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19/10/2009

UNE FIN OU L’AUTRE ; LE BOOMERANG ET LE MASCARET

Je ne suis pas sûr de ce que je vais avancer. Mais il faut que j'y croie sinon, bientôt, plus rien n'aura de sens.

Le Président Sarkozy est en train de se faire hara-kiri. À force de mépriser l'opinion des autres, à force de croire que l'élection lui donne un omnipouvoir et une omnivérité, il se livre à des déclarations et à des actes inacceptables même par ceux qui ont un penchant en sa faveur. On ne peut durablement obliger les individus à se taire, à se cantonner à des litotes tarabiscotées, à avaler des couleuvres qui avoisinent le boa constrictor. Bien sûr il reste encore les prosélytes du style Lefevbre, mais ils deviennent, à moment donné, les pires amis qui accréditent l'absurdité des choses. L'outrance disqualifie le propos, c'est bien connu. Et il arrive un stade où la ligne jaune est franchie. Tous les dictateurs, tous les autocrates, tous les despotes s'y sont confrontés. Au-delà, tel le boomerang rebroussant chemin, les choses se dégradent rapidement car les rancœurs accumulées stoïquement par les «amis» se manifestent en synergie négative. Tout ce qui accélérait dans un sens s'accélère dans l'autre. Tout ce qui pouvait passer pour positif et favorable se mue en aberrant et critiquable. Car l'exercice du paradoxe s'avère incompréhensible par la foule dans la durée. Ainsi lorsque vous assumez le «présumé coupable», notamment en matière d'Internet pédophile (loi Loppsi), vous maniez le paradoxe en blanchissant Frédéric Mitterrand qui s'est mis dans la case incriminée. Ainsi, lorsque vous annoncez que le lycée doit être la seule voie méritante du succès et que vous bombardez votre fils, universitairement attardé, à la tête de l'EPAD, est-ce compréhensible par le quidam ? Lorsque vous vous prévalez d'une popularité enthousiaste et que vous ne faites plus une visite en province sans bataillons de CRS, et militants UMP (taille XS !) pour assurer la claque, est-ce lisible ? Quand, avocat de profession, vous dérapez de prévenus à coupables en exigeant par ailleurs l'impartialité des juges... Quand on réclame plus de régulation sociale au niveau mondial et que l'on désactive progressivement tous les contre-pouvoirs à l'intérieur de la France... Quand on prône une gouvernance européenne forte et que l'on s'assoie sur le pacte de stabilité... Quand on dit fort défendre le Tibet et qu'on assiste à l'ouverture des J.O. de Pékin... Quand..., Quand... Certes, gouverner exige de s'adapter parfois à l'actualité. Mais pas à ce point, pas avec cette morgue ! Bientôt le boomerang du paradoxe généralisé reviendra dans la figure du président, car les élus de la République, fussent-ils ses «amis», ne pourront plus jouer les schizophrènes vis-à-vis de leurs électeurs (cf Alain Juppé maire de Bordeaux*, Elie Aboud, député de l'Hérault**, entre autres).

mascaret.jpgEffet boomerang donc, et effet mascaret aussi. Le phénomène de mascaret se caractérise par une vague, plus ou moins haute, qui remonte le cours du fleuve et dont la puissance varie en fonction de la hauteur de la marée, du débit du fleuve et de la topographie. C'est, de façon simple, un « contre-courant » assez violent, causé par une forte marée empêchant le cours d'eau de s'écouler. Dans le cas qui nous préoccupe, le long fleuve tranquille de l'information formatée par le sarkozysme, passé maître en la matière, semble devoir courir éternellement et unilatéralement. Dans le sens qui occulte, modifie, manipule, renforce,... l'idée d'un pouvoir incomparablement efficace. Magnification de l'activisme pourtant brouillon et passablement inopérant du locataire de l'Elysée. Éloge appuyé de toutes les vertus de l'action collective."Nous sortons du relativisme culturel et moral que la gauche française des années 1980 avait diffusé dans le pays... Nous réhabilitons des vertus qui avaient été négligées, parfois même ridiculisées." François Fillon. Le Monde daté du 15 juillet 2008. Une mystification du type même de celle qui s'exerce en Italie au profit du Cavaliere ! Le hic, avec la com sarkosienne, consiste en la rapidité du flux, du courant du fleuve. En fait il s'agit de buzz succédant à des buzz de façon de plus en plus précipitée. Or, dans le buzz new look, le public ne se contente plus de tenir la   chandelle. Il entre dans le jeu. Des «lucides» larguent aussi des bombes médiatiques artisanales sur la toile. Via la blogosphère, la twittosphère ou autre web2sphère. Il suffit qu'un réseau prosélyte s'en empare et les relaie en cascade dans un espace intellectuel fertile pour qu'elles explosent, en détruisant d'un coup, le cours accéléré du fleuve. Avec d'autant plus de force que le débit est fort, selon la loi du mascaret ! Déjà, la votation pour la poste (voir note précédente) a révélé l'impact. Des forces doivent être en œuvre pour exploiter le processus. Avec ce type de com, l'effet se nourrit de sa source, en miroir grossissant et sans possibilité de blocage. C'est une ré-volution ! Marx a montré comment l'accumulation capitalistique, en transformant progressivement l'être humain, c'est-à-dire le travailleur, développe au maximum sa productivité, en en faisant ainsi une force productive capable de s'auto-valoriser et donc d'être une force révolutionnaire. Idem pour la communication numérique. C'est à partir de là que l'on peut démystifier la perspective d'un esclavage politique inéluctable... En étant conscient que le triomphe du paradigme communicationnel et la consolidation de l'horizon médiatique, par sa virtualité, sa productivité, l'extension de ses effets, loin de déterminer un monde pris dans la nécessité et la réification, ouvrent des espaces de lutte pour la transformation sociale et la démocratie radicale***.

Une fin ou l'autre, ou bien les deux, guette ce que l'on appellera « la parenthèse Sarko ».

* « Sur le fond, je persiste et je signe » concernant la réforme de la TP. www.alainjuppe.eu

** Interview à Midi Libre ;

*** Toni Negri. Infinité de la communication / finitude du désir. Mise en ligne mars 1992. http://multitudes.samizdat.net/Infinite-de-la-communication

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