21/12/2009
BONNES FÊTES!

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11/12/2009
GAP EXISTENTIEL
La démocratie est une construction fragile. La démocratie représentative (ou gouvernée selon G. Burdeau) - qui est la nôtre depuis la révolution, par opposition à la démocratie participative (ou gouvernante idem) - repose sur un oxymore «une utopie réalisée» (Rosanvallon parle de promesse-problème). L'utopie de valeurs idéales (donc inatteignables) du triptyque Liberté-Egalité-Fraternité (l'espoir), se trouve en effet confrontée à une «médiocrité» des réalités vécues (le ressenti). Ceci du fait des contraintes diverses, certes, mais aussi de l'impression de «trahison» de la classe gouvernante élue. Il en naît une frustration obligée, un gap existentiel (certains parlent de dissonance cognitive) découlant de choix collectifs décalés par rapport aux désirs privés, de l'imperfection des dirigeants (les honnêtes, les honnêtes imparfaits et les racketteurs) mais aussi de la perception d'un «corps de représentants professionnels » (cumuls mandats, ...) confisquant le droit au suffrage. Ce gap (écart) suscite une réserve de défiance des citoyens provoquant une revendication (quasi) permanente et d'un certain désintérêt pour l'expression électorale.
En vérité, ledit gap n'est acceptable par la majorité du peuple que lorsqu'il semble (à tort ou à raison) en voie de réduction. Nous qui avons vécu les trente glorieuses, ce sentiment était réel avec l'avènement des congés payés, de la bagnole, des arts ménagers, du cinoche, de la télé, ... pour le quotidien, l'existence de Malraux, Camus, Sartre, Foucault, ... pour l'esprit.
Aujourd'hui, et depuis le tournant du siècle, ce qui est versé dans la corbeille du gap existentiel s'appelle crise financière, délocalisation, chômage, pandémies, attentats, turpitudes écologiques, pour ne citer que le plus criant ! Plus une carence de socle idéologique durable. Plus un sentiment d'impuissance pratique du quidam relatif aux affaires publiques. Plus le fait avéré que la génération suivante sera moins privilégiée que la précédente. Malgré une «contre démocratie» d'expression (Internet, blogs, ...) et de résistance (ONG, syndicats, associations, collectifs) qui peine à se faire entendre, le «peuple» n'était pas encore complètement conscient de cet état de fait.
Alors, il faut être totalement aveuglé par la tambouille électorale pour lancer une réflexion sur l'identité dans cette ambiance délétère ! Il ne manque plus qu'à touiller dans le racisme latent, dans le communautarisme, dans la différence religieuse, dans le débat de Café du Commerce, ... Quelques lucides s'en sont aperçus. Trop tard pour reprendre les rennes, le poison a diffusé dans les couches les plus inaptes à traiter sereinement de thèses philosophiques. On ramasse déjà des brèves de comptoir bien grasses, des prises de positions plus facho tu meurs. Les extrémistes se frottent les mains puisque se réveillent les vieilles peurs, les vieilles antiennes plus aptes à accroître le gap existentiel qu'à le réduire.
La sarkozie s'est, à mon avis, tiré une balle dans le pied. Elle avait réussi, jusque là, même si l'on peut en critiquer les termes, à gérer la promesse positive. Nous renforcerons le pouvoir d'achat, abolirons le chômage, nous formerons les jeunes à l'avenir, nous réformerons l'État, nous éradiquerons les paradis fiscaux, la spéculation, nous repeindrons en vert une agriculture polluée, ... proclamait-elle. Paradoxalement une majorité de français recevaient favorablement ce discours « améliorateur » ! Avec l'identité nationale, l'UMP éclate en «courants» (laïques, religieux, droite, préfachos) relayant des postures «citoyennes» de mêmes tendances. La sarkozie aurait dû savoir que la politisation des référents identitaires est aujourd'hui la chose la mieux partagée au monde: de l'Amérique du Nord et du Sud à l'Asie, en passant par le monde arabo-islamique, l'ex-bloc socialiste, on observe partout un réveil, souvent violent, des ethnismes, des nationalismes ou des régionalismes, cependant que les utopies religieuses fondées sur la quête de «nouvelles Jérusalem» entretiennent comme jamais auparavant peut-être les imaginaires politiques, tant en terre d'islam que de christianisme ou de judaïsme*. Et que personne n'a rien à gagner à attiser ces braises. L'immense orgueil de notre Président lui fait croire qu'il peut circonvenir le monde entier à ses désirs. Sur les banques, sur le réchauffement du climat, passe. Mais sur des fondamentaux citoyens et républicains, certainement pas !
Alors que l'un des enjeux forts du progrès démocratique passe, non seulement par la pluralisation des formes de représentation, mais aussi par la multiplication des modes d'expression dits participatifs, notamment sur le terrain de l'expertise, de la veille citoyenne et de l'expression publique (blogs, forums) afin de créer une « souveraineté complexe », on se trouve embourbés dans un non-débat de factions rétrogrades, dans des surenchères identitaires, dans une « démocratie de slogans et de poncifs ».
"Cet âge où les hommes vivaient côte à côte dans les Échelles du Levant et mélangeaient leurs langues, est-ce une réminiscence d'autrefois ?
Est-ce une préfiguration de l'avenir ?"
Amin Maalouf, Les Échelles du Levant, Grasset
* René Otayek. Afrique : les identités contre la démocratie ? Cahiers des sciences humaines. Nouvelle série numéro 10.
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26/11/2009
PAIN-DE-MIE
La pandémie de grippe A aura assurément plusieurs dommages collatéraux !
Il fallait s'en douter, lorsqu'on a laissé à la manœuvre la sémillante Bachelot. Il ne suffit pas de troquer ses vestes fraise écrasée pour des tailleurs noir-chic pour devenir crédible dans un domaine de machos-élitistes. Qui plus est, une pharmacienne pour commander les médecins, c'est un peu comme si on mettait un manchot président de la fédé de rugby !
Ensuite tout en découle !
- Les vaccins qui supportent une suspicion légitime quant à leur innocuité du fait d'une période de test riquiqui et une communication hésitante. Une ou deux injections? Une pour certains fragiles, deux pour les autres pékins. Quoique...
- La présence pesante des représentants des lobbies pharmaceutiques dans les instances pilotantes, leur discours markéticiens (pour ne pas dire mercantiles) dans les tribunes offertes par les medias, éveillant la méfiance sur la sincérité des arguments fondateurs.
- La campagne de vaccination dont on écarte les généralistes, sans doute pour les empêcher de se parer des lauriers du succès..., si succès il y a! Sauf que, en France, la médecine passe par eux de façon pratique mais aussi officiellement, puisqu'on oblige tout patient à posséder un médecin référent. Double erreur fonctionnelle et symbolique. Campagne qui mobilise un peu n'importe qui ayant approché de près ou de loin une seringue pour piquer, dans des gymnases improbables, précédés de salle d'attente surchargées, particulièrement favorables aux transmissions viraleslors des deux petites heures d'attente!
- Les chiffres fantaisistes tantôt minorés tantôt exagérément gonflés selon que l'on désire freiner l'ardeur des patients ou au contraire booster leur crainte. Chiffres forcément faux puisque la détection de la fameuse version A H1N1 ne bénéficie pas de l'assentiment de la sécurité sociale, le test s'avérant dispendieux. Plus un organe officiel de comptage qui se nomme GROG (Groupes Régionaux d'Observation de la Grippe)! L'humour a des limites que la com ne connaît pas.
Mais aussi, et sans doute surtout, la détestable image qu'ont produite les sommités de la médecine française. En effet, lorsque, à la télé, vous avez en permanence un ponte qui jure oui et, en face un autre qui jure-crache non, et un troisième qui affirme mordicus qu'on ne sait pas bien, cela fait désordre. Il faut dire que d'un côté il y a ceux qui pontifient sur le registre de la vérité scientifique. Ils se divisent en ceux qui croient à une expertise spécialisée, ceux qui ont une obligation de dire (fonctionnaires ou responsables publics qui ont une carrière à gérer, représentants des lobbies), ceux qui ont une conviction politique plus prégnante que leur ego médical. De l'autre côté, siègent ceux qui sont toujours contre par principe, ceux qui sont honnêtement scientifiques, ceux qui raisonnent de façon plus systémique. Et ce n'est pas des praticiens du dispensaire de Gujan-Mestras ou le Saint Julien le terreux. Ils viennent tous de Necker, la Salpêtrière, Pompidou, Pasteur, Cnrs, ... et autres fleurons de la recherche française. Rajoutez un animateur qui s'ingénie à mettre de l'huile sur le feu et vous aurez la pire image de la médecine. Ces professeurs que l'on croyait au sommet de leur art, quatre bistouris au Michelin médical, cette médecine que l'on pensait rigoureusement scientifique, top niveau nobélisable, finissent par ressembler aux pratiques de brousse du Docteur Scheiwzer ! Or, on le sait, l'un des critères majeurs de réussite dans ce domaine réside dans la confiance (presque) aveugle que l'on voue au médecin. Après ces tribulations médiatiques, désormais, j'hésiterai entre consulter le mandarin de Lapeyronie et le marabout de la Paillade ! Cette déplorable auto-mutilation de la médecine traditionnelle me semble particulièrement néfaste à une époque où les pratiques parallèles (sérieuses ou charlatanesques) trouvent une audience de plus en plus importante auprès de la population. La représentation « engagée » des sommités en blouse blanche, promptes à voler au secours du sarkozisme le plus obtus ou de l'opposition la plus bornée, casse le respect que nous manifestions, presque unanimement, envers ces magiciens qui géraient notre santé et sécurisaient nos peurs les plus archaïques. Faut-il qu'Hippocrate soit totalement oublié, occulté, pour que l'on se mette à la remorque non d'idéologies, cela serait normal en démocratie, mais de politiques politiciennes de petite ambition !
Il est minuit Docteur X.... !
Pour ne pas terminer sur une note trop noire, je vous livre cette brève de comptoir : « J'ai arrêté le pain de mie, il paraît que ça donne la grippe A ! » (Cazouls 20h32).
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