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30/04/2009

OPIUM FINANCIER ET ENDETTEMENT ADDICTIF

Lorsque nous étions petits, on nous parlait du péril jaune. Il s'agissait d'une fantasmée horde envahissante d'asiatiques belliqueux venant jusque dans nos bras égorger nos fils et nos compagnes !
Aujourd'hui, le péril chinois ne concerne plus les milliards d'individus, mais découle d'un poison insidieux que secrète la Banque de Chine.
En effet, l'excédent commercial chinois se traduit par une détention importante d'actifs étrangers, en particulier des bons du Trésor américains (même si progressivement ils diversifient leurs actifs).  C'est ainsi que l'économie U.S. finance ses déficits jumeaux. Pour pallier la faiblesse de son épargne privée et de son épargne publique, les USA puisent abondamment dans le marché financier international qui est abondé principalement par les PPP (pays producteurs de pétrole), le Japon et surtout la Chine. Et, lorsque le gouvernement américain a besoin d'argent pour sauver de la faillite tel ou tel grand groupe, il emprunte de l'argent sur ce marché en émettant des obligations. Qui achète ces obligations ? La réponse est simple : le gouvernement chinois !!! Aujourd'hui, la Chine possède l'équivalent de 1 000 milliards de dollars de dettes du gouvernement américain ! Et il faut ajouter le déficit commercial ce qui nous amène autour de 2 300 milliards (Financial Times). A un niveau moindre, la France est logée à la même enseigne, hormis pour l'épargne privée qui reste conséquente.
Pour faire simple: les Chinois pallient l'inaptitude des pays développés à équilibrer leurs ressources et leurs emplois financiers. Nous dépensons GLOBALEMENT plus que ce que nous créons 1. En ayant recours à ces crédits «faciles» le pays emprunteur finit par se placer dans une situation de totale dépendance vis-à-vis du prêteur. A son corps défendant, sa dette devient une addiction.
Cet endettement peut-il s'avérer illimité et sans perspective de remboursement rapide ? Les chinois peuvent-ils et voudront-ils faire une confiance toujours renouvelée aux États-Unis (et au dollar) 2 ? À court terme peu de risques car les enjeux des deux mastodontes sont complémentaires. Mais à terme interviendra implacablement la contrainte stratégique de la diversification du portefeuille.Tôt ou tard, il faut craindre qu'à l'occasion d'une quelconque difficulté économique ou politique majeure, voire un nouvel attentat majeur, le vieux réflexe qui consiste à ne pas mettre tous les œufs dans le même panier ricain vienne à jouer. Un jour, le déficit courant des USA, ne se fera plus «sans pleurs» selon l'image de Jacques Rueff 3.
À ce moment, il faudra bien, d'une façon ou d'une autre, NOUS PAYS AVANCÉS, reprendre le contrôle de NOS déficits. Augmenter le taux d'épargne interne et aménager nos dépenses. Les obama-mens rêvent encore du subterfuge de la hausse du renmimbi (connu sous le terme de yuan). Mais la parade s'avère fallacieuse, car, même si le renmimbi est réévalué, cela ne modifiera pas beaucoup les avantages compétitifs de la Chine, et cela augmentera le pouvoir d'achat des Chinois. Ce qui rendra les prix du pétrole et des matières premières plus chers pour le monde entier.
La lucidité s'impose ! La Chine avance avec des bottes de sept lieues : 10% de croissance annuelle du PIB dont quasiment la moitié est consacrée à l'investissement ! Un richissime fonds souverain China Investment Corporation qui achète les usines les plus modernes aux E.U., en Europe, en Australie, ... Une arrivée massive d'investissements étrangers attirés, à proportion égale, par les faibles coûts de production et l'essor d'un gigantesque marché émergent. Et des débouchés assurés via les consommateurs euro-américains, esclaves de l'endettement, auxquels se substituent, progressivement, les chinois eux-mêmes. addiction-1.jpg
Le capitalisme américain, aujourd'hui drogué par l'opium financier chinois, possède une seule issue économique : son avantage comparatif en matière de services. L'avance américaine dans de multiples secteurs comme les télécommunications, les services financiers, les transports, la recherche scientifique, l'engénierie des médias, ..., leur donne des chances de voir se réduire le déficit commercial. Or, la demande mondiale de services s'accroît exponentiellement au fur et à mesure que les produits nationaux progressent. Les États-Unis tiennent là une chance historique mais, bien sûr, seulement à long terme et à condition de se désintoxiquer de leur addiction à l'endettement.
Jusque là, je n'ai parlé que d'institutions, mais les individus ne sont pas exonérés. C'est dû à la profonde évolution qui affecte l'équilibre entre l'individu et l'institution. Comme l'a bien montré Freud, la névrose collective dispense l'individu de se créer une névrose individuelle. La montée de l'endettement des ménages s'avère un phénomène universel qui touche des couches de plus en plus défavorisées, mises en situation de dépendance à l'égard du crédit pour seulement «exister ». Avec, pour conséquence majeure, la perte de sens.
La sortie de crise exigera sans aucun doute une réhabilitation de ce sens individuel pour qu'il dépasse le seul réflexe consommateur cohabitant avec l'addiction.

Sinon, inscrivez vos enfants dans un cours de chinois première langue, entraînez-vous à manger le riz avec des baguettes, ouvrez un compte à la Banque of Chine, recherchez la recette de la soupe aux nids d'hirondelles, sachez faire la différence entre un qin pipa, un tang pipa, un moderne pipa, et un guzheng ...

 

1 Ce qui ne se traduit pas automatiquement par l’argument facile et fallacieux de réduire les coûts publics et les dépenses en fonctionnaires mais aussi et surtout par une meilleure répartition des ressources et des charges !

2 Lors des faillites récentes les Chinois ont eu des sueurs : si le gouvernement US n'avait pas nationalisé les banques Fanny Mae et Freddie Mac, Pékin risquait de perdre  500 milliards de dollars, placés auprès de ces deux institutions !

3 conseiller du Général de Gaulle qui, à l’époque, a voulu faire jouer la clause de convertibilité or du dollar pour juguler  « Le pêché monétaire de l’Occident ». En vain !

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