05/02/2010
KOH-LANTA ET LES CATHARES.
Si vous ne regardez pas Koh-Lanta au motif qu'il s'agit encore d'un truc de téléréalité débile, vous avez tort! A condition de lui consacrer un regard "décalé" on peut considérer le jeu comme une situation quasi-expérimentale de vie sociale conflictuelle, à partir de laquelle il est possible de construire une réflexion psycho-sociologique. Pour faire simple les candidats sont répartis en deux équipes (tribus) : les rouges et les jaunes, portant généralement le nom de la plage où ils établissent leur campement. Lorsqu'il ne reste plus que huit à dix participants sur l'île, les deux tribus sont fusionnées : c'est la réunification. Deux types d'épreuves sont organisés : l'une de confort et l'autre d'immunité. L'épreuve de confort permet d'améliorer le quotidien de l'équipe qui gagne. L'épreuve d'immunité préserve l'équipe gagnante d'une élimination lors du conseil.
Au fil des épisodes, les personnalités s'affirment, les stratégies se font et se défont au gré des péripéties et on peut y voir les stéréotypes de leadership se construire pour être ou se donner un chef. Les meilleurs ou les pires sentiments se révèlent et chacun d'un peu perspicace peut y trouver l'ombre de Sarko, de Rama, de Lefevbre, ... (http://www.cpolitic.com/cblog. Note: Télé-Réalité: Quand Koh-Lanta reflète la France et sa politique).
La France, l'UMP, le PS national, le PS L-R actuels ressemblent à Koh Lanta! Les rouges frêchistes contre les jaunes mandrousiens, avec des stratégies individuelles de courtisans, de croupiers, de valets, de sbires, de spadassins,... maniant, dans une ambiance délétère, trahison, engueulade, complots, dissension, manipulation, tension, hypocrisie, égoïsme, mesquinerie, conflits, clans, alliance, tactique, ententes, exclusion, magouille, intimidation, coup bas, confrontation, mauvaise volonté, jalousie... Tout cela est triste comme Venise, le soir sur la lagune, quand on cherche une main que l'on ne vous tend pas (Charles Aznavour)! Le pire n'est jamais certain! Personne ne se parle d'un groupe à l'autre sauf pour se vomir. Mais Koh Lanta a une fin et déclare un gagnant. Les régionales aussi!
Seconde métaphore, la Septimanie, pardon l'Occitanie, a un vieux compte à régler avec le Nord Parisien. Depuis que des chevaliers dont la plupart avaient beaucoup à se faire pardonner par le Dieu des catholiques et par le Roi de France, vinrent égorger nos fils et nos compagnes dans une croisade sanglante, avant de se faire accorder les terres et les titres des vaincus , nous, on reste circonspects quant auxdites croisades! Surtout lorsqu'elles ont un prétexte religieux! Hérésie, que de crimes a-t-on commis en ton nom! Prétexte, hier, d'un assassinat de légat de pape qui à cette époque n'avait pas plus d'importance que la crémation d'une sorcière. Prétexte, aujourd'hui, d'une qualification ambiguë banale au point d'en être risible.
Rappelons nous que les cathares étaient plus chrétiens que les inquisiteurs. Peut-être que les fréchistes sont plus socialistes que les fabusiens. Les cathares ont bon dos, les frêchistes aussi! Tous les languedociens n'étaient pas cathare, mais en devinrent sympathisants (hormis les affidés et les vrais cathos), tous les languedociens ne sont pas frêchistes, mais ils le deviendront (hormis les bobos extrangers et les vrais opposants) pour bouter les "diktateurs" de Solférino hors du terroir. L'hérésie, définie par Martine de Lille et frappant les cathares socialistes frêchistes, a de nombreux prétextes inavouables comme en avait la croisade contre les albigeois. Des réticences, des réfractaires? Tuez-les tous, Dieu reconnaitra les siens! Et nous "gardarem lo Frecho!". Car "Soldat forçat a pas jamai plan portat lo sac" (Soldat forcé n'a jamais bien porté son sac) il faut que les édiles parisiens le sachent.
Sauf qu'il y a un après. Un après croisade! Et les jaunes seront devenus jaunes, même s'ils ne l'étaient pas et les rouges seront devenus rouges, idem. Plus des verts par destination. Tatoués indélébiles. Il s'est mis en place une sorte de « patriotisme » d'appartenance à une identité sociale. Les régionales ne laisseront pas le paysage politique dans le même état qu'auparavant. Sera-ce mieux ou plus mal, je ne saurais le dire. Mais il restera infiniment les plaies et les fractures, des haines et des ressentiments pour sept ou huit siècles. Comme pour la soit disant hérésie cathare!
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29/01/2010
BRUTUS, JUDAS ET LES FAUX CULS
Georges Frêche n'est pas un saint, loin de là. Mais si le PS a envie de perdre une région en se parant de vertus cardinales qu'il n'a plus réellement depuis belle lurette (peut être depuis Jaurès!) il faut qu'il en ait le courage. Il faut dire "on ne veut plus Frêche et on présente des listes PS pur sucre avec des candidats NEUFS ET CLEANS dans tous les départements". Alors là, je dirai bravo et, en votant pour eux, je prierai pour que ces édiles new look soient aussi des gestionnaires avisés et des aménageurs visionnaires. Honnêtement j'en serai ravi. Car il me ferait mal de voir un Couderc, déjà bénéficiaire du statut de sénateur "par défaut" de la gauche, diriger ma région! Couderc qui a trahi la majorité de ses compagnons de route qu'ils soient UMP, Radicaux ou Front-National...
Alors, fi des faux culs parisiens qui trainent tous des camions de casseroles et d'affaires troubles. Fi aussi des Judas et Brutus locaux qui lorgnent sur un pouvoir auxquels ils n'auraient même pas rêvé si Frêche ne les avaient pas mis sur orbite! Du courage ou de la raison., point! Tout cela ume donne un peu la gerbe ...
Je n'en dirai pas plus. Je me retire dans un rêve utopique où la Politique serait servie par des jeunes gens honnêtes et dynamiques à qui on aurait inculqué le Bien Public comme valeur et le bon sens comme pratique. Qui débattraient sereinement des problèmes pour en tirer des solutions à valeur ajoutée collective...
Pour détendre j'ai imaginé quelques dérapages potentiels (je préfère dire qu'il s'agit de plaisanter! On ne sait jamais aujourd'hui!)
Drouillet accusé d'en faire des tonnes. Le champion de judo, néo député, a déposé plainte pour moquerie vis-à-vis de son poids qui ne dépasse pas le quintal et demi.
Vincent Auriol est dans le pétrin. Jadis le président de la IVème république aurait pu déposer plainte pour moquerie vis-à-vis de son origine paternelle.
Le colonel Cassar fume comme un pompier. L'ancien directeur du SDIS aurait déposé plainte pour moquerie vis-à-vis de sa fonction.
Casanova est beau comme un Dieu. Le Grand Orient a déposé plainte pour injure au statut de franc-maçon athée du célèbre séducteur italien
Balladur a été la tête de turc des humoristes. L'ancien premier ministre a déposé plainte pour moquerie vis-à-vis de ses origines ottomanes.
Frédéric Lefebvre a débarqué avec ses gros souliers. Le porte parole de l'UMP a déposé plainte pour persiflage supposant qu'il était un godillot du pouvoir.
On a accusé Pasqua d'avoir la mémoire courte. Le sénateur aurait déposé plainte pour insulte insinuant qu'il était atteint la maladie d'Alzheimer.
Manuel Valls bâtit des châteaux en Espagne quant à son avenir national. Le maire de Clichy a déposé plainte pour moquerie vis-à-vis de ses origines ibériques.
Mahmoud Ahmadinejad appelle un chat un chat. Le président iranien a déposé plainte pour évocation d'une possible allégeance à feu le shah.
Vincent Peillon a posé un lapin à Chabot. Le représentant du PS a déposé plainte pour allégations mensongères concernant son comportement sexuel.
Madame Hallyday prend le taureau par les cornes. La femme de Johnny aurait déposé plainte pour insulte vis à vis de sa fidélité conjugale.
Delanoë s'est mis au vert à Montmartre. Le maire de Paris a déposé plainte pour accusation fallacieuse d'appartenir au parti écologiste.
André Santini s'est arraché les cheveux. L'ancien secrétaire d'État a déposé plainte pour moquerie publique vis-à-vis de sa calvitie.
Marine Le Pen s'est levée du pied gauche. La candidate du Front aurait déposé plainte pour propos portant suspicion de ses convictions droitières.
Besancenot a la main verte. Le leader de la LC a déposé plainte pour insulte écologique.
Thierry Henry a gagné haut la main. Titi a déposé plainte pour moquerie vis-à-vis d'un acte dont il a été blanchi par la FIFA. Oh pardon! Dont il a été exonéré par la FIFA.
Le Pen se met le doigt dans l'œil. Le leader historique du Front aurait déposé plainte pour lazzi tendant à lui porter tort concernant son statut de borgne.
A Washington, DSK se couche avec les poules. Le directeur du FMI a déposé plainte pour allusion diffamatoire à ses penchants affectifs.
Jacques Donnadieu de Vabres a été la cheville ouvrière de ce projet. L'ancien ministre de la Culture aurait déposé plainte pour insulte à ses nobles origines.
R. Bachelot a une fièvre de cheval. La ministre de la Santé a déposé plainte pour allusion mesquine à sa dentition proéminente.
Jack Lang met la pédale douce. L'ancien ministre de la Culture a déposé plainte pour persiflage quant à ses mœurs.
Charasse s'est fait remonter les bretelles. L'ancien ministre aurait déposé plainte pour moquerie relative à son accoutrement.
On accuse Rachida Dati de vouloir le beurre et l'argent du beurre. L'ex garde des sceaux a déposé plainte pour diffamation concernant ses origines maghrébines.
Bernard Laporte est accusé de botter en touche. Le sous-ministre des Sports a déposé plainte pour allusion déplaisante à sa façon de jouer au rugby au SBUC.
Dr Pelloux rue dans les brancards. L'urgentiste a déposé plainte pour non respect des malades hospitalisés.
Imaginez ce que vous pourriez faire avec: Envoyer sur les roses , Etre comme cul et chemise, Mettre au vert, Se saigner aux quatre veines, ....
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19/01/2010
DELEPLACE, LE WALRAS DU RUGBY
René Deleplace est décédé à quatre vingt cinq printemps. C'est homme est peu connu, hormis dans le landernau rugbystique, où il s'avère un jalon majeur de la méthode de ce sport.
Longtemps voué à l'instinct, l'inspiration, voire « la race », ledit rugby se trouvait dès lors banni de l'enseignement. Les fervents du rugby-cassoulet ou de l'ovale-foie gras s'inscrivaient en faux contre l'idée que l'on pouvait enseigner l'intelligence tactique du rugby. Tout le travail de René Deleplace a été d'apporter une réponse positive. Cela demandait une opiniâtreté en acier trempé face à la citadelle des spontanéistes. Édictées, rédigées, publiées, ses théories, toujours d'actualité, ont permis à la planète ovale de faire sa révolution. Professeur de mathématique, musicien, rugbyman (modeste), communiste (actif), cet homme à l'élégance éclectique et déconcertante (qui a entraîné le PUC et la Roumanie dans les années 50) a formalisé ce jeu selon les principes de la mécanique et de la théorie des probabilités. Qui l'eut cru au royaume des Jules Cadenat, Robert Soro, Alfred Roques, Max Rouzié, Adolphe Jauréguy, Lucien Rogé, Jack Cantoni, ... et autres déménageurs de banquet ou funambules de génie ? L'inventeur de "l'intelligence situationnelle" prêtait aux avants et aux arrières les mêmes aptitudes à créer une incertitude dans le déploiement du jeu qui ne respectait plus la logique simpliste de "la balle à l'aile, la vie est belle" (La disparition de René Deleplace. Le Monde.fr 13 janvier 2010). Il y a donc un avant et un après Deleplace. Tous les entraîneurs un peu sérieux que j'ai connus faisaient de ses bouquins "Le Rugby" (éd. Armand Colin), " Rugby de mouvement, rugby total" (éd. Education physique et sport) des références incontournables. J'ai encore dans ma bibliothèque le second, recouvert de papier kraft afin de lutter contre un usage intensif, que je partageais avec mon « frangin » Jeannot Sarda, ex-coach de ASB.
On peut donc assimiler Deleplace à Walras. En effet, ce dernier a, en économie, imposé la formalisation de ce qu' Adam Smith, Stuart Mill ou Ricardo avait expliqué littérairement. Il a aussi substitué l'utilité étriquée au "welfare", une sorte de bonheur largo sensu, comme finalité de la décision économique.
Le parallèle ne se veut pas seulement une figure de style. Comme les travaux walrassiens ont donné lieu aux excès d'une économique désincarnée, les travaux deleplaciens ont enfanté de la caste des profs de gym ayatollahs. Ceux qui ont colonisé le sport roi et imposé une pensée dominante. Ceux qui imposent la norme des corps bodybuildés. Ceux qui jargonnent en axes profonds et jeu déployé, temps forts et faibles. Ceux qui sont devenus pro, voire experts. Bref ceux qui tchatchent à longueur de colloques pour imposer leurs praxis. Tels les néo-walrassiens, ces néo-deleplaciens ont oublié deux choses1.
Primo la dimension humaine. À vouloir trop rationaliser ils ont perdu en chemin la complexité des choses humaines. Rien de ces choses ne peut totalement entrer dans le cadre formel à l'instar de robots. Il n'est pas aberrant d'ailleurs que certains entraîneurs travaillent davantage à former des robots que de vrais joueurs en réduisant leur « variété » à un nombre fini d'actes ! On disait bien aux piliers de ne pas toucher le ballon ! René Deleplace était le maître de ces professeurs de gymnastique idéalistes qui pensent que la tête pensante vaut bien mieux que les jambes, l'intuition du jeu, l'envie, les tripes.
Secondo, la dimension systémique. Ne nous trompons pas, Deleplace parlait de systématique et non de systémique, là réside de gap. En effet, le vrai rugby systémique est un stade supérieur au rugby systématique deleplacien. Il faudrait quelques dizaines de pages pour m'expliquer. Peut-être que lorsqu'on aura compris que les ayatollahs des STAPS ou de l'INSEP se fourvoient tels des néo-walrassiens économistes, les idées de rugby total pourront s'épanouir en France aussi (c'est déjà en cours dans l'hémisphère sud). René Deleplace représente donc ce corpus fondateur utile à tout domaine de réflexion. Paix à son âme et merci de l'œuvre accomplie.
Mais, comme toujours le corpus enfante des intégristes et les intégristes produisent de l'interdit, du tabou, du dogme. Des burqas sociales. Au détriment de la pulsion, de l'imaginaire, de l'exceptionnel, de l'improbable, du truculent, de l'excessif,... qui restent le sel de l'humanisme.
Le sel de ce rugby où se devinait "une drôle de famille, chiante et réac parfois, misogyne et braillante souvent, mais fétarde et tendre, où il ne serait venu à l'idée de personne de se prendre trop au sérieux. Une famille où se côtoyaient, sans encombre, grands et petits joueurs, où l'on festoyait pour rien, où l'on savait oublier tout, des heurts et des malheurs séance tenante, où le passé des autres se conjuguait au présent selon un code de l'histoire qui n'appartenait qu'à elle, où se rassemblaient prolos et intellos sous la foi d'une peur commune, d'une même exaltation »2.
1 Les pires n'étant pas ceux qui ont pratiqué (Villepreux, Conquet, Quilis, ...) mais ceux qui ne peuvent se prévaloir que d'un apprentissage théorique.
2 Jacques VERDIER. Article écrit... en 1996, dans Midi-Olympique.
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