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24/08/2006

COMME UN VOL D'ÉTOURNEAUX ...

Il est difficile de faire évoluer les esprits, surtout ceux qui se croient les plus rationnels. Ainsi en est-il pour les analystes, experts ou du café du commerce, qui s’étonnent, sont ébahis ou sidérés, outrés ou révoltés de la place de Ségolène dans les intentions de votes. Pour certains c’est une catastrophe ! Ils ne croient pas si bien dire ! Sur le plan scientifique bien sûr, car je ne porterai pas de jugement sur la candidate putative.
En effet, il faudrait qu’ils s’intéressent un peu à la mutation de la communication de masse ! Jadis, c’est-à-dire hier, on « vendait » aux français un homme politique de la même façon que, par exemple, une voiture. On réfléchissait, on concevait un véhicule (un président) le mieux possible et puis on tentait de le vendre. Parfois cela marchait (2CV, 203, …, Chirac, Mitterand, …) . Parfois non. Ainsi la R14, l’Ami 6, …, Lecanuet, Chaban, Rocard, Balladur, Barre, … sont des produits qui n’ont pas marché. Aujourd’hui les observateurs s’étranglent en voyant un produit qu’ils n’ont ni choisi, ni préparé, ni promotionné se situer en tête des préférences.
En fait, pour comprendre, disons que le système possède trois « processus » :
• la phase de floculation
• la phase de percolation
• la phase cahotique.
La première phase représente un processus constructiviste pur : on a beau faire ou dire, les choses se mettent en place de façon complexe en dehors de toute « chaîne de raisons logiques ». Les médias déversent des tonnes d’informations en grande partie « à l’aveugle », c’est-à-dire sans savoir vraiment qui la reçoit, qui en use et qui l’exploite. Des bribes, parcelles, morceaux, relents, … d’informations se déposent au fond des mémoires individuelles en agrégats. Le processus relève de la floculation. Ainsi se forme l’opinion individuelle sans qu’il y ait vraiment d’analyse, de construction raisonnée, en fonctionnant de façon autoréférentielle : j’ai pensé cela donc je m’y conforme et je m’y accroche. C’est mon avis et j’y tiens !

Mais ceci reste insuffisant. Il s’avère nécessaire que le résultat définisse l’opinion majoritaire.
Ce qui émerge au bout d’un certain temps représente le résultat complexe et imprévisible d’une alchimie médiatico-psycho-sociale. Le terme de percolation exprime cette émergence complexe à la fois scientifiquement et banalement. Je vous fais grâce du versant matheux. Banalement, via l’expérience quotidienne du café, on perçoit que ce qui résulte de la mouture, de l’eau et du process est une boisson dont la couleur, le goût, les effluves, la force, … sont très largement inexplicables. On obtient « quelque chose » (du nectar au jus de chaussettes) et l’on jette le reste (marc). Ainsi les medias ont déversé des quantités d’infos (littéraires ou iconiques) concernant « les politiques » pendant « un certain temps » comme disait Fernand Raynaud. Le résultat percolé c’est Ségolène. Point. Inutile de chercher les raisons raisonnables, il n’y en a pas. L’agrégation des positions particulières fait émerger une opinion majoritaire dont on voit bien qu’elle est imprévisible dans son apparition. Elle l’est tout autant dans son évolution. medium_etourno.jpg Quant à la durée ou à la pérennité de cette opinion, on se situe dans la métaphore du vol d’étourneaux, c’est-à-dire en situation éminemment cahotique. La direction prise par le vol se maintient un certain temps puis il y a décrochage par micro-influences selon, là encore, des trajectoires imprédictibles. Aucune continuité observable, c ‘est la théorie des catastrophes (R. Thom). Ainsi les leaders des sondages à un an, trois mois ou même trois semaines du scrutin ne sont pas forcément les gagnants finaux.

Voilà quelques éléments « théoriques » pour inciter ceux qui croient savoir ou qui se targuent de prévoir rationnellement à beaucoup de modestie. Pour inciter les partis à réviser un peu leurs vieilles stratégies du « meilleur candidat habilité ». Pour inciter les candidats potentiels à une forte humilité.
Il s’agit en fait de refaire un peu de vraie démocratie quoi ! Celle qui voudrait que les électeurs choisissent sans (trop de) contraintes leur héros (héroïne).

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