16/03/2010
BRÈVES D'ISOLOIR
Si tu habites chez Soulages, t'a intérêt à être daltonien!
Hélène Mandroux, c'est comme si tu filais gratos ta villa à ta femme de ménage et, qu'en plus, elle veuille être miss France!
Frêche, le seul mec qui pourrait en faire un portrait ressemblant, c'est Reiser!
Y a que Bigard qui peut inviter Georges et Loulou à la communion du petit!
La calvitie de Roumégas c'est à cause du pesticide dans les shampoings!
Revol, c'est un révolutionnaire pas fini!
Freche et Nicollin s'ils avaient rencontré Mère Thérésa ils auraient été capable de lui foutre la main au cul, les cons!
Hélène Mandroux c'est Frêche qui l'a faite mais elle n'est pas bonne!
Couderc il est en train de couler en négafol et il te raconte l'America Cup!
Meissonier, comme tous les razeteurs, c'est un spécialiste des ficelles!
Jeanjean, il est brave mais il n'a pas inventé la bourride!
Frêche il boîte pour ressembler à Talleyrand, pas plus!
Martinez je le respecte parce qu'il n'accepte pas des nègres pour faire ses discours.
Si tu veux labourer ta région, tu préfères un percheron! (putain ça rime!).
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26/02/2010
LES FABRICANTS DE RISQUES
Après Dubaï, haro sur la Grèce! Les personnalités de tous bords, de tous poils, ont trouvé un nouvel bouc-émissaire pour détourner les regards des choses qui fâchent. Salaups d'hellènes qui ont dépensé sans compter et creusé leur déficit public! Et c'est nous qui allons devoir les aider! Où est le bon temps qui voyait ces pauvres gens manger de la moussaka, des olives et des figues sèches, un agneau par an pour la fête, avec le syrtakis et l'ouzo comme opium? Alors?
Alors, même si tout ce qui touche à la finance internationale reste difficilement accessible (ce n'est pas par hasard qu'il faut des normaliens et polytechniciens pour modéliser), essayons de faire l'hypothèse suivante: et si les crises étaient secrétées par les financiers eux-mêmes?
Primo, il faut savoir que ce qui rapporte aujourd'hui un max c'est les CDS (Credit Default Swaps ). Les dérivés de crédit dits CDS sont des assurances contre les défaillances d'un emprunteur aussi bien sur des titres obligataires ou des créances commerciales que l'on ne possède pas. L'acheteur de protection verse une prime annuelle, calculée sur le montant notionnel (convenu) de l'actif, au vendeur de protection qui promet de compenser a posteriori les pertes de l'actif de référence en cas d'événement de défaillance précisé dans le contrat. Il s'agit d'une transaction non financée qui n'oblige pas de mettre de côté des fonds pour garantir la transaction et de gré à gré (OTC: Over the Counter), hors des contrôles quels qu'ils soient. Une double arnaque en quelque sorte! Pour illustrer: supposons que vous pariez que l'argent que votre copain de bistrot dit avoir prêté à un martien ne lui sera pas remboursé. Comme vous pouvez avoir un doute sur l'honnêteté du martien, vous vous adressez à un organisme financier à qui vous demandez d'émettre en votre faveur un CDS dont vous définissez l'échéance et le risque couvert précisément. Si vous êtes assez fort pour créer un buzz spéculatif sur la crédibilité des martiens, donc une spéculation sur la valeur de votre CDS, vous avez gagné. Sinon vous émiettez votre CDS dans les "produits dérivés", plus faciles à fourguer aux gogos (petits porteurs, ou grande banque) attirés par l'odeur enivrante du gain facile. Vous croyez que je vous raconte un conte de fées? Pas du tout! La défaillance des entreprises, des villes, des communes, des États est ainsi assurée par les CDS.
Secondo, même si vous n'avez pas une âme de maffioso, vous avez compris que plus on précarise une entité (entreprises, villes, communes, États) plus on crée un buzz négatif sur elle et donc plus les paris sur les CDS (et dérivés) qui portent sur sa défaillance potentielle vont flamber. D'autant plus qu'il n'y a pas besoin de fric frais (liquidité) pour jouer. Et voila une bulle spéculative créée au profit des moins scrupuleux des assassins d'entités à gages! D'autant plus intéressant pour les prêteurs que les agences de notation (Ficht, Moody's, Standard & Poor's) qui fixent unilatéralement le degré de solvabilité de l'entité, vont baisser la note accordée à ladite entité. Donc rendre l'emprunt plus cher pour les endettés et donc nourrir encore la spirale "mortifère" qui les agitent. Tandis que dansent autour les hyènes financières qui rodent au fil de leur agonie.
Tercio, l'astuce suprême réside dans les retombées collatérales. Ainsi, en culpabilisant le peuple "déficitaire" (les grecs en l'occurrence), vous leur imposez, de facto, ce qu'on nomme les mesures structurelles. D'habitude ce type de plan de redressement se fait à l'initiative du FMI vis-à-vis des pays en voie de développement mais, ici, c'est Bruxelles qui dicte. Il consiste à "fabriquer massivement du libéralisme ", c'est à dire à appliquer la litanie: réduction des dépenses publiques, réduction des fonctionnaires en nombre et en rémunération, privatisation de secteurs publics, ... Si ça ne gagne pas (ça se saurait, depuis le temps!) ça permet de favoriser quelques groupes privés et affaiblir la protection des classes défavorisées. Tout bénéfice!
Ainsi vous comprenez mieux pourquoi on assassine des entreprises, même rentables. Ainsi vous comprenez mieux pourquoi on lance le buzz sur la Grèce, certes endettée, mais depuis longtemps, et qui, quand on y regarde bien, ne représente que 2,5% du PIB de la zone Euro et 1,9% de celui de l'UE. Des clopinettes à l'aune de la finance internationale! Ainsi on peut mieux lire également la réserve complice des grands dirigeants de ladite Europe s'évertuant à éviter de dire qu'ils couvriront, quoiqu'il arrive, la défaillance hellène. S'ils le faisaient cela épuiserait la notion de risque de défaillance et donc la source des CDS afférents. Et cela amoindrirait la potentialité de futures bulles que sont, de toutes façons, l'Espagne, l'Irlande, l'Italie,... Sachant qu'en plus, depuis l'an dernier, les États renfloueront le système si la spirale devenait trop "systémique". Et sans mollir, les lobbies financiers expliquent qu'il serait strictement antiproductif de créer des autorités de contrôle et de surveillance neutres qui seraient perçues par les marchés financiers comme des barrières protectionnistes dirimantes. Et ils sont relayés cyniquement ou imprudemment par des politiques maniant selon, l'impuissance (la globalisation, madame!) ou la rodomontade (nous avons supprimé les paradis fiscaux, monsieur!) pour laisser faire au mieux, accompagner au pire. "Ces hommes, ces femmes, ces policiers, ces magistrats, ces fonctionnaires d'Etats, ces élus du consensus bancaire sont à des points stratégiques dans les appareils visant à la protection du crime organisé. Ils sont payés pour fermer les yeux et pour monter des procédures dilatoires. Ils pourraient rompre avec cette folie collective, prendre des décisions individuelles et courageuses. Ils y ont peut être pensé. Ils ont abandonné l'idée. Ils ont choisi de se fondre dans le moule gris de l'époque. Et de maintenir l'équilibre géostratégique de la planète financière". Denis Robert (http://ladominationdumonde.blogspot.com/2008/01/les-criminels-en-col-blanc-aiment.html
Nous vivons cette belle époque où quatre vingt pour cent des gens croient dur comme fer qu'ils s'inscrivent dans une société concrète de production, avec des usines qui fument et qui sont destinées à fabriquer et des commerces qui sont voués à combler leurs désirs. En vérité tout cela n'est qu'un décor de théâtre, un trompe l'œil de carton pâte qui masque la machinerie complexe des finances virtuelles et des bulles spéculatives qui génèrent des camions de fric soustraits à la conscience populaire qui, comme dans la Cour des Miracles, s'étripe pour quelques mois de plus ou de moins d'une retraite après quarante piges de vrai, concret et pénible travail, en débattant sur une identité nationale bafouée, à chaque seconde, par les vautours financiers, volontairement apatrides.
La vraie économie contemporaine est une usine à fabriquer du risque, de la dette et des paris d'initiés sur des degrés de toxicité.
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16/02/2010
LETTRE À UN CANDIDAT
Mon cher neveu,
Dans ta dernière lettre tu me fais l'honneur de me demander mon avis sur ton souhait de te présenter aux prochaines élections régionales.
Tout d'abord, je te félicite de cette initiative qui relève d'un courage qui tend à s'étioler dans notre monde trop axé, à mon goût, sur le désengagement public.
Car c'est en même temps un dessein honorable et une sorte de gageure!
Un nouvel élu, c'est un quidam qui, à brûle pourpoint, passe de l'autre côté du miroir, sans préparation et sans formation. Il va devoir s'initier, le plus souvent tout seul et en puisant dans sa volonté, aux secrets de la comptabilité publique et autres babioles rébarbatives. Apprendre aussi les arcanes du droit public, la complexité des marchés éponymes et du droit de l'urbanisme. Pour discuter "social" il faut connaitre les procédures qui, du RMI, aux diverses aides, jalonnent notre système de protection. Tu s'initieras également aux secrets des prérogatives en matière de formation et en matière de statut du personnel territorial. Enfin, si tu ne veux pas être rapidement "largué", les lois de décentralisation de Deferre à aujourd'hui ne devront pas t'être étrangères. Ou bien, tu feras comme beaucoup, tu te laisseras mener par tes fonctionnaires territoriaux prompts à établir une bureaucratie.
En fait, la baguette magique de l'élection qui te distinguera brutalement, je le souhaite, de la médiocrité commune, ne te changera pas, de citrouille en carrosse. Elle ne te donnera que l'investiture mythique du pouvoir. A toi de t'en constituer, ultérieurement, les instruments indispensables.
Car vient ensuite le périlleux exercice du pouvoir. Là tu buteras contre la fameuse question "Décider au nom de qui, pour qui ?". Je sais ce que tu vas dire, toi qui a reçu une éducation choisie : "Au nom du peuple, pour le peuple". C'est joli et ça sonne bien dans un discours pré-électoral, mais, pour ma part, je pense que ce n'est pas la bonne réponse.
Le grand constitutionnaliste G. Burdeau disait qu'il y avait deux démocraties : la démocratie gouvernante dans laquelle le peuple contrôle en permanence les représentants qu'il s'est donné (on dit aujourd'hui "participative"), et la démocratie gouvernée (on dit aujourd'hui "représentative") dans laquelle le peuple élit des représentants pour qu'ils fassent, durant la durée d'un mandat, ce que lui seul ne pourrait réaliser.
La démocratie gouvernante stricte est (encore) une utopie sitôt qu'elle concerne plus d'un millier de personnes et conduit, inexorablement, à la manipulation des masses. L' URSS, partie sur cette idée de soviets de base contrôlant en permanence le soviet suprême, a fini dans le stalinisme le plus noir.
Ceci étant, la démocratie gouvernée, qui suppose des élus destinés à transcender les intérêts individuels dans un intérêt collectif, reste un exercice exigeant où le dépassement du peuple devrait se faire dans le strict intérêt général. Très exigeant quant à la probité des représentants, c'est évident. Très exigeant surtout dans les choix à assumer. En effet, les choix qui transcendent sont des choix dérangeant pour les citoyens (cf la suppression de la peine de mort). A les pratiquer, tu te feras, au mieux des opposants, des ennemis au pire. Tu seras alors progressivement tenté de pratiquer ce que les américains appellent "la gestion du marché politique" et qui consiste à ne faire que ce qui satisfait à la fois le plus grand nombre d'amis et irrite le plus petit nombre d'ennemis. De prendre des décisions à "avantage ciblé" et à "coût diffus", dans leur jargon.
Résiste! L'ambition qui doit t'habiter, si tu veux être un véritable démocrate, consiste à assumer pleinement les choix difficiles mais justes en terme d'éthique et en terme d'avenir. L'éthique est première et c'est pour cela qu'il faut que tu annonces ton idéologie avant que les gens ne votent pour (ou contre) toi. Parce que cette idéologie représentera le cadre et le fil conducteur qui donnera un sens à ton action. Il n'y a pas d'action publique sans idéologie comprise ici comme "conception du monde, de l'homme et de leur avenir". Mais sache qu'il y a deux sortes d'éthique (Max Weber). L'éthique de conviction qui réclame la pureté absolue des moyens et s'accommode de l'indifférence à l'égard des conséquences. Ce n'est donc pas l'efficacité qui prime. Et l'éthique de la responsabilité qui privilégie, quant à elle, les conséquences de l'action et, de ce fait, permet de tout mettre en œuvre pour atteindre le but en faisant que les conséquences soient les moins lourdes possibles. Et cela donc au mépris de certaines valeurs (jugées dirimantes à ladite action). La grandeur de la politique consiste à assumer ce "paradoxe éthique" qui implique de peser les risques alternatifs. C'est le fossé qui sépare les électeurs intransigeants et les politiques responsables!
Soit clair sur tes valeurs pour ne pas tromper l'électeur. C'est tout ce qu'il peut et doit exiger de toi. Quant à ta conception de l'avenir elle est aussi fondamentale. Explique que nous ne gérons pas seulement un monde qui nous a été légué par les anciens, mais un monde qui nous est confié par nos enfants. Nos anciens ont fait le boulot, respectons-les. Mais c'est à nos enfants que nous devons rendre des comptes puisqu'ils vivront, subiront ce que nous allons faire.
Je sens que tu as envie de ranger tes ambitions au placard, mon cher neveu. Quelle galère, te dis-tu! N'en crois rien. Il y a là un champ d'action incomparable, celui de la satisfaction d'agir vraiment parce que l'on agit pour les autres, parce qu'on renoue les fils de la société. Hors de cet investissement d'hommes et de femmes "publics" ravaudant ces fils cassés par des querelles de voisinage, d'idées ou d'intérêts, la vie dans nos citées ne serait qu'une sorte de barbarie. Or la barbarie est une énergie inemployée ou mal employée. Mobiliser cette énergie dans un sens communautaire, dans le sens de la vie harmonieuse en groupe voilà le travail qui t'attend. Travail incessant de l'élu de rendre possible et fort le lien social et parfois aussi de le casser pour faire avancer le monde.
Il est premier de cordée dans le processus toujours recommencé de l'acte fondateur de la socialisation qu'il inscrit dans une œuvre de chair, de béton et de sens.
Bonne chance, mon neveu! Je t'embrasse bien fort.
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