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23/06/2008

UN PETIT PAYS À TALONNETTE

Bon, il faut se faire une raison !

La France est maintenant devenue un petit pays. Les plus méchants (et il y en a) disent un petit pays arrogant. Un pays Domenech qui confond les genres en se regardant le nombril. Un pays Laporte qui confond un document et un vécu. Un pays Sarko qui traite les Irlandais de poussière de l’histoire alors qu’ils ne font qu’exprimer ce que beaucoup pensent sans pouvoir le dire.
En fait, on n’a jamais été trop grand, hormis par la culture, le pinard et la cuisine. Faut pas rêver ! A l’étranger, quand on me parlait de mon pays, c’était de Voltaire, Victor Hugo, Sartre, du cassoulet, du Saint Emillion, jamais de l’économie ou du foot. J’ai même une anecdote à vous raconter. C’était lors d’un voyage de l’Institut de Préparation aux Affaires (aujourd’hui IAE) au Canada. A la Chambre de Commerce de Windsor (Ontario) nous étions conviés, avec mes collègues français, à faire une conférence-débat sur l’industrie en France. Dans une grande salle, une centaine de personnes écoutaient sagement la conférence un peu rasoir. M’étant laissé glissé dans l’immense hall, je fus abordé par un monsieur BCBG qui me demanda d’abord si j’étais « Français de France », selon l’expression canadienne. L’ayant assuré sur ce point, il commença à me poser quelques questions sur les plats français qui, visiblement, le faisaient rêver. Comme il fallait situer et qu’il traînait un paper board, je traçais une grande carte de France et commençais à discourir sur la choucroute alsacienne, la potée auvergnate, la bouillabaisse de Marseille, … car le sujet m’inspire. En quelques dizaines de minutes, je vous jure, j’ai vidé la salle de conférences et me suis retrouvé avec un talk show sur la différence entre les différents cassoulets (Toulouse, Castelnaudary, Carcassonne, Chalabre), le fromage qui faisait l’aligot, … Un tabac, qui me permit d’être invité à une foule de « Parlotes privées » chez des notables pour traiter le sujet plus convivialement. Tu as compris ?nain-de-jardin-poussant-sa-brouette.jpg
Quelques succès sportifs en athlétisme, natation ou judo, au foot et au rugby, nous ont un peu leurré sur notre véritable place sur l’échiquier mondial. Les défaites des équipes de ballon rond ou ovale, remettent les pendules à l’heure. Aujourd’hui, à l’ère de la mondialisation, l’importance se mesure à l’aune de la puissance économique. Donc on s’avère un pays nain avec des talonnettes, et de jolies femmes. Un pays qui n’a plus de ressources culturelles puisqu’on ne les a pas promues. Un pays où les émissions télé disparaissent une à une (arrêt sur image, un café et l’adition, le bateau livre, …) au profit de séries américaines, ou de ressucettes  des années pop. Un pays dont le vin lutte désespérément  contre « les nouveaux producteurs » puissants et débarrassés de préjugés. Un pays dont la cuisine se trouve exposée à la « mal bouffe » et au « fast food » incomparablement plus puissants en capacité de séduction publicitaire. Un pays qui s’est donné, c’est un symbole, un petit président plus « pichou » que cultivé, qui ne boit pas de vin, pour qui Guy Moquet s’avère la référence littéraire ultime. Et qui mise sur la seule case avec laquelle nous ne gagnerons jamais plus : l’économie et la finance.
Regardez l’idée d’UPM (Union Pour la Méditerranée). C’est une des rares excellente idées de Sarkozy ! Mais, le naturel aidant, elle s’avère mal « vendue » aux protagonistes. On vend une vitrine économique sur laquelle nous ne sommes pas crédibles. Boutefika vient de nous le signifier, après Kadhafi. Sarkozy a du mal à différencier un arabe et un bédouin, un alaouite d’un sunnite. Or le Maghreb et le Machreq sont complexes, très fins dans les nuances. Dans le Machreq (Moyen Orient), nous sommes appréciés et respectés par notre culture, notre position diplomatique (par rapport aux anglo-saxons qui ont toujours mis le souk dans cette région). On ne peut pas aller là-bas avec de gros sabots et une grosse montre. A ceux qui font la fine bouche devant l’invitation COLLECTIVE dont bénéficie Bachir El Assad, qui nous resservent (tel Elie Aboud, le député libano-biterrois dans le Midi Libre) la fable manichéenne du loup et de l’agneau, dénonçons d’abord une vision hémiplégique voulant que le loup-Syrie ait violenté l’agneau libanais. Il est consternant d’accueillir le tyran Bachir El Assad à la cérémonie du 14 juillet, crient-ils. Bon ! Primo le Liban n’a jamais été qu’une Sicile moyen orientale où s’affrontent des clans maffieux sous couvert de religion. Les « parrains » Gemayel, Joumblaat, Aoun, … ne se baladent jamais autrement que sous le protection de plusieurs nervis « enfouralliés » jusqu’aux dents . Lesdits clans s’étripaint allègrement sans égards pour une population prise en otage, l’ONU, impuissante à calmer cette guérilla meurtrière, a fait appel à la Syrie comme « gendarme ilôtier ». Résultat, un calme apparent avec des tensions couvant sous les cendres d’attentats non attribués et la rancœur des factions (phalanges) privées de leurs champs d’influence. Ceci dit, pour rétablir la morale de la fable (si morale il y a) et tordre le cou à des positions exagérément simplificatrices. Il faut faire œuvre d’information réciproque. Il faut dépasser  « le rivage des Syrtes, face au Farghestan » qu’est devenue la Méditerranée pour démystifier l’autre et s’en faire un partenaire. Dessine-moi un palestinien !
Ceci dit, le plus consternant n’est point Bachir himself, mais de l’asseoir à une tribune de cérémonie militaire ! Nicolas s’est encore laissé dominer par son penchant à la frime rêvant de parader en grand équipage dans sa vitrine champ élyséenne. Consternation de vouloir toujours vendre ou paraître quand notre dernière vertu légitime reste de parler au nom de l’humanisme et de la démocratie. Et, à ce titre, dans les salons obscurs de la concertation, tenter de refaire se supporter les peuples méditerranéens. Tenter de faire oublier les accords Sike-Picot, le projet Violette, les protectorats, les mandats, …, la guerre contre les druzes, Sakiet, les accords d’Evian… Remettre en route l’Histoire non comme Bush mais comme René Char. «  Remise en route de l’Histoire, aussi imperceptible, aussi saisissante dans ses commencements que le premier tressaillement d’une coque qui glisse à la mer » (Julien Gracq, En lisant en écrivant).
Chantier exemplaire, travail fin et intelligent, œuvre obscure mais fondamentale, inspirée, dont les fruits seront plus d’autorité morale que d’airbus vendus.

Un petit pays ne peut exister que par le génie. Hélas, le génie ne fréquente pas les fonds de boutiques affairistes, ni Disney Land !

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