compteurs visiteurs gratuits

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

07/08/2011

LA FIN DES DINOSAURES OVALES

Albert Ferrasse n’a pas été, pendant longtemps, le copain des biterrois. On l’accusait d’agenisme prononcé, comme on avait accusé Roger Leroux de tendance parisianiste (Racing Club de France) avancé. Peut être à raison, peut être à tort. Personnellement j’ai eu à pâtir de son alliance avec Georges Frêche (belle paire de césars!) pour «éradiquer» le MUC, illicitement. Je ne lui en veux pas vraiment ne serait-ce que parce qu’il avait mérité son surnom de «Bébert la godasse» quand il jouait au SUA. Rendons donc un dernier hommage appuyé à ce dinosaure du rugby mondial.bebert.jpg


Dinosaure d’abord quant à l’allure d’ancien seconde ligne old fashion, dévoreur de foie gras et de ris de veau sauce financière, amateur de whiskies, défi vivant au cholestérol, joueur de belote addict… Cet homme de presque quatre vingt quinze ans, avait inauguré le qualificatif de «gros pardessus», à cause des lourds vêtements dont s’emmitouflaient les hauts dirigeant du rugby de cette époque. Il était passé du béret à la casquette scottish vintage sans renier ses origines gasconnes. Il se référait à cet avis de Denis Tillinac «Je concède aux Flamands ou aux Lorrains le droit de jouer au rugby; on s'y risque même en Allemagne. Je préfère voir valser les "gonfles" là où elles poussent toutes seules, autour des bastides ocre et rose. Question d'harmonie. (Rugby Blues p. 43)». Le cigare gros calibre vissé aux lèvres tirées d’un sourire permanent qui masquait des colères volcaniques, il incarnait l’image expressive de ce que l’on traite aujourd’hui ironiquement de «rugby cassoulet». Le rugby dont la troisième mi temps était partie incontournable et faisaient légendes. Au point, parfois, de se retrouver dans le canal* ! Un sport civilisateur comme disait l’ethnologue. Une race en voie d’extinction, comme les dinosaures. Sauf qu’il s’agissait d’un rugby amateur parfois jusqu’à l’excès (les mutations «bénéficiaient» de licences rouges), d’un sport humaniste qui imposait les joueurs de couleurs (Bourgarel, Blanco) aux sudafs pratiquant encore l’apartheid, qui les menaçait de boycott pour leur pratique surannée. Un président capable de créer des instances d’assistance pour les blessés ou nécessiteux de l’ovale. Un président qui, un jour fit un don financier astronomique (il ne désirait pas qu’on en communique le montant) au club d’Agen, sur ses propres deniers. Un président orphelin d’enfant mais qui s’en trouvait dans les équipes de France. Fouroux, notamment, qui fut son préféré et son meilleur ennemi après sa «trahison». Car l’homme ne supportait pas qu’on «le manque» comme il disait. Il resta fâché dix ans avec son ami-partenaire Guy Basquet pour un obscur prétexte. Il se fâcha aussi avec les «rosbifs» pour leur montrer que les français n’étaient pas que des «faire valoir» d’oxfordiens soit disant flair play !

Avec Bébert se ferme un chapitre de l’histoire du ballon ovale. Peut être même s’agit-il de la fin de cette histoire. Un autre livre contera les péripéties d’un spectacle sponsorisé, médiatisé, body buildé. Nourri d’adjuvants de forme. A l’époque de Ferrasse on prenait ces choses à la rigolade. Amédée Doménech (le Duc) s’esclaffait «Le doping ? Vous plaisantez mon bon monsieur! Je n'y toucherai jamais. C'est comme une maîtresse, après, on ne peut plus s'en passer…». Gustou suçait du Guronsan en guise d’amphétamines. Aujourd’hui, hasard du calendrier, on écarte un joueur de l’équipe nationale au prétexte… qu’il est trop naïf**.  De Villiers invoque des usages festifs, Goze parle de «cas isolés», Camou «de problèmes administratifs et non de substance». Avec des accents de Tour de France. J’exagère ? Bof, à peine ! Rappelez-vous, à l’époque, Malléjac et Charly Gaul ne parlaient que de dopette sans grandes conséquences. Puis il y eut des morts… Les cadences infernales, les chocs de plus en plus violents, l’exigence de performances, c’est cela mon bon monsieur qui fait l’actualité du rugby. Nous allons vérifier lors de la Coupe du Monde (inventée par Bébert !) cette dérive inéluctable. Pour moi, le rugby idéal serait: le physique polynésien (sans les tatouages), l'éducation britannique, les fondamentaux appris à l'école, une formation protégée des prédateurs, une musculature forgée aux travaux des champs, un calendrier qui permet la récupération, des matches où il est d'abord question de jeu et de victoires... des troisièmes mi temps festives et solidaires où Gargantua s’invite.

Le rugby de Tonton Ferrasse quoi !


* Ferrasse avait basculé en voiture dans le canal latéral à Agen, un soir de 2004
** Huget « défausse infantile » d’un problème plus profond ?

18/07/2011

VOIR ET COMPLIMENTER…

Je vous l’avais bien dit ! Cette campagne présidentielle va s’avérer gratinée. Tout est bon pour tenter de rabaisser l’autre, tant on a soi même peu à dire !

Dernier motif : le 14 juillet. Et que je te stigmatise les défilés militaires pour les uns, et que je te flingue l’Eva comme une viking à sa descente de drakkar pour l’autre, et allons donc !
Pour moi, qui ne suis pas un va-t-en guerre forcené, le 14 juillet c’était le jour commémoratif d’une révolution qui avait fait de la France le phare du Monde. Un matin d’été qui permettait d’écouter à la TSF - sans être traité de facho - Sambre et Meuse, Le rêve passe, En passant par la Lorraine, La Madelon et Tiens, voilà du boudin ! Qui permettait d’admirer, quand on eut la télé, les casoards de St Cyr, les tricornes de l’X, les barbes de la légion et les chevaux fringants de la Garde Républicaine, les trainées tricolores des jets temporairement inoffensifs. Tout cela permettait de « voir et complimenter l’armée française ! »*, gais et contents, le rosé aidant, en attendant le baletti de quartier qui clôturait agréablement la journée. Un tout quoi, un tout sympa dans lequel La Révolution, les soldats de l’An II, les trônes roulant comme des feuilles mortes se dispersant au vent, ceux qui allaient, fiers, joyeux, et soufflant dans des cuivres, ainsi que des démons, tout cela bruissait en toile de fond identitaire, à la fois présent et estompé.
A midi on regardait la garden party où le Président style IVème accueillait pèle mêle dans une joyeuse cohue les paysans, les riches, les enfants orphelins, les méritants,… Faux culs qui ont supprimé ce moment populaire, ce brassage républicain, au prétexte du coût en temps de crise ! Quand on sait que le Président actuel s’est tapé seize plombes de Sarkozy one (plus l’escadrille d’accompagnement) pour aller durant trois heures se faire flasher à Kaboul ! Quand on évalue pour la Lybie : Porte-avion Charles de Gaulle: 50 000 euros/heure, Rafale: 13 000 euros/heure, Mirage: 11 000 euros/heure, Missile tomahawk: 650 000 euros/unité, Missile scalp: 770 000 euros/l’un, Missile AASM: 250 000 euros/chacun … faut pas avoir honte !
Alors aujourd’hui, quand j’entends Fillon et autres commis d’office, s’érigNuls 1.jpger en champions de l’identité nationale, j’ai mal au cœur. L’identité ça se pratique ! Cela commence par faire respecter la date ! Interdire que quasiment toutes les grandes surfaces ouvrent et fassent surenchère de promos. Cette amodiation du travail le dimanche et jours de fête, accordée par la droite libérale, sonne la mort du rythme hebdomadaire, venu du fond du monde judéo-chrétien, comme la destruction d’un rempart de plus, travaillant à la « sortie de la culture »** et contribuant au détricotage de valeurs au profit du marché roi ! Cela continu en évitant d’inviter à ces honneurs républicaines des dictateurs que l’on combat l’année suivante, comme autant de taches indélébiles maculant la flamme qui s’agite sous l’Arc, pour quelques dollars de plus !
Défendre des valeurs qu’ils disent ! Quelles valeurs fondamentales défend-on en Afghanistan, en Lybie ?? Des valeurs qui sentent l’essence et le pavot ! Mourir en 2011 pour Kandahar (Afghanistan) contre les Talibans c’est à peu près aussi dérisoire que de mourir en 1918 à Bosra (Syrie) contre les Druzes (comme mon oncle). Morts sans finalité supérieure, sans gloire, sans panache. Des sacrifiés pour des postures internationales, dans l'incompréhension des foules, au mépris des obligations parlementaires. Victimes de l'inutile vanité de ceux qui croient devoir régir le monde, juchés sur leur estrade en contre plaqué. Fermez le ban !


Alors de grâce, pas de leçon de morale, pas de trémolos larmoyants prenant l’histoire à témoin ! L’Histoire c’est aussi une source intarissable de mensonges interprétables, comme disait mon collègue et ami R. Malafosse en débutant son cours.

* chanson « En revenant de la Revue » du célèbre chansonnier Paulus, 1886. Pour ceux qui auraient un trou de mémoire je vous recommande le site http://www.dutempsdescerisesauxfeuillesmortes.net/50_chansons/50_chansons_00a.htm
** P. PIGNARRE, I. STENGERS, La sorcellerie capitaliste. Pratiques de désenvoûtement, La Découverte.

30/06/2011

LES MÉPRISANTS

Le coup d’envoi médiatique de la campagne présidentielle a été donné selon moi par l’émission « Des paroles et des actes ». Malgré tout il faut saluer la 2 d’être (avec la 5) la seule à monter ce type d’émission. Malgré tout, car avec ce premier numéro de la série on a touché le fond. Que se soit clair, je ne suis pas plus fan du FN que de DSK. J’essaie seulement de lire le monde à ma façon.


L’autre soir donc, on a touché le fond du journalisme. Pujadas s’est avéré bien pire que Chabot ce qui n’est pas rien ! Incapable de diriger quoique ce soit. Arlette était une journaliste orientée. Pujadas n’est qu’un diseur de nouvelle, sans aucune qualité de débatteur, sans l’ombre d’une étincelle d’intelligence autonome ! Un archétype de ce que ne devrait pas être un vrai homme de communication. Passons, on ne pouvait attendre grand chose d’un individu qui a montré à plusieurs reprises son allégeance béate aux puissants et son inconsistance éditoriale.


Mais au delà, l’équipe de « journalistes » mobilisée pour débattre (du moins le croyait-on) avec la Marine m’a consterné. Un ramassis de valets et de procureurs au service de je ne sais quelle idéologie détentrice de SA vérité. Bon, Marine n’est pas une icône de netteté, un parangon de vertu communicationnelle, un modèle de déontologie humaniste. Mais si elle a le droit de se présenter à une élection majeure, si son parti a été capable de dépasser en voix le parti socialiste, alors elle mérite démocratiquement un traitement démocratique sans qu’on lui vomisse dessus, sans qu’on lui rétorque de façon haineuse, sans qu’on utilise à son égard un mépris hautain. Un soi disant économiste pontifiant (F. Lenglet, Maîtrises de lettres modernes et philosophie) qui martèle un parti pris libéral européen que plus orienté tu meurs, usant de graphiques indignes d’un BTS moyen, un Namias convaincant comme un avocat commis d’office, les duettistes Joffrin et Fourest procureurs à charge arcboutés sur leur certitudes des cercles parisiens rien, mais alors rien, qui puisse permettre de décortiquer et analyser les positions frontistes. Mepris.jpg
Car c’est bien là que le bât blesse ! Ce que dit cette dame, une fois débarrassé des outrances de son père, paraît au téléspectateur lambda parfaitement crédible. Aussi crédible que les banalités de Lenglet sur l’euro, les fausses vérités sur la dévaluation de Joffrin, les allusions moralisantes de Fourest. Parce que des économistes (des vrais !) attestent de la potentialité de la chose (Marine a brandi leurs ouvrages au nez des méprisants). Parce que c’est simple, parce que c’est ce qu’ils vivent tous les jours, au coin de leur chômage, de leur précarité, de la hausse du gaz, des loyers, de l’essence pour leur tire de quinze ans d’âge, du prix des fournitures pour le petit dont la classe vient d’être sucrée, des dents qu’ils ne peuvent pas se faire soigner, des médocs qui sont de moins en moins remboursés et de plus en plus dangereux,… Parce qu’ils prennent des PV, flashés en douce pour quelques km/h illicites, qu’ils se font sucrer le permis pour un jaune de trop, celui qui reste encore le seul plaisir qu’ils peuvent se permettre,…
Alors quand vient la Duflot verte qui jette ses idées à la mitraillette, qui parle d’un monde que les smicards n’ont pas le temps de connaître, qui parle d’un effort prioritaire mais qui hélas s’avère à coût ciblé et à avantage diffus comme on dit sur le marché politique, ça n’accroche pas vraiment les foules. Avant de sortir du nucléaire il faut sortir du chômage. Avant de manger bio, il faut bouffer. Avant de s’intéresser à l’éolienne il faut mettre du carburant dans la meule pour aller chercher du boulot. Le développement durable pourquoi pas, mais encore faut-il arriver à la fin du mois !


Alors quand on leur raconte, aux quidams, du haut du piédestal que l’euro c’est super, que la mondialisation itou, et que sans cela on serait plus mal, ils s’enragent, ils s’indignent. Car plus pire ils ne peuvent pas imaginer ! Ils sont déjà à zéro, comment c’est, dis monsieur, le négatif ? Alors ils vont voter pour cette dame qui semble voir leur désespérance, ou du moins qui en parle directement, la seule ou presque avec ce qu’ils appellent la gauche extrême. Parce que la gauche extrême ça fout toujours un peu la trouille, on nous l’a tellement répété ! Ils vont voter pour elle de plus en plus nombreux comme partout en Europe, comme dans tous les pays où l’immigration sert de bouc émissaire pour masquer l’incurie des experts qui continuent à nous bassiner comme si de rien n’était, comme s’il fallait continuer à ne pas voir les banques qui se gavent, les grands patrons qui se stockoptionnent à millions, les financiers qui magouillent à milliards. Comme s’il fallait éviter de voir et de dire que « l’alternative socialiste » ne sera qu’un aspartam, un édulcorant fadas, goût ibère ou goût hellène, au choix. Et les porteurs de paroles qui se croient forts en traitant la dame de demeurée, qui sont sourds au malheur de milliers de gens qui s’enfoncent dans une désespérance le plus souvent  digne, qui s’offusquent que l’on parle crument des choses crues, qui ont une peur bleue que l’on prélève un grain de leur caviar quotidien deviennent, sans le savoir, les meilleurs agents d’une révolte qui prend forme. Mais ils s’en foutent un peu car leur souplesse d’échine leur permettra demain de se mettre au service de ceux qui pourront leur servir la soupe.
Alors, les électeurs qui ont déjà fait perdre Jospin vont zapper ces débats, ces pujadasseries insanes, s’ancrer un peu plus dans leur volonté de manifester leur ras le bol. Et ils seront 17 à 20 pour cents en 2012, inexorablement !

Illustration :  Mépris. Jean Walraevens dit " Waljé "http://www.lepeintrewalje.be/Encres.htm