02/12/2010
CANTONA, LIÈVREMONT ET DE GAULLE
J'ai encore rencontré mon ami pilier qui, décidément, se prend au jeu ! Voilà les éléments du "débat"...
- Oh dis, Reboussier, quelle avoinée on a prise samedi contre les kangourous ! Cinquante pions au planchot, ça fait une grosse musette ! Qu'est ce que tu en dis?
- J’en dis que c’est comme pour le reste : il s’agit d’une carence de systémique !
- Encore tes trucs compliqués ! Tu crois pas qu’avec quelques crochets devant (mandales) et quelques crochets derrière (cadrage/débor) ce ne sera pas plus «fluide» ?
- Certes, mais il faut revenir à l’essentiel du rugby moderne ! Les fédés du sud ont compris qu’il fallait passer à l’ère systémique, alors que nous français on trafique encore dans l’analytique !
- Bon, j’ai déjà décroché ! Je suis fais au pattes ! Pris comme zonier !
- Non, c’est simple. Rappelle-toi le foot avant l’Ajax…
- Moi je préfère Omo ! Ah ! Ah !
- Arrête, concentre-toi ! Avant l’Ajax, disais-je, chaque joueur avait une spécialité et se cantonnait à cela.
- Ouais, je me souviens : Roger Marche, il faisait un rond imaginaire de cinq mètres et tout ce qui passait à l’intérieur il «cassait» ! Winieski il était petit et rapide et il courrait uniquement au bord de la touche !
- Voilà. C’est cela une vision analytique. Avec les bataves, les dix joueurs devenaient capables de tout faire, attaquer, tackler, dribbler, buter, relancer, … Ce fut une révolution ! Le rugby a observé la même mutation… dans l’hémisphère sud : les piliers doivent savoir (aussi) faire une passe, une feinte de passe, un leurre, un drop…
- Moi je me souviens pas d’avoir même pensé de faire un drop ! Et un jour Ribot en a tenté un, il a pas joué les trois matchs suivants !
- Bon, je disais que le sud a compris. Nous on a compris à moitié. On en a retenu surtout que les centres devaient ressembler à des chars d’assaut et qu’il fallait percuter l’adversaire, en conservant malgré tout des spécialisations : pilier=mêlée, demi=transmission,… avec une recherche individuelle de «talents» par les sélectionneurs. Or la vérité réside dans un SYSTÈME, pas seulement un système de jeu, mais vingt mecs qui pensent les mêmes choses, qui agissent en synergie,…
- Oh, c’est pas nouveau, Lucien Mias disait déjà ça en faisant péter Domenech (pas l’autiste, le Duc) et Boni (Dédé, pas celui des traders !)
- Justement ! Nous avons perdu même cette référence essentielle. Lièvremont et les entraineurs actuels ont usé d’une cinquantaine de joueurs, en moins de deux ans. Comment veux-tu constituer un système solide et finalisé?
- Yes sir ! J’en sais assez pour ce point. Et c’est tout ?
- Non, il y a aussi les intentions de jeu. Le rugby moderne peut se jouer à fond pour gagner en marquant plus que l’adversaire, avec des temps de jeu à répétition,… ou tranquillement, pour tenter de ne pas perdre, un tas par ci, un tas par là, un pic en go, et je remets le couvert… Résultat, les sudistes ils courent comme des lapins quatre vingt minutes et nous on cherche l’oxygène au bout d’une mi temps.
- Té, puisse qu’on parle foot, que pense-tu de l’idée de Cantona de retirer son fric des banques le 7 décembre ?
- Je vais t’étonner : c’est une très bonne idée qui s’apparente au Général de Gaulle.
- Déconne pas, le King de Strafford et le grand Charly, des accointances, c’est comme qui dirait le fricandeau comparé au cuisseau sauce grand vénard !
- Tu te trompes comme beaucoup de commentateurs. Eric le magnifique vise à ce que les banques tiennent leur obligation de liquidité, c’est à dire qu’ils puissent te rendre à n’importe quel moment tes avoirs en euros sonnants et trébuchants. Le Général avait procédé de la même manière avec les américains dans les années soixante pour les obliger à convertir rubis sur l’ongle les dollars que nous détenions.
- Quel intérêt ?
- Limiter l’économie de dettes qui se généralise dans le monde financier : les banques fabriquent de la dette (des prêts) à tout va (c’est ce qui leur rapporte), sans se soucier du remboursement. Ensuite ils «mixent» ces dettes plus ou moins pourries dans des «fricandeaux (comme tu disais) de valeurs» hachées menu menu , qu’ils se refilent comme un ballon chaud, en jouant au plus fin. C’est ce que les amerlocks font à grande échelle depuis 1971, date à laquelle ils ont sucré la convertibilité or/dollar car Mon Général leur avait filé les chocottes avec son opération « réalité des contreparties » !
- J’hallucine ! Canto en sauveur du Monde civilisé, j’aurais pas parié un kopeck sur le King des Caillols ! Et tu crois que ce sera efficace ?
- J’en doute ! La masse des retraits ne sera pas suffisante. Trois limites à cette «cantonade». D’abord le fait que beaucoup d’individus soient liés à leur banques par des emprunts, découvert ou autre facilité. Dès lors ils ne prendront pas le risque de fâcher leur «bienfaitrice». Ensuite, notre société s’avère majoritairement coupée en deux: les riches qui profitent du système et n’ont aucune envie de se faire hara kiri, les pauvres qui aimeraient bien disposer de liquidités mais n’en ont point. Enfin, l’appel émanant d’un personnage «décalé», il sera facilement tourné en dérision par les organismes menacés. Comme le Général s’étant trouvé esseulé dans sa requête et ayant ainsi manqué du poids suffisant pour ébranler les E.U..
- Mouais, et en plus qu’est ce que tu en fais de tes euros retirés ? Tu les enterres sous le cerisier à cause qu’il y a plus de lessiveuse dans le ménage moyen recomposé?
- Pas besoin. Tu peux les remettre le lendemain. La manip consiste simplement à obliger la banque à te filer des euros à ta guise (comme dirait Rochefort) quand tu le demandes… et nourrir ainsi la hantise de tout banquier d’une panique qui précipiterait tout le monde au guichet.
- Un coup d’épée dans l’eau, donc !….
- Peut être pas ! Si les initiatives PACIFIQUES comme celle de Cantona pouvaient alerter l’opinion, si les gens de bonne volonté voulaient bien se rendre compte que l’iceberg est devant nous (le GEAB *annonce 2013/2020) et balancer à la mer les trafiquants d’avenir qui pérorent et pontifient, alors oui, l’initiative d’Éric aurait beaucoup plus de sens que le discours sans contenu sociétal de Fillon (ou de son l’avatar). L’orage monétaire et financier qui menace en produisant les éclairs grecs, irlandais, portugais,… annonciateurs de la tempête sociale qui se lève partout mérite que l’on s’intéressât au moindre parapluie.
- Ouahhh ! J’aime quand tu lâches les chiens !
*Le GlobalEurope Anticipation Bulletin est la Lettre Confidentielle du think-tank européen LEAP (Laboratoire Européen d'Anticipation Politique/Europe2020 qui est un organe européen d’anticipation, indépendant de tout gouvernement et de tout groupe d’intérêt)
12:05 | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Décidément j'aime ta clarté pédagogique et ta truculence langagière . Je souhaite que ton blog ait la plus grande diffusion possible . Qu' il s' agisse de rugby ou d' économie
politique c' est roboratif et jubilatoire.
cordialement
Écrit par : Vidal j.M. | 03/12/2010
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