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23/03/2014

LA FRACTURATION DES CÔNES

Le cône du silence représente une métaphore judiciaire qui représente le secret exigé lorsqu'il existe des enjeux, soit le secret entourant une affaire. Également, la concentration du pouvoir a été, de tous temps, métaphoriquement représenté par un cône générique (pyramides égyptiennes, inca, tour d'ivoire, donjon,…). Quelle que soit la figure géométrique de la base, plus large est cette base et plus éloigné le sommet, plus  le pouvoir se renforce et s'isole. Traduit en langage courant, les institutions et les organisations construites par ledit pouvoir n'ont eu de cesse que de s'éloigner du "peuple" pour se créer un espace protégé, cité interdite aux non habilités. Impénétrable, inécoutable. Dans cette enclosure privilégiée les "élus" pouvaient réfléchir, décider, juger mais aussi trafiquer, cacher, coucher,..  A part quelques rares fois*, rien ne transpirait de ces cônes du silence savamment utilisés. Ainsi fonctionnait le "lieu des gouvernants", cité interdite et taboue. En parallèle, comme tout  pouvoir poursuit l'objectif majeur de se maintenir, "ceux de la cité interdite" imaginèrent de s'informer sur les autres. Adversaires, bien sûr, pour posséder "un coup d'avance" mais en allant jusqu'à la curiosité malsaine d'écouter tout le monde. Edward Snowden, ancien employé de la Central Intelligence Agency passé à la National Security Agency (renseignement technologique) a révélé au Guardian et au Washington Post, l’existence de deux programmes secrets qui permettent au gouvernement des Etats-Unis d’écouter les appels téléphoniques aux USA et d’intercepter les communications des internautes américains et étrangers sur les grands réseaux sociaux (Facebook, Google et Skype). Idem pour Bradley Manning et le site Wikileaks. Ainsi allait le monde partagé entre "sachants" et "les autres", écoutés ou pas.

En France la concentration due à l'élection présidentielle par le suffrage universel  a été un moteur puissant de ces cônes du silence avec pour illustration majeure l'ère mitteCones.jpgrrandienne.

Sauf que les "NTIC" se sont développées à vitesse supersonique! Informatique, Internet, réseaux, téléphonie, radiophonie, multimédia, communication sans  fil,… j'en passe et des meilleurs sont maintenant à la disposition de tous.

Nous assistons donc, dans la vulgate actualité, à un phénomène extravagant constitué par la fracturation de cette construction sociale en cônes de silence par toutes les "nouvelles technologies de l'information". Actuellement on assiste chez nous, à une agitation frénétique concernant pêle-mêle les écoutes, les révélations amoureuses, les enregistrements clandestins… Les ex protégés de droite ou de gauche poussent des cris d'orfraies accusant alternativement les adversaires, la justice, la police, la presse,… Déontologie, vie privée, secrets divers, évoquent-ils en se drapant dans une dignité outragée plutôt risible quand on connaît d'adage "pas de fumée sans feu"! Ils ont oublié que n'importe quel smartphone enregistre, photographie, que les caméras sont microscopiques et hyper précises, qu'on intercepte facilement les messages, qu'on … Qu'en fait les cônes de silence sont une protection non seulement illusoire mais piégeante, puisqu'elle fait croire à un isolement étanche alors qu'elle n'est que spécieuse. Les gesticulations de Sarkozy, d'Hollande, de Copée, de Taubira, de Valls,… touchent au ridicule face aux "preuves" tirées des NTIC. Qui peut invoquer son ignorance alors que quiconque maile, twitte en permanence? C'est l'histoire de l'arroseur arrosé!

En outre, hier, les puissants du haut du cône s'appuyait sur une justice qui quoique l'on dise les a toujours favorisés. Justice de classe dont la lenteur jouait largement dans l'effacement des dérapages, des incartades. Cinq, voire dix ans plus tard les choses changent de perspective! Or, la justice elle-même se dote de ces nouvelles technologies et accélèrent ses investigations se faisant accuser ainsi de harcèlement. La compétence numérique de certains juges devient une puissante arme d'instruction puisqu'elle lui permet via les réseaux sociaux et autres bases de données de recouper les informations, de déceler les contradictions.

La caste du pouvoir - la caste au pouvoir - dans un dernier effort pour sauver ses prérogatives, tente d'intimider voire d'éradiquer les contre pouvoirs. La justice on vient d'en parler, mais aussi la presse. Celle d'investigation bien entendu, chassant le mensonge (même celui que l'on nie, les yeux dans les yeux), les trafics (d'influence ou d'argent), mais aussi les autres (jusqu'aux peoples) contaminées eu égard aux pics de diffusion générés par les scoops. tour-triangle-paris.jpgLa chape de plomb qu'ils avaient posée sur l'information éclate de toute part comme un panier percé. Quand Closer révèle des secrets d'alcôve présidentielle, il n'y a plus de frontières! Viennent ensuite les ONG qui se sont appropriées la puissance médiatique des lanceurs d'alerte: nucléaire, mal bouffe, pollution, escroqueries,…  et plus largement les associations qui arrivent à bloquer des projets comme l'aéroport de Nantes. Nous aimerions pouvoir ajouter à la liste de ces contre pouvoirs réveillés, les syndicats. Hélas, la France ne possède pas une culture avancée dans ce domaine. Trop de chômage, trop de division, trop peu d'adhérents pour peser vraiment**.

Le monde a changé, le monde numérique surtout et la démocratie reste encore empêtrée dans ses enclosures de privilégiés. Une démocratie nouvelle pourrait émerger de cette ère numérique, une démocratie où chacun saurait qu'il ne peut rien cacher, même et surtout s'il est puissant. Une démocratie qui ferait redescendre les dirigeants des zones isolées dans lesquelles ils se cooptent encore avec complaisance, pour les remettre dans la réalité des activités sociales de leurs joies, de leurs peines et de leurs drames. Sans droits supplémentaires, sans protections spécifiques, citoyens parmi les citoyens, tenus aux lois et à la bienséance. Une démocratie où les masques deviendraient transparents grâce aux moyens de communications et, dès lors, tomberaient afin de laisser apparaître les vraies valeurs humaines et les vraies compétences philosophiques. Nous devrions tous méditer cet avis d'Howard Rheingold*** "Ce n'est pas uniquement la façon dont nous utilisons la technologie qui nous concerne. Nous sommes également concernés par le genre de personne que nous devenons en l'utilisant"

* appelées "affaires" (Stravinsky, Ballets roses, Oratoire,…)
** Rendons au passage un hommage à André Blondel, secrétaire général de FO, décédé cette semaine, l'homme à bretelle que l'on côtoyait dans les callejons de la féria de Béziers, laïcard et libre penseur, truculent orateur des négociations serrées.
*** Foules Intelligentes. La révolution qui commence.M2 Editions. 2005. p 235

06/03/2014

TAUPE 14 ET RUGBYSOUNOURS

Zounours.jpg

Samedi passé j'ai assisté à un super match de rugby! Angleterre/Irlande. Un rythme d'enfer, dix à quinze phases de jeu et, surtout, surtout, en tout et pour tout, trois (!) mêlées écroulées. Peut être pas du grand rugby tel que les nostalgiques des envolées de trois quarts le rêvent mais du rugby physique et efficace, dépouillé de fioritures. Les anglais possèdent la formule gagnante: une adaptation pertinente du rugby à treize. Soit une exploitation rapide des ballons, trois à quatre percussions au près de joueurs vraiment LANCÉS comme des avions puis (si le rideau n'a pas été déchiré) un léger déplacement latéral de deux ou trois passes courtes, fixation, et la séquence redémarre. Ainsi de suite! Pour jouer ce jeu il faut des éléments forts, rapides, adroits, en condition, les quatre qualités simultanément. Et un adversaire qui s'y prête. C'est le cas de l'Irlande.

Et puis, j'ai assisté aux pales matches du Taupe 14. Taupe car le jeu se réduit à des petits tas, de petits monticules de maillots qui mettent un demi siècle pour extraire la balle, donnée à un avant qui inlassablement (si se n'est pas lui c'est donc son frère!)  fait cinq mètres au petit trot, s'écroule initiant un autre tas… De temps à autres survient une mêlée. Mêlée qui, à l'issue de quelques écroulements successifs, accouche d'un bras cassé, d'une pénalité, voire d'un carton de couleur et quelques fois d'un ballon aussitôt confisqué par le numéro huit… qui reproduit la séquence. En regardant bien on s'aperçoit que le jeu "actif" s'avère bien maigre et les courses bien courtes. On ne doit pas s'étonner, ensuite, que les français n'offrent pas une condition physique exemplaire. Et que nos avant fassent "les bordures" petit bras!

Mais ce Taupe 14 subit en outre les conséquences hilarantes d'un arbitrage qui le transforme en rugbysounours. Pour les entrées en mêlées, tout juste si les piliers ne se font pas la bise pour vérifier leur proximité (ils en sont pour l'instant au frottis d'oreilles). Les placages sont millimétrés en hauteur, en position des bras, en accompagnement… Les avants sur passe ne sont plus étalonnés selon la trajectoire du ballon mais selon l'angle des mains et l'intention du passeur (?!). La zone plaqueur-plaqué fournit des sanctions largement incompréhensibles tant par les joueurs, les entraineurs que les spectateurs. Comme toutes ces précautions frustrent les combattants, ils se défoulent sur des "nettoyages" assassins bien plus dangereux pour les côtes que tout le reste. Et quand tout cela ne suffit pas (c'est à dire la plupart du temps!) un monsieur caché dans un petit studio mate sur un écran durant quelques trop longues minutes, en grande partie inutiles, les éléments de son verdict. Un monde des bisounours qui dénature le sport de combat qu'était le rugby. Jadis celui qui se mettait hors jeu risquait la correction de l'adversaire, les entrées en bélier ne créaient pas plus de dégâts mais contribuaient à faire tenir les mêlées tout autant que le risque du coup de savate si vous alliez au sol… "Un vrai coup de godasse sur un type à terre, c'est encore plus dur à donner qu'à recevoir"  assénait André Herrero. O tempora o mores, comme dirait Gustou!

Je pourrais rajouter pour "expliquer" le naufrage du rugby de France, le surréaliste système des doublons qui voit les équipes privées en championnat de leurs meilleurs joueurs nationaux. Et, paradoxalement et moins visible (quoique tout autant perturbant), la "loi du marché" qui fait que chaque club de l'élite doit avoir des internationaux afin de valoriser son capital financier constitué par la côte marchande des joueurs. Ainsi on aboutit à une équipe nationale patchwork alors que les anglo-saxons présentent jusqu'à sept ou huit éléments du même club-province. Ainsi tel ou tel nom apparaît en équipe nationale à l'étonnement général, ou tel ou tel autre est maintenu même après des prestations indigentes.

Mais, tout cela n'est que péripéties. Parlons sous, gros sous. Les droits TV ont été à nouveau signés avec Canal+ pour quelques cinq années. A un prix bradé selon certains. La Ligue nationale de rugby voulait procéder à un appel d’offres pour la diffusion du Top14 à compter de la saison prochaine, pour mettre Bein dans le coup. Mais la chaîne cryptée a décidé de contre-attaquer sur le terrain judiciaire. Et la Ligue a abdiqué. Vous avez compris! L'enjeu tue de jeu comme disait l'autre! Et pas seulement l'enjeu du score!

Toutefois, puisque nous parlons fric, un risque reste, me semble-t-il, négligé par ces messieurs gros argentiers qui ont remplacé les messieurs aux gros pardessus: Le risque du rugby à VII. Plus simple, plus rapide, plus spectaculaire,… et surtout accueilli aux Jeux Olympiques ce qui lui donne une audience mondiale. Déjà ce sport remplit le Hong Kong Stadium, The Sevens à Dubaï, le Chichibunomiya Rugby Stadium à Tokyo, ou le Westpac Stadium à Wellington (NZ). Aussi à Las Vegas, Adelaïde,…  Si les sponsors visent le ratio investissement/couverture médiatique, il n'y aura pas photo. Et une fois le seuil de visibilité (comme on dit dans ce monde) atteint, la dynamique risque de ne pas favoriser le XV. Avec quelques aménagements (légère réduction des dimensions du terrain) le VII représente un support publicitaire mieux taillé (temps de diffusion plus nombreux), plus accessible au néophyte et un spectacle plus enthousiasmant.  En outre, la masse salariale étant réduite de façon significative, des villes moyennes (Béziers, Agen,…) pourront à nouveau accéder à une "élite" plus ouverte, plus spectaculaire et les villages qui ont de grandes difficultés à rassembler une vingtaine de joueurs reviendront dans la course. Comme disait Françoise Sagan "Ce n'est pas parce qu'il est violent que j'aime le rugby. C'est parce qu'il est intelligent."

Qui vivra verra!