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11/02/2009

PROFITATION

Je trouve ce terme créole de « profitation », découvert au fil de la crise antillaise, très intéressant. Il est utilisé là-bas pour qualifier les sur-profits réalisés par les sociétés en position de monopole.
La profitation naît d’une rente de situation. Souvent, ces monopoles ou «concessions» ont été créés à l’origine pour, au contraire, fournir localement des prix plus modérés  que ceux qui auraient résulté du marché (problèmes d’insularité et d’éloignement). Progressivement, et souvent par collusions politico-claniques, l’avantage s’est mué en rente.
Je ne cède pas au linkbait1! Ce terme de PROFITATION me plaît parce qu’il manque en économie. En effet, le profit est censé rémunérer justement le risque financier, l’innovation et le savoir-faire. La rente, elle, correspond à la rémunération d’un acquis (sol, propriété, talent, …), objectivement apprécié par le marché. Si vous avez un terrain qui devient constructible, il va voir sa valeur monétaire multipliée par deux, trois ou dix (rente foncière). Mais en fonction du prix que sont prêts à mettre les promoteurs pour l’acquérir. S’il est entouré d’une décharge publique et de ruines industrielles malodorantes, il est fort probable que la rente reste très modérée. La plus value, on le sait, décrit selon Marx la part extorquée au salarié par le capitaliste détenteur des moyens de production. Elle reste donc un concept très « pollué » par l’idéologie.
La profitation pourrait donc convenir pour représenter le profit indu, hors marché, ne pouvant donc être économiquement ni socialement justifié. Le concept va bien pour les parachutes dorés, les primes arbitraires, les stocks options imméritées, … tout ce que dénonce la (vraie) gauche depuis longtemps et les libéraux lucides (Obama par exemple) stigmatisent depuis hier comme une extorsion cynique en période de crise. Autant le salaire de Ronaldinho ou de Ribéry résultent d’un marché (voire d’un mercato !) réel, autant le cachet de Brad Pitt correspond au pari d’entrées anticipées, autant les juteuses largesses que s’auto accordent certains dirigeants relèvent de la profitation. Spiral-1.gif

Ce qui se passe en Guadeloupe, peut constituer un laboratoire d'analyse pour l'Hexagone. La méthode à la hussarde de Sarkosy y montre ses limites. Pour réformer il faut du temps, il faut le faire avec le concours de la population. Les porte-flingues du président, choisis plus pour leur docilité que pour leur lucidité (coucou Rama !) oublient que le vrai changement n'est pas dans les textes, mais dans les têtes.
La dictature, ce n’est pas seulement « a ferme !» comme disait Woody Allen, ou «ta gueule» Nicolas dixit, c’est aussi pour le citoyen lambda, la certitude que tout étant décidé hors de lui, il n’a pas à assumer les erreurs du commandante. A l’inverse, toujours pour citer Woody Allen, la démocratie, ce n’est pas «cause toujours !», c’est aussi le fait que nous soyons la cause et les co-responsables de ce qui se passe dans notre pays. Lundi soir, à Mots Croisés, messieurs Copé et Woerth ont démontré à l’envi le mépris dans lequel ils tenaient tous ceux qui n’étaient pas de leur avis, opposition, syndicalistes, journalistes et même sondeurs ! Même le patron pris en otage en était gêné ! Attendez, messieurs Ô ministres intègres, nous ne voulons pas (pas encore !) procéder au grand soir et étrangler tout patron ! Nous aspirons légitimement à avoir le droit de dire qu’il serait bon de s’attaquer à la profitation. Non pas aux profits réglos, non pas aux rentes normales des héritages mérités, ce avec quoi vous voulez effrayer le quidam ! Que peut-être, Ô ministres intègres qui benoîtement redécouvrez l’impérieuse nécessité d’avoir une politique industrielle (ça s’appelle un PLAN2), il conviendrait, dans un monde normal, de se demander si le fric que vous prêtez (paraît-il) aux grands groupes ne vont pas finir en profitation. Le mépris vous va mal, vous qui prôniez, il y a quelques mois, la primauté indiscutable des ingrédients qui ont servi de carburant à la crise ! Vous qui êtes les suppôts déclarés et avérés de la profitation ! Vous pérorez comme si la dictature des idées devenait, du fait qu’elle était exercée par un groupe censé être majoritaire, le mode normal de fonctionnement. Vous réfutez la réalité des chiffres quand elle ne vous va pas, vous ne vous apercevez même plus de votre suffisance imbécile. Jamais probablement un gouvernement n’aura donné une image aussi caricaturale dece que peut être la droite au pouvoir. Elle montre, avec une radicalité presque ontologique, sa fermeture congénitale aux débats attaraxiques.
Mais, attention, les Antillais ne semblent pas goûter ces sourires arrogants qu’ils ont trop vus aux lèvres des colons. Ces promesses de bâton qu’ils ont trop ressenties dans les îlets . On ne peut pas traiter les autres comme des sous-citoyens. Je crains un embrasement, je dis que je crains, je l’affirme fort, pour ne pas qu’en plus, on nous traite d’irresponsables. Les responsables sont aujourd’hui dans les syndicats qui tentent de vous faire comprendre, Ô ministres intègres, qu’ils peuvent (presque) tout négocier … sauf la profitation éhontée !

 

1. un linkbait est une fonctionnalité ou un contenu (vidéo, simulateur, jeu) d’un site web qui a pour vocation de donner générer un grand nombre de connexion externes et d’augmenter ainsi la qualité du référencement naturel.

2. or vous n'avez eu de cesse depuis Giscard (donc droite et gauche confondues) d'éradiquer toute notion de Plan!

NB: une conférence à voir sur la technique anti crise financière: « Frédéric Lordon : conférence sur la crise financière »
http://www.dailymotion.com/video/x73dkm_conference-sur-la-crise-financiere_news.

Ou un résumé : Plan Financier.pdf


Commentaires

tres belle analyse

Écrit par : gael | 22/12/2009

Le mot Profitation aux Antilles ne s'applique pas uniquement dans le domaine économique, mais dans toutes les situations où le plus puissant écrase le plus faible. Ex. un Goliath qui veut taper un David.Un homme bien musclé,robuste qui tabasse sa femme frêle, le Patron super riche qui profite de la hargne au travail de ses employés sans rien donner en retour etc.

Écrit par : GOBARDHAM | 16/12/2010

Les commentaires sont fermés.