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23/07/2010

LES ÉTOILES DU CAP DE COULEUR

Il avait pourtant fait une excellente campagne, reposant sur un projet de société soluble dans Gala, habilement tissé sur les (anti)valeurs françaises inavouables : anti intello (traduction : on ne se prend pas la tête), anti chienlit (traduction:  on casse de l’afro-maghrében-beur de banlieue), anti planqués (traduction: on vire un max de fonctionnaires), anti privilèges (traduction: travail-mérite-drapeau), anti impôt (traduction:  on ne dit pas lesquels mais c’est toujours vendeur, surtout pour les gens à bouclier et les restaurateurs). Et ainsi, élections faisant, il se préparait à s’installer dans un paisible quinquennat fertile en relations, réseaux, gloire et voyages.

Et puis, crac ! Des tuiles imprévues. D’abord la crise des subprimes fomentée par ces tarés l’amerloks, puis celle des hellènes cigales, avec l’espoir de jouer Zorro sauveur du Monde Libre, mais sévèrement tacklé par Barack et Angela. Une coupe du Monde de Rugby perdue malgré l’usage abusif d’un Laporte limité. Des Jeux chinois torpillés par un moine tibétain encombrant et des athlètes français transparents. La grippe qui s’annonçait ravageuse et qui se finissait en braderie de dosettes. Une misère, je vous dis ! Une image perso passant du séducteur queutard à celui de cocu ravi, trop rapidement recyclé en amoureux de Peynet, chuchotant des mièvreries à l’oreille de l’icône spaghetti. Un look qui, de chemise dégrafée, jeans et RayBan, cool et plaisantin, se transformait, par la magie des conseils en com, en ordonnateur des pompes funèbres, sévère comme un huissier d’Argenton. Et le sportif new vawe (vélo, jogging) foudroyé par une crampe du cerveau un matin de canicule et qui vous change le champion en malade fragile, aux cheveux blanchis. Et le papa gâteau qui voulait offrir un avenir au cancre familial qui se prend une volée de désaveux !pleine-lune-L-1.jpg
Il avait pensé à tout, même à débaucher des socialos centristes pour faire consensuel. Manqué ! Les transfuges se sont tellement vite sarkozisés qu’ils apparaissent davantage comme des archétypes de traitrise que comme alibis gauchisants ! La poisse, je vous répète ! Il s’était aussi entouré de non énarques, pas trop futés pour coller à son projet de société. Patatras ! Une cohorte de Gaston Lagaffe ! Lagaffe-Havanes, Lagaffe-Avion, Lagaffe-Appart, Lagaffe-Prime, Lagaffe-Auvergnat, … sans parler du méga Lagaffe-Clair/Obscur des vieilles dames indignes ! Et les femmes fortes destinées à rassurer la ménagère de plus de cinquante balais qui se muent en taties. Tatie Vaccin (Bachelot), Tatie Hermès et bonnes manières (Lagarde), Tatie Pète-sec (Alliot-Marie), Tatie Homo Nyme (Fredo) ! Il n’est pas aidé le pauvre homme ! D’autant plus qu’il a carbonisé ses jockers, côtés AAA, Rachida, Rama, Fadela. Il faut dire que Rachida à la justice, c’est un peu comme si tu nommais Tapie aux Finances ou Domenech aux Sports! Idem pour la jolie brune à l’esprit contradicteur à qui il fallait trouver une planque à risque de dérive zéro. Quant à Fadela, sans fric à distribuer elle n’a réussi qu’à perdre son «ni» ! La guigne totale ! Ses cautions artistiques n’ont pas fait un tabac. Jonnhy a failli canner et a du révéler ses frasques, véhiculé en chariot roulant. Enrico, Barbelivien, … quasiment à la Ferme des célébrités.
Il avait utilisé tous les subterfuges d’enfumage communicationnel avec stigmatisation des burqas, des sans papiers, des caïds zonards, des soixante-huitards, des polygames beurs, des GDV (gens du voyage), des en congés de maladie, des planqués au Paradis (fiscal), des qui roulent trop vite, des qui abusent des médocs,… sans réussir à effacer la réalité de la montée du chômage et du recul du pouvoir d’achat.

Pourtant, un soir de Mai, allongé aux côtés de Carlita qui avait la migraine, dans un demi sommeil cotonneux, il avait visualisé la figure d’Anelka confondue avec celle de Zizou. Il était proche de l’extase. Car on voyait passer dans la nuit, par moment, Quelque Chose qui paraissait un ailier semblable à un ange, un ange bleu, rayonnant de lumière… et brandissant une coupe du Monde !
Mais ce n’était qu’un rêve ! Son espérance de tout laver dans un déferlement de liesse victorieuse à la mode Chirac, s’est vautrée dans une grève de collégiens du 9-3 et une incapacité à battre une quelconque formation! Et puis cette avanie de la riche héritière trop haïe, trop bavarde, trop large du chéquier ! Pourtant il avait verrouillé le Parlement, le Sénat, muselé par connivence la presse écrite, bâillonné la télé par nominations maison et virages opportunistes, circonvenu la justice par copinage. Peste, la démocratie était réapparue, comme une hydre vivante, via le Net, plus virulente et plus destructrice, tel un Sarkogate médiatique.
Assis sur un rocher, face à la mer, inlassablement, le pauvre homme recompte ses 26% d’opinions favorables. Qui peuvent-ils bien être ? Sans doute quelques restaurateurs ayant la reconnaissance de la bourse, quelques familles fortunées ayant la reconnaissance de la Bourse, quelques centaines de petits patrons naïfs qui croient encore qu’il défend autre chose que les compagnies du CAC, quelques hauts fonctionnaires pressés de grimper au cocotier, quelques vaniteux qu’il a décorés, quelques aigris continuant à haïr les fonctionnaires, trois centaines de frontistes fâchés avec le Pen, quelques lectrices des Bonnes Soirées fans de Carla, … Sœur Lagarde voyez-vous revenir la croissance ? Non, je ne vois que la dette qui poudroie et le chômage qui verdoie !
Le crépuscule descend doucement sur le Cap Nègre et les cigales se taisent, une à une, comme les espoirs qu’il a fait naître…

11/07/2010

FÉLICHET

Pour les gens des sixties, les Allées Biterroises avaient deux monuments : Paul Riquet, l’hydraulicien éponyme, et Félix Lacrampe, rugbyman-cafetier. Et le plus connu n’était pas celui que l’on croit ! Félix, originaire de Lannemezan, était arrivé de Lourdes en cinquante, auréolé du titre d’international et de partenaire apprécié de Jean Prat, pour ouvrir l’aire du renouveau biterrois. Troisième ligne centre, belle gueule mais sportivement foutu comme un as de pique (un peu vouté, les genoux légèrement cagneux, un mètre quatre vingt tout déroulé, les pieds en dix heures dix), au métier avéré et au charisme incontestable, Félichet (comme il fut surnommé) devint célèbre par son jeu en rupture, ses ruses, ses feintes de passes, son casque de cuir brun, certes. Felix.jpg

Mais surtout par son bar «La Comédie» au cœur des Allées Paul Riquet,  siège et antre de l’ASB où résonnait encore la voix de stentor de Jules Cadenat. Tenancier de bistrot à l’ancienne, torchon sur l’épaule et tablier bleu de limonadier, il à trôné plus de trente piges derrière (ou devant) son comptoir, essuyant les verres jusqu’à les user, tout en «tombant des salades» avec ce petit sourire au coin des lèvres qui le quittait rarement. La Comédie avait ses moments : ouverture où l’on trouvait «le maître» (huissier) et le commissaire priseur, l’ex mondaine à la retraite au langage fleuri, les habitués du petit noir, Adhémar l’arbitre manchot, un ancien président du Comité du Languedoc, avec parfois un maître d’internat ou un étudiant en transit. Puis arrivait le « petit » déjeuner réunissant autour de Félix, le voisin pâtissier, le boucher (éléphantesque) et le tripier des halles. Il s’y mangeait des portions gargantuesques de tripes, farcis, terrines, cassoulet, saint honoré, à faire tomber raide un diététicien ! Et puis arrivait le soir où le café servait de lieu de rendez-vous à la jeunesse rugbystique. Félix nous le rappelait souvent «J’ai marié la plupart d’entre vous !» et il n’avait pas tort. Durant ces soirées, il tenait spectacle. L’œil allumé, usant toujours l’éternel verre à essuyer, il entamait «Je vais vous faire une confidence … » Et là, on avait droit à du Raimu, du Devos et de l’Henri Génes réunis, à propos de tout et de rien : les épopées récurrentes comme le match de Cognac, le moteur d’avion coincé, le drop de Sapiac, … ou bien le commentaire d’actualité sur le rugby, sur un joueur (« Il est enrobé comme un chocolat glacé ! Il n’a pas les mains en face !... »), sur tel fait divers. A la relance il possédait ses compères, Albert (Rabat) et Frasson, feignant de se fâcher ou de porter la contradiction. Et les trois M, Marius, Milou, Marc, garçons de café types, chemises blanches et gilet noir multi poches qui, lors de leur passage au comptoir, mettaient leur grain de sel. Du grand art, je vous dis, comme les « reportages » sur les images télévisées durant les jeux olympiques, émaillés de scoops sois disant obtenus par un ami sur place («Paul L. m’a téléphoné …»). Il y avait aussi les amis de passage «à traiter» : Marcel Bordenave (journaliste sportif), Henri Génes (chanteur et acteur de variété, déjà cité), Pascalin (talonneur du Stade Montois), pour ne citer qu’eux, donnant lieu à des « dégagements » mémorables. Comme il était séducteur, soigneux de son look (costume gris poudré et cravate club), il avait des velléités d’amaigrissement. Mais elles se terminaient irrémédiablement dans un trois étoiles landais, au lieu du centre de cure de Capvern ou chez Iché, au faubourg, à la place de la randonnée à vélo projetée.
Félichet n’a pas eu d’enfant, mais il a eu beaucoup de «petits». Tous les jeunes qu’il a coachés, à l’ASB, au BO (Béziers Olympique, club spécialement créé selon son « esprit), à la RAM (inexplicable réunion d’ex vedettes), … ou au bar. Les petits qui ont usé la moleskine rouge des banquettes et secoué les flippers orangina. Et a qui il a témoigné son affection gouailleuse. Jusqu’à ce jour, certains allaient encore lui rendre visite, une ou deux fois l’an, en excursion rituelle, lorsque l’ASBH jouait à Tarbes ou à Pau, puisqu’il était retourné vivre au pays, à «Lamezan». Ces jours là, tout se réveillait soudain, effaçant le temps, l’arthrose et les chutes de palombière !
Félix s’est éclipsé, à quatre vingt cinq piges, d’une dernière feinte, pour aller retrouver beaucoup de ses amis clients quelques petits, partis trop tôt, et refaire ces interminables belotes pagnolesques. Adieu Félichet, on t'aime!

04/07/2010

ALLEZ, LES PASSAGERS CLANDESTINS !

En 1966 Mancur Olson, par la théorie des clubs (qui incorporait la théorie des groupes), rénovait la notion de bien public et rejetait les idées traditionnelles qui veulent que les groupes naissent par une propension naturelle des individus à l'association. Il proposait la thèse selon laquelle les individus s'associent en vue d'une action collective si, et seulement si, l'action individuelle sert moins bien les intérêts de chacun.  Existe alors le free riding correspondant à la description de la posture du passager clandestin. Cette posture, issue de la théorie des jeux, explique le comportement de celui qui, par stratégie, ne participe pas à une action collective astreignante pour ne pas en supporter les coûts (sacrifices en travail, argent, honneur,…) tout en espérant bénéficier des éventuels avantages obtenus par ceux qui se sont engagés dans l’effort exigé. En d’autres termes c’est celui qui «ne joue pas collectif», mais qui tente de retirer un profit individuel indu d’un labeur d’équipe. Ce principe permet de rendre compte, par la seule prise en compte du jeu des intérêts, du déclin d’implication dans des formes d'actions collectives, sans recourir à des explications "culturelles" souvent simplificatrices (individualisme, communautarisme, ...).
En miroir, une mobilisation collective désigne une coordination des activités d'un groupe souhaitant défendre ses intérêts et la constitution d’une solidarité sociale forte. Pour cela, d'après A. Touraine, les acteurs doivent, avant tout, développer une identité commune, en partageant les mêmes buts et des intérêts communs. Ensuite, le groupe formé doit s'opposer fermement aux groupes concurrents, ce qui suppose une forte solidarité interne.

Si tout ce discours reste un peu ésotérique pour vous, passons à l’application footballistique. Remarquons d’abord que, lors de cette coupe du Monde, les équipes qui ont de bons résultats au premier tour, sont des formations «à intérêts homogènes ». Les Allemands jouent majoritairement en Allemagne, les Espagnols en Espagne, … ou s’appuient sur un patriotisme fort (nations d’Amérique). Ce n’est pas le cas pour les nations africaines. A l’inverse, la France réunit des joueurs à «identité éclatée». L’un joue en Turquie, l’autre en Espagne, l’autre en Allemagne, en Angleterre, l’un beur, l’autre antillais, l’autre cht’i, l’autre méridional, et pourquoi pas, l’un hétéro, l’autre homo, l’un sexy, l’autre disgracieux,… Pour générer une mobilisation collective, c’est donc mal parti ! Alors la nation, le drapeau ? Bof, c’est ringard et, communautairement parlant, c’est risqué de chanter ostensiblement la Marseillaise comme ces tarés de rugbymans ! Le fric ? Bof on est déjà aux chiffres à dix zéros, à la Maserati ou au Hummer et on va pas risquer une cheville contre des gueux de pays improbables ! Le coach fédérateur ? Bof, on a vu mieux qu’un ancien très moyen joueur, entraineur confidentiel, au charisme de beauf, empêtré dans des préoccupations de midinette ! La fédé ? Un truc de ouf, formé par des troisièmes couteaux en mal de banquets honorifiques et de copains à placer. L’environnement supporter ? Il gonfle et nous déconcentre quand on s’est glissé dans notre casque-bulle i-pod. Le gouvernement ? La honte du Nicolas qui nous refile l’apothicaire rose, collante comme un chewing gum usagé, et l’i-conne d’ébène qui cherche à se faire une réputation sur le dos des autres ! Chaque joueur a ainsi pensé que les autres se bougeraient pour gagner. Qu’il suffisait de participer au moindre coût, pour arriver, sans doute en quart. Résultat, tous (ou presque) des passagers clandestins ! Un, deux, voire trois, ça peut passer. Mais neuf ou dix, ça ne le fait pas ! Et comme tout ce qui vient d‘être dit ne peut pas s’avouer ni a priori, ni a posteriori … il faut trouver des prétextes, des chèvres émissaires, lancer des rumeurs pour leurrer le paparazzi !

Voilà, l’autopsie d’un échec taille XXXL, plus prévisible tu meurs !

La société des passagers clandestins est en plein essor, chacun voulant « profiter » sans s’imposer les règles contraignantes qu’exige une démocratie active (regardez Woerth !). Pourquoi la planète foot serait-elle préservée, elle qui s’apparente à la galaxie des traders, des bulles et des hyper-primes ? Celle qui idolâtre les croupiers qui ramassent le fric sans se mouiller (le maillot), qui rêvent de profits sans investissement (entrainement), celle qui méprise tout ce qui n’a pas l’heure Rolex, la cantine Fouquet’s et les vacances Maldives. A l’opposé de la fameuse «idéologie laborieuse» de Ştefan Kovács, celui qui reconstruisit le foot français après qu’il eut touché le fond, en 1973. Déjà !