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30/09/2012

LA TRÈS, TRÈS, COURTE NUIT DE LA CHÈVRE DE MADAME MERKEL

Tout le monde connaît la triste fin du conte d’Alphonse Daudet. Sauf qu’avant cette issue supposée fatale il y a la période heureuse de l’herbe tendre et des branches caressantes. De même pas grand monde n’était dupe du dénouement des gestions social-démocrates (Mitterand, Mauroy, Bérégovoy, Jospin,…) mais il y eut un préambule charmeur et euphorique d’un ou deux ans durant lequel le SMIC, les prestations sociales, le RMI, etc fleurirent les espoirs des citoyens.la_chèvre.jpg

Avec Hollande, on n’attend pas ! L’austérité c’est maintenant, tout de suite ! Les espoirs se font bouffer quasiment dans l’enclos du père Sarkozy-Merkel. Sans câlinerie pour le bon peuple votant.

Car tout le monde a beau se contortionner devant le « traité européen », de fait il est déjà verrouillé. Même le référendum appelé par les vœux des Fronts de Gauche et National n’y pourrait rien changer, sauf montrer que la majorité des citoyens est contre, ce qui ferait encore plus tâche en révélant le déni de démocratie qui nous concerne ! Même les avis autorisés et négatifs de deux ou trois prix Nobel (Stiglitz, Krugman,…) sont occultés. L’oligarchie financière, nébuleuse mondiale satellisée autour de Goldman et Sachs, a cadenassé toutes les issues autres que l’enfermement dans l’obligation d’emprunter massivement aux banques qui leur sont affidées. La réduction des déficits budgétaires, la règle  d’or du désendettement, et quelques mécanismes techniques peu accessibles aux non spécialistes, tout converge vers ce but. La chèvre gauloise se trouve piégée par deux  dispositifs : la corde et les murs de l’enclos.

La corde, tout en donnant l’impression d’une certaine liberté, assujettit. Elle s’inscrit dans l’idéologie libérale qui est enseignée dans les formations de dirigeants (de droite comme de gauche) et qui « colonise » la pensée des décideurs. Il n’y a pas d’autre voie (There is no other way) ! martèlent-ils en secouant doctement le chef. Et leur conviction arrive à coloniser aussi le cerveau des classes aisées qui pourtant pâtissent de ce prêt à penser fallacieux. Et comme les sociaux démocrates n’écornent qu’à la marge les thèses et restent, dans la pratique, prisonniers de la même ornière, le discours dominant ferme le débat de fond. On ne saurait remettre en cause la mondialisation, la loi des marchés, la compétitivité, la privatisation, la croissance,… Dès lors il faut être raisonnables, partager la peine, se priver, contribuer fiscalement, arrêter de rêver,… L’austérité c’est pas nous, c’est les autres, plus la crise. Et nos enfants qui nous implorent ! Alors ce ne serait pas bien de rechigner, de dire non ! Culpabilisation maximale… Vous pouvez penser ce que vous voulez à condition de penser comme nous. Vous pouvez penser à gambader, à condition de rester dans l’enclos ! Mieux que tout, cette métaphore de l’enclos, du cadre non remis en cause, marque la limite entre la droite et la vraie gauche s’il fallait encore garder ces qualificatifs. Cadre à quatre côtés (Lordon+1**) : le libre échange, la liberté financière internationale, le contrôle des économies selon des critères financiers, la non prise en compte des données écologiques.

Ledit enclos s’avère plus technique et donc plus insidieux, tel un mur, une enclosure, qui contraint les décisions. L’oligarchie financière a compris le risque mortel qu’elle courait lors de la faillite de Lehman Brothers. Le château de carte de la pyramide de Madoff (Ponzi) étendue à la planète entière qui leur rapporte des tonnes de fric pouvait être mise à mal si les états ne soutenaient pas les banques qui sont l’un des étages principaux de ladite pyramide. En maniant la peur de la perte des économies des petites gens, elle a contraint les banques centrales à s’engager à « digérer » les avoirs toxiques qui potentiellement pouvaient causer les faillites successives des spéculateurs aventureux. En s’endettement elles-mêmes lourdement transformant les dettes privées en dettes publiques (souveraines). Toutefois, l’Europe et sa BCE représentaient un obstacle puisqu’elles refusaient jusqu’à hier de procéder à ce recyclage d’avoirs toxiques. Via les « Goldman & Sachs boy’s », le traité qui est en cours d’approbation la boucle va être bouclée et ceci ne pourra plus menacer le système mondial de spéculation financière. « Le FESF est en réalité une solution à la Ponzi à une échelle ahurissante, consistant à tenter de sortir d’une crise de la dette pourrie avec toujours plus de dette pourrie. Cela permet de sauver les emplois des banquiers irresponsables en passant la facture de leurs pertes aux contribuables et aux générations futures ». De plus, en limitant l’émission de monnaie européenne (euro bonds) et les prêts directs aux états, ces derniers vont être contraints d’emprunter au système bancaire (source de profits colossaux) et réduire leur impact économique et social en satisfaisant ainsi les thèses libérales. Mieux encore, en créant un « trappe de liquidité » ce traité exclut de fait une relance keynésienne. CQFD ! Si vous me permettez encore une métaphore, je dirais que la finance oligarchique internationale est droguée jusqu’à l’os. Elle le sait et appelle donc à l’aide pour ne pas sombrer tout en refusant de faire l’effort de se désintoxiquer et d’éradiquer les dealers (paradis fiscaux et autres opérateurs spéculateurs) dont elle a potentiellement besoin. Combien de temps ce jeu de dupe pourra-t-il durer, personne ne peut s’avancer. Alors on transige un peu, beaucoup, pas du tout, selon les moments (électoraux) et les pays (petits, grands) en ne parlant pas de l’avenir. On gagne du temps pour ne pas sortir de l’enclos de la servitude. De l’enclosure néo libérale où l’herbe est de plus en plus rare, les usines de plus en plus vides et où l’ambiance sociale est délétère.

Voilà le conte de la chèvre gauloise de Madame Merkel. Pour l’instant la corde est solide et l’enclos bouclé. Jusqu’à quand ? Jusqu’à quand le loup que l’on oppose aux indignés, à Mélenchon, sera-t-il un épouvantail ? Loup y es-tu ?

* E. Martin. Indignés : pour la fin du capitalisme de copinage et un retour à la démocratie responsable. http://blog.turgot.org  18 octobre 2011

** F. Lordon ne retient que les trois premiers.  Voir LBSJS, Fête de l'Humanité, septembre 2011.

 

18/09/2012

LES ADALV

Les ADALV (Ayant Droit à la Victoire) se trouve être une dénomination mélenchonienne que je trouve savoureuse. C'est vrai que la démocratie est ainsi faite que chaque votant Hollande peut revendiquer un droit, au moins celui d'être respecté dans ses choix. Qui sont-ils ces ADALV ? Cinquante et quelques pour cent (des votants), certains fanas dudit François Hollande, certains fidèles à leur carte socialo, quelques front de gauche suivant la consigne mais, avant tout, une grosse majorité jouant la défaite du Nicolas.

Il n'est pas étonnant que, le jour d’après (cent pour être franc), les sondages soient au plus bas. L'image actuelle de François Hollande paraît dans toute sa splendeur que l’antisarkozisme avait occulté. Petit de taille quoique sans talonnette, fringué au décroche moi ça, style marché d’Ussel, osant aller à la télé avec un costard étriqué de deux tailles, le col de chemise mal repassé, la teinture des cheveux ratée (parce que je le vaut bien !), la rosette quasiment sur l'épaule… Normal qu'il dit ! Sauf que la France c'est le pays de la gastronomie plantureuse, du panache de la fringue, de la rigolade élégante, de la bagnole clinquante juste ce qu'il faut. Les ADALV sont de ceux qui refont un monde meilleur autour de la machine à café, ou au zinc du bistrot, entre le foot et le rugby et la dernière vanne plus ou moins salace, pour la route. Ils aiment rigoler, rouspéter, rêver et pensent depuis toujours que l’intendance suivra. Et l’histoire leur donne raison. On leur sert de la crise, du noir, des contraintes comme pratiquement tous les gouvernements depuis… 1946. On leur sert du sang et des larmes avec une victoire improbable. A cause d’une banque amerlock qui a malheureusement fait faillite, des banquiers qui trafiquent, des grecs qui se sont endettés, des espagnols qui ont vu plus gros que leur cartera, des germano européens radins,… toutes choses auxquelles ils ne comprennent rien, ils voient la cigale pré-électorale devenir une fourmis sentencieuse. Du Barre pur sucre ! Du Pinay dans le texte ! Il ne manque au normal de la Corrèze que le petit chapeau pour ressembler au cul-serré de Saint-Chamond, celui qui a économisé l'impôt de succession à cinq générations de riches. Pour tout arranger, le lisse Ayrault, avenant comme un notaire du bocage, sur joue le sérieux fouettard. Ils nous parlent de priorité d’équilibrer le budget, (traduisez se serrer la ceinture sur à peu tout durant trois ou quatre ans au moins), d’enterrer les velléités écologiques qui coûtent vraiment trop cher, de pleurer sur les plans sociaux qui se multiplient, de sabrer la culture dont on peut se passer. Ça fout les jetons aux ADALV qui comme sœur Anne ne voient rien venir des promesses hollandaises.

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Le mari de Ségolène qui jadis s’avérait le roi de la boutade, le gastronome raffiné, le déconneur des fins de banquet, celui qui faisait des farces avec son complice Chirac, qui disait que le changement (en mieux) c’était maintenant,…. s’est mué en Pinay d’Ussel, martelant, les traits tirés et la cravate endeuillée, que le changement c’était pour plus tard, que la Merkel somme toute n’était pas idiote, annonçant aux assises du CNPF (pardon du MEDEF) que le patronat avait bien du mérite, qu’il fallait être patients et raisonnables… Certes il faut minimiser les dépenses ! Mais la séparation promise entre banque de dépôt et banque d’affaires qui ne coûte rien semble oubliée. Mais la croissance promise s’est déjà évaporée. Mais le gouvernement ne s’est pas fait une religion sur l’Europe que nous voulons. Et de nombreux ADALV retraités indignés voient le pourfendeur de Fillon leur raboter leur pécule en même temps que le gaz augmente ! Tous en viennent à regretter le premier choix, englouti dans des déboires ancillaires d’une chambre new yorkaise, voire le second choix  de la dame de Lille. Celui qui se disait le Zorro du changement s’avère le Bernardo de l’austérité !

Pourra-t-on tenir longtemps avec cet  insipide « social-rien-du-tout » ? Cette économie complètement assujettie aux banques et à leur sauvetage. Cette Europe qui impose une idéologie libérale féroce balayant d’un traité la fronde esquissée. Les français aspirent à autre chose qu’à du surf sur la crise, vague après vague, sans visibilité autre que la gestion quotidienne des embruns. Les chômeurs, les « moyens », et même les entrepreneurs pour qui le « Plat Pays » n’est pas un avenir, aspirent à un plan industriel (et écologique) cohérent sous le label français ou européen, ils s’en fichent. Ils savent que les réformes importantes qui ne sont pas réalisées en début de mandat ne le sont jamais. « Nous devons donc nous poser la question non pas de savoir si les français vont finir au guichet pour retirer leurs économies mais bien de savoir comment nous sommes en mesure de renforcer le château de carte* » en un mot rétablir la confiance. Ils n’ont pas envie les ADALV que demain un ex de Goldman Sachs (à l’instar de Monti, Draghi, Papademos,..) soit  imposé à Paris, comme « régulateur » de la gestion de crise.

PS: Il ne manquerait plus que les "sages" du Conseil Constitutionnel estoquent la corrida, le 21, juste après l'actuation de José Thomas à Nîmes dimanche. Craignez ADALV !!

*E. Poilane - Sans changement, les Français finiront au guichet. Heureusement, la solution est simple! Newsring.fr

04/09/2012

LA TOURNÉE DES PATRONS

Il me souvient que lors d'une thèse sur le Yemen (peut être, ne n'en jurerais pas), j'avais appris que le système politique pratiqué était une démocratie clanique. Comme le pays en question était structuré autour de clans puissants, il avait été décidé constitutionnellement que chaque clan accèderait successivement au pouvoir pour deux (ou trois) ans. J'avais trouvé ce système à la fois extrêmement cynique et lucide. Tout clan "profitait" ainsi du pouvoir, mais seulement dans le temps imparti et "pas trop" afin de ne pas mettre le principe en péril. Les bonnes âmes françaises républicaines gardiennes du tabernacle sacré de 1789 auraient hurlé au sacrilège!
Sauf que…
Aujourd'hui les socialistes, privés du pouvoir depuis l'échec de Jospin se goinfrent comme s'étaient goinfrés les sarkozistes ces derniers cinq ans. Députés, sénateurs, conseillers régionaux, conseillers généraux, conseillers municipaux, conseillers d'agglo (tous élus, j'en conviens), plus Conseil Économique et Social, plus commissions, plus cabinets, plus présidences de SEM, plus missions, plus commandes,… si ça ce n'est pas "yéménite" je suis inuit!
Ainsi Jouyet, Raffarin, Jospin, Lescure,…. pour ne citer que les plus connus, obtiennent des nominations juteuses. Et Pulvar, S. Agacinski, Bachelot! Dans cette région, pourtant à l'index des instances parisiennes, ils sont allé "ressusciter" Christine La zerge pour présider je ne sais quoi! Et maintenant Rebsamen qui se drape dans sa toge de sénateur pour déroger à la promesse de non cumul! J'hallucine comme dirait mon petit fils!piston.jpg
La démocratie exige des qualités nombreuses et rigoureuses. Hélas les "puissants" mutent: avant l'accession au pouvoir ils exigent, jurent, promettent,… pour muter dès l'élection gagnée et se vautrer dans le pire copinage. L'abus de position dominante ça pourrait s'appeler! Si Montesquieu reécrivait l'Esprit des lois, il serait sans doute amené à inclure deux autres pouvoirs à séparer: le pouvoir des médias et le pouvoir de nomination. Laissons de côté le premier, souvent illustré, pour aborder le second plus secret donc plus pernicieux. Le microcosme politique s'autopromeut sans vergogne, au risque d'une dérive oligarchique. Il préempte les fonctions et emplois rémunérateurs, confisquant massivement les rentes de situation.Vincent Nouzille dans "La République du copinage", a enquêté sur ces élites qui accaparent le pouvoir (Fayard 2011). Ce copinage se prolonge par le clientélisme (qui consiste, pour le détenteur d'une autorité, à accorder des avantages indus) et le pantouflage (migration d'un fonctionnaire du secteur public vers le secteur privé dans le même champ d'activité). La nébuleuse des connivences devient vite une bulle pléthorique et très coûteuse*.

Peut-on l'empêcher? Difficilement. François Hollande a proposé durant la campagne d'examiner les nominations majeures au Parlement. A mon avis il s'agit d'une fausse bonne idée. D’abord parce que les parlementaires ne sont pas forcément en dehors de l’élite française, la plupart faisant partie de l’establishment et des réseaux qui s'y meuvent. Mais surtout le fait de présenter les nominations au Parlement ouvre une porte dangereuse à la stricte politisation des candidatures (Maurice Bernard. L'Etat-Exemplaire : le pari impossible de la moralisation de nos élites. Atlantico. 29 avril 2012). La seule procédure qui serait un moindre mal consisterait, comme à Harvard  ou Cambridge, d' aborder le problème par la recherche de la meilleure personnalité, du meilleur candidat à l’échelle européenne en fonction de l’objectif de compétence et de profil défini. Ensuite un comité de sélection composé de personnalités indépendantes n’ayant pas d’attaches intéressées classerait les candidats.

Il s'avère nécessaire d'imaginer un système PRAGMATIQUE assurant un fonctionnement acceptable de la position politique dominante. La IVème République possèdait l'instabilité comme limitation, la Vème  République n'a prévu  aucun contre-feu, hormis la cohabitation. Et que l'on ne nous parle pas d'éthique! qui serait inhrente à la gauche! Cette éthique institutionnelle est celle qui devrait présider au fonctionnement de tous les systèmes sociaux, économique, politique, culturel, familial et sans laquelle aucun ne pourrait opérer. Mais on ne peut l’isoler de l’éthique  courante de la vie réelle. Déjà Socrate et à sa suite Adam Smith, puis Levinas relevaient qu’il existait une éthique des bandes de voleurs. Il y a aussi celle de la mafia, sans parler de l’éthique interne du capitalisme (contre la corruption ou le manque de concurrence)**. Cette éthique du politique à laquelle nous aspirons demande, à la fois, des idées neuves et de touiller dans le côté obscur des individus. Etre moderne et bricoler dans l'incurable comme dirait Cioran!

Mais, attendons que la commission Jospin chargée du problème de la moralisation de la vie politique, d'abord aborde le sujet et, le cas échéant, nous livre ses conclusions originales. Espérons ardemment qu'elles soient convaincantes car l'opinion - et surtout celle qui s'affronte au déficit d'emploi et de rémunération - ne fera plus longtemps grâce à cette démocratie abusant du pouvoir de copinage.

* nous n'avons pas abordé le conflit d'intérêt qui est "hors la loi"

** F. HOUTART. Relier l’immédiatement possible à l’utopie. POLITIQUE, revue de débats, N°50.