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29/01/2008

PANNE D'ÉTHIQUE ET DÉVIANCES FINANCIÈRES

Normalement, les marchés sont destinés à vendre de l’utilité (1).
Quoi de plus positif que l’utilité ! Et ils sont investis du pouvoir de sanction lorsque l’offre s’avère inopportune. Ainsi, si vous proposez un produit ou service nul, laid, qui ne sert à rien, … vous ne trouvez aucun preneur, hormis des originaux qui trouvent là une « utilité perverse ». Un produit c’est, selon Kotler, une utilité, un risque et un symbole. Ainsi, lorsque vous achetez une télé, vous recherchez l’utilité de pouvoir capter toutes les chaînes disponibles, vous risquez la panne avec plus ou moins de fréquence, vous choisissez un écran plasma « parce que ça en jette ! ». Plus les trois critères sont avérés plus vous êtes prêt à payer cher, et inversement. Ici intervient l’éthique qui mesure la franchise du vendeur quant à ces trois points.Elle peut être maximum (transparence) ou minimum (cacher les turpitudes au maximum).
Première déviance, un jour, l’on a mis le doigt dans le mensonge commercial selon un cynisme rationnel capable d’expliquer tout et son inverse et de le faire croire, via la publicité. Feu l’éthique une première fois.
Seconde déviance, des malins ont décidé de vendre « du négatif », c’est-à-dire des choses qui étaient contre-utiles : ordures, pollution, obésité, poisons, … ! Comme cela n’était pas « demandable » ni demandé on l’a « encapsulé » dans des offres d’apparence neutre, voire attrayante afin de mieux faire passer la pilule. On a dès lors vendu du plus et du moins mélangé avec souvent plus de moins que de plus !
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Troisième déviance, elle concerne la demande, les acheteurs. Le marché « normal » s’adresse à la demande solvable, à savoir « la demande qui s’appuie sur un pouvoir d’achet réel » (Keynes). Pour élargir la chalandise on a assoupli le critère en parlant de « pouvoir d’achat réel différé » c’est-à-dire fondé sur un emprunt raisonnablement remboursable dans un délai court. Puis la clause d’éthique (ou de bon sens) saute encore et l’on prête à qui veut, même à qui ne veut pas (aux US on a envoyé des cartes bleues pré-chargées par la poste !) et, surtout, à ceux qui ne pourront jamais rembourser. On génère du faux pouvoir d’achat, de la « fausse monnaie ».
Ici se rejoignent les trois turpitudes, lorsqu’on vend massivement « de la merde à des insolvables » (excusez le langage, mais c’est bien ça) ! Car le prêteur peut en principe récupérer le bien pour se rembourser. Sauf qu’entre temps, le marché s’est aperçu de la mauvaise qualité dudit bien … qui devient invendable (retour à la case départ).
Et voilà expliquée la crise des subprimes.
Mais ce n’est pas tout ! Comme les faux monnayeurs et les prêteurs indélicats ne se suicident plus (comme en 29), qu’ils ne démissionnent même pas, ils essaient de trouver une défausse.
Ils s’adressent à des institutions financières qui leur rachètent (à moindre coût) leur risque … qu’elles ne connaissent pas vraiment mais qu’elles « évaluent ». N’étant pas très sûrs d’elles malgré leur façade de jargons anglicistes, elles vont se « couvrir », en d’autres termes, « refourguer » le risque à une autre institution qui en payant moins espère faire un bon coup. Mais leur KK n’étant pas très vendable, ils vont en incorporer des morceaux dans des « boulettes complexes » dits produits dérivés. Ces boulettes servent à générer de la complexité et à appâter ainsi les chasseurs d’opportunités, dits traders. Certains de ces derniers, se croyant plus malins que la moyenne, les acquièrent et, effectivement s’ils sont vraiment bons (ou chanceux) gagnent plein de (vrai) fric sans rien faire ! Mais ils peuvent aussi se faire peur au gré de telle ou telle mauvaise nouvelle. Ils vont alors fabriquer des accras épicés pour masquer le goût du risque, autrement dit des « produits exotiques ».
Et ainsi de suite, sachant que des professionnels dûment mandatés par des banques, des fonds de pension (paisibles ou hedges), se servent de ces divers « titres » pour agrémenter leur portefeuille de placements en vue de bien plaire aux actionnaires.
Au total c’est ce qu’on appelle des montages à risque systémique, en d’autres termes susceptibles d’effet domino.
Toutefois, comme ce milieu de coquins est aussi celui des copains tout le monde se tient un peu par la barbichette … et jugule ainsi les effets déflagrateurs à leur début, la plupart du temps, malgré certaines crises limitées. En bons joueurs addictes, les gagnants remettent au pot et les perdants cherchent à « se refaire ».
Jusqu’à ce qu’il arrive un grain de sable ou un trubillon qui déborde l’omerta maffieuse des traders.

(1) Cette présentation, volontairement, schématisée, reste simplificatrice d’un univers volontairement touffu, complexe et opaque. Mais elle est strictement réaliste et tente de donner des billes à un public que la presse (écrite et télé) n’a pas vraiment éclairé quant aux mécanismes sous jacents de l’affaire Sté Générale.

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