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16/01/2012

LA QUALITÉ NE PAIE PAS

Jean Luc Mélenchon (JLM), est un candidat de qualité. Cultivé tant à l’écrit qu’à l’oral son analyse est d’une perspicacité rare aujourd’hui. De plus, connaissant parfaitement les arcanes du système des mass media il ne se laisse pas balader par des journalistes qui font plus acte de manipulation que d’information. Sa prestation à « Des paroles et des actes » peut être citée en exemple de ce que devrait être une intervention politique, si toutefois on gomme les petites attaques inutiles intuitu personæ (comme vis a vis de Valérie Trierweiler).

Donc le candidat parfait allez-vous dire ? Eh non !

Primo, c’est dommage mais ces diverses qualités que je viens d’évoquer « parlent » à une cible réduite (certainement un peu moins de dix pour cent des électeurs). Soit des individus ayant un niveau d’études égal ou supérieur au bac, ayant de bonnes connaissances en économie, s’informant sur des sources diverses (dont internet) et possédant une capacité d’analyse politique relativement libre (c’est à dire non strictement inféodée à un parti). Donc ça ne fait pas des masses ! On touche ici, hélas au fameux principe du Public Choice (Théorie des choix publics) utilisée par les « grands » partis qui se fonde sur la gestion du « marché de voix ». L'électeur basique ne dispose que d'informations parcellaires et insuffisantes sur l'état de l'économie, sur les options proposées par les candidats et leurs conséquences, etc. Il va donc se positionner selon des a priori partisans, selon lesquels même les avantages qui lui sont annoncés seront rejetés comme inopportuns car venant d’un candidat « de l’autre bord ». Ainsi l’augmentation du SMIG aura été reçue comme inopportune… même par les salariés de droite ! Alors que JLM explique des options cohérentes il n’est pas plus écouté que lorsque Morano dit des énormités sur la TVA. Il faut quand même dire que la réticence des électeurs est due aussi aux discours démagogiques la plupart du temps non réalisés ou non achevé des uns et des autres. Les sarkozystes citent Jospin, les socialistes se régalent avec le bilan de Nicolas, les frontistes rappellent les deux carences. « Dans nos sociétés modernes, l’ensemble de la population habite un univers factice composé de  stéréotypes. L’individu moyen de ce début de siècle, vit de plus en plus par procuration (identification à telle ou telle « vedette ») et dans un « pseudo-environnement mental » que les médias institutionnels se chargent pour eux d’organiser ; déformant, simplifiant la réalité, à l’extrême »*.AA+.jpg

Deuxio, aujourd’hui, les électeurs raisonnent prioritairement « perso ». Or le fait pour un candidat de considérer que le jeu de la répartition est à somme nulle (ce que gagnent les uns est strictement fonction ce que perdent les autres) comme l’a fait JLM est contre productif. En effet, hormis (les experts et) ceux qui sont dans l’exclusion ou dans la précarité (et qui souvent ne votent pas ou à l’extrême) tout le monde pense à ne pas perdre. L’enfer des privilèges c’est les autres : fonctionnaires pour les privés, syndiqués pour les non syndiqués, cadres pour les employés, cadres supérieurs pour les cadres, étrangers pour les français, … Dans ce monde apparemment déhiérarchisé chacun se croit défavorisé et espère arracher à l’autre les bribes de son mieux vivre. Alors quand JLM dit qu’il va prélever plus, confusément l’individu lambda ne pense pas aux CAC mais craint pour sa bourse, même s’il y a peu de chance d’être concerné. D’où les contorsions d’Hollande avec son quotient familial ! Quand JLM dit qu’il faut travailler avec l’Algérie, confusément chacun pense à son « mauvais arabe », car tout le monde a son bon et son mauvais exemple. La culture dominante a instillé dans les cerveaux ce « petit bout de la lorgnette » qui empêche la réflexion au delà de son 4x4, son jardin et ses congés. Le raisonnement macroéconomique ne fait pas recette. La plupart des classes moyennes n’espèrent qu’à côtoyer les puissants et obtenir l’obole de leur sujétion. On semble revenu à une époque féodale où les serfs n’avaient qu’une attitude, devenir favori du comte ou du marquis pour profiter d’un perdreau ou d’un lièvre de rabe. Ce sentiment de vassalité coupe le rapport aux oligarchies exploitantes que les asservis considèrent comme intouchables (par le rapport de force ou par l’évasion) et fait qu’on n’imagine pas partager le même gâteau, mais deux gâteaux différents, celui des hyper… et le nôtre. Résultat, le discours juste de JLM ne fonctionne pas car lui traite d’une même tarte !

Le passage sur la réindustrialisation verte, planifiée et très coopérative représente ce que j’ai entendu de plus intéressant depuis longtemps. D’ailleurs M. Beffa n’a pas eu l’air de rejeter le projet. Car c’est bien joli de parler toujours de croissance ex nihilo mais pas grand monde ne s’attaque au comment. Car changer le monde c’est d’abord changer le mode de production ! Marx ne disait pas autre chose et, pour l’instant, rien ni personne ne l’a démenti. Ainsi le problème de la chimie du médicament est à la fois un sérieux problème et un défi. Comment soigner mieux, ou au moins aussi bien, en réduisant les dangers d’effets secondaires, d’addiction, de renforcement-mutation des virus,… ? Comment se glisser hors des griffes des grands groupes agro alimentaires qui sont partie prenante dans ce système médicamenteux ? Ce petit exemple pour faire toucher du doigt la difficulté à argumenter sérieusement, qui plus est, houspillé par les journalistes qui veulent du scoop et du croustillant. Comment s’attaquer au projet de mutation économique et sociétale en quelques minutes face à des téléspectateurs disposant d’un imaginaire fortement charpenté par l’économie de marchés contestables ? Déséquilibre d’information dirimant !

Conclusion, JLM a fait, selon moi, une prestation de grande qualité. Il n’aura sans doute gagné que quelques voix, laissant en suspend sa prophétie : l’affrontement différé entre les classes qui n’auront pas été entendues par les candidats "majeurs" ayant la tête ailleurs.

L’UN POUR GAGNER, L’AUTRE POUR NE PAS PERDRE ! A TOUT PRIX!

* Ou l'art subtil de la manipulation des foules... par Pascal Hubrechthttp://www.primo-europe.org

 

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