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25/03/2009

L’ÉCUME, LE BOUILLON ET LE POT-AU-FEU.

L’état actuel de la crise, m’inspire cette parabole culinaire ! L’écume, c’est toutes les impuretés, les scories, qu’il faut enlever à l’écumoire. Et qui correspond aux actions toxiques (subprimes et autres sandwichs financiers vénéneux) que tous les états du Monde tentent d’éliminer. Mais, un peu comme Sisyphe, il en remonte en permanence et l’on évalue mal combien il en reste et quand cela s’arrêtera. Le bouillon, liquide nourrissant apprécié, illustre les liquidités « normales »[1] qui sont nécessaires pour irriguer l’économie réelle. Au fond, il reste le pot-au-feu (viandes et légumes), partie concrète qui représente cette économie réelle (usines, commerces, services, …). Ce pot-au-feu n’est pas forcément succulent ! Il peut s’avérer maigre et coriace, sec et filandreux, racorni même, ou moelleux et goûteux, c’est selon. Ainsi en est-il des économies sous développées, émergentes, dynamiques ou vieillissantes.

Le Président Sarkozy considère, implicitement, qu’en France, nous avons définitivement écumé les saletés remontant du fond des bilans bancaires. Position téméraire si l’on en croit les experts neutres, qui pensent qu’il en reste encore pas mal et que, de plus, les saletés enfouies dans les actifs des compagnies d’assurance vont les relayer (cf AIG aux E.U.). En effet il faut considérer que la crise tape de plus en plus et, chemin faisant, rend insolvables de nouveaux débiteurs. Premier impact, de nouveaux produits financiers basculent dans « l’écume » alors qu’ils n’y étaient pas encore. Second impact, leurs détenteurs se retournent vers les assureurs qui « couvraient » ces produits. Et ainsi de suite. Vous comprenez donc aisément que l’épuration de l’économie mondiale ne se conçoit pas comme un stock fini à éponger, mais comme un stock dynamique nourri par la crise. D’où le qualificatif de systémique pour dire que le phénomène s’auto-entretien.

Le président Sarkozy considère, naturellement, qu’avec le bouillon qu’il a rajouté dans le faitout France, la liquidité de l’économie redevient suffisante pour approvisionner tous les convives invités. Enfin, pas vraiment tous pareil ! Les puissants (les copains aussi) d’abord qui en ont pris des assiettes rases (Renault, Citroën, …). Les autres, artisans, PME, commerçants, doivent attendre patiemment de voir si l’écuelle qu’ils tendent comme la sébile du désespoir, sera honorée. Sans compter les « peu-éthiques » qui se goinfrent avec la louche à longue queue des parachutes et autres instruments de leur ménagère dorée.

Le président Sarkozy considère, explicitement (St Quentin), que l’économie réelle va repartir bientôt (Juin, Septembre ???). Certes, il y aura quelques morceaux incomestibles qui resteront au fond (les noms sont dans vos journaux quotidiens) mais, bon, c’est la faute à la crise ! Des oiseaux de mauvais augure (même de son propre camp) avancent qu’on aurait pu et du en profiter pour renouveler la viande (un peu obsolète) et les légumes (pas très bio) afin que le pot-au-feu redevienne un plat savoureux et donc compétitif, plutôt que de touiller les bagnoles à bout de souffle, au goût de Dacia ! Comme les morceaux sont de moins en moins nombreux, à la table du partage, certains n’auront pas accès, comme le disait si bien le révérend Malthus. Ceux-là s’appellent les chômeurs, mais aussi les artisans faillis, les commerçants ayant bilan déposé, … formant un cortège dense et revanchard. Pour l’instant ils demandent juste un peu de bouillon. Une cuillerée, SVP ! Peut-être que bientôt, la faim aidant, ils se jetteront sur le plat de côte et le jarret. Salauds de fonctionnaires, salauds de pauvres smicards, salauds de pauvres tout court, qui vous mangeraient votre profit ! C’est la crise, on vous dit, circulez et attendez que le capitalisme fut devenu plus éthique.Un jour où les poules auront des dents.

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A propos de gallinacé, il faut que je vous avoue quelque chose ! Chez nous, en France, la recette varie quelque peu ! Au pot-au-feu, on préfère la poule-au-pot. C’est à peu près pareil, avec des légumes, du bouillon, mais à la place du bœuf-veau comme les anglo-saxons, nous on met une poule. Cela tient mieux à la cuisson et il y a moins de scories à écumer. Certes, la recette ne date pas d’hier (Henry IV) mais ça marche(ait). En plus, pour le service, on assure(ait) une part à chacun, pas très grosse, mais garantie. On nous explique qu’il n’y a pas plus ringard, que seule la compétition est belle ! Avec un seul chaudron pour tous, africains, chinois, brésiliens, inuits … ça s’appelle la mondialisation. Dès lors, tous les sarkozistes dignes de ce nom, s’efforceront désormais de réformer notre plat pour qu’il devienne conforme au brouet global. Avec l’aide du chef trois étoiles au guide Continental : Laurence Parisot et le gâte-sauce Frédéric Lefevbre !

 

Dis, monsieur le président Sarkozy, tu ne veux pas nous laisser notre poule-au-pot ? Nous, on trouve que ça nous suffit, que le bouillon n’est pas trop gras mais que tout le monde (ou presque) y goûte. Que les morceaux sont petits mais nous sommes habitués au goût. Qu’il suffirait sans doute de se mettre au bio, à l’allégé et aux oméga3, raisonnablement, pour que les autres continuent de nous envier. Laisse-nous aussi notre petit coup de vin pour faire passer la chose, même si tu ne l’aimes pas. Et si Johnny veut encore se casser, tant pis pour lui, un philosophe de perdu, dix de gagnés!



[1] En fait on ne sait pas vraiment chiffrer cette normalité. Les dirigeants oscillent donc entre des postures laxistes (inflationnistes) ou restrictives (recessionnistes).

 

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