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08/07/2008

SYSTÉMIQUE ET CORRIDA

Comme toujours, en début d’été, se manifestent les voix anti-corridas. playboydeadline.m 1.jpgJe les accepte puisque «Si l'on ne croit pas à la liberté d'expression pour les gens qu'on méprise, on n'y croit pas du tout’ [Noam Chomsky].

Mais permettez-moi de donner un éclairage systémique que je n’aie lu nulle part. Je le brinde à Jeannot S. l’aficionado biterrois et à Pierrot C. l’aficionado du CG34.
Au début de tout, sont confrontés deux pôles : l’ordre et le désordre.
L’ordre s’incarne dans l’Homme, le torero, la référence sociétale ultime, porteur de l’exhaustif rituel normé. À l’excès ! Tout est précisé, limité, décrit dans le moindre détail. L’habit, les phases (tercios), le temps imparti, les catégories de passes (véronique, naturelle, derechazo, chicuelina, revolera,…), les instruments (capes, muleta, banderilles, piques, épées, …), les lieux (sitios), les positions, les distances (cargar la suerte), les codes gestuels (brindis, cambio, pétition,…), les adjuvants musicaux, les symboles colorés (mouchoir blanc, vert, bleu,…), le personnel habilité (peon, alguazil, picador, sobre saliente, mozo de espada, areneros, …), la sortie (a hombros, por la porta grande, …) … C’est la perfection absurde, inatteignable, idéale au sens où l’on ne peut que la tangenter.

Le désordre s’inscrit dans la nature, la Bête, le taureau. La violence, la sauvagerie, le danger, l’aléa, la mort, le moins codé possible (toro limpio).
Il faut ensuite que ce duel improbable, par un enchaînement de "scènes" (faena), injouables en principes, - du moins dans un registre « civilisé »-, parvienne à accéder à l’équilibre optimal, à l’utopie. Tout le paradoxe de l'utopie réalisable est d’être à la fois la matérialisation d'une monstruosité et la symbolisation d'un discours de raison. L'utopie mobilise l'onirique et le confronte au rationnel pour développer un récit où se développe le rhizome sociétal (concevoir un monde plausible malgré les dysfonctionnements naturels du monde réel). (Si ça chauffe trop, prenez une douche !)
Cela relève de l’acte social pur: comment réguler le désordre pour qu’il devienne compatible avec un ordre suffisant, c’est-à-dire esthétiquement suffisant, c’est-à-dire à l’équilibre exact que l’on nomme lidia et qui dépend des qualités et des défauts de chaque taureau (encaste), du temps (vent, pluie, …), de l’arène, du public, … L’optimum existe, le spectateur le perçoit lorsque le taureau suit harmonieusement le temple du leurre, s’enroule autour du chemin qu’on lui trace, spontanément, sans manifester la révolte de ses cornes … qui reste néanmoins implacablement potentielle à la moindre faille de l’équilibre.
Les lieux restent bien délimités : le ruedo, le calleron, les gradins, le palco, …où se meuvent des catégories sociales distinctes sans jamais se mélanger vraiment (sauf par transgression: el spontaneo). Il y existe enfin un acte démocratique fort, la pétition du public qui, via des mouchoirs agités en guise de bulletins, vote pour accorder les trophées. Démocratie certes mais démocratie gouvernée puisque le président garde le pouvoir exécutif final … au risque de la bronca (capability of voice) populaire.

Voilà ! La messe est dite ! La corrida est l’archétype actué de la régulation sociétale. On pourrait en faire le canevas illustratif d’une théorie de cette régulation. Mais sans doute que les idéologies ne s’abreuvent plus à la source de la complexité. Sans doute que la consommation de Charal sous blister s’avère beaucoup plus économique et reposante. C’est de monde « tel qu’il est », ma bonne dame ! C’est dans ce “tel-qu’il-est” que se situe la supercherie car il est donné pour une vérité, alors qu’il n’est au mieux qu’une représentation – déjà une interprétation et au pire une conviction – une croyance construite, un parti-pris. De plus, ce “tel-qu’il-est” laisse entendre qu’il y aurait un accès direct à la compréhension du monde qui ne serait autre chose que “l’allant-de-soi” desdites choses: les choses telles qu’elles sont vont de soi. Facile, pas la peine de se prendre le chou ! Dis, Chomsky, pourquoi tu tousses ?

Commentaires

Bonsoir,
Je dis Rugby à Midi avec un ex de l'ASB.
J'internnette Raoul Barrière le soir.
Je tombe sur:" quanté réboùssiè disiè ma grand!"
Je déguste et ne comprend pas tout...
Je dégusterai le reste plus tard je suis fatigué.
Ma tisane refroidit.
A déman !
Sancho

Écrit par : sancho | 21/07/2008

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