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28/10/2011

TINTIN ET L’EURO CRISE

HADDOCK. Mille sabords, nous les européens de vieille civilisation sommes devenus des clochards qui tendent la sébile comme des jocrisses de banlieue pour faire encore bonne figure!! Je m’étrangle !!
MILOU. Ouah ! Ouah! Tiens, à ce propos, il paraît que les Chinois vont nous aider pour sortir de cette crise de l’euro ?
TINTIN. Oui ! On est au paroxysme de cette grande mascarade, la zone euro a décidé de faire appel à la Chine pour l'aider à payer la note.
HADDOCK. Saperlipopette les faces de citron qui nous tendent la main ! On aura tout vu !
DUPOND. Moi je croyais qu’ils en étaient encore à travailler dix heures par jour, huit jours par semaine avec un demi bol de riz !
DUPONT. Je dirais même plus avec la moitié d’un bol de riz !
TINTIN. Que non ! Individuellement peut être, mais collectivement ils ont engrangé plus de la moitié des réserves monétaires du monde !
HADDOCK. Mille millions de tonnerres de Brest ! Ces sapajous nous ont sucé la moelle monétaire comme des moustiques tigres !!
TINTIN. Vous êtes excessif capitaine ! Ils ont travaillé plus pour gagner plus comme le disait un célèbre homme politique.
HADDOCK. Mais, mille sabords, Tintin, pourquoi ces sniffeurs d’opium veulent-ils à tout prix nous remettre à flots ?
TINTIN. Eh bien parce quand, dans une cour de récréation un gamin a gagné toutes les billes, s’il veut continuer à jouer, il doit prêter (ou donner) des billes à ses compétiteurs !
HADDOCK. Je ne comprends rien à vos paraboles de galopin ! Parlez en termes clairs, morbleu !
TINTIN. Les Chinois se développent à vitesse grand V parce qu’ils nous vendent à nous européens des quantités astronomiques de produits que leur usines produisent à foison… et à bas prix. Si, en raison de la crise de l’euro, nous nous mettions à moins consommer, voire à mettre des barrières douanières, leurs débouchés s’effondreraient et leur moteur de croissance aussi !
TOURNESOL. Comment de la saucisse ? Ils mangent du riz !
HADDOCK. Mais bon sang, pourquoi ils ne croquent pas leurs propres réserves en consommant plus les chintoks ? Ils vivraient mieux et marneraient moins !
TINTIN. Mais ils le font,… progressivement. S’ils lâchaient trop vite ils s’exposeraient à une inflation élevée et à des revendications salariales qui renchériraient le coût du travail, l’une de leurs armes majeures.
DUPOND. Mais nous renflouer, n’est-ce pas un peu risqué ?Tintin_affiche_internationa.jpg
DUPONT. Je dirais même plus, n’est-ce pas un peu dangereux ?
TINTIN. Oh vous avez, ils ne font que reproduire le plan Marshall !
HADDOCK. Que viennent faire les sacripants de peaux rouges dans cette histoire ?
TINTIN. Après la deuxième guerre mondiale, les américains avaient récupéré à peu près tous les moyens de paiements internationaux et l’Europe était exsangue. Les USA ont inventé le plan Marshall, c’est à dire des prêts massifs de dollars à très faible taux aux européens. Ces derniers ont pu ainsi reconsommer et se rééquiper sans le serrage de ceinture qu’ils se préparaient à subir. Et consommer quoi, je vous le donne en mille ? Des produits américains puisque nos industries étaient ravagées par la guerre…
HADDOCK. Je le disais que ces mangeurs de hamburgers étaient des flibustiers de haute mer !
TINTIN. Ainsi, disais-je, le plan Marshall vécu de ce côté de l’océan comme une aubaine, fut, en réalité, une subvention indirecte aux industries américaines qui en profitèrent un max…
MILOU. C’est ainsi qu’on eut des machines Singer, des Ford, des Farman, des Massey Fergusson, des Mac Cormick, des Coca Cola, des Frigidaire,…
TINTIN. Bien vu ! Les trente glorieuses sont en grande partie le résultat de cette impulsion majeure que fut le plan Marshall. Sinon, l’Europe, empêtrée dans sa reconstruction n’auraient peut être pas trouvé les ressources (et le courage !) pour remonter la pente. Et les U.S. n’auraient sans doute pas provoqué cet énorme bond en avant !
TOURNESOL.  Bien sûr, bon vent à tous !
HADDOCK. Et l’Empire du Milieu veut  faire de même, ventre bleu ?
TINTIN. Je pense très franchement que les Chinois ont une crainte immense d'être les premières victimes d'une dépression économique européenne.
MILOU. Et ça va arranger la CEE en dernière instance ?
TINTIN. Le Plan Marshall obligeait les pays à s’entendre dans le cadre d’une organisation européenne de coopération économique (OECE, aujourd'hui l'OCDE). Les Chinois procèdent de même via le Fonds européen de stabilité financière (FESF) auquel ils abondent. Ils nous forcent à nous entendre.
HADDOCK. Hum ! Et il n’y a que les mangeurs de riz qui apportent de la braise, sapristi ?
TINTIN. Pour l’instant ce sont les plus « visibles » mais le Japon, le Brésil et la Russie sont sur les rangs.
HADDOCK. Malheur ! Même les gauchos et les petits fils de moujiks, on est tombé bien bas !
TINTIN. En fait il s’agit de tous les détenteurs d’importantes réserves en Dollars qui ont envie de se diversifier un peu pour risquer moins.
DUPOND. Pour ne pas mettre leurs œufs dans le même panier !
DUPONT. Je dirais même plus, pour ne pas mettre les même bœufs dans le même vannier.
HADDOCK. Ils vont nous prêter gratos les mangeurs de nids d’hirondelle?
TINTIN. Pas vraiment. Ils sont intéressés par nos infrastructures comme ils l’ont montré avec les ports grecs. Que demanderont-ils cette fois ? Des châteaux bordelais ? Des mines ? Des restaurants gastronomiques ? Des plans de fabrication de fusées ? De nouvelles règles commerciales ?...
HADDOCK. Des satrapes je vous dis !
MILOU. S’ils nous prêtent, est-ce que cela suffira à asseoir une réaction positive chez nous ?
TINTIN. Tout dépendra de l’usage que nous ferons de cette manne. Si nous l’utilisons de façon « passive » elle n’aura qu’un effet temporaire mais ne résoudra rien. Il se sera agi d’un écran de fumée pour gagner du temps. Si nous trouvons des usages innovateurs et multiplicateurs, si nous coordonnons nos actions (comme en 1946) elle servira de carburant à un redécollage.
TOURNESOL. Où faut-il prendre l’avion ?
MILOU. D’autre part, peut-on faire confiance aux banques qui ont accepté que la moitié de la dette hellène ne leur soit pas remboursée ?
TINTIN. Bof, tu sais Milou, elles craignaient de ne RIEN récupérer ! Alors la moitié ce n’est pas mal. Et puis elles préfèrent se défausser VOLONTAIREMENT car ainsi ça ne déclenche pas les processus d’assurance (les CDS) qui risquent de déclencher des effets systémiques.
DUPOND. Une sorte de Weimar du 21ème siècle !
DUPONT. Je dirais même plus, une sorte de Weimar du XXI ème siècle !
TINTIN. N’exagérons pas ! Nous ne présentons pas à des élections ! Allez Milou, cherche le responsable de ce crime économique !!

12/10/2011

SALUT, LES HAMSTERS!

Je voudrais dire à ceux qui suivent mes notes, (moyenne 1500 À 2000/mois, j'en profite pour les remercier pour leur fidélité!) et qui ont fait la liaison entre "ma" monnaie franc et la monnaie complémentaire évoquée par Claude Allègre lors d'un des derniers "Salut les terriens" que ce n'est pas exactement la même chose. Le diététicien des mammouths parle d'une monnaie complémentaire du type de celle que prônent Philippe Derudder, André-Jacques Holbecq*, destinée à financer une sphère "sociétale" qui recouvre en gros ce qui ne répond pas à une logique mercantile et dont "la vocation n'est pas la recherche de l'équilibre ou du profit financier mais celle du bénéfice sociétal. Elle s'attache à la résolution, indifféremment de leur coût financier, des problèmes humains et écologiques que la seule logique capitaliste libérale est incapable de traiter par la nature même du droit des entreprises et des systèmes comptables, et d'orienter les modes de production et de vie vers un modèle soutenable au niveau planétaire." L'idée n'est pas neuve puisqu'il existe des centaines de monnaies complémentaires en cours dans le monde (Allemagne, Japon, Suisse, Canada, Belgique, Amériques…) et en France (Sol, Occitan, Abeille,..). Les monnaies complémentaires fabriquent également de la fidélisation, les hypermarchés l'ont bien compris via leur cartes dédiées.HAMBURGER.jpg

Ma proposition, elle,  vise prioritairement à créer une zone monétaire à rebours, c'est à dire en allant de la monnaie unique vers des monnaies nationales et non l'inverse comme cela a toujours été fait**. Une ZONE MONÉTAIRE est un espace constitué par les pays qui adoptent entre eux un étalon de change-devise. Les pays qui utilisent cet étalon établissent une relation fixe entre leur monnaie et une devise (monnaie centre) considérée comme un moyen international de règlement. La gestion des réserves de change des différents pays membres est alors centralisée. Le système exige la convertibilité et la transférabilité totale des monnaies des États constituant la zone et suppose d'uniformiser la réglementation des changes. Dans notre cas l'Euro ne serait plus monnaie unique mais monnaie commune. C'était le projet de François Bilger dans les années 90, fondé sur les thèses de Mundell. Les européens ont fait là le même mauvais choix que d'écarter le Bancor de Keynes à Bretton Woods (qui était aussi une opposition de monnaie commune).

La réhabilitation progressive des monnaies nationales (franc, mark, peseta,…) permettrait de ne pas affoler les marchés. En effet la "concentration" de l'Euro sur sa fonction principale de monnaie centrale garantirait, d'une part, une capacité d'intervention décuplée à un niveau où même les très gros opérateurs (spéculateurs potentiels) ne pourraient s'aligner. D'autre part la réintroduction régulée des monnaies nationales favoriserait la relance économique "ciblée" et non inflationniste. Ciblée puisqu'on "irriguerait" en francs les secteurs que l'on désire "booster", non inflationniste puisque les masses injectées sont maitrisées par les banques centrales, elles mêmes surveillées par la BCE.

En se situant un cran au dessus, des experts comme Bernard Lietaer (Professeur d'université à Berkeley, ancien directeur de la Banque Centrale de Belgique, membre du Club de Rome) expliquent que c'est seulement en changeant la nature de la monnaie que l'on changera le système capitaliste et non plus par le mode de production comme le préconisaient les marxistes. Il affirme que l'arme monétaire a été complètement mise au service des grandes machines financières et qu'ainsi, ces dernières, piègent toute velléité de changement profond. Par exemple, l'idée Too Big to Fail (Trop gros pour tomber) signifie que certaines entreprises ou banques sont devenues trop grosses pour qu'on puisse les laisser faire faillite et les états sont ainsi piégés (cf Dexia en ce moment). Regardez ce qui s'est produit en 2008. Les big spéculateurs ont mis le système financier à genoux, les États on du couvrir l'arnaque mais à part Madoff et quelques remontrances orales… rien n'a été vraiment réglé! Ce "piège idéologique" qui imprègne la totalité des élites modérées de droite comme de gauche s'assimile au hamster dans sa cage.

Ils nous promettent de la croissance comme on promet des bonbons aux enfants, comme un remède miracle mais préalable à tout. Vous aspirez à un emploi? Quand il y aura de la croissance! Vous voulez une meilleure répartition des richesses? Quand il y aura de la croissance! Vous voulez une école meilleure, une police plus efficace, une justice plus juste? Quand il y aura de la croissance! Vous expirez une énergie plus propre, un air plus sain, des médocs moins agressifs, des médecins plus nombreux? Quand il y aura de la croissance, on vous dit! En attendant, circulez, on ne peut rien ou pas grand chose, il ne faut pas nous en vouloir, c'est la crise!

Or, brave gens, sachez que la croissance c'est fini! Que grâce(!) à la productivité et à la concurrence mondialisée l'idée d'augmentation significative (5/8 % au moins) des richesses nationales relève de l'utopie ou du leurre. Il faut trouver autre chose et sans doute sortir de la cage du hamster. Le carcan monétaire constituant cette cage peut et doit être miné par des solutions différentielles permanentes compensant la rareté qui nous est imposée idéologiquement sur certaines sphères (santé, culture, bonheur, plaisir,…). 

Dès lors, dans un second temps, vous nous dites que ce n'est pas possible à cause du manque de monnaie A? Nous créons une monnaie B qui va permettre de le faire! Et ainsi de suite… Avec l'opportunité de créer des monnaies spécifiques aux usages projetés et réservées à lui. Il s'agit alors bien de monnaies complémentaires. On n'invente rien, chez les massais la monnaie réservée à l'achat des femmes d'une famille à l'autre c'est le bétail (d'ou le terme pécuniaire venant de pecus, bétail en latin). Un bouquin curieux et érudit*** nous entraine dans cette vision philosophique de la monnaie. Il faut s'accrocher mais ça vaut le détour.

Allez salut les hamsters! Je préfère inviter Lietaer qu'Allègre, c'est mon choix!

"Une Monnaie Nationale Complémentaire" (Éditions Yves Michel)

** il y aévidemment des ménagements juridiques à faire dans le traité européen.

**  Bernard Lietaer - Au coeur de la monnaie. (Editions Yves Michel)