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02/05/2008

PIÉGES GIGOGNES POUR ESTOMAC AFFAMÉ

Un bel exemple de globalisation (et de sa perversion) : le marché des céréales. Jadis (hier) les ressources céréalières (blé, riz, maïs, mil selon les continents) étaient le résultat du travail agricole, de la qualité du sol et des aléas climatiques. Ainsi selon les années et l’effort consenti les restrictions sévissaient ici, la famine là, l’abondance ailleurs. On appelait cela le cycle des saisons et l’incertitude de la nature. On s’y résignait. Puis on a amélioré, stocké et transporté. Amélioré par des procédés agro-industriels, ce que certains ont appelé la révolution verte, à base d’irrigation, de sélection d’espèces, d’engrais et de pesticides. Stocké par des techniques permettant d’éviter le pourrissement et la germination dangereuse (ergot). Transporté c’est-à-dire pris dans les lieux d’abondance pour emmener dans des lieux de pénurie. Et il était de bon ton de vanter le progrès technique. Toutefois, parallèlement, la loi parétienne des avantages comparés, désarticulait les équilibres vivriers pour spécialiser les zones sur les productions exportables (café, cacao, thé, coton, …). Le FMI et l’Organisation mondiale du commerce (OMC) expliquaient doctement  que l’augmentation des flux de marchandises due à la libération du commerce contribuerait à éradiquer la pauvreté et la faim, justifiant ainsi leurs PAS (plans d’ajustement structurel).
Or, aujourd’hui, « Une nouvelle crise alimentaire mondiale est en train d’émerger, et elle pourrait être bien plus dramatique que tout ce que le monde a connu par le passé. La crise du crédit et les conséquences de l’envol du prix du pétrole seront peu de choses en regard de ce qui nous attend. » (Alia McMullen, Financial Post, 7 janvier 2008). Catastrophisme ? Non, simplement illustration des effets systémiques liés à la globalisation. Prenons la séquence suivante compréhensible par tous:
 

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Par le biais de l’interdépendance des économies au niveau mondial (globalisation) les effets se répercutent et se cumulent en chaîne. En plus des phénomènes « mécaniques » affectant la stagnation de l’offre (1) et l’explosion de la demande (2), l’intérêt soudain des fonds spéculatifs pour les marchés céréaliers (3) booste l’effet restriction de l’offre et provoque donc, la hausse brutale des prix (4). En même temps que des dizaines de millions d'hommes sortent de la pauvreté, des dizaines de millions d'autres y plongent davantage. A l’affût, «Les spéculateurs réhabilitent un vieil eldorado : les marchés de céréales. Achetant des contrats de livraison de blé ou de riz pour une date future, ils escomptent les revendre beaucoup plus cher. Ce qui entretient la hausse des prix, la famine...» (Serge Halimi. Le Monde diplomatique.Mai 2008)
Trente-trois pays sont dès à présent confrontés à des risques  de famine dont on sait le caractère déstabilisateur pour les régimes en place. La Côte d’Ivoire, la Tunisie qui ne sont pas pourtant les pires concernés grondent de «révoltes de farine». Un article particulièrement acide publié dans Economic Times of India, pointe du doigt le rôle des «riches et célèbres de la planète» accusés d’affamer le monde en développement. L’auteur, Nidhi Nath Srinivas, met en cause les fonds de couvertures, accusés de tenter de récupérer par tous les moyens les pertes encourues sur les marchés d’actions et d’obligations par des gains spéculatifs sur les marchés des céréales de base. Voir aussi : http://www.combat-monsanto.org/spip.php?article132

Il faut (hélas) faire un « palmarès » de l’impact au niveau des populations (couche basse de l’échelle de revenu) concernées :
Habitants de pays riches : conséquences non perçues
Habitants de pays aisés : bof
Habitants de pays médians : affectés
Habitants de pays émergents : très affectés
Habitants de pays sous développés : affamés
Bon, voilà, c’est dit ! Mais comme ce sont les aisés qui dirigent (même, voire surtout, dans les pays sous développés) « on » expliquera qu’il s’agit de problèmes parasitaires … D’autant plus que Ug99, un champignon virulent, s’attaquant au blé, se propage en Afrique de l’Est, au Yémen vers les principales régions céréalières d’Iran, l’Afghanistan, le Turkménistan, l’Ouzbékistan et le Kazakhstan, selon la FAO. Le champignon peut causer de lourdes pertes en détruisant des champs entiers et semble obliger à … la généralisation des semences transgéniques et des traitements liés. Le piège est aussi systémique, mais lui, il est parfaitement régulé !
Et implacablement les enfants meurent au milieu de nulle part, des êtres efflanqués hurlent dans le désert de leur estomac oublié, tandis que les lobbies prospèrent dans les tours climatisées. Ils nous peaufinent les futurs pièges de l’eau, du lait, … en inventant des marketings implacables !
Nous vivons une belle époque ! "Il paraît que la crise rend les riches plus riches et les pauvres plus pauvres. Je ne vois pas en quoi c'est une crise. Depuis que je suis petit, c'est comme ça." Michel Colucci, dit Coluche.

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