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13/11/2011

L'ENFUMAGE DE LA DETTE

N’en avez-vous pas marre qu’on nous traite comme des débiles ? La campagne électorale présidentielle qui a démarré se cale sur les finances publiques et uniquement sur ce thème. Or, combien de français(es) comprennent non pas vraiment, mais simplement un peu, les mécanismes  monétaires évoqués ou mobilisés ? Un, deux pour cent ? Reportez-vous à l’enquête du CREDOC quant aux connaissances des citoyens en matière de finances ! Ce n’est pas totalement de leur faute d’ailleurs puisque on leur a appris Iéna, Waterloo, le Mannitoba,… mais pas le chèque ni le taux d’intérêt, drôlement plus utiles au jour le jour*. Cette inculture majeure (qu’Alfred Sauvy dénonçait fortement dans les années 70) permet de tromper allègrement le peuple. On nous a dit successivement avec un aplomb magistral que les subprimes ne concernaient pas l’Europe, que la crise était finie, que les banques françaises étaient hyper saines, que les paradis fiscaux c’était fini, que la croissance serait de 3% promis juré, que les impôts n’augmenteraient pas,… En réalité. Il y a peu d'espoir de résolution de la crise à court terme, c'est certain. En revanche la certitude, c’est une augmentation des charges, des impôts, des taxes – peu importe le mot employé.
Dès lors qu’il ne possède pas les arcanes permettant de débattre sérieusement, l’électeur est forcément obligé de se raccrocher à un «package» tout fait : sarkozyste, socialiste, mélenchoniste, écologistes, lepéniste,… Les uns mentent effrontément en nous faisant pleurer sur les enfants qui naissent avec 29 000 € de dettes (sauf qu’ils ont aussi 28 000 € de patrimoine !), sur des comparaisons fallacieuses de retraite, d’impôts,…), sur le paradis teuton à tel point que l’on se demande si on a eu raison de résister en 40 ! Les autres nous parlent de faire payer les riches. Certes ! Mais comme ce qu’on leur prendrait en impôt leur reviendrait via le service d’intérêts de la dette, puisque c’est eux qui en détiennent 40%, est-ce bien une redistribution ? D’autres enfin, accusent l’Euro de tous les maux, en jouant plus sur l’aspect europhobe que sur des arguments à valeur ajoutée. En fait chaque groupe tente de faire entendre ce que sa cible électorale espérée est prête à écouter. L’intérêt général, le bien public, chacun le revendique la main sur le cœur et le flingue dans la poche. Le veulent-ils vraiment ? Certainement pas en priorité. Leur priorité c’est de conserver ou d’accéder aux manettes afin de profiter de cette posture… le plus longtemps possible. Je ne fais pas du « tous pourris ! » mais du réalisme désabusé face à un aéropage parisianiste nourri aux mêmes écoles et aux mêmes tribus (au sens de Maffesoli). Ils connaissent tous la théorie du Marché Politique ! Ils savent tous qu’en réalité nous sommes dans une démocratie des marchés financiers qui agissent en kingmaker (faiseurs de roi) en outrepassant le droit des électeurs.  Ne doit-on pas être effrayé lorsqu’une avancée scientifique aussi mythique que le rajeunissement des cellules humaines (le rêve faustien qui devient réalité !) fait un petit scoop d’une journée dans les médias vite recouvert par l’inondation de taux, de déficits et de G20 ?

                                                                                                                                                        
Qu’en même, il faudrait bien débattre au fond sur la société que l’on propose et les moyens de la promouvoir. Veut-on un traitement de la santé de qualité pour la majorité ? Veut-on une école, une université amenant les jeunes à s’insérer facilement dans ladite société ? Veut-on une consommation informée et traçable ?... Oui, Non, Pas pour tous,… Il ne s’agit pas de répondre oui, encore faut-il assurer et assumer les moyens. Au delà il faut encore mettre en critique les façons de faire afin de les rendre plus convenables avec la mission. Accepter les échelonnements, les évaluations, le contrôle, la sanction méritée. C’est tout ou rien ! Or, les hommes politiques surfent sur nos petites turpitudes individuelles qui font que chacun prend dans le bouquet ce qui l’arrange et dénonce ce qui l’embête. Nous sommes tous des grecs berlusconiens !enfumage.jpg
Avant tout, comme on ne peut pas tout faire, il serait primordial de choisir l’objectif majeur du futur quinquennat. La dette, dites-vous ? Etes-vous à ce point intoxiqué par le discours dominant ?** Des solutions techniques existent mais personne ne les évoque afin de ne pas fâcher tel ou tel groupe de pression. L’Europe ? Elle est déjà condamnée depuis longtemps. Sitôt les élections passées (peut-être avant) au minimum elle éclatera en deux morceaux, les bons et les inconsistants***. La seule inconnue actuelle réside dans la place de la France. Ce n’est donc pas la priorité sociétale !
La priorité réside dans la remise au travail de la moitié (au moins) des sans emplois, même par des emplois publics. En effet, que l’on ne nous mente pas, la croissance créatrice de postes de travail c’est fini ! La productivité et la concurrence contraignent ce paramètre à peanuts (les prévisions de l’OCDE sont claires sur ce point). Il devient donc nécessaire de réanimer une véritable politique d’embauche publique pour les enjeux précis (écologie, quatrième âge, loisirs intelligents). Cela porte un nom : c’est la croissance inclusive (soit «Une croissance économique qui engendre des impacts positifs pour tous les secteurs et/ou pour toutes les régions du pays, pour toutes les catégories sociale, surtout au niveau de l‘emploi»).  Ceux qui s’offusquent de cette « dépenses» ne s’offusquent pas que l’on engraisse les prêteurs (300 milliards d’euros pour l’Europe par an). En France, ce sont ces intérêts et eux seuls qui augmentent depuis 1973, pas la dette. Si on parle ne geler cette partie, les libéraux hurlent à l’escroquerie. Par contre ils ne sont pas aussi virulents pour dénoncer l’escroquerie des jeunes à bac+ quelque chose qui sont à la rue et crèvent la dalle ! Il faut revenir à ce fondement social : un travail correctement rémunéré. Il nous différencie des économies affrontées à la rigueur excessive des marchés. Et que les anti emplois publics (je n’ai pas dit fonctionnaire) primaires pensent que c’est le prix à payer pour éviter des situations explosives, un barbarisme social qui est en train de se développer.
Ainsi, apparemment, les électeurs vont voter contre Sarkozy. Mais avec une telle dispersion des motivations que je plains le futur remplaçant, s’il ne met pas cette priorité en exergue et en base consensuelle. La dette ne représente qu’une muleta trompeuse qui nous entortille la tête afin que les vrais enjeux restent hors de portée du quidam citoyen. «En réduisant ce qu’il nous reste de démocratie, les institutions financières installent les outils pour poursuivre un processus mortel. Elles continueront aussi longtemps que leurs victimes consentirons à souffrir en silence.» Noam CHOMSKY  http://www.noam-chomsky.fr/les-etats-unis-sur-le-declin/


* Pour ceux qui ne veulent pas mourir idiots, allez voir ces trois vidéos très didactiques :http://www.tetedequenelle.fr/2011/09/3-videos-a-voir-pour-comprendre-la-dette-et-la-monnaie/
** P. Derruder. A.J. Holbeq. « La dette publique, une affaire rentable ». Ed. Yves Michel.
*** Reuters évoque un projet de réduction de la zone euro (smaller euro zone) dont le seul obstacle serait l’inclusion ou non de la France. http://reuters.com