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05/01/2008

L'ÉQUIPE DU PARADIS DE RENFORCE AU MERCATO D'HIVER

C’est un titre qu’il aurait pu inventer ! Avec son demi-rire saccadé qui ne le quittait guère ! En plus c’est joli de penser que Raymond Barthez, ayant pris récemment les rênes de cette équipe du paradis, veuille se donner un pendant digne de Francis Mas qu’il a rappelé à lui il y a quelques temps. Guy Ribot est donc parti au mercato d’hiver, le premier de l’an, rejoindre le team élyséen …
Guy, natif d’Aspiran, a été « découvert » par Raoul Barrière lorsqu’il faisait ses études au lycée Henri IV de Béziers. En fait il ne pouvait pas manquer ce colosse au visage poupin qui courrait comme une gazelle, maniait le ballon comme un centre et … butait excellemment. Un pilier rapide qui passait des coups de pieds de cinquante mètres, on n’avait pas vu cela depuis Lafranchi ! Et Guy, enrôlé sous l’emblématique bannière bleue et rouge, fit toute sa carrière quinziste à l’ASB. Jusqu’à un quart de finale maudit, à Toulouse, au cours duquel il s’instaura une fracture profonde, un crève-cœur pour ce sentimental.
Le XIII ne s’y trompa pas qui recruta rapidement ce prototype d’avant mobile et adroit, à l’ASC de Pipette et de la famille Taillefer ! Il y accéda à la gloire internationale dans ce jeu qui lui allait comme un gant.
Mais ce pilier « hors cadre » avait encore une autre spécificité. Il était diplômé universitaire, pharmacien, apothicaire comme il se plaisait à dire. Des pilars hight school ça ne court pas les rues. Hormis Jean Louis Martin, Serge Simon et Laurent Bénézech, il m’est difficile d’en citer d’autres de mémoire.
A ce titre, Guy a passé de nombreuses années à Montpellier. Qu’il me pardonne mais je suis obligé d’avouer qu’il a eu l’un des plus longs cursus universitaires connu. Les mauvaises langues disent gentiment qu’à la fin, le rectorat ne savait plus très bien comment le gérer du fait qu’il avait traversé trois (ou quatre) réformes successives du diplôme de pharma ! Encore un pied de nez à la banalité. Mais, que l’on ne s’y trompe pas !
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L’intelligence n’était pas en cause dans cette lenteur sereine. Il s’agit de tout autre chose.
Guy, nimbé de son charisme gouailleur et bon enfant, était chef de clan. Le clan du café de la Paix. Autour de lui, à cause de lui, grâce à lui, ce clan fonctionnait comme un modèle de vie estudiantine, toile-chip-tchatche-cuir (cinéma, jeux de carte, débats, rugby), avec ses permanents comme papa Ous, Fonfon, la cédille, … les cadres le Blond, la Boule, le Nain, … et des intermittents qui se « greffaient » à l’occasion. Les acteurs de ce vaudeville permanent se renouvelaient selon un turn over d’un, deux ou trois ans, mais Guy, le Bœuf ou Bovidé, le phare, restait comme foyer fédérateur de cette tribu. Avec des expressions « mythiques » comme « Le zèbre et des frites », « Pas un kopeck sur ce canasson russe ! », « Léonard », « Christiansen », « la squaw », …. qui demanderaient plusieurs pages d’explications. Côté cuir, il "instrumentait" avec le team pharmaco, mais prêtait main forte à tous ... ne serais-ce que pour "tomber des salades". Ainsi, en finale, à Gerland, coach improvisé de l'équipe de Droit championne de France universitaire, il fit jurer sur le ballon je ne sais quelles valeurs fondamentales aux joueurs dans le tunnel d'accès!
Et souvent les soirées se finissaient au Typicos où Guy régnait en maître, Grâce N. la patronne de corpulence sensiblement égale, lui laissant libre usage de son frigo et de sa cuisine. Parfois c’était l’AG de la croix d’or, parfois le Stardust ou les Matelles. Le plaisir de la camaraderie virile, du jeu, du sport, représentait le ciment de cette famille d’adhésion. Pour Guy cela a duré plus de dix ans ! Dix ans pendant lesquels il a tout dévoré avec le plaisir du gourmet, l’humour versus Michel Audiard, en vrai hédoniste qui se connaissait bien, connaissait le monde réel et savait anticiper « les bons coups », ceux qui conduisent à l'immédiateté du plaisir. Pour lui ce « cercle des bringueurs perdus » s’avérait essentiel pour vivre sereinement.

Ensuite ce fut la famille, la pétanque, le rallye, le bridge, avec les mêmes valeurs.
Il est parti les cartes à la main, sans s’en apercevoir.
Non seulement Guy me manque ! Mais surtout, avec lui, c’est une tonne de souvenirs qui s’enfoncent dans le passé.

01/01/2008

SONGE D'UNE NUIT D'HIVER

J’ai fait un rêve !
Non, rassurez-vous, je ne me prends pas pour Martin Luther King en ces temps de Noël! Je voudrais seulement vous faire partager quelques utopies intimes comme le faisait le bon pasteur black.

J’ai fait un rêve … Le président Sarkozy respectait enfin sa fonction présidentielle ! Il avait lu et compris « la séparation des deux corps du roi » de l’historien Kantorowivz, repris brillamment par mon collègue et ami Jean Matouk dans le blog Rue89   (http://www.rue89.com/2007/12/24/). Le Prince, (qu’il soit roi, guide ou président) doit revêtir un certain apparat, une certaine solennité, respecter certains rites. C’est le corps sacerdotal, celui par lequel il incarne la collectivité qui l’a investi. Quant au corps réel, celui qui mange, boit, souffre et, le cas échéant, aime, il mérite une discrétion totale. Pour que la majesté représentative du premier ne soit pas polluée par les éventuels écarts ou faiblesses, dudit second. Le bon « roi » Nicolas-le-petit, maintenant respectueux de cette schizophrénie vertueuse, avait décidé dans mon songe d’une nuit d’hiver, de se la jouer modèle. Ainsi, pour le réveillon de Noël, il s’était mêlé aux nécessiteux d’un foyer de Drancy et partagé la pitance améliorée pour l’occasion. Stricto! Emporté par la compassion, sa Rolleix et ses Ray Ban avaient servi de lots à la rifle au profit des sans logis. La messe rituelle, servie par l’un des abbés particulièrement méritant l’ayant accompagné à Rome, dernièrement, donnait lieu à un élan de foi mais aussi de partage, puisqu’un rabbin polonais, un uléma tchadien, un pope grec et un cathare de Montauban s’exprimèrent solennellement et successivement.

J’ai fait un rêve … le monde était éclaté en quatre part, comme une orange sanguine. Apparaissait un quart « jaune », laborieux, imprévisible et mystérieux comme sa cuisine, complexe comme un puzzle, fabricant à l’envi des tee shirts, des chemises, des fringues, des bagnoles, des, des, … La multitude, le nombre et l’espace, à la fois zen et cruel comme un sabre de samouraï.  Un quart « noir », pauvre, désespérément pauvre, dévasté par un mal de pauvre puisqu’il se propage par le seul bien qui leur reste : faire l’amour ! Un gros quart, comme disait César, qui malgré tout brise les tabous du silence en chantant des mélopées syncopés, vêtus de couleurs, tandis que les couchers de soleil à se damner éclairent le désert qui ronge le territoire. Et qui se déchire, ajoutant l’horreur tribale à l’horreur tout court. Un quart hétérogène, divisé depuis des lustres en nordistes qui se prennent pour la race des seigneurs et ceux du sud qui s’avèrent un bouillon de culture de dictateurs. Des peuples métissés qui jouent au foot comme des dieux et qui pratiquent une musique à faire swinguer le fantôme d’Allende dans des carnavals déments et des fêtes déjantées !
Et un dernier quart, un peu vieux, un peu blasé, ayant vécu les pires outrages, les pires affres. Mais, dans cette partition rêvée, un quart qui peut continuer à se haïr cordialement entre anglais-rosbifs, frenchies-mangeurs de grenouilles, teutons-gross madam, ritals-combinazzione, … En évitant ainsi les cadences infernales, les sushis, et autres conneries exotiques. Même qu’ainsi, le cassoulet chaurien serait toujours admis, avec les tripes façon Caen, les pieds de cochon Sainte Ménehould. Même que l’on éviterait des sports ésotériques pour apprécier les torgnoles rugbystiques, et qu’on gagnerait dès lors quelques courses à pied ! Foin de songe (voire de mensonge), c’est peut-être selon cette vision systémique de sous systèmes collaboratifs mais non fusionnels que l’avenir doit être perçu.

J’ai fait un rêve de docteurs qui inventaient enfin un remède contre cette saloperie de cancer. Je dis bien des docteurs puisqu’en plus des médecins (aussi) concernés, il y avait des docteurs en sciences, en biologie, en écologie, en cybernétique, en urbanisme … Parce qu’on s’était aperçu enfin qu’il ne servait à rien de tenter d’éradiquer un virus alors que d’autres semaient (parfois sans malice) les causes dudit virus. Dans l’eau, dans l’air, dans les légumes, dans les viandes, dans les poissons, voire dans les médicaments !

J’ai fait un rêve. La gauche, la vraie, celle qui cumule dans son corps la Commune, Dreyfus, Jaurès, Mai 68, avait retrouvé une voix. Jeune, charismatique, vive, intelligente, courageuse, mais surtout capable de parler de misère du monde en l’ayant vécue, des travailleurs en ayant peiné, de l’égalité en ayant été esclave. Une voix capable de dessiner, à l’horizon de vingt ans, un monde ne ressemblant pas à une sorte d’immense Guantalamo, séparant des masses avilies, sans droits sociaux et des bourreaux cyniques à stock-options et jets privés. Les premiers travaillant  à vie (à mort ?), mendiant des soins devenus inaccessibles, tandis que les seconds pérorent sur l’implacable exigence de compétitivité d’usines robotisées.

Je fais le vœu que ce rêve devienne une réalité, car, en fin de compte la part d’utopie qu’il contient s’avère bien mince. Il suffirait seulement que chaque habitant de ce monde réinvente le mot « scrupule » avant d’agir quotidiennement.
Et comme il faut toujours faire un cadeau, je vous offre ce poème de Véronique Tadjo  (Latérite, Paris, Hatier, 1984

Nous bâtirons pour lui
Des fermes claires
Et des maisons en dur
Nous ouvrirons les livres
Et soignerons les plaies
Nous donnerons un nom
À chaque men54575bef4d0fc1cd89bd1cbf1153c343.jpgdiant du coin

Et habillerons de basin
Les plus petits d'entre eux
Il faut savoir bâtir
Sur les ruines des cités
Savoir tracer
Les chemins de liberté. 
 

 

 BONNE ANNÉE !!