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23/06/2020

ORNIÈRES PROFONDES


Il est primordial que la croissance nous mène à un monde plus vert, plus intelligent et plus juste. Et c’est possible, affirme Kristalina Georgieva, directrice du Fonds monétaire international.
Emmanuel Macron parle de "nouveau chemin".
Les braves gens se disent "Ok, ils ont enfin compris! Ça va changer!". Eh bien, non, brave gens, le "great reset" comme on dit en occitan, ne changera pas grand' chose!
Le véhicule de l'économie internationale et par la même occasion française a été, certes, durement tsunamisé par la crise du Corona, comme il avait été frappé par celle de 2008. Il a donc, pendant un temps, dévié fortement de sa croissance dispendieuse d'énergie et de finances, tout en révélant de façon plus explicite les inégalités.
Mais l'inertie idéologique des néo-libéraux qui nous gouvernent s'avère imperméable au changement. Elle ploie mais ne rompt pas! Et le retour à l'ornière profonde de l'ancien chemin est en marche.  Par petites touches (encore que…) mais sûrement!
Premier signe: la constitution d'un groupe d'économistes internationaux qu'on nous annonce de haut vol. En fait sur vingt six cooptés, prix Nobel compris, vingt deux sortis  du même moule "mathématiques option économie modélisée style MIT, Chicago". Pas un, pas une, avec une pincée d'hétérodoxie. Nada! Même Esther Duflo, dernière prix Nobel français, pourtant franco-américaine ayant fréquenté les mêmes amphis des bords de Charles River, n'a pas réussi à séduire les censeurs-recruteurs de "La Commission d’experts sur les grands défis économiques"*. Sans  doute les termes de développement et inégalités, malencontreusement utilisés dans sa thèse ont-ils défrisé les modélisateurs de la croissance. D'autres citent son origine protestante qui aurait détoné au sein de ce cénacle judéo majoritaire. Nous ne sombrerons pas dans ces controverses de journaleux, mais il faut aller compulser les CV des membres sur https://www.elysee.fr/emmanuel-macron pour prendre conscience de la consanguinité d'habitus économique.
Même jeu, mais en plus visible: le fameux comité d'expert censé conseiller le président dans les choix médicaux imposés par la crise. Onze "amis" (pardon dix, car Raoult a démissionné illico sans être remplacé) afin de ne pas trop diverger des antiennes libérales appliquées depuis belle lurette et qui ont mis notre système de santé à genoux. Le piège qui a révélé l'impéritie de ces soi-disant experts se trouve dans l'exigence de célérité dans les choix et décisions en temps de pandémie. D'habitude, le temps gomme les erreurs, on a le temps de ciseler une communication récupératrice. Avec la Covid19 pas de délai… et donc plein de bourdes, allez-venu, de contradictions, de mensonges même. Quand on lit le livre du Pr Christian Perronne (Y a-t-il une erreur qu'ils n'ont pas commise ? : Covid-19 Albin Michel. 2020) on hallucine!

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Second signe, le bras de fer qui se remet en place avec les représentants sociaux, notamment les syndicats, avec les mêmes rengaines d'âge de la retraite, d'allongement de la durée du travail, de modération des salaires, de coût du travail obérant la compétitivité… Avec, en conséquence, la restriction des services publics afin d'en tirer une partie des ressources. Pas sur la santé, le boulet est passé bien trop près (encore que…). Pas la police car elle s'avère nécessaire au maintien d'un ordre de plus en plus secoué. Mais, sur les instances de contrôles, celles et ceux qui sont là pour protéger des abus, des escroqueries, des délits,… Vous aller voir leur décroissance brutale: il ne faut pas embêter la croissance avec des chicaneries de qualité ou de fraicheur. Les OGM? Ce n'est pas le moment de titiller les paysans qui sont déjà mal en point. La justice? Bon, on va simplifier les procédures, réduire les juridictions, supprimer des échelons... Le réchauffement? ça impacte le public. Donc on va noyer le poisson avec des conférences, des séminaires, des opérations façades,… L'école, l'université? Mais les cours à distance se sont avérés efficaces durant le confinement, pourquoi embaucher des profs quand on peut couvrir des dizaines (voire plus) d'élèves (étudiants) avec des cours diffusé gratos sur les plateformes (MOOC).
Troisième signe: l'usage des finances. Le robinet de la création monétaire ex nihilo s'est soudain ouvert en grand pour laisser couler des milliards destinés à amortir le choc pandémique. Manne qui eut pu servir à lancer des secteurs porteurs via des initiatives maitrisées par l'État! Or ledit État a utilisé ces milliards pour renflouer sans garantie de contre partie des grands groupes inexorablement condamnés, reflet d'une incohérence habituelle pour traiter les grandes mutations industrielles. Avec l'automobile je revois les errements des gouvernants au temps de la crise de l'acier. Tous les gens sensés savaient que ce dernier allait inexorablement disparaître des pays d'Europe de l'Ouest ou en orient. Toutefois on a fait croire aux pauvres métallos des vallées de la Meuse, de la Moselle, du Giers,… qu'on allait les sauver. Et est arrivé, ce qui devait arriver, ces vallées sont devenu des zones sinistrées peuplées de chômeurs déboussolés. Ceux qui prônaient un ambitieux plan de reconversion ont été bâillonnés. On nous dit que les États sont de mauvais gestionnaires. Alors que dire des managers privés français qui ont massacré l'industrie française sans être capable d'exploiter le potentiel de recherche et d'innovation qui a fuité à l'étranger? Il s'avère inutile de citer les nombreux savoir faire qui se trouvent en Chine, en Inde, aux USA,… alors qu'ils ont émergé dans l'hexagone? Le fameux plan macronien sur la voiture électrique s'avère au mieux une bêtise, au pire une escroquerie. L'Allemagne (dont on nous cite à l'envi les prouesses) parie dès maintenant à fond sur l'hydrogène…

En vérité Bercy laisse les métropoles gérer et financer le domaine industriel et commercial. Aucune vraie stratégie n'apparaît pour relocaliser, verdir, numériser,… selon un plan ambitieux et courageux. Le Président nous annonce “Il nous faut créer de nouveaux emplois en investissant dans notre indépendance technologique, numérique, industrielle et agricole par la recherche, la consolidation. Cette reconstruction doit aussi être sociale et solidaire”. Cet inventaire à la Prévert ne saurait montrer deux ou trois axes forts, des choix courageux, indispensables à un renouveau contraignant.
Courage le terme est posé. Nous manquons cruellement de dirigeants courageux qui acceptent de dire la vérité même lorsqu'elle fâche (il manque des masques, des tests,…) ou de reconnaître leurs erreurs même lorsqu'elles sont patentes. Nous avons une cour qui obtempère d'une part ou couvre d'autre part les errements du Prince. C'est pourquoi les complices du souverain, ses ministres, ses soldats, ses courtisans sont aussi dangereux et préjudiciables que lui, dit Cynthia Fleury**.  D'autre part, on trouve des syndicats arcboutés sur des positions de court terme (maintient en l'état des choses) qui n'inclinent pas à l'innovation, le cas échéant sociale. Et au milieu E. Macron a eu la bonne idée d'introduire la médiation de Madame Notat (négociation Segur) considérée conne traitresse majeure!
Les industriels et les forces productives sont toujours frileux aux changements profonds. Dans les années trente, "Plutôt Hitler que le Front Populaire" assumait  la confédération générale du patronat français (CGPF) approuvée par le mutisme des chefs d'entreprise français, et "la malveillance des méchants se renforça de la faiblesse des vertueux" (Churchill***).
Ainsi ceux qui sont au pouvoir gagnent du temps (entre autre!), invoquent l'ordre public pour mâter les récalcitrants ou desserrer l'urgence, parient sur le jeu d'un équilibre spontané (naturel) qui rétablirait les choses… à terme. Pour l'instant ils bénéficient de la largesse financière de la BCE.
Hélas tout cela se termine, en fin de compte, mal, par des guerres ou des génocides.
 
* Je n'ai trouvé nulle part l'indemnité de ces gens mais elle doit se situer au niveau de leur renom! Chère!
** Cynthia Fleury. La fin du courage. Fayard. 2010
*** Winston Churchill. Mémoire de guerre. 1919-1941.Tallandier. 2009.

23/05/2020

 LE MASQUE EUROPÉEN RÉUTILISABLE


Nous sommes déjà habitués à vivre dans un environnement d'individus masqués de bleu, blanc, fleurs et autre. Macron et Merkel, le fameux couple Merkon, nous offre maintenant un super masque européen!
L'emmanuel bronzé d'on ne sait où, et l'Angela fringuée dans les pastels, ont surgi dans les postes pour nous annoncer, fiers et contents, le sauvetage de l'Europe! 500 milliards les enfants! Prosternez-vous devant le couple, ersatz de l'Eurovision annulée, car pour vous les milliards ça en jette! La confiscation de la parole et de la vérité par le pouvoir continue son œuvre!
Sauf que 500 milliards représentent de l'ordre de 2% du PIB de UE. Une fois répartis au prorata des "poids" des divers pays*, la France "récupèrera" 20%, et la Slovénie 0,4%. Imaginez l'enthousiasme des slovènes pour voter cet amendement révolutionnaire! On assiste, en vérité, à un pas de plus vers l'éclatement de l'Union, déjà mise à mal par les stratégies différentes (voire concurrentes) appliquées à la crise sanitaire. Car, comme toujours, les crises servent à masquer les turpitudes des dirigeants. Ici elle s'appelle le rêve de prélever un impôt européen. Ou bien dissémination des risques dus aux erreurs de gestion. En effet, pour rembourser ces "prêts", car se sont des prêts consécutifs à des emprunts, il faudra que les pays crachent au bassinet à plus ou moins long terme. Et les pays, c'est… les contribuables! Avec une taxation plus ou moins juste, c'est à dire affectant progressivement les riches… ou pas! Ou bien, la vente de parties du patrimoine national : aéroports, ports,…

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Le couple franco-allemand fait (sciemment ou non) comme s'il s'agissait, comme d'hab, d'une crise conjoncturelle. Or, nous sommes en présence d'une crise structurelle (dis, Marx, pourquoi tu tousses?). Et il paraît plus que lucide de se rappeler la prophétie de Galbraith "l'existence d'une menace extérieure à laquelle il est ajouté foi est, par conséquent, essentielle à la cohésion sociale aussi bien qu'à l'acceptation d'une autorité politique. La menace doit être vraisemblable, son ampleur doit être en rapport avec la complexité de la société menacée, et elle doit apparaître pour le moins, comme pesant sur la société toute entière"**
Profitons de ce quiproquo voulu pour esquisser ce que tout le monde évoque sans trop d'arguments, d'engagements. Selon moi il existe trois scénari (concernant la France):
1 le rasfistolage: Ni l’industrie financière ni le monde politique n’ont réellement pris la mesure des dégâts engendrés par le confinement. Seul un quarteron de financiers ultra nantis reste aux manettes.  Le pouvoir en place tentera donc de se sauver en "distribuant des bonbons pour calmer la toux". Soit d'abord en distribuant des subventions au gré de ses appuis et de ceux qui hurleront le plus (tousseront le plus rauque), en disposant d'un rapport de force significatif. La création de monnaie s'avère un analgésique facile pour calmer les douleurs. Tôt ou tard arrive cette "impérieuse nécessité"… généralement une "guerre"… ou une menace qui, brusquement, enlève toute précaution pour user de ce pis aller (cf  R. von Haventstein). Mais on ne soigne pas le mal. On mettra ensuite des rustines sur les services publics qui ont exposé au grand jour leurs carences (santé avant tout). Enfin en verdissant légèrement (greenwashing)  l'action gouvernementale et en transférant massivement la responsabilité écologique à d'autres (Europe, organismes internationaux,…). Les ours polaire attendront!
Avantages: peu de traumatisme idéologique (distribution politique relativement stable) et social. Conformité à la doxa néolibérale mondiale. Maintient dans une U.E. bringuebalante. Perpétuation du soutien agressif, direct, cynique au capital.
Inconvénients: fort chômage touchant toutes les catégories mais, en premier lieu, les qualifications obsolètes ou banales, modifications conséquentes dans la vie quotidienne (forte inflation 10 à 15%, accentuant les inégalités), risques de mouvements sociaux d'ampleur. Globalement, dans la foire d'empoigne générée, les plus forts, plus rusés, plus nantis,… tirent leur épingle du jeu (temporairement). Paupérisation accélérée des  autres catégories dont on exige (le cas échéant par la répression)  des sacrifices (directs ou indirects).
2 le réformisme: une action spontanée ou provoquée s'attaquera aux structures de production mais en laissant "la crise faire son œuvre", c'est-à-dire en laissant mourir un grand nombre d'entreprises (petites et zombies***) pour assainir le tissus de l'économie privée. Certaines seront maintenues par intégration de capitaux publics (nationalisations ou pas). Le secteur sanitaire sera remis à niveau par un financement mixte. On procédera ainsi à un décrassage de la société utile pour la rentabilité du capitalisme.
Avantages: purge et replâtrage du système actuel en tentant de le rendre à nouveau compétitif selon les nouvelles donnes internationales. Désengagement européen permettant une capacité manœuvrière améliorée..
Inconvénients: chômage massif comme précédemment, inflation par les prix et importée, fiscalité modifiée quantitativement et qualitativement. Secteurs sacrifiés (culture, commerce de moyenne importance). Perte de potentiel industriel (les entreprises rachetées à bas prix par des groupes extérieurs alors quelles se trouvent boursièrement dévaluées).  Risque important d'affrontements sociaux.
 
3 la planification: dans cette hypothèse, un débat franc de grande ampleur construirait un plan économique, écologique et social à cinq ans (glissant) imposant un chemin de transition explicite. Des choix drastiques devraient être faits dans le court et moyen terme. Les financements publics (État) et privés (banques) seraient assujettis à ce cadre souple de cohérence évolutive.
Avantage: Meilleure lecture sociale, cohérence dans les décisions, consensus exigé, efficience sociale et économique des investissements. Choix d'avenir dans les modes de production. Amélioration des services au public (communs). Intégration raisonnée d'un volet écologique.
Inconvénients: contradiction avec le système industrio-financier mondial, changements de mode de vie assez marqués (selon rythme choisi de transition), modification soudaine des habitus idéologiques, exigence de gouvernants pugnaces.
 
Voilà mes pistes de réflexion. Je n'en vois pas d'autres car conformément au matérialisme historique ce n'est pas l'évolution des idées qui fait évoluer la société (Montesquieu), mais l'évolution des rapports de production (Marx). La crise actuelle, sanitaire avant d'être économique, a surpris le capitalisme mondialisé et créé une fenêtre de transition des structures productives en révélant clairement l'incohérence et l'inefficacité  de l'usage du capital dans le modèle actuel. En révélant l'impudence des gouvernances afférentes à biaiser en leur faveur les appareils idéologiques (L. Althusser): école, université, médias,… et d'oppression (M. Foucault). Or "Si le management étatique, confronté à la crise échoue, il régresse en deçà des ambitions programmatiques qu'il a fait, lui-même, valoir et, comme punition, il en résulte une soustraction de légitimation. Et spécifiquement un déficit de légitimation signifie que l'État avec les seuls moyens administratifs ne peut conserver et/ou créer des structures normatives efficaces qui suffisent aux fins de la légitimation" (Habermas)****. Le pouvoir macronien, promoteur d'un management transidéologique ayant fait naître plus ou moins des ambitions de gestion équilibrées socialement et efficaces économiquement, se décrédibilise tous les jours dans l'imprévision et l'incohérence de son pilotage de crise. Il s'avère donc fragile et inapte à survivre à un assaut de forces légitimes. Il en est de même pour le pouvoir européen incapable d'assurer la solidarité promise et autorisant sa légitimation. Est-il renversable?
Certainement si la proposition consiste en une politique économique visant les besoins sociaux et l’équilibre écologique, fondée sur des critères non monétaires et extra-économiques. Cette synthèse dialectique (André Gorz, Elmar Altvater, James O’Connor, Joel Kovel, John Bellamy Foster,…) paraît, à première vue, utopique. Mais, "si l’establishment semble si solide en dépit des circonstances, et si le mouvement contestataire est à ce point paralysé, c’est que nulle part ne se présente de projet alternatif radical. Seule une alternative globale, brisant cette résignation et cette capitulation pourra donner au mouvement d’émancipation une réelle envergure" D. Singer, À qui appartient l’avenir ? Pour une utopie réaliste, Complexe, Bruxelles, 2004.
La question qui se pose maintenant est celle ci: est-ce que le réaménagement politique qui a fonctionné jusqu’à présent peut encore servir avec les deux crises, la  financière et la sanitaire, en cours?  Est ce que cet aménagement va suffire à faire tenir les 90% de salariés tranquilles face à la paupérisation? (Blog de Brunobretez)
En d'autres termes, si rien ne se dessine dans ce rapport de forces potentiel, comptons sur la réactivité dudit capitalisme pour phagocyter, en sa faveur, le changement qui s'impose.
 
Espérons pourtant, pour nos descendants, une autre destinée que celle des ehpads industriels, commerciaux et sociaux qui devenait notre promis.
 
* Toute autre dispatching donnerait lieu à des polémiques sans fin. Plus l'arrêt du 5 mai 2020 de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe qui a posé le principe de la primauté du droit allemand sur le droit européen. L'accord Macron-Merkel peut donc être effacé au nom dudit arrêt.
** Jonh K. Galbraith. La paix indésirable? Rapport sur l'utilité des guerres. Calmann-Levy. 1968
*** une entreprise zombie est une entreprise non rentable, à tel point qu’elle est incapable de payer ne serait-ce que les intérêts sur sa dette à partir des résultats générés par son activité.
**** Jürgen Habermas. Droit et démocratie. Entre faits et normes. Collection NRF Essais, Gallimard
 

23/04/2020

ÉCLAIRAGE RÉTROSPECTIF

 
J'ai beaucoup de mal à m'exprimer en ces temps de pandémie!
En premier lieu par décence, ne voulant pas me mettre en exergue de façon opportune. Par modération aussi ne voulant pas exprimer toute mon aigreur historique.
Pourtant voilà bientôt cinquante ans que je tente d'exister dans la "tribu" des économistes hétérodoxes, sous le mépris des orthodoxes dispensateurs de la doxa libérale, voire néo-libérale. Déjà en 1973, dans une thèse qui possédait toutes les insuffisances liées à l'exercice, j'introduisais le concept de croissance contingente, soit un développement économique enchâssé dialectiquement dans la société environnante. Ensuite et de façon constante, appuyé sur la méthode systémique, je suis resté fidèle à cette vision Politique de l'économie, politique avec un grand P, c'est-à-dire qu'il est faux de faire de ladite économie une science endogène n'ayant d'autre régulation que le marché. Les choix économiques sont (doivent être) les produits de la décision politique car ils modèlent la matérialité du futur et donc, à ce titre, doivent se prendre à l'aune d'une projection assumée de ce futur. Assumée par qui, comment, en fonction de quel horizon?... si cela ne relève pas de la Politique nous livrons notre avenir au hasard ou à l'emprise de groupes d'une puissance supérieure notoire (fascisme) ou insidieuse (technologie, finance). A ce stade seul l'outil plan permet de faire partager les choix d'avenir et les chemins qui peuvent y conduire et de la qualité de cet outil dépend la conduite démocratique des affaires. La France possédait dans les années 1966-1970 un outil planificateur que le monde entier prenait pour la référence. Un plan qui s'intitulait "de développement économique et social" et qui se réputait "indicatif" pour faire pièce aux contempteurs l'assimilant au Gossplan. Hélas les libéraux (notamment Giscard) n'eurent de cesse que de le massacrer jusqu'à l'éradiquer.
Nous vivons, révélés par une pandémie mondiale brutale, les avatars de cette hérésie. Je ne dis pas que nous posséderions instantanément les ingrédients permettant de juguler cette crise, je dis qu'au moins, nous serions tous comptable de notre situation par le biais des choix que nous aurions sciemment faits et consignés dans le plan. En lieu et place nous avons progressivement laissé les marchés (de marchandises et de capitaux) se désenchâsser de la société pour vivre leur propre logique. Les Cassandre du Club de Rome furent raillées et largement occultées. L'exigence écologique qu'elles soulevaient en premier fut transformée en film de science fiction halluciné.
Cette folie libérale auto satisfaite ne pouvait tenir dans la durée. Si ne corona ne l'avait pas fait, le réchauffement climatique ou autre avatar "naturel" s'en serait chargé.
Ainsi, comme beaucoup de communs sociétaux, la santé a subi les fourches caudines de la broyeuse de l'économie faite de budgets et de coûts.
J'ai participé à des jurys de thèse, en économie de la santé, où il se disait doctement qu'il s'avérait non rentable d'opérer de tel cancer des personnes de tel âge, que tel médicament coûteux devait être réservé à tel type de patients,.. Cyniquement sous contrôle du marché-roi!
Voilà, je n'en dirai pas plus!
Je vous livre simplement un extrait du rapport de 2003 du Pr Raoult (consultable sur le web)* qui éclaire bien des choses:
 
"Notre préparation  face à  ces  événements chaotiques (pandémies)  est  faible; ceci  pour plusieurs  raisons. Tout  d’abord,  parce que  l’époque  ne prête  pas  à la  prévision d’événements  catastrophistes  (Cassandre est  toujours  ridicule !).  Les  besoins sociaux  relayés par la presse sont des besoins immédiats ; ils répondent à des peurs spontanées qui  sont rapidement  chassées  par d’autres  peurs  ou inquiétudes.  Dans  ces conditions,  mettre  en place  un  système qui  permette  d’éviter les  conséquences  dramatiques d’événements  improbables et  à  long terme  est  extrêmement difficile.  Il  est même vraisemblable  que  cela soulèverait  dans  la presse  des  commentaires extrêmement négatifs dénonçant le catastrophisme, la paranoïa, voire le gaspillage. Pourtant, le coût des  réactions  en urgence  est  bien supérieur  à  celui de  la  prévention. ..
La  même situation  peut  être observée  au  niveau des  vaccinations.  Le nombre  d’opérateurs  susceptibles de  créer  des vaccins  est  devenu actuellement extrêmement  faible. Il  est vraisemblable  que  nous allons  bientôt  arriver au  paradoxe  que la  Science  proposera des  stratégies  vaccinales thérapeutiques  originales  qui  ne pourront  pas  être commercialisées  faute  d’opérateurs
L’Etat  aura donc  un  rôle considérable  à  l’avenir car  le marché est en train de se désengager de la bataille contre les maladies infectieuses"
Tout est dit! 

Photo le 16-04-2020 à 18.02.jpg
Deux hypothèses pour l'après: soit les gens vont oublier rapidement et ILS vont colmater les brèches, placer quelques rustines, noyer le poisson et continuer comme ILS ont fait en 2008. Peut être en mettant un coup de greenwashing pour faire neuf. Soit la pression publique va exiger des changements profonds. En a-t-elle envie, en a-t-elle le pouvoir, en a-t-elle les leaders nécessaires?
Qui vivra verra!
 
*http://www2.cnrs.fr/sites/thema/fichier/bioterrorisme03.pdf?base=952&campaignId=22582&segmentId=22957&shootId=22121