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23/02/2021

MASLOW ET L'HUMANITUDE

Lorsque j'enseignais le  management, je ne manquais pas d'indiquer l'obligation de faire toujours référence à la grille de Maslow. Bien après les ex-étudiants me remerciaient de cette référence que l'on noie, souvent un peu vite, dans des grandes théories sur la motivation. Cela paraît simpliste… mais reste fondamental pour appréhender l'individu dans son humanitude. Peut-être faudrait-il le rappeler à nos dirigeants.max-pyramide-maslow.jpg

Indiquons que ladite pyramide part d'une base représentant les besoins physiologiques (manger, boire, dormir,…), puis indique les besoins de sécurité (santé, protection-…), puis cite les besoins d'appartenance (recherche d'amitiés, de relations, …), puis arrivent les besoins de reconnaissance (d'estime, de respect, de valorisation,…). Enfin, tout en haut, apparaissent les besoins d'accomplissement de soi. Quoique quelque peu caricaturale, cette hiérarchie rappelle que l'individu ne vit pas que de pain et d'assurance, ce qui représentait les aspirations du travailleur du début du siècle dernier. Les autres besoins qui peuvent sembler secondaires - voire superflus - à certains, représentent les ressorts principaux d'un bien être et d'une efficacité prouvés.

Or, la crise sanitaire mais surtout sa gestion, contribuent à oublier (nier?) ces ressorts en accentuant au-delà du raisonnable les notions de santé, de survie lato sensu, via des confinements plus ou moins stricts. On nous distingue ainsi les commerces et activités essentiels (travail, écoles, épiceries, églises,…) des non essentielles, ces derniers pouvant être fermés, selon nos dirigeants. On supprime impérativement les embrassades jusqu'au moindre câlin, au nom des gestes barrières, on interdit tout regroupement à suspicion festive, on met à l'index les lieux de détente (cafés, restaurants, stades,…) ou de culture.  On interprète la pyramide en besoins vitaux et secondaires.

Ainsi la vie dans sa complétude laisse place à une survie individualisée! La référence à la période majoritairement jugée idyllique des trente glorieuses s'explique par le fait que la pyramide de Maslow tendait à être assumée complètement. Même si chacun n'accédait pas forcément aux étages supérieurs, les portes n'en étaient pas fermées et le quidam pouvait au moins en rêver. Et les arts (cinéma, théâtre, musées,…) donnaient à voir l'accomplissement de soi à portée de main.

Macron qui eut hier l'ambition d'appliquer les arcanes managériales à l'État, semble avoir abdiqué d'une direction responsabilisante pour ramener la conduite de la "start up" France à une gestion coercitive à base de sanctions pour toute déviance même mineure. Le comportement humain est pourtant actionné par des facteurs qui dépassent largement le portefeuille et la santé. Peut être que la santé exige des concessions, mais quand on confine longuement les bistrots et restos en leur demandant le mutisme dû à certaines prises en charge de frais, on nie le fait que ces gens ont sans doute envie de se réaliser dans l'exercice de leur métier utiles à leurs clients. Négation de la satisfaction du travail valorisant, d'une expression de son plaisir à faire plaisir, du parfum subtil de la relation sociale. Priver une personne de ce qui lui est nécessaire pour être une personne, c’est-à-dire de sa manière à elle d’être vivante et d’être humaine (sa manière à elle de communiquer, de manger, etc.) conduit à la dépersonnaliser. Priver un être humain de ce qui lui est nécessaire pour être un humain, c’est-à-dire (entre autres) de certaines facultés propres aux humains (penser, communiquer par la parole, s'amuser, par exemple) conduit à le déshumaniser*.

Nos dirigeants manquent à l'évidence de sens de l'empathie. L'empathie – je l'ai souvent écrit - c'est cette qualité humaine majeure qui consiste à pouvoir ressentir et partager le vécu émotionnel de l'autre. Qualité que l'on n'apprend pas (ou mal) à l'ENA. Les décisions sont tranchées au fil des impératifs sanitaires (admettons!) sans inscrire dans le bilan tous les dégâts socio relationnels provoqués. Celui qui envoyait papy-mamie manger le gâteau de Noël à la cuisine fait illustration de ce travers.

C'est l'expression de ce que Michel Foucault a appelé le « biopouvoir », c'est à dire un pouvoir de gestion de la vie, appliquant des procédures de normalisation intersubjectives. Présent partout et toujours, l’hygiénisme suit l’agent social et le contrôle soi-disant pour son bien, transite par des institutions et des individus, par des discours et des actes. Il incite à l’aveu, voire à la dénonciation, pour identifier le déviant aux contraintes imposées et le sanctionner implacablement. L'ordre hygiénique, pour ne pas paraître seulement coercitif, joue sur la promesse d'un "bien d'espérance": le vaccin! En lui conférant une diversité différentielle de merchandising.

Au-delà de Maslow, cette démarche appelle une dimension de type parent-enfant ou, dit en analyse transactionnelle, de type Parent critique (normatif)/Enfant soumis. Castex-Véran, le duo du second rebond, semble mobiliser cette relation qui tend à infantiliser le français moyen en lui racontant des sornettes (nous avons des millions de ….), ou celle de Parent cupabilisant/Enfant rebelle  (Il faut aller voir les services de réa, pauvres débiles!), ou en désignant des coupables (les labos). Peut-être faudrait-il envisager une communication responsabilisante Adulte/Adulte capable de satisfaire notre "soif de signes de reconnaissance" (E. Berne). Peut être faut-il aussi parler avec empathie aux adolescents qui vivent un période profondément a-normale (sans, sans, sans,…, sans retour positif), avec compassion aux anciens que l'on stigmatise et isole au marge de l'eugénisme.

En un mot, penser aux plaies que la crise est en train d'ouvrir dans l'inconscient  collectif.

Je ne suis pas spécialiste de ce domaine mais je lis, écoute et constate l'étendue des dégâts de cette impasse vis-à-vis de la dimension "psy" des individus et des sociétés.

En sautant, apparemment du coq au dromadaire, la même carence se manifeste dans l'opération  Liban ou du Mali. On ne parle que de djihad et de guerre aux terroristes. Certes! Mais là, en plus, il manque aussi des réponses aux besoins physiologiques des population. Lesdits islamistes (pas tous), utilisent l'aide alimentaire pour s'attacher les opinions locales. Et les représentants français gardent toujours majoritairement cette position de domination vis-à-vis les autorités "indigènes"** ce qui négativise fortement l'action se voulant pacificatrice. Pour Neven Mimica commissaire européen à la Coopération internationale et au Développement le dit bien "Nous agissons avec le souci constant de maximiser les revenus des différents acteurs de la filière, car c'est essentiel pour que les opérateurs économiques vivent de leur activité, investissent et créent de l'emploi." Compris?

Parfois, le soir, dans un moment de fatigue Castex m'apparait en saharienne et casque colonial maniant la badine pour faire marcher les testés positifs masqués, en rang.

"L’incertitude et l’angoisse furent les meilleurs barreaux des camps (de concentration)"***.

Maslow réveille-toi ils sont (re)devenus inhumains!!

* Jérôme Pellissier. Réflexions sur les philosophies de soins. Gérontologie et société. N° 118. 2006
** usant du fameux concept "d'homme capable" de P. Ricœur. Voir: Myriam Revault d'Allones.  L'art de dévoyer les concepts. L'esprit du macronisme. Seuil 2021.
*** Bruno Bettelheim. Le Cœur conscient. Robert Laffont 1972

 

25/01/2021

CON-PLOTS

J'en ai un peu marre de me faire opposer à tout bout de champ le "bouclier complotiste" chaque fois que mon interlocuteur est gêné, qu'il ne veut pas discuter, qu'il est à court d'argument. Alors, j'ai envie de m'essayer vraiment au complotisme "first quality".

Partons du pouvoir, du pouvoir avec un grand P. En systémique, le nœud gordien se situe au niveau de la variété des agents à diriger. La variété représente le nombre d'états différents que l'agent peut prendre. Si vous avez à piloter une vanne simple, la variété sera de 2 (ouverte, fermée). Si  vous avez à commander une société dans laquelle tous les individus pensent pareil (par exemple une abbaye cistercienne), vous jouez sur du velours puisque vous connaissez tous les comportements potentiels et donc il vous sera facile de les anticiper donc de les maitriser. A l'inverse plus il existe de dispersion (plus la variété est forte et différente chez les acteurs) plus la gouvernance s'avère compliquée voire impossible. Jusqu'à l'ingouvernable chaos! En matière d'action sociale, nous nous attaquons à des agents ayant, potentiellement, une très forte variété et les dirigeants s'inquiètent donc de la gouvernementalité* (Michel Foucault) du système, c'est-à-dire que le cumul des variétés individuelles reste compatible avec les capacités de l'organe régulateur (le gouvernement le cas échéant). 

Le jeu des dirigeants consiste donc à commencer par modeler les agents afin qu'ils pensent à peu près tous la même chose, ou varient peu par rapport à la norme (basse variété). Ceci va se faire via les AIE, Appareils Idéologiques d'État (Althusser) soit l'école, le parti, l'armée, la religion et les médias officiels  (imaginez la Corée du Nord) qui diffuseront une culture normalisée (mainstream). En tentant, parallèlement, de minimiser les parasites pouvant générer des déviances (formations différentes via une religion alternative, soit des organes diffusant une contre-culture, partis d'opposition, syndicats,…). Au delà de ce conditionnement (Chomsky) plus ou moins réussi, le pouvoir dispose de "réducteurs le libertés" (réducteur de variété) : le droit, la police, qui vont canaliser les actions dans des chemins normaux en pénalisant (excluant) les chemins déviants.

Jusque là rien de complotiste mais simplement un cours de systémique.

Dans une France (Monde) complètement déboussolée, dans lequel les appareils idéologiques et les régulateurs intermédiaires ne jouent plus leur rôle de standardisation des opinions, dans laquelle le brassage ethnique (donc culturel) devient important, la gouvernementalité* s'avère (très) problématique. Les gilets jaunes, les grèves, les déviances civiques, les attentats,… mettent à mal la gouvernance.

La tentation devient alors grande 1- de cantonner les agents dans des "lieux d'isolement" (confinement), d'empêcher l'instruction potentiellement déviante de se faire (fermeture des écoles et des universités), d'éviter les lieux de brassage d'opinions (fermeture cafés, églises, fêtes, manifestations sportives…) 2- d'édicter des règlements de contrôle (couvre-feu, limitation des déplacement, contrôle aux frontières,…), de réduire la voix des opposants à bas bruit,… La dialectique se situe entre l'autorité (légitime) et la coercition systémique (contestable).

Mais tout ce qui vient d'être décliné relève d'un régime politique fascisant dont on peut rêver mais qu'il serait prématuré de convoquer dans des pays se réclamant de démocratie (encore que…). Il faut donc trouver des subterfuges.cahot.jpeg

Premier subterfuge: l'argent. La liberté (dont vous savez maintenant qu'elle est synonyme de variété) se mesure à l'aune du revenu dont on dispose. Si votre compte en banque s'élève à plusieurs millions, voire milliards (j'en vois qui toussent!), vous êtes libres de voyager, de fréquenter les meilleurs restaurants sur les îles exotiques,… Donc de faire ce qui vous chante en échappant aux interdits officiels. La gouvernance doit donc priver au maximum les gens de revenus: supprimer les recettes des petits commerçants, des travailleurs précaires, de tous ceux qui ne relèvent pas de l'État (donc d'elle). Tout en agitant l'épouvantail d'une dette mortifère pour l'avenir… Avec un espoir, celui de supprimer l'argent liquide au profit de l'argent électronique pouvant à tout instant être contrôlé, bloqué, orienté,… et donc utilisé comme incitateur, révélateur ou dissuadeur de telle ou telle action.

Cette dérive digitale, passe certes par la monnaie, mais aussi par la lecture (e.books), l'enseignement (cours distanciels, plateformes éducatives, MOOC), les démarches administratives (dématérialisation), la correspondance (e.mail), la gestion des entreprises, la numérisation domestique (domotique)… ce qui tend à tracer l'activité des personnes et à les rendre fragiles au contrôle panoptique (Bentham).

Second subterfuge la santé. Quoi de plus précieux que la santé? Quoi de plus effrayant que la mort? Les "pilotes sans leviers" vont user (voire abuser) de cette arme mentale au travers de maladies, de pandémies, à grands renforts de statistiques anxiogènes et répétitives. Ils proposent de créer un passeport sanitaire déjà bien entamé par les différents fichages médicaux qui rendent le (supposé patient) catalogué au plus précis de ses qualités, défauts, maladies, tares,… Avec plus ou moins de franchise! On se rappelle des vaccinations stérilisantes administrées aux femmes indiennes (ou chinoises) sous couvert de préventions médicales.

Troisième subterfuge: la mobilité. Cette mobilité est consubstantielle à la liberté: si je suis contraint ici, je vais ailleurs, je fuis les prisons vers les havres de latitudes (sans jeu de mots!). Alors le pouvoir va limiter les déplacements. A l'intérieur, en confinant dans des zones plus ou moins larges, en exigeant des "laissez-passer" dument renseignés. A l'extérieur en rendant le changement de pays compliqué, voire dissuasif.

Quatrième subterfuge: le durcissement progressif de l'équation droit/répression. Le maniement de ces deux leviers de l'éradication de la déviance va dans le sens d'une "dédémocratisation" des lois et règlements pour évoluer vers un fonctionnement centralisé et une police de plus en plus interventionniste. Cette évolution se faisant de façon de plus en plus hard comme s'il existait un effet de cliquet dans l'escalade autoritaire….

Voilà un exercice que l'on peut qualifier aisément de complotiste !

Derrière chaque phrase vous imaginiez j'en suis sûr, la macronie castexisée confrontée à sa perte de gouvernementalité et le Covid, peut être le trumpisme avec le même virus.

On aurait pu aller plus loin en disant que ce montage a été initié par un "oubli" volontaire du virus à Wuhan. On pourrait affirmer que la lutte acharnée contre Raoult provient du fait qu'il préconisait un médicament alors que les dirigeants voulaient un vaccin qui génère des revenus renouvelés périodiquement donc permanents. Qu'il s'avérait déviant par rapport au discours officiel…. On pourrait broder sur la modification génétique apportée par le  Tozinaméran (DCI), nom de code BNT162b2, communément appelé le vaccin Pfizer–BioNTech, qui introduirait dans l'organisme un "système d'exploitation" qui nécessiterait une mise à jour (payante) à l'instar de Windows, ou IOS,… ou un abonnement temporalisé comme Word, ou pratiquement toutes les applications informatiques professionnelles. Avec un anti virus permanent cher…. 

Avec, ou bout du bout, des peuples assommés et ainsi assagis, maintenant capable d'observer une "social pax" permettant aux mêmes gouvernants de remettre les fers de l'exploitation des masses au pied des travailleurs, largement dépouillés, entre temps, d'un droit du travail solide au profit (sans jeu de mot) d'un droit soft "uberisé".

Alors vous pouvez rejeter tout cela d'un revers de main en méprisant le complotisme qui peut s'y trouver. Où bien trouver qu'il peut exister des propositions discutables (au sens de pouvant être débattues) dont l'expression est aujourd'hui permise par le biais des réseaux sociaux qui transgressent l'information "calibrée". Car le discours officiel, voire le discours scientifique**, hier maîtres de l'expression de la "vérité" révélée, ne fait plus référence et des angles de vue différents ou alternatifs se proposent à l'opinion. Lordon nomme cela "les paroles institutionnelles en ruines" sachant que ses ruines proviennent d'une autodestruction.

Un conseil: s'informer s'avère un travail sérieux et chronophage, mais c'est à ce prix que vous vous ferez une opinion fiable, argumentée et défendable. Étayez votre opinion à partir de points de vue différents, confrontez-la à plusieurs sources, variez les médias…. Tentez de sortir de votre bulle de filtres. C'est à ce prix que vous pourrez vous sentir à l'aise dans vos appréciations de la dynamique du monde . Comme le dit Julien Lecomte (Philosophie, Médias, et Société) il faut faire attention à éviter que le vocabulaire « théorie du complot » (comme le terme « fake news ») serve juste à discréditer les propos dissidents ! Il convient de faire la part des choses entre les critiques légitimes et la rhétorique fallacieuse.

* la capacité d’obtenir des résultats conformes à sa volonté, se confond avec la capacité de donner des ordres et de les voir exécutés conformément.
** l'un et l'autre ayant perdu la confiance de la population en voulant trop la manipuler, ou carrément lui mentir ne serait-ce par omission (occultation sélectives) .

22/12/2020

ABRÉACTION

Certes il y a le virus, le fameux corona qui nous harcèle par vagues successives. Mais nous continuons à vivre, heureusement! En allant promener mon chien, hier, j'ai rencontré par hasard mon ami Gus ex pilier de mêlée que ceux qui me suivent connaissent.

-Tiens Gus masqué! Que fais-tu à 500 mètres de ton domicile sans motif valable, du moins le crois-je?

- Holà, Reboussié il y a des lampadaires (c'est plus que des lustres!) que je ne t'aie croisé! Il faut dire que les points de rencontre se font rares en ces temps incertains où la promenade nous est prohibée. Dieu sait pourtant si l'envie de te voir me taraudait!

- N'en fais pas trop Gus…

- Si, si, je te jure! J'ai plusieurs incompréhensions quant à l'actualité économique que je voulait te soumettre, maître!

- Ne verrais-tu en moi qu'un vulgaire vulgarisateur des embûches économiques que tu rencontres?

- Mais non, mais non! Toutefois tes éclairages me sont bien utiles!

- Alors, allons-y gaiement!

- Eh bé, en premier, pourrais-tu m'indiquer la source miraculeuse qui permet à Le Maire d'arroser grave tous ceux qui le demandent (ou pas, d'ailleurs!). Il y a quelques mois le moindre euro public devait être extirpé aux forceps et aujourd'hui ça coule comme l'aramon une année faste.

- Je crois te l'avoir déjà dit, l'argent ce n'est rien, rien que la confiance que les gens accordent à un morceau de papier sur lequel une tronche est imprimée et qui facilite les échanges. Et se glisse facilement sous le matelas, le cas échéant. Ainsi le pouvoir est entre les mains de celui qui en possède la légitimité et qui décide d'imprimer, ou pas, lesdits morceaux de papier. En temps normal il exprime son pouvoir en te faisant trimer pour en gagner, toi le prolétaire, et, au contraire le distribue en largesses à ses amis puissants…

- D'où la lutte des classes! Ou des couleurs: gilets jaunes contre gilets tweed!

- Par exemple. Donc, actuellement, eu égard au Corona et aux perturbations produites, la Banque des Banques Européennes de la madame Lagarde fait tourner l'imprimante à fond la caisse…

- C'est la fameuse planche à billets

- Exact! Les banques sont donc gavées de liquidités et l'État également, plus le fait que les taux d'intérêt auxquels empruntent ces états sont négatifs, et donc qu'il ne coûte rien de s'endetter.

- Un jour il faudra que tu me dises comment on peut prêter, non seulement gratos, mais en plus en payant celui à qui tu prêtes!

- C'est un peu long mais je et le dirais. On déverse donc toutes ces liquidités dans l'économie (on appelle cela la monnaie hélicoptère) afin qu'elle ne s'effondre pas. Compris?

- Ok! Donc tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes confinés!

- Oui et non! Il s'agit de ce qu'on nomme une économie de guerre dans laquelle on fabrique de la monnaie pour pouvoir financer l'effort de ladite guerre d'une part et faire tourner à minima les entreprises et commerces. C'est le côté sauvetage indispensable des grandes crises militaires ou sanitaires. Sauf que comme l'économie réelle ne fonctionne pas, ces tonnes de fric vont majoritairement dans des bulles financières…

- Ah! C'est pour ça que la bourse monte.

- Entre autre. Mais aussi comme il n'existe aucun critère économique pour la distribution, on génère une foule d'entreprises zombies, c'est à dire qui sont dans le rouge comptablement, et qui vont exploser sitôt que la situation va redevenir "normale".

- En fait c'est comme une inondation. La flotte elle ne remplit pas que les bassins de rétentions, les piscines et les creux qui en aurait besoin. Elle s'insinue partout… et quand elle se retire il reste les dégâts…

- Mais dans le cas de la monnaie, comment va-t-elle se retirer?

- Tu mets le doigt sur un gros problème. Problème soulevé par la controverse Mendes France/Pleven après la seconde guerre mondiale. Le premier voulait "neutraliser" le trop plein, le second espérait que la croissance réelle et la croissance fictive (inflation) épongeraient ce surplus.

- Et qui a gagné?

- Pleven! Et la France s'est tapée trente ans d'inflation aux conséquences dont on pourrait discuter. En ce qui nous concerne le choix sera entre un petit reset et l'imposition.

- Qué za co le "riset"? Encore un terme crypté utilisé par l'élite pour enfumer les gueux?

- Si tu veux. Un reset ici c'est effacer une partie de la masse monétaire. Avec deux "aspirateurs" : d'abord par l'impôt et les taxes au motif de rembourser la dette puisque, malgré tout, les euros de Lagarde sont comptés comme prêts. Ensuite l'inflation, le cas échéant, même si je n'y crois pas trop.

- Bon je pige. Mais le grand "riset "alors?

- Ah là on touche l'international mon ami! Car il n'y a pas que nous qui avons abusé de l'hélicoptère. En Europe tous les pays sont allés à la fontaine magique de Lagarde et les E.U. ont multiplié leur masse monétaire, tiens-toi bien, par trois en sept ou huit mois. Alors le grand reset consiste en un accord général entre les grands pays pour effacer une partie des dettes souveraines, c'est à dire publiques. A pandémie mondiale reseat mondial!!Reset_Brain_Edward-Lewellen.png

- Comme ça? D'un coup de chiffon?

- Oui, ça c'est déjà produit dans l'histoire. Mais il faut un accord général et ça, ce n'est pas gagné!

- Les frugaux du Nord vont faire la gueule!

- Sans aucun doute, ils vont bloquer au maximum et exiger qu'au minimum une partie soit remboursée.

- En résumé, à cause de ces "pisse-froid", si je te suis on va se taper: des impôts, des faillites et des bulles qui vont éclater un peu partout…

- Tu as oublié "la contribution publique à la crise du corona" soit un prélèvement obligatoire sur notre épargne. A la grecque! Ainsi qu'une pression forte sur les salaires et le temps de travail.

- C'est toujours les mêmes qui sont appelés pour boucher les trous qu'ils n'ont pas creusés!

- Si on s'avérait plus positifs, on pourrait évoquer une meilleure redistribution qui prendrait beaucoup aux profiteurs de la crise pour les donner aux perdants.

- Robin des Bois 19! On rêve…

- Ou alors une redistribution vers les urgences écologistes sur lesquelles on a beaucoup parlé mais peu fait!

- Corona vert ! Et vers les urgences tout court, dont la carence a sauté aux yeux.

- Espérons cette prise de conscience et une inflexion de notre politique économique à la lumière de la gifle infligée aux néo libéraux arrogants d'avant 2020.

- Je ne suis pas du tout sûr de cette révision. Les dirigeants panurgiens, l'Europe brexisé par de frugaux soit disant partenaires, vont faire payer au peuple infantilisé par les oukases macronistes, aux quelques résistants jaunes passés au fil des matraques de Darmalin, les pots cassés d'une crise qui ne leur incombe pas.

- Ouah! Tu pourrais faire des éditoriaux dans la presse de gauche.

- Quelle gauche?? Ce fantôme à tête d'hydre, qui s'automutile allègrement sans accéder à l'abréaction* salutaire qui lui permettrait de réexister… très peu pour moi.

- ??? Mais où vas tu chercher tout cela, ô Gus mon ami?

- Le confinement a pour moi l'avantage de m'obliger à lire et à lire beaucoup. J'ai fini Michel Serres et j'en suis à Michel Onfray…

- Comme quoi "à chaque chose malheur est bon"!

- Lire c'est comme respirer, c'est nécessaire à l'individu. Nous avons autant besoin de bibliothèques que d'incubateurs mais sans que l'un obère l'autre….

- Gus tu es trop fort! Je rends les armes en te souhaitant bonnes fêtes et plein de bouquins sous le sapin.

- Merci ami Reboussié. Un livre agrandit l'âme, un ami éclaire le cœur!

 

* Dans le sens le plus général, l'abréaction désigne toute décharge émotionnelle qui permet à un sujet d'extérioriser un affect lié à un souvenir traumatique et, en conséquence, de se libérer de son poids pathogène