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24/07/2008

L'ALOUETTE ET L'HIRONDELLE ...

La Poste n’est pas encore morte nous dit-on. Mais elle titube, un couteau planté entre ses omoplates, en espérant atteindre, au mieux 2010. C’est un mythe qu’on assassine, le mythe de la RURALITÉ et, avec lui, plusieurs symboles.
Le symbole du facteur, uniforme, képi et boîte de cuir bouilli, boîte se muant en celle de Pandore, apportant les lettres de fils exilés, de parents éloignés, d’amants déclarés, d’avis de décès autant que de naissances, commandement à payer autant que mandats à percevoir. images.jpegFacteur attendu des missives d’amour, facteur redouté de mauvaises nouvelles du front ! Facteur trait d’union avec la société, pour les isolés des fermes arriérées où seuls des chemins empierrés conduisent. Facteur qui portait aussi le Chasseur Français, le catalogue Manufrance et quelques médicaments, vis ou boulons ramenés bénévolement. Les nouvelles aussi des fermes voisines.
Le bureau de poste était lui aussi symbolique, avec sa grille masquant tant bien que mal l’arrière-boutique, avec son odeur mêlée d’encre à tampon et de colle forte, avec ses cabines téléphoniques de noyer ciré où l’on espérait le 22 à Asnières. Fernand Raynaud, Bourvil, Fernandel, Yves Montand ont épinglé ce lieu incontournable de la vie locale et les postières pas toujours moustachues et acariâtres.
Le timbre enfin, symbole universel de notre apprentissage du Monde. Qui n’a pas appris, via les vignettes dentelées, l’existence du Dahomey, de la Haute Silésie, du territoire d’Ifni, ou de San Marin … de la couleur carmin de la « semeuse fond ligné », du phacochère illustrant le Congo ? Qui n’a pas (au moins temporairement) collectionné les papillons, les poissons, les tableaux ou les fauves, comme un livre d’images précieux dont on disait qu’il vaudrait un jour des fortunes ?
L’hirondelle ! L’hirondelle comme logo-témoignage de la rapidité du vol et de la proximité familière.
L’alouette et l’hirondelle*, la guerre du privé et du public, l’imbécile opposition de choses qui devraient être complémentaires. La rose et le réséda ! Pourquoi se forcer à sacrifier l’altérité ?360.JPG
Quand plus personne n’écrira sur des feuilles blanches, lignées ou pas, parfumées ou tâchées de larmes échappées, quand il n’y aura plus que l’immatériel téléphone,  l’impersonnel e.mail ou, pire, l’approximatif SMS, que restera-t-il dans la boîte de cigare des grands parents ? Que restera-t-il à exhiber précieusement aux petits enfants, comme souvenir matériel du héros familial ayant arpenté la Haute Volta, la Syrie ou, simplement, la grotte de Lourdes ? Faillite épistolaire annoncée, faillite culturelle prévisible.
Quand le facteur ne viendra plus sur le plateau de la Margeride, de Sault ou de Langres, quels fous habiteront encore les fermes du bout du monde, artisans d’une forêt et d’une agriculture garante de la préservation des territoires ? Faillite du service de communication égalitaire et obligatoire, faillite de la ruralité implacable. Faillite de la biodiversité des paysages.
Battons-nous pour que les mythes ne meurent pas !
« Quand les blés sont sous la grêle fou qui fait le délicat 

Fou qui songe à ses querelles au coeur du commun combat »*

 

* poème: La rose et le réséda. Louis Aragon

 

08/07/2008

SYSTÉMIQUE ET CORRIDA

Comme toujours, en début d’été, se manifestent les voix anti-corridas. playboydeadline.m 1.jpgJe les accepte puisque «Si l'on ne croit pas à la liberté d'expression pour les gens qu'on méprise, on n'y croit pas du tout’ [Noam Chomsky].

Mais permettez-moi de donner un éclairage systémique que je n’aie lu nulle part. Je le brinde à Jeannot S. l’aficionado biterrois et à Pierrot C. l’aficionado du CG34.
Au début de tout, sont confrontés deux pôles : l’ordre et le désordre.
L’ordre s’incarne dans l’Homme, le torero, la référence sociétale ultime, porteur de l’exhaustif rituel normé. À l’excès ! Tout est précisé, limité, décrit dans le moindre détail. L’habit, les phases (tercios), le temps imparti, les catégories de passes (véronique, naturelle, derechazo, chicuelina, revolera,…), les instruments (capes, muleta, banderilles, piques, épées, …), les lieux (sitios), les positions, les distances (cargar la suerte), les codes gestuels (brindis, cambio, pétition,…), les adjuvants musicaux, les symboles colorés (mouchoir blanc, vert, bleu,…), le personnel habilité (peon, alguazil, picador, sobre saliente, mozo de espada, areneros, …), la sortie (a hombros, por la porta grande, …) … C’est la perfection absurde, inatteignable, idéale au sens où l’on ne peut que la tangenter.

Le désordre s’inscrit dans la nature, la Bête, le taureau. La violence, la sauvagerie, le danger, l’aléa, la mort, le moins codé possible (toro limpio).
Il faut ensuite que ce duel improbable, par un enchaînement de "scènes" (faena), injouables en principes, - du moins dans un registre « civilisé »-, parvienne à accéder à l’équilibre optimal, à l’utopie. Tout le paradoxe de l'utopie réalisable est d’être à la fois la matérialisation d'une monstruosité et la symbolisation d'un discours de raison. L'utopie mobilise l'onirique et le confronte au rationnel pour développer un récit où se développe le rhizome sociétal (concevoir un monde plausible malgré les dysfonctionnements naturels du monde réel). (Si ça chauffe trop, prenez une douche !)
Cela relève de l’acte social pur: comment réguler le désordre pour qu’il devienne compatible avec un ordre suffisant, c’est-à-dire esthétiquement suffisant, c’est-à-dire à l’équilibre exact que l’on nomme lidia et qui dépend des qualités et des défauts de chaque taureau (encaste), du temps (vent, pluie, …), de l’arène, du public, … L’optimum existe, le spectateur le perçoit lorsque le taureau suit harmonieusement le temple du leurre, s’enroule autour du chemin qu’on lui trace, spontanément, sans manifester la révolte de ses cornes … qui reste néanmoins implacablement potentielle à la moindre faille de l’équilibre.
Les lieux restent bien délimités : le ruedo, le calleron, les gradins, le palco, …où se meuvent des catégories sociales distinctes sans jamais se mélanger vraiment (sauf par transgression: el spontaneo). Il y existe enfin un acte démocratique fort, la pétition du public qui, via des mouchoirs agités en guise de bulletins, vote pour accorder les trophées. Démocratie certes mais démocratie gouvernée puisque le président garde le pouvoir exécutif final … au risque de la bronca (capability of voice) populaire.

Voilà ! La messe est dite ! La corrida est l’archétype actué de la régulation sociétale. On pourrait en faire le canevas illustratif d’une théorie de cette régulation. Mais sans doute que les idéologies ne s’abreuvent plus à la source de la complexité. Sans doute que la consommation de Charal sous blister s’avère beaucoup plus économique et reposante. C’est de monde « tel qu’il est », ma bonne dame ! C’est dans ce “tel-qu’il-est” que se situe la supercherie car il est donné pour une vérité, alors qu’il n’est au mieux qu’une représentation – déjà une interprétation et au pire une conviction – une croyance construite, un parti-pris. De plus, ce “tel-qu’il-est” laisse entendre qu’il y aurait un accès direct à la compréhension du monde qui ne serait autre chose que “l’allant-de-soi” desdites choses: les choses telles qu’elles sont vont de soi. Facile, pas la peine de se prendre le chou ! Dis, Chomsky, pourquoi tu tousses ?

06/07/2008

CARCASSONNE : UN GÉNÉRAL VICTIME D’UNE RAFALE DE P.M. !

Je l ‘avoue d’emblée, je n’ai pas résisté au titre ! En effet, depuis quand un général, un vrai avec étoiles, n’avait pas pâti de balles perdues à l’instar du Général Cuche? J’ai cherché, en vain …
Pourtant, je ne vais pas critiquer l’armée, au contraire. Ouf, se dit Alain qui craignait le pire!.
L’armée reste le dernier bastion des procédures rigoureuses. L’accident de Carcassonne découcaricature.jpgle d’un mépris de ces procédures, pourtant drastiques en matière d’armement et de munitions. Et la sanction s’avère dramatique, quant aux victimes innocentes de ce laxisme fatal, méritée concernant la hiérarchie qui doit supporter les responsabilités sans défausse sur le lampiste.
Je voudrais insister sur le risque entraîné par la carence procédurale de notre vie sociale et économique.
Carence par défaut, d’une part, car il s’avère de moins en mois courant de se plier, de respecter les procédures. Le « sport » national consiste à feinter, court-circuiter, se dispenser, échapper, éluder, esquiver, s’exempter, fuir, obvier, passer outre, s'abstenir, s'écarter, échapper, se dérober, se soustraire, … faces aux obligations imposées. Celui qui respecte la file, les étapes, les validations successives, apparaît comme un saint … ou un peu demeuré ! Une preuve en est les démarches sur Internet le plus souvent inutilisées ou abandonnées en cours parce qu’elles imposent une stricte rigueur. Ainsi on a, sous ce prétexte, progressivement supprimé la grammaire, la syntaxe, l’algorithmique, les plans, … avec  les succès que l’on connaît ! On a aussi abandonné le service militaire obligatoire qui était, a minima, une période de structuration procédurale impérative … pour tous.
Carence par excès qui, par contre, surajoute des complexités inutiles et alourdissent exagérément certaines démarches (style sécurité sociale, ou démarches pour les étrangers). Et qui, dès lors, « justifient » les attitudes de fuite ou de détournement.
Bon, je ne vais pas, non plus, m’engager ! Mais dans ce mode où, quoiqu’en disent les laudateurs du libéralisme débridé, 60 à 70 % de l’activité relève de la bureaucratie, il est impératif de rappeler l’efficacité (on n’a pas dit la rentabilité) des procédures régulant le jeu des acteurs. Sinon il faut sacrifier à la jungle concurrentielle darwiniste.

Mais je ne suis pas sûr que dans ce monde aussi les structurés ne soient pas, encore, les gagnants !