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12/06/2009

L’OULLADE BAT LA POTÉE !

Identité et territoire, beau sujet pour le Bac.
Première partie, la prégnance de la reconnaissance identitaire dans le rugby moderne. L'USAP a battu AS Montferrand, ou plutôt les catalans ont battu les auvergnats. N'est-il pas symbolique que des équipes à enracinement identitaire fort représentent l'élite dans un sport qui s'est mondialisé avec le professionnalisme ? Avec des processus paradoxaux tels que des joueurs venus du bout du monde arrivent à se fondre dans des référentiels culturels historiques. Carter prêt à sacrifier à la sardane avec le foulard sang et or en bandoulière et Nalaga prêt à danser la bourrée en sarrau, pour peu qu'il eut gagné ! On peut trouver dans cette implication culturelle identitaire le supplément d'âme nécessaire pour se transcender dans ce jeu où la mort se côtoie en permanence. « Le spectacle sportif n'est pas tout à fait ce que l'on croit. Il s'agit de culture, d'une de nos ultimes manières d'être ensemble. Écoutez donc ce qui se qui se crie dans la clameur des stades. Ce bruit-chaos est primitif comme le vent de la violence, lâché, maîtrisé, perdu, repris, délirant et discipliné. Cette cérémonie est religieuse, j'entends par religion des choses oubliées depuis toujours, des choses barbares, sauvages, pour lesquelles nous avons perdu les mots et qui nous viennent de très loin »*. Alchimie complexe qui pétrit intimement des spécificités, des souvenirs, des drames et des héros, avec une modernité planétaire. Sen d'aqui et des îles du Pacifique, per Sagols et par Carter, au pied del Canigou, fusionné dans une équipe qui cristallise le sentiment de communion. On dirait de même avec Chevallier et Ledesma, et les volcans ! Etrange époque où les ethnologues doivent hanter les tribunes (ou plutôt les pesages) pour analyser les battements du cœur culturel des sociétés ! Sansot dixit.USAPASM.jpg
Seconde partie, l'Europe ne suscite aucune adhésion identitaire, rien du moins qui motive les électeurs à aller glisser un bulletin dans l'urne. Des institutions compliquées, des symboles évanescents (qui reconnaît l'hymne et le drapeau européens ?), des partenaires peu connus, voire ignorés (la Slovénie ? L'Estonie ??), des candidats délocalisés (Peillon), ... comment peut-on vibrer pour un fantôme tellement désincarné ? La démocratie, nous en reparlerons, impose un engagement fort des électeurs et donc desdits électeurs identitairement mobilisés pour faire vivre l'entité en cause. Rappelez-vous la mobilisation roussillonnaise contre la Septimanie, pourtant lubie markéticienne fréchiste sans enjeu majeur ! Je crois qu'il faudra quelques générations et de réels efforts pédagogiques pour que l'Europe devienne un territoire. En effet, le territoire n'est pas une donnée mais le résultat d'une construction sociale où les processus et les héritages historiques jouent un rôle déterminant. C'est une construction socio-historique dont la fonction est double: construire un sentiment d'appartenance à une communauté (ou à un territoire) et se différencier des autres communautés (ou territoires). Ainsi la Yougoslavie d'après Tito s'est décomposée en nations revigorées. Ainsi l'URSS, l'AOF, AEF, ...
Rappelons-nous la force symbolique comme ciment, comme moteur, comme finalisation.
«Pour que cette dimension symbolique soit significative, encore faut-il que l'enchantement économique qui semble se diffuser dans les enceintes sportives dévouées au rugby-spectacle ne se limite pas à des divertissements mercantiles, des expériences simulées et des relations tarifées»**. Idem pour le projet européen.

* Michel Serres. Genèse. Grasset. P 97-98

** Entre Jeu, Passion et Travail : Itinéraires insolites de joueurs de rugby professionnels confrontés à la marchandisation de leurs vécus corporels. Gilles Lecocq, ILEPS-

05/06/2009

LA FAILLITE DES TANKS ET L’ENVOL DU FUNAMBULE

La force de l’image transgresse tous les interdits ! Celle de la Place Tian'anmen, mettant en frontalité l’hideuse puissance  du char d’assaut de la répression et la fragilité pugnace d’un baladin en chemise blanche, nous bouleverse vingt ans après. Permettez que j’exploite ce document immortel en détournant son usage, certes, mais en préservant le sens.
La semaine dernière, les demies finales du Top 14 ont donné à voir la faillite des tanks. J’appelle tanks ces centres monstrueux que des entraîneurs en rupture de talent s’escriment à aligner, systématiquement, implacablement, sans doute pour se sécuriser. Sans doute pour s’éviter de produire un système de jeu un peu plus complexe. Toulouse et Paris ont ainsi vérifié l’inefficacité de ces mammouths, sitôt qu’ils avancent comme des fers à repasser. C’est aujourd’hui le cas de Jauzion et de Liedenberg au minimum, « assistés » de Fritz et Bastareau, empruntés comme des Panzers. Inlassables assauts de percussions percutantes au petit trot, irrémédiablement vouées à l’enterrement stérile.
Dans le rôle du funambule, je mettrais mon ami Robert Spagnolo qui s’est fait la valise vers d’autres contrées, mardi. Je ne ferais pas aux anciens l’injure de présenter l’artiste, mais, pour les jeunes, il faut dire qu’il a connu la gloire dans la grande équipe de l’AS Béziers championne de France en 1961, comme trois quart aile. Rapide, agile, rusé, pugnace. Transfuge du foot pro, pour lequel il était promis à une brillante carrière, il était obligé de montrer des qualités irréprochables au pied. Il excellait donc à buter, recentrer, droper, mais surtout son talent personnel résidait dans le coup de pied au-dessus de l’adversaire, d’homme à homme en mouvement, une sorte de «coup du chapeau rugbystique», qui le faisait craindre sur tous les terrains de France, d’Angleterre et de Roumanie. Robert était un vrai funambule du ballon ovale, tutoyant la ligne de touche, déplaçant au cordeau, récupérant la moindre parcelle d’espace pour se faire la belle. Claquant un drop dans le «money time» ruinant les espoirs d’adversaires dépités de tant de roublardise. Les tanks ne lui faisaient pas peur et il les attendait, serein et déterminé comme le chinois gracile. C’était un saltimbanque de l’attaque, expression dérivée d’une opinion d’un ami disparu qui me disait «

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Spagnolo, il est comme Django : il joue différemment, à sa façon, mais c’est beau !». J’ai toujours adoré ce parallèle, accrédité par la fine moustache de manouche qui n’a jamais quitté la lèvre supérieure de Robert. Mais le joueur avait aussi un message à faire vivre, on ne bouscule pas des chars pour rien ! Il avait à construire des jeunes, leur insuffler les valeurs fondatrices du sport altruiste, s’investir pour cela dans des aventures improbables : relancer le rugby à Montpellier (Stade Montpelliérain), faire revivre l’esprit estudiantin (MUC), défricher des terres vierges (RC Frontignan). Porteur dans sa fonction de mentor de l’alchimie du « sorcier  de Sauclières », Raymond Barthes, son ami et maître.
Et comme à tout combattant il faut un étendard, il en eut trois : le bleu et rouge de la république, le bleu et blanc de la pureté, le rouge et noir de la passion.
À ceux qui pensent que Robert était d’un autre temps, je dirais qu’au contraire, il est d’une grande actualité. Il est le symbole d’un rugby de mouvement, de joie, d’amitié, de respect, d’humilité. Bref d’un sport, un vrai sport, qui ne se prend pas trop au sérieux au-delà du coup de sifflet final et du cassoulet de troisième mi-temps. Un rugby d’hommes simples, gros, maigres, un peu tordus et même presque nains , à condition qu’ils est envie d’arrêter les tanks à mains nues et à hurler «Les Balladins», en fanfare désaccordée. De ceux qui rient de tout en gardant cachées les échardes enfoncées dans leur cœur, feinte de passe au destin réussie ! De ceux qui ont écrit des pages fabuleuses pour des supporters grimés et enluminés oubliant, le temps d’un dimanche, les pépins de la vie. De ceux qui se retrouvent encore pour griller quelques escargots en occultant les rhumatismes et la crise  dans des granges improbables du pays catalan.
Il faut célébrer des Spagnolo comme des Tian'anmen parce que la vie en société impose ces héroïsmes du quotidien, ces valeurs brandies même et surtout si elles ne sont pas dominantes. Ces parcelles de noblesse ancillaire que notre temps bafoue, au profit des idoles creuses comme des blindés inhabités.
Les tanks auront toujours tort tant que des funambules ailés comme Robert Spagnolo apprendront aux jeunes à leur faire des cadrages déborde

25/05/2009

HEU … ROPE !

Les prochaines élections européennes n'enflamment ni les électeurs, ni les politiques, ni les medias, c'est le moins que l'on puisse dire. Alors, je vous propose pêle-mêle, un certain nombre de clichés peut-être explicatifs.
Premièrement l'Europe c'est une régulation subsidiaire. En effet quand les gouvernants d'un pays n'ont pas envie (ou le courage) d'imposer quelque chose ils passent la balle  à Bruxelles. Soit en faisant réguler d'en haut, soit en «chargeant» le niveau supérieur, soit en disant que ce n'est point possible à cause de lui (cf  TVA). On nous a tout fait sur ce domaine et il n'est pas étonnant que l'Europe apparaisse comme l'empêcheur de tourner en rond.
Deuxièmement, l'Europe sert de guichet de subventions et en fait tout le monde est mécontents : ceux qui se font plumer car les subventions ne viennent ... que de l'argent des contribuables, et ceux qui touchent parce qu'ils voudraient plus, notamment en agriculture.
Troisièmement, l'Europe c'est  un trafic politique opaque. Les groupes n'épousent pas les frontières des clivages français et personne ne comprend bien les alliances et les apparentements. Avec, en plus, l'absentéisme maintes fois dénoncé des «leaders» et leur faible motivation à la candidature qui l'explique sans doute.
Quatrièmement le jeu du marché politique national  qui fait que chaque fois qu'une décision apparaît favorable elle est « récupérée » au profit d'un groupe politique interne, voire d'un homme national (Sarko n'est pas le dernier !).
Cinquièmement, le fonctionnement de l'institution européenne s'avère complexe et mal expliqué. Entre les élus, les commissions, les commissaires, la BCE, ... les gens se perdent. Comme les électeurs ne reviennent pas à l'école, ils n'ont que les maigres explications des journaux ou magazines ... qui n'en font pas des tonnes là dessus. La faible couverture des rédactions des chaînes de télé des sessions européennes ne contribue pas à des « travaux pratiques » formateurs. Il existe pourtant des sources d'informations européennes très fournies (cf http://europe.cidem.org/publications.php?theme=6)  mais hélas peu consultées.
Sixièmement, le mépris desdits électeurs que l'on a bafoué lors du vote «non» majoritaire en s'asseyant dessus, et que l'on bafoue par anticipation en prolongeant Barroso ex-nihilo, dès à présent. Le mépris des décisions prise par Bruxelles quant à la règle du déficit budgétaire par la France et l'Allemagne notamment. Le mépris de l'avis européen concernant la fameuse loi Hadopi. Et, inversement, la méconnaissance des us et coutumes locales par les eurocrates, qui irritent les tenants de traditions (chasse, corrida, pêche, gavage des oies,  vin rosé,  ...)
Septièmement, l'impression souvent juste que l'Europe n'a aucune volonté d'harmonisation des grands problèmes quotidiens qui concernent les français : fiscalité, droits sociaux, sécurité, santé, religions, traitement du chômage, justice, paradis fiscaux, diplômes, ... Or, en période de crise, c'est ces thèmes-là qui préoccupent les gens.
Huitièmement, hormis peut-être pendant la gestion de la crise (et encore cf la stratégie unilatérale de la GB), le débat européen ne présente aucune homogénéité sur la défense et les grands problèmes planétaires (la pollution, la Palestine, le réchauffement de la planète, ....). Aucun véritable projet de politique étrangère et de défense n'émerge. Les intellectuels n'y trouvent pas leur compte et se replient sur des positions nationalistes voire communautaires.Millo.jpg
Neuvièmement, l'Europe fleure, à tort ou à raison, le parfum du libéralisme ce que les Français continuent à exécrer. La crise et les milliards soudain apparus pour sauver les groupes bancaires ou automobiles n'ont pas amoindri ce ressentiment. Les faillites, les délocalisations intra ou extra communautaires qui se multiplient exacerbent l'idée que le « modèle français » est battu en brèche. Le chômage enfin, souligne la faible volonté européenne à ériger des «barrières sociales» que réclament beaucoup de syndicats.

Sans doute faut-il croire que l'Europe est un «projet générationnel». Quand les écoles, les collèges, les lycées, les facs, les stages et les Erasmus  auront permis aux générations montantes de véritablement «vivre» le concept d'union européenne alors, et alors seulement, on pourra espérer des électeurs éclairés et motivés à construire un espace de paix et de collaboration tous azimuts.