24/07/2020
CONSTATS
Il n’y a point de vivant qui ne soit de chair. Il n’existe aucun individu fait d’argent, de technologie, de pétrole ou d’autre matériau. Et donc le maintien de ce vivant s’avère prioritaire, passe avant les autres enjeux. Que l’on ne nous raconte pas d’histoire sur les priorités. La priorité des priorité s’appelle la vie et la qualité de cette vie.
Une nation est un système vivant composé d’individus (de chair!) qui, à moment donné, se dote d’une structure de gouvernance (État) selon une représentation sociale donnée. Avant, pendant ou après, selon la conjoncture, cette gouvernance fabrique l’opinion (Chomsky) via des appareils idéologiques (Althusser) manipulé plus ou moins par CQTLF (ceux qui tirent les ficelles). Entre deux crises, cet ensemble fonctionne « normalement ».
Durant ce printemps qui s’étire, l’ensemble français a été percuté par un ovni (Corona), lui dont le consensus sociétal s’était largement fissuré via les gilets jaunes et leur contestation récurrente.
Et j’ai vu Satan tomber comme une pierre, selon la formulation de René Girard. En fait ce n’est pas du Girard mais c’est du Girard!
J’ai vu le brouillard macronien (je l’ai appelé ailleurs trébouline) qui avait estompé les repères partisans, se déchirer profondément.
J’ai vu des ministres pleurer, mentir, se contredire, fuir,… sans vergogne mais en illustrant l’impéritie de la gouvernance en place.
J’ai vu des experts argutiser à longueur d’antenne, sans décence, décridibilisant pour le profane, la rigueur communément accordée à la discipline médicale.
J’ai vu des milliers de morts traverser l’écran abondant des statistiques improbables.
J’ai vu l’irrationalité de la mondialisation génératrice de pénuries vitales.
J’ai vu l’absence d’intellectuels dignes de ce nom s’exprimer, monter à la tribune publique, réagir.
J’ai vu le peu de cas fait de la responsabilité individuelle.
J’ai vu le vote, ce mécanisme clé de la démocratie, complètement discrédité par des élections rocambolesques.
J’ai senti l’odeur âcre de la peur s’infiltrer dans la société orpheline de sécurité, de rigueur, de bon aloi.
J’ai assisté à la divulgation du tabou de l’argent, passant sans coup férir, du goutte à goutte laborieux au torrent impétueux.
J’assiste à une écologie de prestidigitateur pulvérisant du vert tandis que les pollueurs restent vigoureux, le climat méprisé, l’industrie protégée.
J’ai assisté à un remaniement qui méprise les féministes, les verts, les hospitaliers,… tous ceux qui espéraient une réelle prise de conscience.
J’assiste à la distribution de la manne telle des semailles destinées à éteindre les feux sociaux au gré de choix bien peu priorisés.
Pessimisme exacerbé fabricant des lunettes noires? Peut-être pas car…
J’ai vu aussi, l’engagement, le partage, l’abnégation, la coopération, de quidams que nous croyions en voie de disparition. Darwin et Spencer ont pris un coup, eux qui vantaient la sélection où les forts gagnaient et bannissaient les faibles. Ceux qui avaient tiré le numéro zéro à la loterie de la vie (le mot est de Malthus) se sont remontés les manches, ont aidé, se sont sacrifiés partout où il existait un besoin, un manque… partout où le nouveau libéralisme (Lippmann) avait, à l’évidence, failli.
J’ai assisté à une écologie concrète privilégiant la proximité, la nature, la réciprocité. Une fraternité de voisinage, attentive et altruiste.
Alors peut-être que nous éviterons les crises prochaines, financières, écologiques, sanitaires,… en tirant les leçons de ce printemps dramatique révélateur d’une gouvernance insupportable.
Fasse que CQTLF en prennent conscience! « L’Apocalypse n’annonce pas la fin du monde ; elle fonde une espérance. Qui voit tout à coup que la réalité n’est pas dans le désespoir absolu de l’impensé moderne, mais retrouve un monde où les choses ont un sens. » ( René Girard: Achever Clausewitz)
18:35 | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.