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17/01/2009

LETTRE À MONSIEUR DEFFINS

Monsieur Deffins,éphémère président du Montpellier Hérault Rugby Club, permettez-moi de vous trouver légèrement naïf ! Comment pourrai-je juger différemment un homme de valeur, un chef d’entreprise reconnu, qui s’engage dans une aventure du style Koh Lanta sans prendre toutes les précautions d’usage ? Sans avoir commandité le moindre audit financier qui, au pire, aurait eu vertu de point de départ ?

Car, enfin, vous étiez dans cette galère que représente un club de rugby du Top 14, depuis plusieurs années, en position de dirigeant et, en conséquences, vous auriez dû savoir (ou pour le moins, vous douter) de l’ensemble des pièges, chausse-trappes, dissimulations, double langage, promesses rendant les enfants, les joueurs et les spectateurs heureux, billetteries « accessoires », … qui font le quotidien de ce mundillo improbable qu’est le rugby français professionnel. Un univers mal stabilisé où errent des aigrefins, des marchands de rêves, des blanchisseurs de fric, des hâbleurs, des faiseurs, … côtoyant  des chefs d’entreprises communicants, des politiques intéressés, des notaires bien comme il faut, … se mêlant à une foule de brave gens, de purs amateurs, de couillons fervents déchirant les billets et assurant bénévolement la sécurité, supportant par vent, neige et kilomètres d’autocar, des passionnés, des excessifs … et, accessoirement, des joueurs-jouets . Un univers où l’argent s’avère, à la fois, rare et gaspillé. Rare, car les sponsors sont souvent beaucoup de PME à la surface financière limitée (surtout en temps de crise !) et des collectivités locales de plus en plus contraintes, légalement et budgétairement, à lever le pied. Gaspillé, à l’aune des salaires indus perçus par des joueurs falots, au palmarès anorexique, ou par des entraîneurs aux compétences imaginaires, ou via des frais de logistique luxueux et  des débours de gestion parasitaires. Avec une mère Noël un peu maquerelle, la télé, entretenant l’idée de strass, paillettes et confort.

M. Deffins, sachez que le rugby est à l’image du ballon qui l’incarne : irrationnel, imprévisible, glissant, fuyant. Il est , génériquement, un JEU d’amateurs éclairés qui peuvent côtoyer la mort parce qu’il savent et assument qu’il s’agit d’un JEU ! Car ils savent que le pastis, le cassoulet et l’amitié indéfectible seront les plus beaux des dividendes reçus !

Pour tout vous dire, je doutais déjà que LE RUGBY fût vraiment un sport, à l’aune des bedaines tendant les maillots ou des diététiques gersoises et des entraînements dont le principal mérite résidait dans la mise en appétit.

Alors, pensez donc, M. Deffins, le rugby un spectacle ! Un spectacle sportif avec des équipes qui comportent au moins huit langues, avec des mecs qui entrent et sortent comme dans un moulin, qui font une saison ici et une autre au bout du monde, qui ne se morniflent plus, sinon exceptionnellement pour épicer une retransmission, qui parlent comme dans les manuels « Le rugby pour les nuls ». Surveillés par une demi douzaine d'arbitres dotés de micro et vidéo qui leur font exploser l'ego. Dans des stades enrubannés comme des arbres de Noël, mis en scène comme le Lido, vibrant de bandas jouant en continu, ce qui est tout aussi pertinent qu’un paso dobles durant une faena de José Thomas. Se muant en banquet de sous-préfecture sitôt le coup de sifflet final, rivalisant de canapés et de champagne pour VIP. Pour cornaquer ces festivités récurrentes et ces bodybuildés sanglés de rose malabar, singeant des autos tamponneuses myopes, qui ne mangent que des tablettes vitaminées (?) et ne boivent que des potions chimiques (??), il faut des saltimbanques fortunés, faisant dans les ordures (pardon, du service à l’environnement), l’amusement (pardon, le spectacle et le huit ou neuvième art), le terrassement (pardon, la création d’infrastructures), …  des habitués du flou budgétaire, des spécialistes du « main-main », des bouclages en catastrophe, … Deff.jpg

Moi, je pense que tout cela est autre chose mais plus vraiment du Rugby. Le Rrrugby se satisfaisait d’une messe profane constituée sur la base de ce qu'éprouvaient ou ressentaient en commun des foules éphémères qui se réunissaient hebdomadairement autour de prairies rectangulaires marquées de lignes blanches et dans lesquelles deux drôles de totems en forme de H majuscule s’élançaient, démesurés, vers le ciel1. Au bout d'environ une heure trente, les membres de la tribu se réunissaient en divers lieux de culte nommés « sièges » ou « bodegas » où ils consommaient de grandes quantités d'un breuvage jaunâtre en parlant très fort, en chantant plus fort encore, voire en découvrant leur anatomie. Les « gros pardessus », notoriétés locales reconnues mais peu dispendieuses, dirigeaient, patelins malgré leurs sourcils broussailleux, cette tribu rugbystique. Un curieux journal jaune racontait, le mardi, ces épopées avec des accents épiques.

Aujourd’hui, les quelques descendants de ce monde sont engloutis, noyés, dans la foule cosmopolite des spectateurs-néophytes-invités-par-les-sponsors, les téléspectateurs onanistes engoncés dans leur fauteuil Ikea, chauffés par des commentateurs habillés par Blanco et instruits par l’Équipe de la veille. Avec un match toutes les heures et demie. Plus les commentaires experts s’auto-congratulant. Jusqu’à l’écœurement. Sans jamais avoir même effleuré l’odeur de l’huile camphrée !

Alors, M. Deffins, évitez désormais tout ce qui a, de près ou de loin, une forme ovoïde. Le symbole de l'ovale est vieux comme le monde, il est inséré dans les archétypes qui sous-tendent l'univers (coquille et refuge). Symbole de l’origine des choses, de l’oeuf primordial, la forme ovale est une forme de déviance. Elle fait ricocher quelconque énergie qui l'atteint. Elle évoque aussi le symbole du troisième oeil qui discerne les puissances cachées, et qui fait alerte (intuition). Le bureau ovale de la Maison Blanche, le temple elliptique de Chêne-Pâquier, … Boudious !



 1 Emprunté à Robert Marty, http://robert.marty.perso.cegetel.net/usapiens/gros%20pardessus.htm

 

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