02/04/2008
POUR QUELQUES YUANS DE PLUS …
Le décor de la super-production olympique se met en place. Un nouveau eastern se prépare avec ses héros, ses porte-flingues, ses satrapes, ses racketteurs, ses saloons, … Avec son lot « d’indiens » sacrifiés sur l’autel du développement économique et de Dieu confondus.
Cette fois, la scène se passe en Chine, les indiens sont de la tribu reculée des Tibétains. Avec un dalaï-lama dans le second rôle de dernier des Mohicans …
Mais dans toute production, surtout celles qui sont « super », il y a un fonds financier, économique, largement occulté, mais prépondérant.
Synopsis :
Vision française
Il faut diminuer le déficit public structurel, c’est maintenant devenu incontestable, même s’il est nécessaire de moduler les chiffres manipulés des cassandres libérauxexcessifs. Cela passe soit par une meilleure maîtrise des dépenses publiques (austérité), soit par une hausse des prélèvements obligatoires (pression fiscale), soit par un relèvement de notre potentiel de croissance (élargissement de l’assiette) ou, bien sûr, un mélange des trois (politique dite « à la Malinvaud »). Ne pas confondre conjoncturel et structurel comme le font allègrement nos ministres ! Ces dernières années, les privatisations ont rapporté 16 milliards d'euros (sociétés d’autoroutes notamment), et l'Etat a récupéré environ 25 milliards/an en réduisant les excédents de trésorerie. Ces deux types d’opérations permettent de réduire le montant de la dette brute, seul indicateur retenu par les autorités européennes pour mesurer l’endettement, mais ne modifient pas la situation patrimoniale nette des administrations publiques. Ce sont des opérations annuelles comptables pures.
La réduction du déficit structurel s’impose donc et d’autant plus que la France va présider l’Europe et qu’il faut bien montrer que nous nous agitons pour ne pas être à la fois le donneur de leçons et le cancre de la classe !
Or, il va falloir des mois pour que le marché immobilier américain se stabilise et qu’enfin les pertes réelles des établissements financiers (pas seulement des banques, et pas seulement issues des subprimes) du monde entier soient mises sur la table. On peut s’attendre à des faillites, beaucoup de faillites. Les effets d’onde affecteront profondément la France quoiqu’en disent nos (piteux) banquiers. Tant que ces perturbations se limitent aux marchés financiers, les conséquences restent acceptables, surtout si, dans les zones affectées, les banques centrales jouent pleinement le rôle « d’essoreuses » de crise. Mais il y a des risques. Le premier est de se demander si les banquiers centraux auront les nerfs assez solides pour continuer à injecter de la liquidité sans modération. Surtout si certains dénoncent ces interventions comme inflationnistes. Le second, plus grave relativement, réside dans la nature des comportements anticipateurs des ménages et des entreprises. Si cette crise, même masquée, les trouble, voire les inquiète, ils pourraient bien se mettre à épargner à tour de bras, ce qui tuerait le peu de croissance qui reste, et boosterait le chômage. Le seul salut viendrait, le cas échéant, d’un surplus d’exportation vers des pays asiatiques émergents et, en premier lieu, vers l’Eldorado chinois et son marché de 1,3 milliard d’habitants.
Vision internationale
Les États-Unis sont le pays le plus endetté de la planète. Certes les conflits armés et la baisse des impôts y sont pour quelque chose. Mais surtout, l’Amérique achète 50 % de plus qu’elle ne vend à l’étranger. Ce sont les investisseurs internationaux qui, en acquérant des bons du Trésor américains, financent le train de vie de la première puissance économique mondiale. Cette procédure présente l’avantage de reporter les coûts et sacrifices sur le reste du monde, puisqu’elle revient à puiser de la croissance, des emplois et de l’épargne (80% de l’épargne mondiale) chez les autres. C’est ce que le général de Gaulle et J. Rueff qualifiaient jadis de « privilège exorbitant » des Etats-Unis, ou de « racket de confiance à l’échelle mondiale » selon Andre Gunder Frank, celui de payer ses importations avec sa propre monnaie (comme si chacun de nous avait une presse à fabriquer de la monnaie à la cave !). Privilège conforté depuis 1971 par le fait que les pays étrangers ne réclament pas la contrepartie, soit parce que leurs banques centrales la stockent, soit parce qu’elles les placent (ce qui rajoute à l’imprimante une photocopie). Ainsi va le monde depuis Bretton Woods (1944) et les accords de Washington (1971).
Sauf que depuis que la Chine a arrimé sa monnaie (le yuan) au billet vert (1994), elle fait cause commune monétaire avec lesdits Etats-Unis. L’empire du milieu a prêté aux É.-U. des milliards de dollars provenant de son énorme excédent commercial. La chute du dollar lui a permis de maintenir ou d’accroître sa compétitivité. Il s’en suit une sorte de « vase communcant » selon lequel une forte part du déficit américain correspond à un excédent chinois. Environ 207 milliards de dollars (plus du tiers du déficit total).
Ainsi Pékin a acquis la souveraineté monétaire internationale et s’avère une puissance économique incontournable (4 % de l’économie mondiale). Il s’est établi de facto un « équilibre de la terreur financière » (Larry Summers) où les deux protagonistes se tiennent par la barbichette et dans lequel aucun n’a intérêt à provoquer une crise, ni même inquiéter son « alter ego ». La Chine, de plus, veut profiter des jeux pour redistribuer à l’intérieur une partie du surplus de croissance de façon à impulser un nouvelle donne « sociale » que les classes moyennes attendent impatiemment et n’ont pas envie de se voir spolié par l’ennemie héréditaire du Nord.
Avec ces seuls deux éclairages (on pourrait en donner bien d’autres) le plus naïf d’entre nous comprend pourquoi l’autonomie culturelle du Tibet ne pèse pas lourd dans la balance ! D’autant plus d’ailleurs que le dalaï-lama (quatorzième du nom) fait preuve d’une sagesse exemplaire pour éviter tout embrasement.
Alors Nike, Puma, Adidas et compagnie auront leur gigantesque vitrine marchande, les athlètes et autres compétiteurs auront leurs affrontements médiatisés, la Chine aura sa propagande, le CIO aura ses royalties.
Dans les nouveaux westerns, qui sont des easterns, les Bons, les Brutes et les Truands sont difficiles à discriminer.
Pour quelques Yuans de plus …
19:24 | Lien permanent | Commentaires (0)
24/03/2008
LE VENIN DU MENSONGE
Je n’en peux, plus ! Je vous l’ai dit, cette période pré et post électorale m’a profondément irrité et choqué.
Irrité, d’abord, par l’usage du mensonge de façon délibérée et continue par à peu près tous les politiques s’exprimant à la télé, gauche et droite confondue, hommes et femmes confondus. Une illustration parfaite : allez voir « Nadine Morano prise en flagrant délit de 'n'importe quoi' » sur Marianne2.fr. C’est gratiné !
Qu’est-ce qu’un mensonge ? Selon le Petit Robert, c’est affirmer ce qu’on sait être faux, nier ou taire ce qu’on devrait dire. En vertu de cette définition, les exagérations partisanes, les cachotteries, les demi-vérités, sont toutes des mensonges. Et ceux qui s’y livrent sont des menteurs. En politique, du plus haut (Président) jusqu’au petit maire de village creusois, tous cachent, contournent, déforment allègrement la vérité, sans en ressentir la moindre gêne. On ment même sur commande comme l’a mis en exergue l’après premier tour où les membres de la majorité venaient réciter la même messe écrite par les communicants de l’Elysée (voir Canard Enchaîné). Les socialistes n’étant pas plus francs, mais plus divisés ils faisaient moins « perroquets ». A ce jeu, il se dit des énormités qui feraient rougir un arracheur de dent, à la face de milliers (millions ?) de téléspectateurs prisonniers puisque, en zappant, ils retombent sur d’autres fieffés manipulateurs de vérité.
Choqué, ensuite, car ce n’est nullement l’apanage des politiciens de faire du faux. Les banquiers nous mentent sur l’ampleur de la crise des sub primes, les sportifs nous mentent en jurant sucer de la glace, les agronomes nous mentent sur l’innocuité des OGM, les patrons nous mentent sur les caisses noires syndicales, les ulémas nous mentent sur le sens du Coran, les cathos nous mentent sur le nombre d’ecclésiastiques pédophiles, les américains nous mentent sur l’Irak, les Iraniens nous mentent sur a peu près tout, les chinois nous mentent sur le Tibet, Nixon nous mentait sur le watergate, Clinton nous mentait sur Monica, Mitterand sur Mazarine, … Le monde capitaliste lui-même est devenu un mensonge collectif, ... mais pas plus mensonger que les derniers régimes non capitalistes!
Devons-nous nous satisfaire de cette banalisation de la non-vérité ? Est-ce un état de fait inéluctable dans un monde dominé par les mass médias ? La démocratie serait-elle cosubstantielle au mensonge ? Autant de questions qui nous entraîneraient vers des débats philosophiques ardus (cf Pierre Lenain. Le Mensonge politique. Economica). Plus prosaïquement, j’introduis l’idée que tout cela découle de l’impératif sociétal de gagner à tout prix. Je mens sur le dopage parce que je veux gagner malgré tout. Je mens sur la nocivité d’un produit parce que je veux le vendre avant les autres ... Je mens sur le nuage de Tchernobyl parce que je ne veux pas paraître plus bête que les autres. Aveuglés par la victoire, la gloire, les gains, les flatteries, le pouvoir, tous les acteurs de la scène publique jouent les importants et mentent effrontément. C’est la loi du mensonge triomphant car, en plus, l’honneur n’est plus qu’une image d’Épinal et la justice un recours malaisé. L’honneur s’avère(ait) l’obstacle premier au travestissement de la vérité, même par obligation. Hélas cet ingrédient chevaleresque ne se trouve plus que dans des arts martiaux confidentiels ou des cercles élitistes restreints. Quant à la justice, qui se posait en rempart contre l’usage délictueux de la contre-vérité, elle a trop à faire, elle exige trop de délai, … et elle a déjà beaucoup trop à balayer devant sa porte pour être crédible ! Dis Clearstream pourquoi tu tousses, dis Outreau pourquoi tu te caches ? Pas de sanction, voire à l’inverse, une rentabilité sociale en « jouant le jeu des menteurs », dans le système des partis qui accrédite un discours dominant pour chaque faction fabriquant une unité de façade. Malheur à celui qui tente de « parler vrai » !. Mendes, Rocard, pourquoi vous étranglez-vous ?
En écrivant je prends conscience de l’énormité de la chose ! Tout contribue à cette loi du mensonge impuni, donc impénitent. Elle a gangrené tous les milieux religieux, politique, économique, sportif, … donc tous les référentiels qui devraient inspirer des valeurs et des vocations. Alors, ne vous sentez-vous pas ridicule en répétant à vos enfants qu’il ne faut pas mentir, que ce n’est pas bien ? C’est pas bien de trafiquer ton carnet scolaire ! Dis papy et le monsieur de l’UIMM ? Non, non, c’est pas pareil, c’est pour fluidifier les relations sociales ! Dis papy, et moi tu crois que c’est pas pour fluidifier mes relations avec papa ? Heu …
Sauf qu’une société ne peut pas reposer sur le mensonge. Sauf peut-être sur le mensonge sacré, fondateur (cf René Girard). C’est sans doute pour cela que la nôtre est en train de foutre le camp. Parce qu’il faudrait réhabiliter le courage comme vertu première. Le courage d’assumer économise à quatre-vingt pour cent le mensonge. Pour cacher un mensonge il faut mentir mille fois. Pour l’éviter il suffit d’assumer la vérité bête et méchante, dans l’instant.
Et même s’il est beaucoup sollicité ces temps-ci, rappelons Jaurès « Le courage, c'est de refuser la loi du mensonge triomphant, de chercher la vérité et de la dire ».
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ON PEUT REVER!

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