mais Bruxelles fera en sorte que cela n’arrive pas.
Cacophonie économique certes en cassant l’industrie italienne qui, pourtant, présente une santé et un dynamisme intéressant malgré un euro qui freine ses exportations. En obligeant à vendre des fleurons de cette industrie comme se fut le cas en Grèce.
Cacophonie sociale sûrement en imposant un scénario à la grecque spoliant les classes défavorisées, les chômeurs et les retraités. Pourtant l’accordéon incarne un instrument chéri de cette classe populaire qui tend à devenir introuvable. La coalition italienne illustre par son double extrémisme le résultat scorique de cette déstructuration progressive par l'alliance de ceux que l’on massacre de quelque camp qu'ils vinssent.!Acc3.jpg
Pendant que la fête de Wall Street s'achèveIV*,les medias évoquent un bras de fer entre Rome et Bruxelles. De l’issue de cette lutte sortira l'avenir de l’U.E.: soit l’Union reverra ses bases pour y insérer des ingrédients plus sociaux, une optique moins financière (bancaire) et plus industrielle, un impératif plus écologique. Hélas on a coutume de parler de l’autisme V* de cette union qui s’enferme dans ses certitudes, sourdes aux mouvements de fond qui devraient mobiliser sa lucidité mais qui perdure. Le regard figé sur les élites financières elle n’est pas loin de penser comme M. Thatcher "There is no society", la société ça n’existe pas. Oubliant une classe moyenne qui constitu(ait) le socle de cette société, elle donne cours à une marginalité périphérique hétérogène que l’on voile dans un terme valise de populiste. Alors elle s’exposera à un éclatement permanent, chaque fois que ses contradictions originelles s’enflammeront.
La grande symphonie européenne promise aux spectateurs électeurs, symphonie dans laquelle chacun devait trouver un mieux vivre réel (un bien commun) relève, on le sait maintenant, de la promesse qui n’engage que ceux... La mythique croissance - l'European way of life -  permettant de justifier tous les changements, toutes les ruptures, tous les sacrifices, rechigne durablement à revenir. Le scrutin printanier qui se dessine à l’horizon proche, risque de sanctionner cette attente déçue comme le trumpisme est sortie du malaise du Kansas, Ohio, Oklahoma ou de l’Alabama... tel Aladin de la lampe magique.
 
Dans la symphonie n°4 L’Italienne de Mendelssohn, le final, Saltarello, impétueux et diabolique, est une explosion de bonne humeur. Fait rarissime dans l'histoire de la symphonie : L'Italienne, bien qu'en mode majeur, se termine en mineur tout en relevant d'une dynamique vivace, presque joyeuse. Et l’accordéon exprime toute sa complexité.
 
 
* (voir notes précédentes: Métaphore de l'accordéon et Tango de muerte. On rappelle que l’accordéon symbolise le budget de l’État)
** En période de ralentissement d’activité, un PSC appliqué à la lettre provoque des conséquences préjudiciables à la croissance par une action procyclique négative. Plutôt que des ratios qui ne tiennent pas compte du cycle d’activité, il faudrait une règle économique qui impose le rééquilibrage budgétaire en période de croissance, et qui permette une action budgétaire contracyclique en période de récession ou de croissance molle. Le PSC applique des ratios identiques pour toutes les zones alors même que la notion de soutenabilité budgétaire varie d’un pays à l’autre. Il ne tient donc pas compte des différences de croissance et de taux d’intérêt pourtant essentiels pour déterminer la trajectoire appropriée d’évolution de la dette.
*** Ils ont grimpé de 35,7% sur les mois qui ont suivi les mesures d'austérité renforcées prises en juin 2011.
IV* Le NASDAQ perd jusqu'à 4,5%
V*Ivan Krastev. Le destin de l’Europe. Premier Parallèle. 2017