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04/04/2011

IL ÉTAIT UNE FOIS… 2012

Il était une fois… Raconter des histoires, de belles histoires comme les aiment les enfants juste avant de s’endormir dans les foyers douillets des maisons bourgeoises, aux foules en mal d’imaginaire sociétal, a été le nouvel eldorado des gens de communication. Sauf que les enfants sont assez raisonnables pour ne pas confondre les fées avec les institutrices et les châteaux avec des HLM, les bouts de papiers (ou de mails !) avec de vrais dollars !
Le monde politique et le monde économique, (le mundillo argentier comme dirait Pierre Traimond*) ont pourtant usé de la tentation des contes pour séduire les acteurs. Tels les frangins Grimm, les banquiers Lehman frères ont raconté des sornettes à des millions d’américains subprimés. Le magicien Madoff a narré un récit merveilleux à des gogos nantis. Et la BNP, le Crédit Agricole, et Bernard Tapie… aussi ! Staline, Mao, Adolph, Franco, Pinochet,… hier, Obama, Poutine,… aujourd’hui, l’ont pratiqué en posture de chefs d’État. Au point qu’une race de « spécialistes » est née pour s’affirmer experts en racontage d’histoire, les spin doctors, les conseillers en image. Séguéla est le plus connu chez nous mais Chuck de Caro, Axelrold, sont des vedettes mondiales, le premier comme conseiller de l’OTAN, le second d’Obama. Ils ont même inventé une discipline florissante le storytelling**, la machine à inventer de jolies histoires et à les bien raconter aux foules subjuguées. Il faut générer un sens à ce qui n’en a pas vraiment. Il faut fabriquer des saga belles mais fausses, qui occuperont les médias, qui donneront à l’individu-produit un contenu positif, un contenu qui l’identifiera et fera qu’il ne restera plus de place pour l’autre contenu, plus ou moins moche et inavouable.   Sauf que…
Sauf que les foules qui s’abreuvaient à la source unique des mass medias manipulés par lesdits spin doctors ont massivement migré vers l’information « ouverte » d’internet et échangé via le web2 (Facebook, Twitter, et cie). Résultat, aujourd’hui les « auditeurs captifs » de sont mués en clients exigeants qui analysent les faits derrières les mots. Si tu me dis pouvoir d’achat, je veux du pouvoir d’achat. Si tu me dis emploi, je veux un boulot,… Les jeunes du maghreb et du machrek témoignent du caractère révolutionnaire de cette nouvelle donne communicationnelle. Hélas, les banquiers et les politiques n’ont pas encore intégré que l’ère des promesses qui n’engagent que ceux qui y croient est révolue. Ils se raccrochent aux certitudes qu’affichent les spécialistes de la com conscients sans l’avouer qu’il s’agit du chant du  cygne.
Prenons un exemple au hasard. Sarkozy a été bien vendu, il a fait une campagne exemplaire, promettant tout ce que les enfants, pardon les électeurs, voulaient ou désiraient. Du bon marketing de commercial et un bon vendeur, ce n’est pas du tout péjoratif. Un bon marketing viral relayé par les antifonctionnaires viscéraux. Mais à l’usage le fabricant de quotidienneté ne livre pas le quart de la moitié des promesses commerciales. Alors, même s’il y a des circonstances atténuantes (la crise), des contraintes (l’Europe), des «dérivatifs» (Gquelque chose, guerres éloignées), le quidam veut qu’on lui serve son « du ». Les histoires glissent maintenant sur lui comme pluie sur les plumes du canard sauvage (celui qu’il ne faut pas confondre avec l’enfant du Bon Dieu, Jésus ou Mahomet).janus.JPG
En fait, le système de la présidentielle, appelle un personnage Janusien : face commercial pour gagner ex ante, face manager pour gérer, ex post. CC d’un côté (commercial convaincant), GG (gestionnaire gagnant) de l’autre. Avec au milieu une capacité systémique à manager le marché politique. Mais est-ce bien raisonnable de croire possible cette dualité idéale ? Drôle de phénomène, perle rare difficilement détectable dans le pannel des candidats putatifs. Alors, faute de grive… le système français a trouvé le «ticket» : un président et un premier ministre, Janus éclaté en deux personnage se répartissant les rôles. Sauf que le Nicolas boulimique a cru pouvoir tout faire et, en échouant, a brouillé les cartes et grillé ses jockers.
L’électeur, échaudé par le tout commercial des expériences en cours, ne va-t-il pas opter en 2012 pour un manager boutiquier ? Un brave père de famille qui s’occupe de ladite famille prioritairement et avant les contrées exotiques, qui ne dilapide pas trop l’argent du ménage à des jeux jugés inutilement  dispendieux, qui ne fraie pas avec les trop riches pouvant être sujets à contamination pécuniaire, qui fasse un peu d’humour pour égayer l’actualité et porte autre chose que des cravates noires d’employé de Roblot. Une sorte de Hollande qui n’écouterait pas les conseils en image amaigrie, ou d’Aubry qui écouterait un peu les relookeurs zélés ! Et DSK ? Eh bien, si mon raisonnement tient, il doit rapidement gommer son air frimeur des beaux quartiers. Marchand levantin beau bonimenteur oui, mais un peu moins frelaté à l’intelligencia parisienne ! Voilà pour le CC.  Quant au procès d’affameur de pays que lui font ses compétiteurs tant à droite qu’à gauche, paradoxalement cela ne le dessert pas quand le peuple aspire à une saine gestion. Car, pour le français moyen, les autres ont toujours tort et méritent leur sort. Voilà pour le G de gestionnaire. Quant au G de gagnant il faudra attendre, le cas échéant, quelques années aux commandes… et la lucidité du choix du sergent fourrier*** (premier ministre).


* Pierre Traimond, qui fut notre prof, collègue et ami, vient de sortir un ouvrage remarquable, Economie et gestion de la corrida. Editions Gascone. Janvier 2011. Je vous le recommande.
**Le storytelling est partout. Il envahit progressivement tous les champs sociaux et culturels. Même les sciences exactes sont contaminées : il faut qu’un chercheur « raconte » son « histoire » pour obtenir les crédits qui lui permettront de traduire cette histoire en réalité.
*Sous-officier chargé de pourvoir au logement des soldats, de répartir les vivres, etc

 

18/03/2011

I HAVE A NIGHTMARE

J’ai fait un cauchemar !
J’étais au milieu d’un large torrent style Colorado, juché sur un rocher, et je tenais mon petit fils par la main.
Autour c’était assez effrayant! Le courant charriait des centaines de chômeurs, de ruinés, de malheureux. Il y avait même, dérivant, des suicidés de grandes boîtes et des décédés de soins pharmaceutiques, des irradiés japonais volontaires. Des arbres arrachés flottaient ça et là, témoignant de problèmes écologiques patents. En amont des personnes âgées tentaient de remonter le courant avec énormément de peine. L’air sentait le soufre. Au dessus de nos têtes, très haut, inaccessibles, des jets passaient, imperturbables voguant vers des paradis pour y vivre ou des enfers pour y gagner des profits. Que faire pour sortir de ce tourment ? J’appelais au secours!
D’une falaise, à droite, les amis libéraux me faisaient injonction de sauter dans l’eau. Mais je ne sais pas bien nager et le petit, pas encore, objectai-je! Tant pis, nager c’est naturel, ne sois pas rétrograde, aide-toi et la main invisible t’aidera criaient-ils. Et puis où va-t-il ce cours d’eau ? Vers un delta apaisé et luxuriant ou vers des chutes impressionnantes dont j’ai eu un exemple récemment, demandai-je ? Bof, enfin, sans doute vers la croissance… verte… ou jaune chinois, rétorquèrent-t-ils! Comme ils arboraient des faces patibulaires (je fais gaffe de choisir le mot, en souvenir de mon ami Georges!) malgré leurs costumes de PDG à parachute doré, je n’étais pas enclin à leur faire confiance. Un pressentiment ! D’autant plus qu’à leur tête il y avait un petit homme agité qui sautait partout et en qui je crus reconnaître un affabulateur célèbre qui avait promis monts et merveilles sans jamais tenir. C’était un spécialiste des yatches luxueux et des îles paradisiaques plus que des torrents ruraux et des radeaux de fortune.
Maintenant, le petit pleurait.Caspar_David_Friedrich_voyageur-mer.jpg
Sur la rive opposée, du haut d’une falaise semblable mais un peu plus rose dans le soleil couchant,  plusieurs personnes me lançaient des conseils. Ils n’avaient pas l’air du tout d’accord; Certains tenaient des propos qui ne se différenciaient pas beaucoup des conseilleurs de la rive droite. D’autres évoquaient des assistances qui allaient venir… bientôt! J’ai même entendu le terme «care» mais ce devait être le bruit du torrent qui déformait les mots. Il y avait de beaux parleurs maniant la rhétorique pour m’expliquer le sens du risque et la dialectique du sacrifice et, à leurs beaux discours, se mêlaient des citations de Blum, Jaurès et Tonton.  Il y avait une jolie femme, habillée élégamment qui se tenait un peu à l’écart et une autre qui ressemblait à une chancelière bavaroise. Cette dernière m’informait qu’il fallait que j’attende quelque temps qu’un sauveteur chevronné vint me secourir. Sauf qu’il ne viendrait peut être pas, occupé qu’il était à traiter des noyades grecques et portugaises, et à débattre avec son épouse des charmes comparés de diverses capitales.
Plus bas, au ras de l’eau, sur la droite, je distinguais une dame blonde charpentée qui, sans doute plus près, me parut plus audible. Elle m’informa que tous les canaux de sauvetage avaient été réquisitionnés par des étrangers sans papier, venant de contrées improbables et dont les femmes étaient déguisées avec des habits folkloriques de leurs douars d’origine. De plus elle me dit bien fort que l’Europe insane interdisait de secourir le quidam sans que Bruxelles n’en fût informé et que diverses commissions votent une directive ad’hoc. Et d’abord, étai-je bien français ? Et mes ancêtres ? Elle me semblait avoir un gros bon sens, mais on m’a toujours dit de me méfier des évidences trop évidentes! Et puis, somme toute, elle ne me fournissait pas vraiment de solution concrète pour retrouver la terre ferme.
Toujours au ras d’eau mais en face, un homme à écharpe rouge parlait fort. Il vouait aux gémonies tous les autres en criant «Qu'ils s'en aillent tous !!». Lui aussi expliquait que l’Europe empêchait toute initiative de sauvetage social, que les financiers spoliaient le monde entier et argumentait l’affaire. En affirmant haut et fort la forfaiture des médias complices et serviles, il se disait bruit et fureur, ce qui n’était pas vraiment ma préoccupation pour l’urgence. Il proposait de faire un barrage filtrant en amont du fleuve afin de réguler astucieusement les flux. La solution était intelligente, radicale, mais hélas elle demandait du temps et des maçons efficaces.
Mal parti dans ce tohu-bohu, cette cacophonie s’ajoutant au grondement du fleuve, et qui ne me secouraient pas vraiment, ici et maintenant, pour nous sortir de la galère, j’hésitais. Seul, j’aurais tenté de choisir parmi ces «propositions» même si aucune ne s’avérait vraiment sûre ni rassurante. Mais le hic c’était le petit! Lui méritait un choix qui soit une promesse de mieux être, de paix et de bonheur. Même le pélican de Musset savait ça !
Alors je me mis à sonder la profondeur de l’eau, pour m’apercevoir qu’elle était assez faible. Et que le salut consistait à prendre le petit sur mon dos et de choisir moi même le cheminement qui pas à pas m’amènerait…
Et je me suis réveillé !

23/02/2011

LE SPORT DONT LE PRINCE EST UN ARBITRE

En ce qui me concerne, je trouve que ce que l’on appelle aujourd’hui rugby se gâte sérieusement. Pour les «vieux cons», c’est-à-dire tous ceux qui ne vibrent pas aux maillots chamarrés, aux mises en scène Peplum, qui ne s’extasient pas devant la litanie insipide des "petits tas" et des "autos tamponneuses»" il existe plusieurs raisons.
La raison majeure réside dans la complexité des règles de ce sport.
Une telle complexité rend tout d’abord la grande majorité des spectateurs incapable de décrypter la logique des fautes et donc de «lire» le match correctement. Téléspectateurs, ils deviennent otages des commentateurs qui, eux mêmes, s’appuient sur des consultants experts. Spectateurs ils abdiquent dans une attitude passive ou basculent dans un chauvinisme exacerbé. Déjà les règles du  «rugby d’avant» n’était pas très faciles à maîtriser ! Je me souviens de voisins parisiens lors de finales à Colombes ou au Parc qui se penchaient vers vous pour tenter l’élucider une décision arbitrale aussi ésotérique qu’une naturelle aidée pour un japonais.  Mais aujourd’hui c’est bien pire ! Il y a là, je crois, un certain mépris du public à qui on donne à voir (spectacle) sans mobiliser la moindre compétence de sa part. Une sorte de «Regarde et tais toi !», un peu frustrant, me semble-t-il, et qui pourrait faire dans l’avenir le lit du rugby à VII beaucoup plus simple, plus lisible, plus spectaculaire aussi. vieux-cons.jpg
En second lieu cette complexité exigerait des arbitres surdoués. Or, on s’en rencontre tous les week end, ces messieurs en noir, pardon en jaune, sont normalement dotés en neurones. Dès lors, ils sifflent en permanence sachant qu’à chaque action quasiment il y a matière à user du fioulet. Comment faire autrement sachant qu’ils subissent le regard de la foule certes, mais aussi des caméras pouvant repasser dix fois l’erreur, des collègues qui au bord de la touche ou à la vidéo suivent sa prestation, les « gros pardessus » qui ont généreusement arrosé les acteurs et qui exigent des résultats. Rajoutons, pour faire bonne mesure, une tendance cabotine de certains referees prompts à s’aimer à l’écran. Enfin, pour l’exhaustivité de la peinture, évoquons le poids de la hiérarchie arbitrale qui impose des «consignes de direction de match», un peu comme Sarkozy distribue des éléments de langage. Un temps se fut les mauls, puis les plaqués, puis les plaqueurs. Aujourd’hui la focalisation se fait sur la mêlée*. Chacune d’elles est ressassée trois ou quatre fois, en vain, jusqu’au coup franc (ou bras cassé c’est selon l’humeur), voire le bristol jaune. L’intérêt pour le spectateur s’avère nul de chez nul, d’autant plus que la tricherie désignée (ou sanctionnée) n’est ni évidente, ni flagrante. Sachant que dans quatre vingt dix pour cent des cas environ le ballon sort pour l’équipe qui l’a introduit, on perçois mal l’acharnement à obtenir une mêlée clean. On arrive à la perversion suprême qui conduit à travailler à l’entraînement non pas comment pousser mieux que l’adversaire mais comment gruger l’arbitre dans cet exercice. Que faire, direz-vous? Eh bien ne pas intervenir, sauf pour faute flagrante ! Je suis sûr qu’au troisième exemplaire d’écroulement non sifflé les piliers redeviendront « normaux » et que l’édifice ne s’écroulera plus. Quant au ridicule rituel des commandements «Flexion, Toucher, Top, … » scandé à selon un tempo qui peut servir à tromper la première ligne que l’on veut sanctionner, il mériterait simplement d’être rangé au magasin des idioties de théoriciens de salon prétextant l’éradication des risques d’accident. Demandez à un pilier honnête (les talonneurs c’est plus rusé!) si cela change quelque chose, par rapport au simple « Entrez » de l’époque !
Pendant ce temps, l’homme sandwich de la Poste, oublie allègrement les en avants « à hauteur », et, surtout, les hors jeux de ligne qui condamnent dans l’œuf toute attaque déployée… si tant est qu’elles aient encore cours dans l’esprit des entraineurs new look ! Sachant qu’en la matière un petit mètre s’avère dirimant pour donner une latitude suffisante à l’attaquant. Ce handicap répété à longueur de match condamne le spectacle bien plus que la mêlée bancale.
L’arbitre doit aussi, je l’avais oublié, pratiquer les langues étrangères ! Anglais indispensable, italien apprécié, espagnol recommandé eu égard à la forte colonie argentine. Pour s’adresser aux joueurs et coaches «United of colors» du top 14, mais aussi pour décrypter le nouveau glossaire du XV : maul, ruck, crouch, touch, pause, engage  … Et avec l’accent ne vous déplaise, car ces admonestations aux joueurs « passent dans le micro ». Parfois je me marre en imaginant nos Valentin, Adhémar ou Marceau Abeza et même «le Gallois» d’antan tenter le dialecte d’outre Manche, eux qui se sentaient plus à l’aise en occitan qu’en bon français, mile dious !!!!  
Si j’étais pédant je dirais que l’arbitrage est une institution dont la portée dépasse notablement le champ clos du stade qui masque le retentissement social. Il incarne l’acceptation de l’ordre établi, l’éradication de la violence et de la subversion selon des formes hypertrophiées et numérisées (ordinateurs, casques, micros,..). Avez-vous fait le rapprochement entre arbitrage vidéo et surveillance vidéo ? Entre la sanction (lourde) de la moindre réaction personnelle et les interdictions portant atteinte à la liberté individuelle ? Entre la mise en scène de l’arbitrage et celle des représentants de l’Ordre ? En effet, il est impossible à un arbitre de reconnaître son erreur et de revenir sur une décision «injuste» a posteriori après réflexion et visionnage de l’action. L’arbitre adopte donc l’attitude fondamentalement « bourgeoise » de la mauvaise foi**. Il se gonfle d’importance et de suffisance en pensant qu’il a forcément raison et, quand il s’aperçoit de ses fautes, il se cherche des excuses, tourne autour du pot ou s’enfonce volontairement dans la mauvaise foi (Bon, je ne résiste pas à vous rappeler que le père de MAM était un arbitre réputé !). A quand des jurys populaires de spectateurs pour décider des sanctions ? Ce n’est pas par hasard qu’il y a maintenant un syndicat de joueur, et un Medef, pardon une Ligue !
Mais je ne veux pas faire le « savantas » et je m’arrête car certains, du côté de Béziers, Carcassonne ou de Perpignan, commencent à s’irriter !

* dimanche dernier lors de Mont de Marsan -  Albi, je crois qu’aucune mêlée n’a été correctement exécutée du premier coup.
** L’attitude typique de la bourgeoisie et la mentalité capitaliste à travers les erreurs d’arbitrage. http://www.contre-informations.fr

NB: illustration de http://marcdelage.unblog.fr/2009/12/29/vieux-cons/