21/11/2010
LA MÊLÉE ÉCONOMIQUE EXPLIQUÉE À MON PILIER.
Je n’ai rien contre les piliers de mêlée! Je les aime même, puisque, jouant talonneur, je dépendais beaucoup de leur courage et de leur bonne volonté. Mais il faut que je vous avoue que souvent ils sont partisans du premier degré, de la spontanéité brute de décoffrage qui permet de ne pas trop philosopher avant le mettre la tête «là ou beaucoup ne mettraient pas le pied». Le trois de devant, comme disait un de mes coreligionnaires de joug, c’est le trait d’union entre huit cents kilos en face et cinq cents au cul !
Alors j’ai pris pour interlocuteur un de ces forts de stades, pour tester quelques poncifs économiques. Je vous livre le résultat... également brut de décoffrage.
- Supposons que tu veuilles gagner plus et que tu puisses travailler plus, qu’est-ce que tu ferais ?
- Je le ferais, naturellement !
- Eh bien, c’est ce qu’a dit Sarkozy lors de sa campagne et qui a été reçu comme un miracle d’intelligence.
- On est des nazes… surtout qu’il ne l’a pas fait ! Idem pour le pouvoir d’achat !
- Comment tu définis ce pouvoir d’achat ?
- Bé, comme la possibilité de consommer de qu’il me faut !
- Bien ! Et ce pouvoir d’achat comment il s’accroit ?
- En augmentant les revenus, la bonne blague !
- Pas seulement. On peut dire aussi, à salaire et transfert sociaux égaux, en faisant baisser les prix.
- Alors là, faut pas nous prendre pour des canards sauvages ! Les Leclerc, Casino et cie, ils sont pas prêts à raboter leurs marges ! Surtout quand l’économie est en marasme.
- D’après toi qu’est-ce qui fait marcher l’économie plus ou moins vite ?
- C’est le PNB, l’ensemble des biens et services effectivement échangés sur le marché pendant une période donnée, je l’ai appris au stage de Pôle Emploi !
- Wouah... Et plus simplement, tu dirais que c’est quoi ?
- Ben la consommation pardi !
- Qui est-ce qui consomme ?
- Les consommateurs !
- Et avec quoi ils consomment ?
- Avec leur revenus pardi !
- Donc si tu rabotes les salaires, si tu baisses les retraites, si tu réduis le nombre d’emplois, si tu comprimes les remboursements sécu et les transferts sociaux (allocs, primes,…), si tu augmentes les impôts, … que va faire la consommation ?
- Elle va plonger, pardi ! On serait vraiment cons de ne pas comprendre ça !
- Sauf si tu prêtes du fric facile et pas trop cher.
- Sûr ! Là je me prive pas !
- Tu es sûr de pouvoir rembourser ?
- Je m’en bats l’œil !
- Voilà, tu viens d’inventer les subprimes !
- Dis, ne m’insulte pas !
- Mais non c’est ce qu’on fait les américains. Comme ils avaient tirés sur les revenus, et sur tout le reste, ils ont fourgué des prêts à tout le monde pour que la consommation ne s’écroule pas. Mais quand les emprunteurs n’ont pas pu rembourser… Tu connais la suite !
- Oh les bâtards !
- Maintenant, si tu avais une imprimante à vrais billets de banque dans ton garage, est-ce que tu la mettrais à la décharge ?
- Tu es fou ! Au lieu de m’acheter des trucs gratos, je serais obligé d’emprunter à la banque… qui sûrement ne me prêterait pas ou alors cher !
- Eh bien, c’est exactement ce que nous avons fait en passant à la monnaie unique, l’Euro, et en mettant la Banque de France au clou. Au lieu de demander des avances à cette Banque de France, aujourd’hui l’État français doit emprunter aux banques internationales !
- Et la Banque Centrale Européenne, elle sert à quoi ?
- Surtout pas à faire des avances !
- On est débiles !!
- Et comment tu crois qu’est fixé le taux d’emprunt appliqué au Gouvernement Français?
- ?????
- En fonction de la note que nous refilent des agences privées qui ont tout intérêt, c’est le cas de le dire, à ce que ladite note soit assez basse pour que nous payions un max !
- Les enfoirées ! Et qu’est-ce qu’il faut pour avoir une bonne note ?
- Ne pas avoir besoin d’emprunter !
- Tu te fous de moi ?
- Mais non ! C’est bien connu que les banquiers ne prêtent qu’aux riches ! Il faut donc que tu n’aies pas de déficit, peu de fonctionnaires, peu de dettes, …
- C’est le cadrage débordement du cercle !
- Autre question : si ton voisin de palier courait le cent mètres en 9 secondes est-ce que tu lui parierais d’arriver avant lui au bistrot ?
- Sûrement pas !
- Eh bien, c’est ce que nous faisons. Tous nos dirigeants nous expliquent que nous arriverons avant les indiens, les chinois… et qu’il faut donc se mesurer à eux.
- On est tarés. A moins de leur imposer un handicap comme des semelles de plomb !
- Pas question du moindre handicap, sinon l’OMC te disqualifie.
- C’est pas juste! Là c’est évident. Par contre pour la retraite, franchement, travailler jusqu’à 62 ans, c’est quand même pas la mort ! On vit plus longtemps, on travaille plus longtemps, c’est NORMAL , tous les autres pays le font ou l’ont fait.
- Parlons-en ! Le gouvernement exploite à fond la complexité des systèmes de retraites pour accréditer des comparaisons internationales mensongères, aidé en cela par des médias aussi complaisants qu’incompétents en économie systémique.
- Qu’ezaco ?
- Simplement le fait qu’en économie systémique tu prends l’ensemble d’un problème, ses causes et ses conséquences mêmes collatérales ainsi que les moyens de régulation possibles selon la finalité et l’horizon que tu vises… et non uniquement les paramètres qui t’arrangent à l’instar de Woerth, Fillon et Sarko.
- Alors, ce qu’ils nous proposent ça sert à quoi ?
- Seulement à amadouer les fameuses agences de notations dont nous parlions tout à l’heure pour se faire un peu de trésorerie pas trop cher pour « agraner » avant les prochaines présidentielles.
- Tu es sûr ? Autant de cynisme ça demande un sacré estomac !
- C’est même mathématique ! Et la retraite comme le reste ça ne tient qu’en fonction d’un PROJET DE SOCIÉTÉ, forcément systémique.
- Mais qui en fait de ta systémique aujourd’hui ?
- Pas grand monde, hélas ! Encore que les syndicats (CFDT, CGT,…) commencent à poser le problème ainsi et à demander une «réforme systémique» visant à mettre à plat l’ensemble de l’édifice juridico, socio, économomico, fiscalo,… à un horizon de 2030 (seule date « visible »). En y remettant un peu de sérieux. Car, pour ne pas s’assommer de chiffres, il faut que tu saches que le système américain par capitalisation présente un déficit de 6.600 milliards de $ pour maintenir simplement le niveau de vie actuel des retraités (Centre de Recherche du Boston College). Ca vaut le coup de réfléchir à deux fois avant de se ficeler dans un tel système cher au frangin du Président Guillaume Sarkozy, celui des fonds de pension!
- A parce qu’il ya un frangin dans le coup ? Bon on arrête pour aujourd’hui ! J’ai la tronche qui fait tilt ! Si on parlait un peu de l’USAP ?
10:55 | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Je suis content : mon Q.I. vaut celui d' un pilier de rugby ( sans mépris aucun pour ces valeureux combattants dont certains comme RONCERO , sont nettement plus intelligents que moi ): j 'ai tout compris , la crise , les subprimes , l' arnaque des retraites . Je sens en arrière-plan la présence d' un vrai talent pédagogique . Ne serais-tu pas Professeur ?
Ces " pôvres " enseignants aussi moqués et aussi valeureux que des piliers .
Amicalement
Écrit par : vidal j.m. | 21/11/2010
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