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29/07/2009

EFFROYABLE TYRANNIE DU PARAITRE

Je m'étais doucement laissé glisser dans des vacances cool ... mais ...
Quel est ce monde où il faut aller toujours plus vite, avec la conviction que l'on s'avère ainsi plus productif ? Où Rachida accouchant se retrouve trois jours après au boulot avec quasiment le cordon ombilical en bandoulière ! Où  Nicolas remonte sur le pont deux jours après «malaise» ! L'image, toujours l'image, de Batman, Spiderman ou Superwoman, comme si l'agitation valait qualité. La productivité comme alibi. Aligner des agendas longs comme des jours sans pain, courir selon des joggings médiatiques programmés, faire ceinture pour obtenir la ligne lean, sauter d'un avion à l'autre en méprisant les décalages, ... Comme si les Français n'étaient pas suffisamment lucides pour pouvoir penser qu'un homme (une femme) fut-il d'Etat, n'ait pas droit au temps, au délai nécessaire à la décision, ne mérite pas une pose, un break, dans son agenda ! Car il s'agit d'être grand, non de le paraître (Romain Rolland) et pour cela laisser le temps au temps comme disait le sphinx.
En effet, l'agitation, la précipitation, ne sont jamais bonnes conseillères. Par exemple, on fait un emprunt vite, vite, sans savoir vraiment pourquoi afin d'affirmer que l'on s'occupe de la crise. Les vieilles gloires Jucard et Ropé sont convoquées séance tenante, mais a posteriori, pour trouver le bon usage, alors que mon maître Robert Badouin enseignait qu'il s'avérait indispensable pour réaliser un bon emprunt, d'en connaître, en amont :
-    l'usage précis
-    le montant ad'hoc
-    son RSI (retour sur investissement)
-    l'effet de levier qu'il induisait
-    le meilleur taux
-    la plus faible garantie accordée
On est loin du compte ! De même pour la taxe carbone interne. Vite, vite, pour griller les écolos qui ont remporté un succès signifiant (et non pas significatif !) aux Européennes, on lance ce ballon en vantant sa vertu. Le brave Rocard qui, avec l'âge, accepte tout ce qui passe, des pingouins jusqu'à l'anti-effet de serre, s'y colle encore. Or il est de notoriété commune que l'on ne jongle pas avec la fiscalité comme avec des oranges ! Ce doit être réfléchi, calculé, simulé, avant application, au minimum... Résultat une usine à gaz (sans jeu de mot) incompréhensible et finalement impopulaire puisqu'elle s'avère une décision à avantage diffus et différé alors que son coût est immédiat et ciblé !
On pourrait aligner les exemples de décisions hâtives prises afin d'«enfumer» l'opinion, plus que par nécessité réelle.
Alors, laissez ces amoureux de la com se noyer dans la noria des événements et dans l'effroyable tyrannie du paraître. Paraître intelligent, paraître jeune, paraître sportif, paraître grand, paraître compétent, paraître viril, paraître en avance, paraître ...
Prenez le temps de siroter votre pastis à l'ombre du figuier car il faut le temps que le loup grille sur les braises sans que le fenouil ne crame, pas trop vite pour le moelleux, et pour que les amis finissent l'interminable pétanque qui n'est que prétexte à inventer des vannes oiseuses. Vos pieds flottent dans la piscine opale et les cigales s'égosillent. Imaginez (ou plutôt n'imaginez pas !) que vous pourriez vous morfondre avec un masque anti-grippe porcine, en buvant de l'eau de source, en grignotant un blanc de poulet bio cuit à la vapeur, tétanisés par la crainte de prendre quelques grammes, de hausser votre cholestérol, anéantis par les taxes qui augmentent, l'emploi qui s'étiole, le pouvoir d'achat qui n'en est plus un, vos enfants au chômage de longue durée... stressé de connaître enfin l'assassin de Mickaël, de savoir si les coureurs du Tour étaient clean, de penser que Gasquet embrassera peut-être une héroïnomane dans une boum à Farinette-Plage, ... Sur le mur, au dessus du cadran solaire est écrit «TEMPUS EDAX, HOMO EDACIOR» que Victor Hugo traduisait «Le temps est aveugle, l'homme est stupide».

11/07/2009

L'IMPLACABLE GLISSEMENT VERS ...

Peut-on imaginer un avenir favorable au PS ? Hélas, non !

Marx avait parfaitement raison, ce qui importe dans le schéma sociétal, c'est le mode de reproduction, lui-même système englobant d'un mode de production (MDP). Ainsi, tant qu'il a existé un MDP communiste, la possibilité d'une alternative a laissé subsister un espace idéologique crédible. L'union de la gauche, suscitée par Mitterrand, a instrumentalisé cet espace pour convaincre, en 1981, une majorité de français qu'existait une voie non explorée différente du modèle capitaliste de marché Giscardo-Chiraquien. Personne n'a dit que la chose était vraiment vraie ! Elle était seulement vraisemblable. La gauche s'est donc retrouvée avec les clés de la maison et le pouvoir. Avec la réalité que nous connaissons, d'une gauche qui a appliqué un programme de droite pour démontrer qu'elle était bonne gestionnaire. Et, elle l'a été ! Sauf qu'elle a perdu ainsi, à la fois, le pouvoir (merci Jospin !) et qu'elle a dilapidé son pécule de différence. Peu de gens peuvent encore croire qu'elle appliquerait une politique moderne et originale si on lui confiait la France. Elle ne peut plus revêtir une stature d'opposition crédible sur les bases actuelles. Nous allons expliquer pourquoi.

Le capitalisme, parce que, en France nous sommes sous ce régime et non sous un libéralisme avéré, le capitalisme disais-je, représente une fabuleuse machine à s'adapter. Par rapport à sa logique première, il intègre sans sourciller les déviances dites mineures, ce qui provoque le changement social maîtrisé. Par phagocytose, les idées, les expériences, les innovations qui, au départ, ne rentraient pas dans sa logique, sont récupérées pour lutter contre l'entropie inhérente à un système qui se figerait.

Pour se confronter à cette machine « infernale » il faut lui opposer des déviances dirimantes, c'est-à-dire avec qui elle ne peut composer sans se nier. Lesdites déviances relèvent soit de l'anarchisme, soit d'un autre mode de (re)production. Tout le reste n'est que foutaise ! Or actuellement, le seul discours que le PS tienne et assume réside en une régulation sociale du modèle capitaliste. Soit une «socialisation» de l'économie de marché mondialisée. En le disant on comprend déjà que ça ne peut le faire ! Résultat, être socialiste aujourd'hui, c'est tenter de freiner la descente sur la pente inexorable du phagocytage. En faisant le mort. Ou en expliquant l'inexplicable. Ou en ne freinant pas, pour basculer avec plus ou moins de délices (ou de regrets) «dans le camp sarkozyste».

Parce que le capitalisme régulé cela a toujours existé, le tout étant de savoir où se situe le curseur, sachant que, comme nous venons de le dire, le curseur se déplace en même temps ! En outre, être socialiste aujourd'hui consiste à nourrir l'espace de déviance relative et de fournir ainsi le carburant au capitalisme pour s'adapter sans transiger sur ses fondements. Prenons Rocard. Il n'a pas vraiment changé de position depuis vingt ans. Sauf que sa position s'avère se situer, au temps T, dans une déviance mineure par rapport au système sarko. Ce dernier le phagocyte donc en permettant d'afficher «le socialisme sarkosien» comme une amélioration du capitalisme brutal, et en le mariant à une autre déviance gaullienne dirigiste, incarnée par Juppé. JRS même combat !pente.jpg

On comprend mieux « l'essor » électoral des verts qui, actuellement, semblent les seuls à s'intéresser à une déviance plus dirimante, s'attaquant à la fois au mode sociétal (type de consommation, type d'urbanisation, type de circulation, changement de référentiel de valeurs) et du mode de production (lean energy, bio, small is beautifull, crowdssourcing, weightless economy, do it yourself, ...). Ceux (et ils sont plus nombreux qu'on le croit) qui ne supportent que difficilement la politique de gribouille de Nicolas, ont tendance à trouver dans ce discours, d'ailleurs plus anti-croissance dévergondée qu'écolo les arguments d'opposition qui sont absents des élucubrations de la rue de Solferino. À condition que ces verts ne se prennent pas trop pour des ayatollahs en fustigeant le chasse, la corrida, la bagnole et la bonne bouffe, ils peuvent représenter une alternative crédible aux prochaines échéances. Mais ne vont-ils pas se croire plus gros que le bœuf ?

 

 

21/06/2009

ENTRE LE MUSÉE ET L’ÉPHÉMÈRE

 

Il faut bien en parler ! Ce n’est pas brillant, mais il faut en parler ! Soixante pour cent de gens qui ne sont pas allés voter pour les Européennes, ça fait tache… et ça caduquise les gagnants et les perdants. Les gagnants ne sont confortés que par environ 12% des électeurs et il n’y a pas matière à s’extasier, les perdants ont, eux, encore plus de souci à se faire puisqu’ils n’ont pas attiré les mécontents (de droite et de gauche, mais surtout de gauche).

 

Le prétexte de dire que l’Europe ne motive pas ne tient pas eu égard à la participation observée pour le référendum sur un thème similaire (en France). Il faut, je crois rechercher des causes aux racines plus profondes et plus complexes qui, tels des rhizomes, innervent la démocratie.

J’avancerai, en premier, la formule (de je ne sais plus qui) parlant de «démocratie rétroviseur». La démocratie apparaît aujourd’hui comme un système électoral de «validation» a posteriori, alors que son essence était de sélectionner des valeurs et des hommes en amont de l’agir. Dans cette dernière posture, les militants et les électeurs se dotaient du personnel politique choisi, porteur du projet politique auquel ils croyaient … le plus. Quoique l’on en dise, ce n’est plus le cas. Le vote sert actuellement à sanctionner (ou non) ceux qui sont au pouvoir, sur la base des actions entreprises et menées à bien. Au premier degré, d’abord, selon l’évaluation des résultats perçus, mais surtout au second degré, à l’aune du marketing politique «vendant» plus ou moins bien les actes, voire au troisième degré, analysant ce qu’auraient fait les opposants. Démonstration actuelle: les électeurs potentiels écoutant TF1 en majorité, lisant (peu) une presse largement soumise, ne peuvent avoir que des tendances favorables vis-à-vis d’une gestion sarkozienne partout mise en exergue. En même temps ils assistent aux pitoyables luttes picrocholines et intestines de la gauche d’opposition. Monsieur Tartempion que pensez-vous qu’il se dise ? Dans le fond ce Sarko il se démène, il bosse, il défend la France face à la crise et les autres ils feraient quoi, à sa place ? Donc je vote pour lui sans m’en vanter, ou je vais à la pêche car je n’ai pas vraiment d’arguments de le saquer. Stop ! Je ne dis pas que M. Tartempion a raison ! Vous, camarades informés qui fuient Pernaut et se renseignent sur Internet, vous qui avez les outils techniques et intellectuels d’investigation, vous sur qui la pub éhontée des Lefebvre-Bertrand et Cie n’a pas d’impact, … vous savez ! Mais combien êtes-vous ? Peu, trop peu, je le crains !

carte_electeur.jpg

Le second processus de changement réside dans la nature de l’information, marqué par la formule de Lesourne « entre le musée et l’éphémère ». La plupart des messages perçus par les individus relèvent de l’éphémère volatil et durent l’espace d’un instant. La communication surfe donc sur du périssable susceptible d’être oublié rapidement en mobilisant l’attention en permanence sur de nouveaux « flashes ». On n’a pas fini d’assimiler le précédent qu’il se trouve «écrasé» par la nouvelle info qui, elle-même, va subir le même sort, … et ainsi de suite. Que voulez-vous que l’électeur retienne de cette course à l’échalote pour faire son choix citoyen au moment de voter ? Une dernière vision fugace ou une impression générale, une « traînée de sens », plus subliminale que construite et donc contradictoire avec l’esprit démocratique censé choisir raisonnablement. Et tout ce qui ne subit pas l’effet périssable de l’accélération communicationnelle devient sanctuarisé. C’est-à-dire non discutable, non attaquable. Ainsi se créent des « tabous idéologiques » qui, sans raisons fondamentales et démontrables, s’imposent aux individus priés de s’y conformer. Le marché, la concurrence, la compétition, la propriété privée, … prière de ne pas toucher ! Et bien sûr la démocratie qu’il ne faut pas critiquer sous peine de fascisme ou d’anarchisme! On ne débat pas sur ces sujets sauf à se voir traités de ringards au mieux, d’ultra-gauches (nouveau qualificatif se voulant extrêmement désobligeant !) au pire ! Or le débat se situe à la racine démocratique.

Résultat général: entre la traînée de sens et le tabou idéologique l’électeur ne voit plus d’espace d’émergence d’une opinion construite. Dès lors, soit il se laisse glisser au fil de l’eau en espérant que la prochaine chute (crise) est loin et pas trop raide. Soit, naïf ou idolâtre, il croit aux guides politiques omniscients et potents. Soit il démissionne, exténué et résigné, spectateur hagard du n’importe-quoi-n’importe-quand, élevé au rang d’un avenir laissé au gré d’une main invisible particulièrement discrète. Soit, embarqué dans le yacht merveilleux de la fortune impudente, il crache son venin sur les quelques empêcheurs de voguer princier et vilipende ceux qui n’ont ni Rolex ni Jaguar et qui aspireraient, insensés, à un salaire au-dessus du Bangladeshi médian !

Alors, comme disent les anars, désormais « Ce qui distingue les démocraties des autres systèmes, c’est qu’elles oppriment et aliènent en se parant des atours de la volonté collective, en se présentant comme l’incarnation même de la liberté, ce qui les rend particulièrement insidieuses, efficaces et pérennes» (Les cahiers d'Anne Archet). Les élections (à part peut être les municipales) ne servent plus guère que de prétexte à une validation d’ensembles politiques largement consanguins.

Et pourtant, nous devons, plus que jamais, défendre les intérêts des États nations, dernier rempart contre la grande entreprise, la mondialisation et ses institutions économiques internationales. Comment concilier ce paradoxe ?