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22/01/2009

LA TYRANNIE EN PENTE DOUCE

L’éternel pari libéral réside dans l’espoir que les choses (notamment économiques) marchent mieux spontanément que lorsqu’on les contrôle (au sens anglo-saxon). Cet axiome pouvait faire des adeptes au XIXème siècle, voire dans la première moitié du XXème, mais pas au-delà ! La crise de 1929 et toutes celles se clôturant par 2008 y font obstacle.

Même les plus entêtés sont obligés qu’admettre qu’à force d’ôter des contrôles on aboutit à des aberrations (subprimes par exemple).

Alors, qu’est ce qui pousse Sarkozy et ses séides à faire disparaître un à un les contre-pouvoirs essentiels à la marche de la société démocratique et à l’économie de marché ??

Adam Smith (il ne fait pas de mal de remonter aux sources) disait : «Le concept de marché s’enrichit car il n’est pas seulement un espace géographique sur lequel s’opèrent les échanges, mais un champ de forces défini par la concurrence». C’est ce champ de forces qu’il faut toujours garder en mémoire. Le marché représente un système admissible à long terme si, et seulement si, les forces en compétition restent dans «une logique équilibrée». Une logique équilibrée, c’est moins l’équilibre tout court, largement utopique, qu’une absence de déséquilibre (François Perroux). Réguler est une ambition excessive au niveau macro, car elle exige TOUJOURS : une finalité, un captage de l’information, un calculateur de dérive, et un effecteur efficace (moyens de correction). Ainsi, réguler le marché du travail, relève du mythe ! Cela imposerait d’avoir une finalité claire (pourquoi, quel travail, à quel horizon ?), un captage des statistiques des sans emplois et leurs caractéristiques précises, un calculateur efficace pour décider les actions à engager, la maîtrise des moyens incitatifs et coercitifs pour les faire appliquer. Imaginez un peu ! En revanche, permettre l’existence de contre-pouvoirs syndicaux équilibrés à l’aune des demandeurs de travail (entreprises autorise un «open market» du travail sur lequel l’État se réserve le droit d’intervenir ponctuellement, lorsqu’il pense qu’une dérive néfaste s’installe, est efficace et suffisant. C’est aussi démocratique puisque cela induit un débat permanent entre les parties.

Alors, qu’est ce qui pousse Sarkozy et ses séides à éradiquer tous ces contre-pouvoirs ? L’erreur sarkosienne revient à dire que la colombe qui vole très bien volerait mieux encore dans le vide. Et non ! C’est parce qu’il s’établit un équilibre dynamique entre les forces de propulsions, la gravité, le vent, … que ce vol est efficace. Supprimer les contre-pouvoirs à l’extrême (Reagan, Thatcher, …) conduit inexorablement aux excès mortifères, par exemple, des subprimes par abus effrénés des spéculateurs sur les marchés financiers.

Les réglementations et les institutions chargées de leur mise en exercice jouent un rôle d’élimination des abus de position dominante sur les marchés économiques et publics (D.G.C.C.R.F.), sur le marché du travail (Inspection éponyme), sur les marchés d’influence comme la justice (juge d’instruction) et la politique (opposition parlementaire). L’éradication systématique et cynique de Sarkozy nous voue à un monde dont la dérive sera inéluctablement favorable aux puissants. Si j’avais la moindre confiance en ces derniers pour «jouer collectif», je pourrais dire «Pourquoi pas ?» et suivre le fil de l’eau des masses passives. Mais à voir l’attitude des banquiers dans ces derniers mois, mes convictions sont que les puissants auront toujours des stratégies de puissants, les escrocs des objectifs d’escrocs, …

Citoyens des classes moyennes et au-delà (80 % au moins de la population française), tremblez de la suppression des «pouvoirs de vigilance» assis sur un arsenal juridique pertinent (lois, règlement, codes, procédures, …). Ne succombez pas à l’hérésie du vol de la colombe, servie par les séides d’un libéralisme débridé. Vous n’êtes pas des colombes mais des parachutistes à qui, ceux qui en ont un en or (ou des ailes !), expliquent que c’est évident que l’on descende plus vite sans parachute ! Comme les chinois ! Rendez-vous à l’atterrissage.

Alors, réagissons ! Ne nous laissons pas endormir par la stratégie des Curiaces ! Un jour le code des Marchés Publics, un autre le juge d’instruction, un autre les étiquettes OGM, un jour l’école maternelle, un autre l’allègement des CDEC, un autre des clauses abusives, un jour le droit aux amendements au Parlement, un jour les «petits» tribunaux, un autre les «petits hôpitaux», un jour le Conseil Général, un autre le téléchargement gratuit entre privés, un autre le quota de logements sociaux, … Toutes ces choses qui nous protégeaient à nous, classes moyennes, et qui irritaient les grands groupes financiers dans leurs quêtes aux profits, sont neutralisées, progressivement, en pente douce.

Pourtant, la démocratie est un régime à la fois de confiance et de méfiance mutuelles. Elle ne fonctionne de manière optimale qu’au moyen de l’exercice rigoureux des procédures et instruments de sanction positive et négative. Qu’un individu porté au pouvoir démocratiquement se déclare ensuite aussi infaillible et irresponsable que le pape, et c’en est fini de la démocratie. «C’est … un des signes d’une évolution vers une gouvernance autoritaire qui divise au lieu de rassembler» relève le député UMP J.P. Grand (Midi Libre 22 /1/09). images.jpegAinsi - pour faire peur - Zhu Yuanzhang, le fondateur de la dynastie de Ming, tyran le plus dur et déraisonnable de toute l’histoire chinoise, a mis en place une dictature idéologique en éliminant tous les contre-pouvoirs, et en instaurant une surveillance généralisée de la population par elle-même. Plusieurs purges ont été pratiquées, faisant plusieurs dizaines de milliers de victimes. Sarko un tyran ? Bien sûr que non ! «Aucun peuple, même hébété par le bien-être ne supportera d’entendre nier sa liberté» remarquait H. Arendt. Mais bien sûr que si ! «Il faut donc que l’apparence du bien gouverne, et que le peuple ait le sentiment qu’il est libre» disait-elle aussi.

Qui peut dire aujourd’hui à cent pour cent que ce tyran-élu est un ange ou un diable ? Restons vigilants et défendons les lieux qui permettent ce pouvoir de vigilance ! Bec et ongles camarades !

 

N.B.: Pour les vaillants, ci-dessous une conférence sur La Crise de M. Aglietta, une peu longue (20' scindée en deux morceaux accessibles en cliquant successivement) mais  d'une grande qualité pédagogique. Cela vaut le coup!




Ne pas confondre avec Madoff qui est un avatar de la bêtise cupide humaine

la parabole est de Kant

Direction Régionale Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes

 

17/01/2009

LETTRE À MONSIEUR DEFFINS

Monsieur Deffins,éphémère président du Montpellier Hérault Rugby Club, permettez-moi de vous trouver légèrement naïf ! Comment pourrai-je juger différemment un homme de valeur, un chef d’entreprise reconnu, qui s’engage dans une aventure du style Koh Lanta sans prendre toutes les précautions d’usage ? Sans avoir commandité le moindre audit financier qui, au pire, aurait eu vertu de point de départ ?

Car, enfin, vous étiez dans cette galère que représente un club de rugby du Top 14, depuis plusieurs années, en position de dirigeant et, en conséquences, vous auriez dû savoir (ou pour le moins, vous douter) de l’ensemble des pièges, chausse-trappes, dissimulations, double langage, promesses rendant les enfants, les joueurs et les spectateurs heureux, billetteries « accessoires », … qui font le quotidien de ce mundillo improbable qu’est le rugby français professionnel. Un univers mal stabilisé où errent des aigrefins, des marchands de rêves, des blanchisseurs de fric, des hâbleurs, des faiseurs, … côtoyant  des chefs d’entreprises communicants, des politiques intéressés, des notaires bien comme il faut, … se mêlant à une foule de brave gens, de purs amateurs, de couillons fervents déchirant les billets et assurant bénévolement la sécurité, supportant par vent, neige et kilomètres d’autocar, des passionnés, des excessifs … et, accessoirement, des joueurs-jouets . Un univers où l’argent s’avère, à la fois, rare et gaspillé. Rare, car les sponsors sont souvent beaucoup de PME à la surface financière limitée (surtout en temps de crise !) et des collectivités locales de plus en plus contraintes, légalement et budgétairement, à lever le pied. Gaspillé, à l’aune des salaires indus perçus par des joueurs falots, au palmarès anorexique, ou par des entraîneurs aux compétences imaginaires, ou via des frais de logistique luxueux et  des débours de gestion parasitaires. Avec une mère Noël un peu maquerelle, la télé, entretenant l’idée de strass, paillettes et confort.

M. Deffins, sachez que le rugby est à l’image du ballon qui l’incarne : irrationnel, imprévisible, glissant, fuyant. Il est , génériquement, un JEU d’amateurs éclairés qui peuvent côtoyer la mort parce qu’il savent et assument qu’il s’agit d’un JEU ! Car ils savent que le pastis, le cassoulet et l’amitié indéfectible seront les plus beaux des dividendes reçus !

Pour tout vous dire, je doutais déjà que LE RUGBY fût vraiment un sport, à l’aune des bedaines tendant les maillots ou des diététiques gersoises et des entraînements dont le principal mérite résidait dans la mise en appétit.

Alors, pensez donc, M. Deffins, le rugby un spectacle ! Un spectacle sportif avec des équipes qui comportent au moins huit langues, avec des mecs qui entrent et sortent comme dans un moulin, qui font une saison ici et une autre au bout du monde, qui ne se morniflent plus, sinon exceptionnellement pour épicer une retransmission, qui parlent comme dans les manuels « Le rugby pour les nuls ». Surveillés par une demi douzaine d'arbitres dotés de micro et vidéo qui leur font exploser l'ego. Dans des stades enrubannés comme des arbres de Noël, mis en scène comme le Lido, vibrant de bandas jouant en continu, ce qui est tout aussi pertinent qu’un paso dobles durant une faena de José Thomas. Se muant en banquet de sous-préfecture sitôt le coup de sifflet final, rivalisant de canapés et de champagne pour VIP. Pour cornaquer ces festivités récurrentes et ces bodybuildés sanglés de rose malabar, singeant des autos tamponneuses myopes, qui ne mangent que des tablettes vitaminées (?) et ne boivent que des potions chimiques (??), il faut des saltimbanques fortunés, faisant dans les ordures (pardon, du service à l’environnement), l’amusement (pardon, le spectacle et le huit ou neuvième art), le terrassement (pardon, la création d’infrastructures), …  des habitués du flou budgétaire, des spécialistes du « main-main », des bouclages en catastrophe, … Deff.jpg

Moi, je pense que tout cela est autre chose mais plus vraiment du Rugby. Le Rrrugby se satisfaisait d’une messe profane constituée sur la base de ce qu'éprouvaient ou ressentaient en commun des foules éphémères qui se réunissaient hebdomadairement autour de prairies rectangulaires marquées de lignes blanches et dans lesquelles deux drôles de totems en forme de H majuscule s’élançaient, démesurés, vers le ciel1. Au bout d'environ une heure trente, les membres de la tribu se réunissaient en divers lieux de culte nommés « sièges » ou « bodegas » où ils consommaient de grandes quantités d'un breuvage jaunâtre en parlant très fort, en chantant plus fort encore, voire en découvrant leur anatomie. Les « gros pardessus », notoriétés locales reconnues mais peu dispendieuses, dirigeaient, patelins malgré leurs sourcils broussailleux, cette tribu rugbystique. Un curieux journal jaune racontait, le mardi, ces épopées avec des accents épiques.

Aujourd’hui, les quelques descendants de ce monde sont engloutis, noyés, dans la foule cosmopolite des spectateurs-néophytes-invités-par-les-sponsors, les téléspectateurs onanistes engoncés dans leur fauteuil Ikea, chauffés par des commentateurs habillés par Blanco et instruits par l’Équipe de la veille. Avec un match toutes les heures et demie. Plus les commentaires experts s’auto-congratulant. Jusqu’à l’écœurement. Sans jamais avoir même effleuré l’odeur de l’huile camphrée !

Alors, M. Deffins, évitez désormais tout ce qui a, de près ou de loin, une forme ovoïde. Le symbole de l'ovale est vieux comme le monde, il est inséré dans les archétypes qui sous-tendent l'univers (coquille et refuge). Symbole de l’origine des choses, de l’oeuf primordial, la forme ovale est une forme de déviance. Elle fait ricocher quelconque énergie qui l'atteint. Elle évoque aussi le symbole du troisième oeil qui discerne les puissances cachées, et qui fait alerte (intuition). Le bureau ovale de la Maison Blanche, le temple elliptique de Chêne-Pâquier, … Boudious !



 1 Emprunté à Robert Marty, http://robert.marty.perso.cegetel.net/usapiens/gros%20pardessus.htm

 

15/01/2009

LE TEMPS DES GALETTES

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RÉUNION D’UN GROUPE DE TRAVAIL SUR LE PROJET CAMPUS
Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.
n°21 rue Descartes PARIS (5)


Assistaient à la réunion : Mme Valérie Pécresse Ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, M. David L. (Groupe Vinci), Arnaud de la M. (Groupe Véolia), Mlle Zorha D. (Bouygues), Simon C. (Groupe Eiffage), Gontrand T. de la J. (Medef).
M. de Léna. Chef de Cabinet.

En propos liminaires, Mme le Ministre rappelle que, devant l’endettement de la France (qui ne respecte déjà pas le pacte de stabilité européen), l’Etat compte, grâce aux PPP (Partenariats Public Privé), poursuivre l’investissement sans que cela n’apparaisse dans la comptabilité publique. Les collectivités locales endettées pourront également, avec les techniques de «déconsolidation», continuer à investir pendant la durée d’un mandat électoral en repoussant les conséquences sur les mandats à venir. Le plan Campus relève pleinement de cette logique. Il convient donc de communiquer dans deux sens : premièrement insister sur les montants de financement plutôt que sur leur source, deuxièmement, avancer les notions de rénovation de la recherche, de modernisation, de classement de Shanghaï. Masquer à tous moment le désengagement de l’État, pour parler de « révolution du savoir » ou de « mise à la norme internationale de l’université ». Elle rappelle son agenda chargé et l’obligation de brièveté de cette entrevue (elle doit recevoir la fille de l’émir d’Oman). Elle donne la parole à son directeur de cabinet pour les éléments plus techniques.
M. de Léna rappelle les objectifs de ce Plan Campus : Primo, et prioritairement, susciter des travaux d’infrastructures urbaines (bâtiments, voiries, réseaux, …) en impliquant fortement et financièrement, les collectivités locales. Secondo, via des économies d’échelle, supprimer environ deux mille cinq cents postes d’enseignants mais surtout d’IATOS. Tercio, en faisant la place aux groupes privés dans les conseils, il s’agit de capter à leur profit le potentiel de recherche publique actuellement trop souvent « stérilisé ». Les autres objectifs ne sauraient être privilégié par rapport à ces trois priorités.
Le représentant du groupe Bouygues insiste pour qu’il soit affirmé que les travaux afférents au projet Campus s’inscrivent «en plus» des annonces de grands travaux anti-crise. Mme le Ministre confirme.
Le représentant du groupe Vinci souligne que les heureuses nouvelles dispositions du Code des Marchés Publics pourraient permettre d’attribuer directement les travaux aux «Majors» qui pourraient ensuite, le cas échéant, sous-traiter au cas par cas. Ceci afin de donner une meilleure visibilité financière en termes de trésorerie. Après discussion, il en est convenu, avec l’accord du Medef. L’Institut de la Gestion Déléguée servira de plateforme de répartition des contrats, confidentiellement.
M. Simon C. rappelle l’urgence du lancement de ces travaux urbanistiques. Le quinquennat du Président est largement entamé et il serait de bon aloi de ne pas anticiper sur une prochaine embellie. Il ne saurait donc être question de laisser les universitaires ralentir le processus sous des motifs fallacieux de pédagogie ou « autres balivernes habituellement servies par ces intellectuels immobiles ». L’argent du plan Campus est avant tout destiné à la modernisation des infrastructures.
Le représentant du Medef, pose la question des « sciences molles » et de leur coût, non rentable. À l’occasion de ce plan Campus, son syndicat préfèrerait que soient impulsées des filières techniques gérées en partenariat avec ses représentations locales. Mme le Ministre répond qu’il convient de ne pas affoler les syndicats étudiants, sensibles sur ce sujet. Elle dit que l’affaire se fera sans coup férir, via l’étouffement desdites filières financièrement, par le biais des dotations nationales déclinantes et des collectivités, qui devront prioriser leurs soutiens.
M. de Léna souhaiterait aborder l’apport qualitatif de ce Plan. Mlle Zorha D. glose sur le fait que «regrouper des nuls ne crée pas de synergie». Si les universités françaises étaient performantes, cela se saurait à Shanghaï, grosses ou pas ! Il faut donc impérativement réorienter les forces et les moyens de recherche vers des créneaux potentiellement rentables à court terme. De façon drastique ! Le statut de la fonction publique n’étant pas adapté à ce redéploiement, le nombre de chercheurs-fonctionnaires devra être rapidement réduit, selon tous les moyens à disposition. Les interlocuteurs sont unanimes à souhaiter cette « banalisation » du statut de chercheur. Certains avancent même qu’une certaine précarisation ne serait pas étrangère à la productivité créative ! David L. suggère que l’on envisage d’étendre à la recherche le processus « d’externalisation » observé dans les hôpitaux. L’injection massive de main d’œuvre étrangère issue des pays de l’est, notamment, bien moins coûteuse, bien formée et officiellement précarisée (règles de l’immigration), apparaît globalement efficace.
Pressée par le temps Mme le Ministre propose de charger M. de Léna d’organiser une réunion sur le sujet dans le mois à venir. Elle lève la séance.

(toute ressemblance avec des faits ou des personnages existants ou ayant existé seraient fortuite)