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26/10/2008

RETOUR SUR BRETTON WOODS ET SES AVATARS

Il nous est proposé ,urbi et orbi, de procéder à un nouveau Bretton Woods et de définir un nouveau système monétaire international. Qu’est-ce à dire, et est-ce sensé ? Voici quelques éléments de référence.
La société américaine a, sur la nôtre, l’avantage d’une plus grande confiance en ses dirigeants. Cela doit venir d’une religiosité supérieure selon des cultes plus rigoureux (cf Max Weber : l’éthique protestante du capitalisme). Ainsi après un certain nombre de présidents calamiteux ou sulfureux, ils continuent à se ranger majoritairement derrière celui que la majorité (?) a désigné.
Il a encore plus confiance en un référentiel systémique économique, le libéralisme, érigé en religion. Dès lors, sur ce plan, la régulation monétaire américaine se cantonne à savoir si elle ferme un peu ou ouvre beaucoup les taux d’intérêt du dollar. Ou plutôt, se cantonnait. Petit retour historique.
Avant le fameux Bretton Woods les échanges commerciaux et monétaires étaient régis par l’Étalon or. Cela donnait un système auto-régulé puisque toutes les monnaies étaient convertibles en or selon le système des Gold Points, mais je vous en fais grâce. Les deux guerres ayant fait exploser ce mécanisme, il fallut bien s’en donner un autre. D’où B.W. et le triomphe des cow boys sur les dandys puritains européens.
Depuis ledit Bretton Woods (1944) où ils avaient imposé un système monétaire international (GES) qui faisait de leur monnaie la seule de premier rang, c’est-à-dire la seule convertible en or, les Américains achetaient au monde entier, tout ce qu’ils désiraient, sans douleur. En effet, tous les autres pays devaient se procurer des dollars avant d’acheter du pétrole, du blé ou des machines. Eux achetaient avec leur propre monnaie et il leur suffisait de faire marcher la planche à billet. Cool ! Toutefois, il faut le reconnaître, cette création facile de liquidité internationale (boostée par le plan Marshall), a favorisé le boom économique de l’après guerre appelé « les trente glorieuses ». Notamment en Europe qui s’est facilement requinquée au lieu de financer une reconstruction en se serrant la ceinture. Il est bien connu que « A cheval donné … ». Cool !
Certes, dans les années soixante, il y eut la « menace Rueff » brandie par le reboussié général de Gaulle. Menace consistant à faire jouer la clause de convertibilité en or afin de réguler l’hémorragie de dollars découlant de la planche à billet US et du déficit extérieur galopant. Réguler, le terme est prononcé ! Car, même si à Bretton Woods les Américains avaient écarté l’idée de Keynes de créer une monnaie internationale (le Bancor) régulée strictement par une banque mondiale indépendante (le FMI), il restait néanmoins l’épée de Damoclès de cette convertibilité. Mais le pauvre de Gaulle s’étant retrouvé seul et bien dépourvu dans son action régulatrice, la menace Rueff fit long feu. Les Américains n’en avaient pas moins senti le vent du boulet.
Si bien qu’en 1971, lorsqu’il fallut réaménager le système monétaire international, lors du bras de fer entre l’Europe et eux, Nixon posa comme préalable ladite convertibilité. Les accords de Washington qui scellèrent l’affaire, accordèrent la non convertibilité du dollar. Depuis lors, il n’existe plus de régulation de l’émission de billets verts, … sauf la propre volonté des USA. Hyper cool !
Le nouveau système, même s’il a conservé l’appellation de Gold Exchange Standard, fournit une latitude plus grande en matière de taux change. Latitude qui obligea les Européens, qui s’étaient dôtés entre temps d’un marché commun, de concocter leur propre régulation monétaire via le SME (Système Monétaire Européen), d’abord reliée au dollar (serpent dans un tunnel), puis indépendante (serpent à sonnette), puis encore articulée sur l’ECU (panier de monnaies). L’Euro et la BCE dérivent naturellement de ces évènements successifs. La régulation Européenne s’avère donc largement autonomisée, ce qui explique sa stratégie différente de celle du billet vert. Selon notre propos, on peut seulement lui reprocher de ne pas être soumise (du moins dans les textes) aux pressions des autres niveaux qu’économiques.
Les conséquences de 1971, font que le dollar est régulé à la fois par la FED (banque centrale américaine) et par la monnaie qui internationalement s’avère la plus forte. En fait, si cette dernière reposait sur un pays (ou un groupe organisé de pays) doté d’une puissance militaire dominante et d’une capacité à fournir des liquidités selon un flux mondial pertinent, alors elle s’imposerait comme nouvel « étalon » en lieu et place du billet vert. Sinon, et c’est ce qui s’est passé et se passe toujours, elle joue seulement le rôle de « prothèse » du dollar. Ainsi, si l’Europe ne veut pas que le dollar tombe trop bas, il revient à l’Euro de le soutenir en se substituant à la FED pour l’acheter massivement. Historiquement, ce fut le cas successivement du Mark, du Yen, de l’Euro. Aujourd’hui la monnaie « prothèse » est le Yuan (Chine).
Annoncer que nous allons tenir un nouveau Bretton Woods semble donc un effet d’annonce sans grand contenu. Le système monétaire international tel qu’il existe, ne fonctionne pas si mal que cela. Si l’on désirait changer quelque chose, ce ne pourrait être que définir une autre monnaie de premier rang. Sauf que l’Euro ne peut se poser en monnaie leader et le Yuan ne le désire pas (pas encore).
Sans doute, mais je suis certainement mauvaise langue, le jeu consiste, sous couvert d’annonce mirifique et valorisante, de tenter de mettre en place une régulation des MARCHÉS FINANCIERS INTERNATIONAUX et non monétaires. Non pas « moraliser » car ça ne peut rien dire, mais limiter au moins les dérives conduisant à des risques systémiques (effet domino). Un peu mais pas trop, pour ne pas fâcher les gros qui touillent dans la soupe verte ! Or, seul un accord qui homogénéiserait les normes et les sanctions dans tous les grands pays pourrait s’avérer efficace. Mais pas seulement des grands, c’est là la difficulté ! Car il est bien évident que le moindre paradis fiscal dans une île minuscule, réduit à néant, toute régulation.

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Dès lors que va-t-on discuter, sinon des aménagements techniques dont on sait qu’ils sont, à terme, plus néfastes que favorables ? Car, et c’est là la clé du problème, il n’existe pas de gouvernement mondial ! Et donc pas de coercition concertée vis-à-vis des petits malins qui trouvent toujours la parade aux entraves partielles qui sont mises en place en guise de régulation. Le new B.W. s’avère donc une escroquerie aux bons peuples, sommés de croire, promis juré, que leurs chefs veulent (enfin) leur bonheur ! Les jeux olympiques des faux culs !
Il y a longtemps déjà que les systémiciens avertissent qu’il s’avère beaucoup plus facile de faire sauter des régulations (ouvrir des boucles de rétroaction) que de les remettre. Reagan, Tchatcher et autres, en ont fait fi. On va à présent le vérifier.
Dites les gars, pour le New Bretton Woods, trouvez-vous une ville de congrès plus sympa que la petite station de ski du New Hampshire ! Car ce ne sera pas de la tarte !!

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