12/03/2007
CASSAYET SE MASSABO PAS! (1)
(1) Cassayet, (avant narbonnais de légende) ne se massait pas! Il y a quelque chose de fou dans le royaume de l’Ovale ! Ainsi Limoges qui bat ASB (j’oublie toujours volontairement le H !). Mon copain Michel D., ex demi d’ouverture du club limougeaud, spécialiste universitaire des précipitations aquatiques et des camions Pegaso, va jubiler à s’en faire mal au ventre. Car, à l’époque, ça ne cassait pas la porcelaine l’équipe fanion des rouges et bleus du centre ! Les Tamagnot, LLary, Delmas, Ruffat, Rabier et consors, dans leurs rêves les plus fous, n’imaginaient pas battre la machine bleue et rouge biterroise pilotée par Barthez et/ou Barrière ! Même pas l’inquiéter! Deuxio, il est sorti un bouquin intitulé : « Le rugby pour les nuls ». Inimaginable ! D’abord, le rugby ça ne s’apprend pas, et encore moins dans des bouquins « fast learning ». C’est aussi insensé qu’apprendre la corrida en dix leçons, alors qu’il y a des gens à Séville, à Ronda ou à Arles qui passent leur vie à comprendre la magie d’une seule véronique de Curro Romero. Il faut être né à Pollestres, Larroque d’Olmes, Rieumes, Hasparren ou Coarraze-Nay pour comprendre l’origine d’un jeu qui « est une culture, une de nos ultimes manières d’être ensemble » ( Michel Serres. Genèse). Parce que les règles, si compliquées soient-elles, ne peuvent passer qu’avec un fond de graisse d’oie, un boutifare, un peu de piment d’Espelette voire un Alzinat, arrosé de Corbières, de Faugères, de Gaillac ou de Madiran. Le livre ne pourra jamais remplacer le vécu sur les genoux des anciens braillant, dans le vacarme des fanfares, l’ignominie de l’arbitre voué aux gémonies ! Un arbitre, parlons-en !
Un arbitre japonais, oui vous avez bien lu, japonais, a officié à la touche (certes !) pour un match du tournoi des six nations. Un « jap » ! Là encore le petit gallois Gwynne Walters qui arbitrait en blazer doit se resservir un ARDBEG hors d’âge pour faire passer la pilule ! Shocking ! A l’autre bout de l’Europe et des classe sociales, à la limite inférieure de l’Aude et de l’Ariège, là ou le rugby a un peu d’accent ça fait a peu près cela (cliquez):
Là les commentaires doivent être du type « Putaing-con, le chintock il va pas tenir le cassoulet pour la troisième mi-temps ! » ; Avis banal au premier degré, mais qui peut rebondir en un discours philosophique. Et c’est ainsi que les traditions se perdent ! Parce que l’on reste au premier niveau des choses. Parce que le vrai rugby est une religion « j’entends par là religion des choses oubliées depuis toujours, des choses barbares, sauvages, pour lesquelles nous avons perdu les mots et qui nous viennent de très loin, SANS TEXTE. » (M. Serres.Idem).
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07/03/2007
SUBVERSIFS
Jean Baudrillard est mort le même jour qu’Yvan Delporte. L’un était célèbre internationalement (même si son décès n’a fait que trois lignes en quatrième page dans « l’excellentttt » Midi Libre. L’autre pas ou peu connu, hors du cercle des amateurs de BD, et Midi Libre n’a rien dit.
Pourtant par des chemins différents ils ont contribué à décrypter la société occidentale moderne.
Le premier a été un épigone de Marcuse, Veblen, notamment, fustigeant une économie du signe, une société de consommation devenant progressivement une société de consumation comme dirait Georges Bataille. Sociologue-économiste-politologue décrivant l’hyperréalisme de notre société (le monde dans lequel nous vivons a été remplacé par une copie du monde, nous y recherchons des stimuli simulés et rien de plus) Baudrillard fait partie de ces chercheurs foisonnants qui ne savent pas tirer un fil sans que « tout vienne ». Et comme dans tout foisonnement il y a du bon et du moins bon, ses écrits ont suscité passions et controverses. Retenons simplement cette opinion qui s’avère d’une actualité brûlante :« La culture occidentale ne se maintient que du désir du reste du monde d'y accéder. Quand apparaît le moindre signe de refus, le moindre retrait de désir, non seulement elle perd toute supériorité, mais elle perd toute séduction à ses propres yeux. Or, c'est précisément tout ce qu'elle a à offrir de «mieux», les voitures, les écoles, les centres commerciaux, qui sont incendiés et mis à sac. Les maternelles! Justement tout ce par quoi l’on aimerait les (les «racailles» ) intégrer, les materner!... «Nique ta mère», c'est au fond leur slogan. Et plus on tentera de les materner, plus ils niqueront leur mère. Nous ferions bien de revoir notre psychologie humanitaire. Rien n'empêchera nos politiciens et nos intellectuels éclairés de considérer ces événements comme des incidents de parcours sur la voie d'une réconciliation démocratique de toutes les cultures. Tout porte à considérer au contraire que ce sont les phases successives d'une révolte qui n'est pas près de prendre fin. »
Yvan Delporte,lui, fut rédacteur en chef de Spirou à la grande époque des magazines de BD et il contribua à la création des Schtroumpfs, Valhardi, … et est surtout celui qui accueillit dans ce journal de notre jeunesse, Gaston Lagaffe, l'anti-héros imaginé par André Franquin. C'est lui qui baptisa du prénom de Gaston ce garçon de bureau lymphatique et pacifique, apparu au détour du journal le 28 février 1957 et qui lutte passivement contre la société dénoncée par Baudrillard.
Communiquant aux pages de Spirou une bonne humeur contagieuse, voire un sens de la dérision à la limite de la causticité (toujours dans le registre, « je ne dis pas mais vous comprenez ! », il a créé des rubriques, participé à un courrier très interactif, "blog" avant la lettre, dudit journal. En 1977, il a été le responsable de l'éphémère et subversif supplément de Spirou "Le Trombone Illustré", devenu culte. S’il fallait être intellectuel pour croiser Jean Beaudrillard, la plupart d’entre nous, les plus de cinquante, ont forcément rencontré l'œuvre de Delporte qui nous a instillé par voie homéopathique, quand nous étions jeunes et hyperréceptifs, le regard critique sur notre monde, via le second voire le troisième degré.
Voilà, je voulais vous dire qu’ils nous manqueront !
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24/02/2007
DÉNI D’INNOVATION
Le revirement de Ségolène conduisant à réintégrer tous les éléphants, caciques et autres antiquités du PS me désole. D’abord par le fait que si Jospin ait perdu de façon pour le moins cuisante en 2002 cela atteste que les électeurs ne lui accordaient pas un crédit important ! Sa conduite (fuyante, bougonne, irritable, prétentieuse, … ) depuis n’est pas de nature à booster cette audience. Nul besoin donc de se « plomber », comme on dit aujourd’hui, pour quelques références à l’intérêt discutable. Le spectre du looser colle à l’image de Lionel, c’est incontestable, sans une vraie contrepartie en argumentaire de savoir-faire présidentiel.
Mais ce qui me déçoit davantage réside dans l’impossibilité désormais de mesurer la pertinence du changement démocratique apporté par le début de campagne de Ségolène. Si elle gagne, on ne saura jamais si c’est à cause du renouveau constructiviste qui lui appartient ou à cause du ralliement des « figuras » qui lui à été (sans doute) imposé. Si elle perd, faites- moi confiance, les professionnels de la rue Solferino sauront comment lui faire porter la capeline !
On a ainsi bradé, en cette fin de semaine, le droit de savoir si, en France, on peut faire de la politique sans en faire son métier, s’il y a d’autres ayant droits que les investis par les partis qui peuvent s’exprimer sur leur avenir, s’il n’y a « bon bec que de Paris » ! L’intérêt de la tentative de Ségolène était contenu dans l’innovation des débats participatifs, la redécouverte des majorités silencieuses, la parole libérée des jeunes et des « allogènes », l’émergence de figures nouvelles, la couleur vive plutôt que les tons délavés par trop de rinçages.
Le PS me fait penser à ces compagnies pétrolières qui rachètent à tour de bras toutes les innovations mettant potentiellement en péril leur pré carré, dont ils savent pourtant qu’il est condamné à moyen terme. Empêcher l’innovation pour exister, en disant que c’est pour le bien de tous, la droite le fait assez bien pour que l’on ait l’exemple ! La gauche pouvait (enfin) se retrouver en exergue du rafraîchissement démocratique ; elle restera otage d’un parti de sénateurs, de professionnels de la consultation électorale, d’assidus des salons parisiens où l’on dicte sa vérité emballée dans des journaux à l’effigie de Blum ou de Jaurès, vendue par les canaux de la distribution de masse.
Allez, les gars, on n’est pas encore chinois, mais le printemps n’est pas pour demain !
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